Ovide dans Loxias-Colloques


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Loxias-Colloques | 13. Lettres d'exil. Autour des Tristes et des Pontiques d’Ovide | Enjeux poétiques et politiques des Tristes et des Pontiques

Nason exilé ou des élégies en quête de lecteurs

La situation d’exil a permis à Ovide d’approfondir une réflexion sur sa carrière littéraire tout en y surimposant le problème de la représentation autobiographique. Au sein des transformations imposées par la relegatio, la possibilité d’une parole aux marges du pouvoir s’instaure comme l’un des leitmotive des Tristes et des Pontiques. D’une manière plus spécifique, le lien entre la littérature et la vie est un aspect central du motif, étant donné qu’il se fonde sur un paradoxe capable de déconcerter, au premier abord, le lecteur ovidien. Le poète inscrit son personnage exilé dans une tension entre la portée véridique et le statut fictionnel de sa voix à Tomes. Dans une perspective stylistique, nous dégagerons les visées poétiques de cette tension à la lumière du rapport entre l’exil et l’idée d’une métamorphose du ‘je’. Exile allowed Ovid to reflect on his literary career while adding the problem of autobiographical representation. Within the transformations derived from the relegatio, the possibility of speaking on the margins of power became a crucial motif in the Tristia and Ex Ponto collections. Moreover, the link between literature and life is a central aspect of such motif, since it displays a paradox that troubles, at first sight, an Ovidian reader. The poet shapes his story within a tension between the factual and the fictional status of his voice in Tomi. From a stylistic approach, I show the poetic features of this tension in the light of the relationship between exile and the idea of metamorphosis.

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Tradizione manoscritta e citazioni epigrafiche di Ovidio : una nota su Trist. 1, 3, 25 e Pont. 1, 2, 111 alla luce di alcuni confronti epigrafici

La fortune littéraire d’Ovide est grande dans les années qui suivirent sa mort : l’influence de sa poésie se retrouve non seulement dans la littérature de l’époque impériale, mais aussi dans de nombreuses inscriptions, fréquentes surtout aux Ier, et puis aux IVe et Ve siècles de notre ère. Trist. 1, 3, 25 et Pont. 1, 2, 111, en particulier, sont deux exemples significatifs dans lesquels la comparaison épigraphique pourrait aider à résoudre des problèmes textuels dans la tradition manuscrite. Notre contribution vise à évaluer le degré de fiabilité des réminiscences ovidiennes présentes en épigraphie métrique, afin de procéder à une reconstruction du texte ovidien. This paper discusses two verses of Ovid’s Tristia (1, 3, 25) and Epistulae ex Ponto (1, 2, 111), for which the manuscript tradition is discordant. These lines are quoted in three epigraphic documents: CLE 1339 = ICVR, I 3903, CLE 1979 = ICVR, VIII 23529 and CLE 1988 = CIL, VI 37965. How reliable are the quotations in the Latin inscriptions? Do they help to reassess the Ovidian text? The main purpose of this study is to answer such questions, with respect to these particular cases. In questo contributo affronteremo tre problemi testuali relativi a Tristia ed Epistulae ex Ponto, per i quali non c’è accordo tra i manoscritti e una cui eco forse sopravvive in tre iscrizioni metriche di Roma; proveremo a utilizzare tali fonti di tradizione indiretta per risolvere le incertezze dei manoscritti. Questi tre casi epigrafici sono parte di una ricerca di ampio respiro, nella quale intendiamo approfondire la presenza e il significato di citazioni e reminiscenze ovidiane nelle iscrizioni metriche di Roma, dell’Italia e delle province.

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Loxias-Colloques | 13. Lettres d'exil. Autour des Tristes et des Pontiques d’Ovide | Mélancolie de la disgrâce: échos génériques

Un chevalier romain sur la mer Noire’ : regards sur l’exil d’Ovide et les fautes d’Auguste au XVIIIe siècle

Cette contribution analyse l’interprétation de l’exil d’Ovide dans la culture française entre la fin du XVIIe siècle et celle du XVIIIe à partir d’attestations tirées d’œuvres d’intellectuels, d’érudits, d’historiens aux intérêts différents. On voit comment, à l’âge des Lumières, Ovide n’était pas uniquement rappelé et apprécié sur le plan artistique et littéraire comme l’auteur des Métamorphoses mais incarnait l’exemple de l’exilé victime d’Octavien Auguste. À ce propos, une attention particulière est réservée aux réflexions de Voltaire qui, s’appuyant sur des passages des Pontiques et des Tristia, mettait en lumière la triste condition d’Ovide contraint de vivre loin de sa patrie parmi des peuples d’une langue différente mais contre lesquels il n’éprouvait pas d’hostilité. Par ailleurs, Voltaire saisissait, dans son éloignement, la preuve du déclin de la liberté sous le Principat d’Auguste à qui il attribuait la faute de l’avoir éloigné pour cacher sa conduite dépravée. D’autre part, certains passages de son ouvrage montrent que Voltaire jugeait trop soumise la ligne d’Ovide exilé au point de lui reprocher d’avoir exagéré dans ses louanges envers de prince et de soutenir qu’il aurait dû réagir courageusement en rentrant à Rome pour ordonner l’assassinat d’Octavien. Cette lecture différente de celle des érudits et des historiens qui, dans l’ensemble, plus ou moins à la même époque ne virent en Ovide qu’une victime, reflète des positions et des états d’âme propres aux décennies qui précédèrent la Révolution Française. This contribution analyses how latter 17th and 18th century French Culture interpreted Ovid’s exile examining texts from works of intellectuals, scholars and historians with various interests. What emerges is that in the Age of the Enlightenment Ovid was not remembered and appreciates simply for his artistic merits as the author of the Metamorphoses, but rather as the embodiment of the exile, victim of Octavian Augustus. In this sense, noteworthy are reflections of Voltaire who focussing on some passages from the Black Sea Letters and Tristia highlighted the sad situation of the poet condemned to live far from his homeland among people speaking a different language, even if felt no hostility toward them. Moreover, in his exil Voltaire found proof that liberty had declined under Augustus’ rule, blaming him for exiling Ovid to cover his own depraved behaviour. Furthermore, some passages of his work show that Voltaire considered Ovid’s attitude while in exile too docile, reproaching him for effusively praising the prince, declaring he should have been courageous enough to return to Rome and have Octavian assassinated. In Voltaire’s stance, which stood out from that of the more or less contemporary scholars and historians who saw him only as a victim, one can recognize a reflection of the attitudes and moods of the decades leading up to the French Revolution.

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Loxias-Colloques | 13. Lettres d'exil. Autour des Tristes et des Pontiques d’Ovide | Traductions, adaptations et réécritures

Lettres d’exil : un long chemin des Tristes et des Pontiques, d’Ovide à Marie Darrieussecq

L’étude comparée des traductions des Tristes et des Pontiques montre l’évolution de la lecture de ces textes longtemps peu goûtés sur un plan stylistique mais bien connus comme modèle littéraire des plaintes des bannis. L’adaptation de Marie Darrieussecq, Tristes Pontiques, permet aujourd’hui, malgré son apparente désinvolture, de redécouvrir le sens profond de ces lettres d’exil. Le délaissement qui le frappe engage Ovide à une nouvelle formule poétique que les admirateurs de son ancienne manière n’ont en effet plus reconnue. Mais les lecteurs y ont trouvé une inspiration qui s’est progressivement amplifiée au point de susciter plusieurs réécritures. The comparative study of the translations of Tristia and Epistulae ex Ponto shows the reading of these texts is submitted to variations: for a long time, they had little success due to their style, but were well known as a literary model for complaints of banished writers. Marie Darrieussecq's adaptation, Tristes Pontiques, makes it possible today, despite its apparent casualness, to rediscover the profound meaning of these letters of exile. Neglected as he is, Ovide had to create a new poetic formula that readers fond of his previous style have no longer recognized. But concerned readers liked this particular way of writing and gradually used Tristia as a basis for rewriting.

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Variations sur les Tristes et les Pontiques dans Die letzte Welt (1988) de Christoph Ransmayr

Christoph Ransmayr a lui-même invité ses lecteurs à prêter toute leur attention à la réécriture des Métamorphoses d’Ovide dans son roman Die letzte Welt et la critique a largement répondu à son invitation. Quoique moins fortement revendiquée et beaucoup moins étudiée, la présence intertextuelle des lettres d’exil n’en est pas moins déterminante et cet article s’efforce de montrer qu’elle permet d’expliquer certaines particularités de l’espace autant que de l’intrigue de ce roman, pour peu qu’on l’envisage comme une fiction critique mettant en lumière l’étroite imbrication de l’écriture de l’exil et de celle du mythe.

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L’exil ovidien comme mythe littéraire chez Pascal Quignard : l’effet d’une écriture « lascive » ?

Pascal Quignard présente son opuscule, Pour trouver les enfers (2005), comme un montage de fragments de livrets d’opéras baroques inspirés des Métamorphoses ovidiennes. Or, il entremêle en fait à ces fragments des citations latines et traductions faussées des Tristes, ainsi que des vers de son cru qui font émerger, sous le nom d’Ovide la figure mythologisée d’un auteur infernal. En analysant les jeux de fausses attributions et en particulier le contre-sens que Pascal Quignard suggère quant à la traduction du mot « lascivus » par lequel Quintilien qualifiait Ovide, nous interrogerons le statut esthétique et critique de cette mythologisation littéraire.

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