Loxias | 74. Doctoriales XVIII | I. Doctoriales 

Lucie Nizard  : 

Le roman du second XIXe siècle et les faits-divers de violences sexuelles : une esthétique ambivalente

Résumé

Romans et journaux du second XIXe siècle se passionnent conjointement pour les faits-divers. Si une partie de la presse répugne encore souvent à aborder frontalement les cas de violences sexuelles, le roman semble déjà en faire un de ses thèmes privilégiés. Le roman condamne bruyamment les obscénités qu’il prête à la presse dans son traitement des faits divers de violences sexuelles ; pourtant, il reprend certains des stylèmes et leitmotive journalistiques lorsqu’il traite du même sujet. Mais il emploie également des outils spécifiques pour aborder les violences sexuelles, comme les changements de focalisation, la focalisation interne ou encore la polyphonie. Entre pathos explicite et érotisme latent, le roman et la presse abordent les violences sexuelles avec une ambivalence qui reflète la lente et malaisée construction du sentiment d’indignation vis-à-vis du viol.

Abstract

Novels and newspapers of the second Nineteenth century were both fascinated by news stories. Although a large part of the press was still reluctant to deal frankly with cases of sexual violence, the novel already seemed to make it one of its favorite themes. Novels loudly condemn the obscenities they attribute to the press in its treatment of sexual violence stories; yet they use the journalistic style and leitmotive when dealing with the same subject. But they also use specific tools to deal with sexual violence, such as changes of focus, internal focus and polyphony. Between explicit pathos and latent eroticism, novels and press approach sexual violence with an ambivalence that reflects the slow and uneasy construction of the feeling of indignation towards rape.

Index

Mots-clés : fait divers , presse, roman du second XIXe siècle, violences sexuelles

Géographique : France

Chronologique : second XIXe siècle

Plan

Texte intégral

Des nouvelles à la main grivoises qui font du viol une gauloiserie piquante, aux légendes urbaines sur les Apaches de Belleville en Jack éventreurs de femmes, les violences sexuelles sont un véritable leitmotiv dans le discours du second XIXe siècle. À la fois sort inévitable – et souvent considéré comme mérité – de toute femme qui échappe aux règles de son sexe, y compris celle de rester cloîtrée, et monstruosité indescriptible, le motif hante les imaginaires contemporains, devenant une obsession jamais tout à fait dite, un thème qui court les journaux sans toujours être explicité, puisqu’une partie de la presse cherche à préserver la pudeur des lectrices, sans pour autant manquer de les terrifier.

La Belle-Époque, nous rappellent Dominique Kalifa1 et Anne-Claude Ambroise-Rendu, est le temps d’une « médiatisation naissante du monde2 ». Les journaux se multiplient, voient leurs tirages augmenter de manière flagrante, s’allongent, sont davantage illustrés, et développent le genre nouveau du fait divers. S’ils s’attardent avec une complaisance qui leur est déjà reprochée par leurs contemporains sur le sang et les larmes, les faits divers de nature sexuelle sont quant à eux voilés par un discours euphémistique, allusif, mais indigné : comme le résume Anne-Claude Ambroise-Rendu : « on juge et on dénonce pour n’avoir pas à dire3 » – ou pour pouvoir évoquer sans dénoncer explicitement. La presse est réticente à traiter trop frontalement des violences sexuelles4. Le sujet est considéré comme impudique et peu digne d’intérêt, à moins que l’atteinte sexuelle ne soit suivie d’un homicide, si possible particulièrement sanglant.

Pourtant, les romanciers ne cessent d’accuser la presse de s’attarder avec une complaisance voyeuriste sur les crimes sexuels. De La Bête Humaine à Germinie Lacerteux, en passant par Le Viol de Bergerat, Sébastien Roch de Mirbeau, ou encore Une histoire sans nom de Barbey (on pourrait trouver des dizaines d’exemples dans les romans du second XIXe siècle), c’est l’inverse qui semble se produire dans les faits : quand une partie de la presse répugne encore souvent à aborder frontalement les violences sexuelles, le roman semble déjà en faire un de ses thèmes de prédilection, drame décrit avec force détail sur le mode pathétique, outil de dramatisation dans la lignée du roman noir, ressort narratif efficace ou encore passage obligé dans le parcours des héroïnes naturalistes.

La littérature réfute le sensationnalisme de la presse autour des violences sexuelles, mais elle s’en inspire, s’en empare, voire le dépasse dans la précision de ses descriptions.

On explorera d’abord la manière dont les romanciers naturalistes abordent le traitement journalistique des violences sexuelles, désignant le genre nouveau du fait divers comme un repoussoir, au nom de la moralité et du style.

Puis, on s’interrogera sur ce qui rapproche et ce qui distingue les traitements littéraires et médiatiques des violences sexuelles dans un second XIXe siècle où les discours sur le viol circulent abondamment d’un écrit l’autre, entre pathos, scandale et érotisation latente.

On finira sur la question du viol pédophile, qui suscite à la fin du siècle une condamnation unanime, et semble traité avec une même rhétorique de l’indignation dans la presse et dans la littérature.

Le roman naturaliste et le sensationnalisme de la presse

Thématisation forte

Le traitement des violences sexuelles par la presse est fortement thématisé dans les romans du second XIXe siècle. Ces romans sont d’ailleurs intimement liés à la presse, dont ils reprennent et parodient les codes et les thèmes. Beaucoup sont publiés en feuilleton dans le journal – il y a donc souvent un effet de mise en abyme et de dialogue avec les faits divers réels au sein du même journal, des clins d’œil volontaires ou non entre réalité et fiction. La réception s’en ressent : le lecteur de La Fille de Nana, lorsqu’il lit le long chapitre qui consiste en un récit de plaidoiries lors d’un procès pour viol, reconnaît les stylèmes de la page « Justice » du journal, notamment lorsque le procès fictif est désigné avec malice comme « l’un des procès à sensation de ce temps fécond en drames judiciaires5. »

Nombreux sont les romanciers qui utilisent le journal comme « tremplin pour l’invention », selon la formule de Colette Becker au sujet de Zola et ses collages de coupures de presse6 (le romancier n’en utilise pas moins de dix pour la préparation de La Bête Humaine). Les écrivains sont d’ailleurs souvent journalistes – Zola publie entre autres dans Le Figaro, L’Événement, Le Messager de l’Europe, ou encore Le Voltaire.

Romans et journaux ne cessent donc de référer les uns aux autres, sur le mode du pastiche amusé ou du reproche. Le viol de l’héroïne des Mémoires d’une honnête fille, de Delvau, est ainsi rapporté dans la réelle Gazette des tribunaux7, pour le plus grand malheur de l’honnête fille qui pâtit de la publicité de son déshonneur. Dans Vérité, le canard qui rapporte le viol et l’assassinat du petit Zéphirin se nomme Le Petit Beaumontais, allusion à peine voilée au Petit Parisien et ses déclinaisons régionales, presse populaire à grand tirage connue pour ses récits partiaux qui vendent du scandale scabreux à cinq centimes. C’est par la presse que les personnages, quoique voisins de la petite victime, apprennent l’événement :

Pélagie reparut, tremblante, bouleversée, le Petit Beaumontais à la main. 
— Ah ! madame, ah ! madame, quelle horreur !... Le gamin qui apporte le journal vient de m’apprendre…
— Quoi donc ? dépêchez-vous.
La servante suffoquait.
— On vient de trouver assassiné le petit Zéphirin, le neveu du maître d’école, là, tout près, dans sa chambre.
— Comment ! assassiné ?
— Oui, madame, étranglé, et pendant qu’il était en chemise, et après toutes sortes d’abominations8 !

La presse apparait ici comme le nouveau média privilégié d’information sur les violences sexuelles, remplaçant le silence honteux du début du siècle ou l’ancienne rumeur – ou plutôt la consignant par écrit. Le roman condamne cette rhétorique journalistique qui sous-entend le viol sans le nommer, en passant par des circonvolutions à la fois imprécises et suggestives, ici la locution déterminative plurielle et indéfinie « toutes sortes d’abominations ». C’est ce plaisir du voilé-dévoilé appliqué aux violences sexuelles, cet art fait-diversier de la suggestion obscène, que les romanciers prétendent rejeter comme une perversion.

L’obscénité voyeuriste du journal comme repoussoir

Les romans rejettent ce que Gustave Geffroy nomme dans L’Apprentie « les abominables faits divers tachés de sang9 ». Dans cet ouvrage, la jeune Céline tombe dans la débauche notamment parce qu’elle est corrompue par sa lecture de la presse : « tous les jours pour un sou de viol, de mystère et de violence10 ». Le roman de Geffroy fait du fait-divers un repoussoir. Chantal Pierre explique fort bien, dans son article « Viols naturalistes : ‘commune histoire’ ou ‘épouvantable aventure’ ? », comment « contre le fait divers, les mélodrames, le roman-feuilleton, les romans sentimentaux du XIXe siècle, le naturalisme désamorce le pathétique et les drames qui caractérisent la littérature du viol11. »

Dans son article « De la moralité en littérature », paradoxalement publié dans un journal (Le Messager de l’Europe), Zola oppose la moralité du roman à l’immoralité du fait divers, en prenant l’exemple d’un viol relaté par L’Événement (auquel, on s’en souvient, il contribue de temps à autres) :

Que pensez-vous de cet alinéa des articulations du mari, que je prends dans L’Événement : « Elle était dans un état d’animation et de désordre évident. Elle se hâtait de se déshabiller, changeait complètement de linge, et ses vêtements les plus intimes portaient les traces irrécusables de ses désordres. » Encore la chemise de Ménesclou ! Hein ! Cela est honnêtement dit, mais quelle échappée de rêveries pour une lectrice vertueuse ! Pesez-moi cela : vêtements intimes, traces irrécusables. Voyez-vous un romancier poussant la description jusqu’à cet examen ? […] Je sais bien que [la] mission [des magistrats] est de tout savoir et de juger. Mais la nôtre aussi est de tout savoir et de juger. Entre les magistrats et les écrivains, il n’y a qu’une différence, c’est que parfois les écrivains laissent des œuvres de génie12.

Le romancier endosse ici l’ethos non du journaliste, mais du magistrat, celui qui comme dans le roman du même nom est à la recherche non du sensationnel mais de la Vérité, sans s’attarder aux contingences ordurières qui font le sel du scandale. Lorsque l’on compare avec l’extrait de Travail, où Zola met en scène le viol de Fernande par le brutal Ragu, on est surpris de retrouver l’impudeur que Zola reproche aux journalistes :

Et d’une poussée dernière, il la culbuta dans le coin, sur les vieilles hardes entassées, une couche infecte d’ignominie. Des deux mains il avait arraché le peignoir, fendu la chemise ; et il l’avait nue, il l’écrasait, il tâchait de l’immobiliser, pour éviter les coups d’ongle dont elle lui labourait le corps. Une fureur sombre avait fini par la prendre, elle se battait en fauve elle-même, silencieusement, lui arrachant les cheveux, le mordant à la poitrine, s’efforçant de l’atteindre plus bas et de le mutiler, tandis qu’il grondait encore :
« Des garces, des garces, toutes des garces ! » Tout d’un coup, elle cessa de se débattre. Une onde d’abominable volupté, un flot d’effroyable ivresse était monté dans sa chair, en un frisson éperdu qui submergeait sa volonté, qui la livrait pantelante, délirante. Et cette volupté affreuse était faite de l’abjection même où elle tombait, de cette couche ignoble, de ce réduit obscur, empesté, de cette brute enragée, à l’odeur de fauve, à la peau suante, au sang brûlé par le four, enfin de tout le sombre écrasement de l’Abîme, du monstre mangeur d’existences, dont les ténèbres traversées de flammes lui donnaient un vertige d’enfer13.

Zola fait ici lui-même mention d’une chemise déchirée, article de lingerie dont il reprochait la mention à L’Événement. Il n’épargne pas non plus au lecteur l’érotisation du corps dénudé de Fernande. La description de la volupté de la victime, légitimée par une surabondance de qualificatifs dépréciatifs à connotation moralisatrice, semble démentir la recherche de neutralité prônée par le romancier-magistrat.

Le traitement journalistique des violences sexuelles repose peut-être davantage sur des litotes et un art de la retenue, un « langage codé, euphémique et censuré14 » où les faits divers sexuels se lisent sur le mode du rébus ou de l’allusion grivoise et dédramatisante, comme dans cette note à vocation humoristique du Figaro : « Lettre d’une touriste élégiaque et solitaire à une amie rêveuse : “Bois charmants. Ombrages délicieux. Viols un peu rares15.” »

La littérature aurait moins peur des mots les plus crus, comme dans cet extrait de L’Apprentie de Geffroy où notre jeune amatrice de faits divers graveleux se voit raconter par son père une scène de violence sexuelle dépourvue de toute l’édulcoration médiatique :

‒ Tu vois, dit le père, quelques jours après, – il y a eu un crime au bois de Vincennes. De sales voyous comme ceux de l’autre dimanche se sont mis à quatorze pour violer une femme, une marchande de quatre saisons. Ils lui ont attaché les bras, lui ont crevé le ventre à coups de pierre, et ils se sont sauvés en mettant le feu à ses jupons et à sa chemise. On l’a portée à l’hôpital Saint-Antoine, où elle va mourir16

Plus que dans la presse, le viol est parfois dit en littérature sans périphrases ni euphémismes.

De la mauvaise foi dans la littérature : l’usage des armes de la presse dans le traitement des violences sexuelles

La tension entre érotisme et pathos

Comme leurs confrères journalistes, les romanciers réservent aux violences sexuelles un traitement souvent ambigu, bien loin de la distance impartiale du magistrat préconisée par Zola. Le viol est généralement envisagé avec un pathos appuyé, en particulier lorsqu’il est décrit d’un point de vue féminin. Le viol en point de vue masculin est quant à lui souvent érotisé, de manière plus ou moins explicite (que l’on songe aux passages de La Bête Humaine qui lient Eros et Thanatos, amour physique et violence). C’est bien en toute mauvaise foi que les auteurs se posent en moralisateurs : ils recourent au pathos et à l’érotisation lorsqu’ils abordent les violences sexuelles, quoiqu’ils reprochent précisément cela à la presse. Cependant, les romanciers usent d’armes spécifiquement romanesques pour susciter avec davantage de finesse l’émotion du lecteur.

Reprise de techniques et termes journalistiques

Les romanciers reprennent à la presse certains de ses stylèmes et techniques narratives. Laetitia Gonon a souligné cet « imaginaire social voire stylistique partagé17 ». Le roman emprunte à la rubrique des faits divers certaines expressions phraséologiques et collocations qui rendent immédiatement reconnaissable le « style normé et rigide18 » du journal. On retrouve ce phénomène de pastiche et de parodie de manière massive dans tout le roman du second XIXe siècle, tout particulièrement lorsqu’il est question d’une affaire à caractère sexuel, dont la diffusion apparaît comme un problème à part entière. Dans L’Apprentie, Geffroy consacre tout un chapitre fort singulier à des réécritures ironiques d’articles de journaux, dont beaucoup ont une dimension sexuelle sous-entendue :

Défilé de crimes
Le soir, le père lit le journal […]. L’amour sévit dans tous les quartiers de la ville, marque son passage avec une férocité maniaque19.

S’ensuivent plusieurs dizaines de pages (pp. 108-195) qui relatent, sur le modèle du journal, des faits divers du quartier, résumés en une ou deux pages, précédés d’un titre. Parmi ces dizaines de faits divers fictifs, on relève de multiples récits de femmes éventrées, égorgées, ou brûlées. Le pastiche est complet : il n’y a pas de mention explicite de viol, même si l’une des victimes, retrouvée putréfiée dans sa chambre, est nue. La technique du pastiche est un ressort ironique grâce auquel la littérature se joue du traitement trop simpliste des faits divers de violences sexuelles par la presse. Geffroy se livre ici à une expérimentation formelle qui vise à amener le lecteur à confronter entre eux les articles très violents juxtaposés. Le lecteur est ainsi invité à dépasser la sidération du fait divers singulier pour comprendre la nature systémique de la violence qui l’a produit.

Des outils spécifiquement littéraires

La description du viol en première personne

Contrairement au journal, où la violence sexuelle n’est pas directement narrée, mais où seules ses traces, constatées après coup, peuvent être décrites, le roman peut utiliser la focalisation interne. Les changements de point de vue romanesques permettent une dramatisation des violences sexuelles lorsqu’elles sont perçues par la victime. Le tableau est d’autant plus frappant lorsqu’il est dressé à la première personne, comme dans les Mémoires d’une honnête fille, où la narratrice, Manette, se souvient du viol qu’elle a subi à treize ans de la part de son beau-père, ivrogne brutal :

À mesure qu’il parlait, sa voix devenait plus rauque, sa respiration plus sifflante, et son visage s’empourprait davantage : il était horrible ! […] J’essayai de lutter, cependant, jusqu’à l’épuisement complet de mes forces, et, tout en luttant, je jetai un cri d’appel à l’adresse de la seule créature en qui j’eusse confiance20

Cette description cherche à produire l’effroi, en peignant à travers les yeux de la victime un agresseur « horrible » qui mobilise l’indignation du lecteur.

Mise à distance ironique du discours médiatique : polyphonie et discours indirect libre

Le roman utilise la presse en la mettant à distance également grâce à la polyphonie, notamment à travers l’usage du discours indirect libre. Il confronte ainsi dans une énonciation trouble discours médiatique, lieux communs, et parole des personnages. Cet extrait de La Bête humaine, qui rapporte les bruits concurrents qui courent sur l’assassinat du violeur Grandmorin, montre bien comment le roman mêle presse et rumeur :

Depuis trois semaines, cette affaire faisait un bruit énorme. Elle avait bouleversé Rouen, elle passionnait Paris, et les journaux de l’opposition, dans la violente campagne qu’ils menaient contre l’empire, venaient de la prendre comme machine de guerre. […] L’affaire Grandmorin arrivait à point pour continuer l’agitation, les histoires les plus extraordinaires circulaient, les journaux s’emplissaient chaque matin de nouvelles hypothèses […]. On plaisantait sur cet assassin légendaire, resté introuvable21.

Le discours indirect libre permet d’opérer une confusion entre le discours des journaux et les « histoires extraordinaires » de la rumeur, qui est nourrie par la presse et l’alimente tout à la fois. Un locuteur pluriel et vague se cache derrière le pronom personnel indéfini « on » à l’origine de ces informations dubitables. La presse, contrairement au roman, se tient donc du côté de l’imprécision, de la polémique et de la fiction. Philomène, avec sa sagesse populaire, le résume plus loin : « [c’était] toute une histoire, une vraie bouteille à l’encre. Moi, je ne peux pas vous expliquer, mais c’était sur le journal, il y en avait bien deux colonnes22. » L’expression familière « bouteille à l’encre » traduit l’ambiguïté du rapport médiatique à l’événement opaque. Si l’expression désigne la situation embrouillée de l’enquête, elle semble également un clin d’œil complice qui indique au lecteur l’appétit de la presse pour toutes les histoires qui peuvent faire couler de l’encre, et donc remplir ses colonnes et sa bourse.

Un seul type de violence sexuelle semble échapper absolument à l’ironisation narratoriale, et rencontrer un traitement analogue dans la presse et dans le roman : il s’agit du viol pédophile, qui suscite une condamnation unanime et une rhétorique de l’indignation extrêmement similaire entre presse et littérature.

Le viol traité sans ambiguïté sur le mode du pathos, de la littérature à la presse : le viol pédophile

Tout au long du XIXe siècle, la notion de protection de l’enfance voit le jour. On prête une attention croissante aux viols pédocriminels. Dès 1832, une loi sur la pédophilie punit l’attentat à la pudeur sans violence ni contrainte ni surprise pour les moins de 11 ans, âge élevé à 13 ans en 1863. Contrairement au viol sur les femmes adultes, qui suscite encore nombre de plaisanteries dans les nouvelles à la main, et tout un argumentaire blagueur ou ironique sur le thème de la victime bien contente au fond, un consensus social semble s’établir autour de la posture d’indignation claire qu’il convient désormais d’adopter face aux violences sexuelles sur les enfants – même si la figure de l’enfant vicieux persiste, et que la moralité de la victime doit d’abord être prouvée pour qu’elle puisse être considérée comme telle.

La presse et la littérature s’inscrivent dans ce changement des mentalités, et s’emparent du thème de la violence sexuelle sur les enfants, dont elles font le parangon de la monstruosité et de la perversion. Anne-Claude Ambroise-Rendu nous apprend dans son Histoire de la pédophilie que le Petit Parisien, créé en 1876, fait entrer dans la presse de manière quotidienne les récits de viols sur enfants23. En littérature, il semblerait que le motif devienne un véritable thème romanesque environ dix ans plus tard (« La Petite Roque » de Maupassant date de 1885, Sébastien Roch de Mirbeau de 1890, Vérité de 1903). Presse et littérature semblent traiter le sujet des violences sexuelles sur les enfants avec une commune indignation, refusant l’implicite, l’euphémisation, l’ambiguïsation qui sont encore souvent de mise lorsqu’il s’agit de traiter les violences sur les femmes majeures, auxquelles on suppute encore très largement la capacité physique de résister à tout agresseur.

L’indignation face au « monstre »

Le personnage du violeur d’enfants, contrairement à celui qui « force » les femmes, est construit comme un véritable monstre, dans sa prosopographie comme dans son éthopée. Les textes sont construits de manière à susciter une empathie totale envers l’enfant victime, régulièrement qualifié de « martyr », à « l’innocence souillée », dans une reprise du vocabulaire religieux voire hagiographique qui sacralise une hypothétique pureté enfantine. Puisque l’enfant ignore tout de la sexualité, il ne pourrait être coupable.

Il faut toutefois que le crime soit d’une violence extrême pour qu’il suscite le pathos escompté. Les violences sexuelles sont généralement suivies de meurtre, dans une confusion entre homicide et viol, comme si la violence sexuelle sans autre chef d’accusation n’était pas suffisante à la dramatisation.

Voici deux extraits, l’un de presse, l’autre de la nouvelle de Maupassant intitulée « La Petite Roque », qui relatent en des termes fort similaires le viol d’une petite fille, suivi de son meurtre.

Le texte journalistique est un extrait du Propagateur de l’Oise de 1864 et relate l’Affaire Mercier :

Le 17 août dernier, vers six heures du matin, un sieur Lerondelle, venant de Nogent-les-Vierges par un sentier qui conduit de ce village à Creil, aperçut avec effroi devant [sic] une petite fille de 6 à 7 ans couchée sur le côté droit en travers sur le chemin et gisant dans une mare de sang coagulé. Elle avait les yeux ouverts et restait dans une complète immobilité ; aux questions qu’il lui adressa pour savoir qui l’avait mise dans un semblable état, elle répondit à différentes reprises ‘c’est un homme’ ; il essaya de la relever, mais l’enfant jeta des cris de douleur. Lerondelle courut alors prévenir une femme qui travaillait dans les champs à cent mètres de là, et avec son aide la transporta dans la caserne de la gendarmerie de Creil, où elle expirait une heure plus tard.
C’était, on le reconnut aussitôt, Marie Miette24.

L’extrait présente des ressemblances frappantes avec « La Petite Roque », dont voici un extrait de l’incipit, qui décrit la découverte du cadavre d’une enfant violée, à travers les yeux d’un facteur en tournée :

Gisait, étendu sur le dos, un corps d’enfant, tout nu, sur la mousse. C’était une petite fille d’une douzaine d’années. Elle avait les bras ouverts, les jambes écartées, la face couverte d’un mouchoir. Un peu de sang maculait ses cuisses25

On notera l’insistance sur la dimension pédocriminelle de l’acte (« un corps d’enfant », « une petite fille »), et sur le meurtre : l’horreur résulte de ce que Le Propagateur de l’Oise nomme un « double crime ».

De même dans Vérité, où l’instituteur Mignol, comme le facteur figure de la civilisation voire de la République dans la campagne, découvre le cadavre d’un petit garçon violé. Son regard épouvanté dicte les réactions émotionnelles du lecteur, sur le mode du pastiche de fait divers. Les multiples adjectifs subjectifs et évaluatifs échappent à la rhétorique impartiale et scientifique du magistrat, que Zola préconisait pourtant dans « De la moralité en littérature » :

Le pauvre petit corps de Zéphirin gisait, en chemise, étranglé, la face livide, le cou nu, portant les marques des abominables doigts de l’assassin. La chemise souillée [et les arguments contre Ménesclou alors !], arrachée, à demi fendue, laissait voir les maigres jambes écartées violemment, dans une posture qui ne permettait aucun doute sur l’immonde attentat ; et l’échine déviée [l’enfant est bossu] apparaissait, elle aussi, la pauvre bosse que le bras gauche, rejeté par-dessus la tête, faisait saillir.
Mais celle tête, malgré sa pâleur bleuie, gardait son charme délicieux, une tête d’ange blond et frisé, un visage délicat de fille, aux yeux bleus, au nez fin, à la bouche petite et charmante, avec d’adorables fossettes dans les joues, lorsque l’enfant riait, tendrement. 
Mignot, éperdu, ne cessait de crier son épouvante26.

Le texte est accompagné dans son édition de 1906 d’une illustration particulièrement pathétique, qui présente l’enfant allongé par terre, dans un décor bousculé, la chemise relevée sur ses jambes nues – cette image du crime évoque les illustrations des canards comme Le Petit Parisien.

Le viol et le meurtre du petit Zéphirin ne servent point ici uniquement à dénoncer les violences sexuelles envers les enfants. Ils sont dotés d’une signification métonymique à valeur politique.

Dimension politique : la littérature et le réel

Les violences sexuelles, en particulier sur les enfants, sont souvent dépeintes pour signifier autre chose qu’elles-mêmes dans notre corpus. C’est un sens politique que le roman se donne à lui-même à travers ces descriptions lourdes de sous-entendus.

Dans le cas de Vérité, si l’accusé est l’instituteur Simon, coupable idéal parce que juif, l’auteur du crime est en réalité le frère Gorgias, un moine débauché. On retrouve ce thème du petit garçon agressé par un homme d’Église dans Sébastien Roch27, publié quelques années plus tôt. La littérature est aux prises avec l’actualité la plus brûlante, et se fait l’écho de la presse anticléricale, dont elle sert le combat. L’écriture est en effet influencée par les débats concernant les congrégations, la séparation de l’Église et de l’État et les affaires qui lient pédocriminalité et institutions religieuses. Concernant l’Affaire de Cîteaux28, qui défraie la chronique en 1888, Le Petit Bourguignon titre par exemple le 29 juin 1888 : « Les scandales de la colonie de Cîteaux. Les Frères sodomistes. – 250 enfants souillés. » On reconnaît ici l’isotopie de la souillure, et le topos du Tartuffe violeur de petits garçons, présent chez Zola et Mirbeau. Le fait divers de violences sexuelles, qu’il soit fictif ou réel, a rarement l’immanence que lui prête Barthes dans son célèbre article « Structure du fait divers29 ». En littérature, le viol, et surtout le viol d’enfants, loin d’être réduit à un statut anecdotique, endosse à la fin du siècle une fonction dramatique, narrative, mais également symbolique. Lorsque l’enfance est « souillée », la diégèse prend des allures d’apologue.

Conclusion

Pour Gustave Geffroy, la dramatisation et le pathos autour d’un crime singulier permettraient de faire naître l’indignation chez les lecteurs de faits divers :

Il aura fallu le drame, l’assassinat, le fait divers pour montrer tel qu’il était l’humble organisme qui végétait là depuis tant d’années. C’est ainsi que la foule sans solidarité s’apprend elle-même, s’aperçoit parfois avec stupeur de la somme de malheur qui est en elle, de ce qui souffre sans se plaindre et meurt sans un cri30.

Peut-être peut-on lire cette observation de manière métalittéraire, comme un discours sur le rapport du genre romanesque au viol. Romans du second XIXe siècle et articles de presse tentent en effet, à travers les représentations de faits divers de violences sexuelles, de « faire exprimer par le particulier le général31 », selon la formule de Gide à propos du roman dans Les Faux-Monnayeurs.

Notes de bas de page numériques

1 Voir Dominique Kalifa, L’Encre et le Sang. Récits de crimes et société à la Belle Époque, Paris, Fayard, 1995.

2 Anne-Claude Ambroise-Rendu, Petits récits des désordres ordinaires. Les faits divers dans la presse française des débuts de la IIIe République à la Grande Guerre, Paris, Seli Arslan, 2004, p. 10.

3 Anne-Claude Ambroise-Rendu, Petits récits des désordres ordinaires. Les faits divers dans la presse française des débuts de la IIIe République à la Grande Guerre, op. cit., p. 149.

4 Anne-Claude Ambroise-Rendu, Histoire de la pédophilie. XIXe-XXIe siècle, Paris, Fayard, 2014, p. 52.

5 Alfred Sirven et Henri Leverdier, La Fille de Nana. Roman de mœurs parisiennes, Paris, E. Dentu, 1881, p. 448.

6 Voir Colette Becker, « Le collage, tremplin pour l’invention : l’utilisation du journal par Zola », ITEM, http://www.item.ens.fr/articles-en-ligne/le-collage-tremplin-pour-linvention-lutilisation-du-journal/, (cons. le 27 mai 2021).

7 Alfred Delvau, Mémoires d’une honnête fille [1865], Paris, A. Faure, 1866, p. 28.

8 Émile Zola, Vérité [1903], Paris, Fasquelle, 1906, p. 5.

9 Gustave Geffroy, L’Apprentie, Paris, Fasquelle, 1904, p. 108.

10 Gustave Geffroy, L’Apprentie, op. cit., p. 209.

11 Chantal Pierre, « Viols naturalistes : “commune histoire” ou “épouvantable aventure” ? », Tangences, n° 114, 2017, p. 61-78.

12 Émile Zola, « De la moralité en littérature », Le Messager de l’Europe, octobre 1880, Œuvres complètes, édition publiée sous la direction d’Henri Mitterand, présentation par Chantal Pierre-Gnassounou, Paris, Éditions Nouveau Monde, 2004, t.IX, p. 450.

13 Émile Zola, Travail, Paris, Charpentier, 1901, p. 365.

14 Marc Angenot, Le Cru et le faisandé. Sexe, discours social et littérature à la Belle-Époque, Bruxelles, Labor, 1986, p. 41.

15 Le Masque de fer, « Nouvelles à la main », dans Le Figaro, n° 171, lundi 20 juin1887, p. 1.

16 Gustave Geffroy, L’Apprentie, op. cit., p. 78.

17 Laetitia Gonon, Le Fait divers criminel dans la presse quotidienne française du XIXe siècle, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, 2013, p. 221.

18 Laetitia Gonon, Le Fait divers criminel dans la presse quotidienne française du XIXe siècle, op. cit., p. 294.

19 Gustave Geffroy, L’Apprentie, op. cit., p. 108.

20 Alfred Delvau, Mémoires d’une honnête fille, op. cit., p. 18.

21 Émile Zola, La Bête humaine, Paris, Charpentier, 1906, p. 63.

22 Émile Zola, La Bête humaine, op. cit., p. 240.

23 Anne-Claude Ambroise-Rendu, Histoire de la pédophilie. XIXe-XXIe siècle, op. cit., p. 52.

24 Anonyme, « Cour d’Assises de l’Oise. Affaire Mercier. Viol et meurtre », Clermont (Oise), impr. A. Daix, 11 décembre 1864, https://gallica.bnf.fr/ark :/12148/bpt6k134365w/f1.item#, (cons. le 27 mai 2021).

25 Guy de Maupassant, La Petite Roque [1885], Paris, Éditions du Boucher, 2002, p. 4.

26 Émile Zola, Vérité, op. cit., p. 7.

27 Dans son roman Sébastien Roch, Octave Mirbeau raconte en effet le viol d’un collégien par le père de Kern, un Jésuite. Voir Pierre Glaudes, « Le viol de Sébastien. À propos de Sébastien Roch d’Octave Mirbeau », Tangences n° 114, 2017, p. 79-100.

28 Voir Eric Baratay, « Affaire de mœurs, conflits de pouvoir et anticléricalisme : la fin de la congrégation des frères de Saint-Joseph en 1888 », Revue d’histoire de l’Église de France, tome 84, n° 213, 1998, pp. 299-322.

29 Voir Roland Barthes, « Structure du fait divers », Essais critiques, Paris, Seuil, 1964.

30 Gustave Geffroy, L’Apprentie, op. cit., p. 118.

31 André Gide, Les Faux-Monnayeurs [1925], Paris, Gallimard, « Folio », 1972, p. 184.

Bibliographie

Bibliographie primaire

Anonyme, « Cour d’Assises de l’Oise. Affaire Mercier. Viol et meurtre », Clermont (Oise), impr. A. Daix, 11 décembre 1864, https://gallica.bnf.fr/ark :/12148/bpt6k134365w/f1.item#, (cons. le 27 mai 2021).

Delvau Alfred, Mémoires d’une honnête fille [1865], Paris, A. Faure, 1866.

Geffroy Gustave, L’Apprentie, Paris, Fasquelle, 1904.

Le Masque de fer, « Nouvelles à la main », Le Figaro, n° 171, lundi 20 juin1887.

Maupassant Guy de, La Petite Roque [1885], Paris, Éditions du Boucher, 2002.

Sirven Alfred et Leverdier, Henri, La Fille de Nana. Roman de mœurs parisiennes, Paris, E. Dentu, 1881.

Zola Émile, « De la moralité en littérature », Le Messager de l’Europe, octobre 1880, Œuvres complètes, édition publiée sous la direction d’Henri Mitterand, Présentation par Chantal Pierre-Gnassounou, Paris, Éditions Nouveau Monde, 2004, t.IX.

Zola Émile, Œuvres. Manuscrits et dossiers préparatoires. Les Évangiles. Vérité. Dossier préparatoire. NAF 10344, https://gallica.bnf.fr/ark :/12148/btv1b90797829/f219.item.zoom, (cons. le 27 mai 2021).

Zola Émile, La Bête humaine, Paris, Charpentier, 1906.

Zola Émile, Travail, Paris, Charpentier, 1901.

Zola Émile, Vérité [1903], Paris, Fasquelle, 1906.

Bibliographie secondaire

Ambroise-Rendu Anne-Claude, Crimes et délits. Une Histoire de la violence de la Belle-Epoque à nos jours, Paris, Nouveau Monde Éditions, 2006.

Ambroise-Rendu Anne-Claude, Histoire de la pédophilie. XIXe-XXIe siècle, Paris, Fayard, 2014.

Ambroise-Rendu Anne-Claude et Delporte, Christian (dir), L’indignation. Histoire d’une émotion politique et morale, Paris, Nouveau Monde Éditions, 2008.

Ambroise-Rendu Anne-Claude, Petits récits des désordres ordinaires. Les faits divers dans la presse française des débuts de la IIIe République à la Grande Guerre, Paris, Seli Arslan, 2004.

Angenot Marc, Le Cru et le faisandé. Sexe, discours social et littérature à la Belle-Époque, Bruxelles, Labor, 1986.

Baratay Eric, « Affaire de mœurs, conflits de pouvoir et anticléricalisme : la fin de la congrégation des frères de Saint-Joseph en 1888 », Revue d’histoire de l’Église de France, tome 84, n° 213, 1998. pp. 299-322.

Barthes Roland, « Structure du fait divers », in Essais critiques, Paris, Le Seuil, 1964, p. X-XX.

Becker Colette, « Le collage, tremplin pour l’invention : l’utilisation du journal par Zola », ITEM, http://www.item.ens.fr/articles-en-ligne/le-collage-tremplin-pour-linvention-lutilisation-du-journal/, (cons. le 27 mai 2021).

Gide André, Les Faux-Monnayeurs [1925], Paris, Gallimard, « Folio », 1972.

Glaudes Pierre, « Le viol de Sébastien. À propos de Sébastien Roch d’Octave Mirbeau », Tangences n° 114, 2017, p. 79-100.

Gonon Laetitia, Le Fait divers criminel dans la presse quotidienne française du XIXe siècle, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, 2013.

Kalifa Dominique, L’Encre et le Sang. Récits de crimes et société à la Belle Époque, Paris, Fayard, 1995.

Pierre Chantal, « Viols naturalistes : “commune histoire” ou “épouvantable aventure” ? », Tangences, n° 114, 2017, pp. 61-78.

Vigarello Georges, Histoire du viol, Paris, Le Seuil, 2000.

Pour citer cet article

Lucie Nizard, « Le roman du second XIXe siècle et les faits-divers de violences sexuelles : une esthétique ambivalente », paru dans Loxias, 74., mis en ligne le 15 septembre 2021, URL : http://revel.unice.fr/loxias/index.html?id=9788.

Auteurs

Lucie Nizard

Ancienne élève de l’ENS de Lyon et agrégée de Lettres modernes, Lucie Nizard achève actuellement une thèse de littérature française consacrée à la poétique du désir sexuel féminin dans le roman de mœurs français du second XIXe siècle, à l’université Paris 3-Sorbonne Nouvelle, sous la direction d’Éléonore Reverzy. Elle travaille sur la sexualité féminine dans une perspective sociocritique et d’études de genre. Elle a publié plusieurs travaux sur la question du consentement et des violences sexuelles dans le roman du second XIXe siècle. Elle est l’autrice d’un article paru dans la revue Romantisme, consacré au regard porté par le second XIXe siècle sur le XVIIIe siècle libertin.