Elsa Stéphan


Elsa Stéphan est l’auteure d’une thèse de doctorat sur les utopies technologiques dans la littérature française du XIXe et XXe siècle. Elle a récemment publié un article intitulé : « Du sublime romantique au sublime technologique : la nature et la machine dans l’Ève Future de Villiers de l’Isle Adam » dans la revue Cahiers ERTA. De nationalité française et ancienne élève de l’université Paris-Sorbonne et de l’IEP de Strasbourg, elle réside aux États-Unis et enseigne à l’université Smith, dans le Massachussetts.

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Loxias | 54 | I.

La figure de la fée électricité dans L’Ève Future de Villiers de L’Isle Adam : une illustration des utopies technologiques de la fin de siècle

Notre étude analyse la manière dont le merveilleux scientifique utilise les conventions du conte pour illustrer une utopie, celle du scientisme de la fin du dix-neuvième. La critique littéraire a jusqu’ici accordé peu d’importance au merveilleux scientifique, le confondant bien souvent avec la science-fiction. Ainsi, L’Ève Future de Villiers de l’Isle Adam (1886) est souvent considérée à tort comme un roman de science-fiction. Le récit traite en effet de la création d’une femme machine par le célèbre savant Edison. En tournant les pages, le lecteur s’évade pourtant à travers un récit peuplé de fées, d’esprits, de châteaux brumeux, et de magie, caractéristiques du registre merveilleux. Nous nous concentrerons sur la représentation, dans le roman, de la fée électricité. Nous examinerons la manière dont cette figure de la fée illustre la fonction magique souvent attribuée à la technique et analysée en philosophie par Ernst Bloch. This article points out the rupture that occurred at the end of the 19th century in the utopian tradition: no longer representing a new land, it is now science that creates enchantment and that can lead human beings to happiness in a perfect place. Paradoxically, this technological utopia is not described in the language of science, but in terms of its seeming contrary: the fairy tale. Relying on the work of Ernst Bloch, who established the relationship between utopia and fairy tales, this article examines the fairy tale elements in an overlooked novel by Villiers de l’Isle-Adam, L’Ève Future [The Future Eve], that I analyze as a techno-utopia in which a machine is to bring love and bliss to the protagonists. The story takes place in Edison’s laboratory, where, thanks to his experiments on electricity, he creates a machine-woman, an android, to replace his friend’s imperfect fiancée. On the first page, the author classifies the story as a “legend” in which the hero is considered “a magician” and “a sorcerer”. The reader then penetrates into a scientific fairy tale full of fairies, spirits, castles and magic. Rather than interpret the work as a science fiction novel, as most criticism does, I instead provide a close textual analysis showing how a new form of utopia is established through a curious union of science and magic.

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