Sterne (Laurence) dans Loxias


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Loxias | Loxias 15 | II. | Naissance du roman moderne: Rabelais, le Tiers Livre, Cervantès, Don Quichotte, Sterne, Tristram Shandy

Le Voyage selon Laurence Sterne et Chateaubriand : le héros et le bouffon (Tristram Shandy, Voyage sentimental, Itinéraire de Paris à Jérusalem)

Sterne effectue deux séjours en France, au cours desquels il expédie des lettres à ses amis. Le récit de ses voyages se distribue ensuite, pour le premier, dans le livre VII de Tristram Shandy, paru en janvier 1765 ; pour le second, en une page, au livre IX, chapitre 24, sorti en janvier 1767 puis dans A sentimental Journey, publié en février 1768. Chateaubriand, partant pour l’Orient en juillet 1806 et de retour à Paris en juin 1807, publie son Itinéraire de Paris à Jérusalem à partir de son journal de voyage. Ces deux voyages révèlent des façons de voyage pratiquement aux antipodes l’une de l’autre : Chateaubriand donne de lui l’image du grand voyageur, cultivé, attentif à l’écriture d’une œuvre littéraire, Sterne propose précisément la satire de ce genre de relation, se moquant des conventions, de l’érudition, et de tout ce qui compose ordinairement les relations de voyages de son époque.

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« Voyages avec un âne ou : Comment battre la campagne ? (Laurence Sterne, Tristram Shandy, Cervantes, Don Quichotte) »

Sterne fait trotter à travers son œuvre un grand nombre d’ânes, sur lesquels on parcourt avec constance les petits trajets de la vie. Certes, on pouvait s’attendre à de pareilles rencontres dans la campagne anglaise du XVIIIe siècle. À cette nécessité d’ordre réaliste s’ajoutent les ressources du double-sens, puisque le mot anglais « ass » qui désigne l’âne offre aux facétieux l’occasion de plaisanteries à bon compte. Cette présence récurrente n’est cependant pas sans rappeler aussi la monture de Sancho Pança : moins flatteur que le cheval, l’âne joue constamment les utilités. Il représente tout à la fois le principe de réalité qui parcourt le roman et le principe de folie douce, de la « marotte » alliée au bonnet de fou à grelots : ânes, mules, mulets, bourriques et autres montures plus fantaisistes comme les « dadas », que chevauchent les personnages de Tristram Shandy, lecteur compris, chacun à sa façon, illustrent en sourdine l’entreprise de dérision que mène Sterne face à la folie et à l’outrecuidance des hommes.

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