Rome dans Loxias


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Loxias | 55 (déc. 2016). | I.

Du dulce mel aux carmina lucida : les différents degrés d’intégration de la poésie dans l’exposé philosophique du De rerum natura II

On a longtemps considéré que Lucrèce cessait d’être philosophe dès qu’il devenait poète. La poésie dans le De rerum natura est pourtant étroitement liée à l’exposé philosophique. Elle y trouve sa place selon trois modalités : elle permet au lecteur de vivre une expérience pré-philosophique, c’est-à-dire une expérience qui engage à entrer en philosophie ; elle a une fonction psychagogique, c’est-à-dire qu’elle rend l’exposé plus accessible et emporte l’adhésion du lecteur ; elle se substitue à l’argument philosophique lorsque celui-ci n’est pas explicité.

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Loxias | 71. | I.

Auteur, narrateur et personnage dans le livre 1 du Bellum ciuile de César

Si la critique historique du second XXe siècle a beaucoup insisté sur la déformation ou la dissimulation des faits par César, à des fins de propagande ou d’apologie (dans le cas du Bellum ciuile), elle a moins commenté le dispositif littéraire qui permet à César de parler de lui-même sans se dévoiler totalement, donnant à son écriture une dimension particulière et à son personnage un caractère insaisissable, même s’il joue un rôle de premier plan dans ses Commentaires. De fait, si un tel texte présuppose bien une identité entre l’auteur (celui qui garantit les choix esthétiques et moraux du texte et en répond socialement), le narrateur et le personnage, on n’a pas pour autant affaire à un texte autobiographique, si l’on entend par là un récit rétrospectif à la première personne qui met l’accent sur l’histoire de la personnalité de l’écrivain. Et ce, moins parce que César écrit à la troisième personne, que parce que l’histoire de la personnalité de l’auteur n’est pas en jeu dans un texte qui met en scène les actes et surtout les décisions d’un chef, sans nécessairement nous faire entrer dans l’intimité sensible ou psychologique du personnage. Les effets de l’écriture « lisse » de César trouvent leur origine dans un dispositif où César, en se dissimulant autant qu’en s’exposant, sait articuler les trois instances (l’auteur, le narrateur, le personnage) à travers lesquelles le lecteur cherche à savoir qui il est. The historical criticism during the 20th century focused on Caesar’s distortion or concealment of facts for propaganda or apologetic purposes. But historians less described the literary device that makes Caesar speak without revealing completely himself, even though Caesar as a character plays a leading role in his Commentaries. While such a text implies an identity between the author, the narrator, and the character, it is not an autobiographical text, if by this we mean a first-person retrospective narrative that emphasizes the history of the writer’s personality. The author’s personality is not at stake in a text that stages the acts and especially the decisions of a leader, without necessarily bringing us into the sensitive or psychological intimacy of the character. Caesar, hiding as much as exposing himself, knows how to articulate the three instances (the author, the narrator, the character) through which the reader seeks to know who he is.

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