Loxias | 51 Autour des programmes des examens et concours 2016 | I. Autour des programmes de l'agrégation de Lettres 2016
Régis Lefort :
La présence et le réel dans Du mouvement et de l’immobilité de Douve
Résumé
La notion de présence, à laquelle fait souvent référence Yves Bonnefoy, est fondamentale pour la lecture de son recueil Du mouvement et de l’immobilité de Douve. Toutefois, il semble qu’on ne puisse parler de présence sans parler de réel. Il s’agit donc ici de définir ces deux notions tout en envisageant comment elles cohabitent dans le poème. Développant notre argumentation à partir des propos du poète, nous entendrons ce signifiant « Douve » comme un mot qui représente la parole. En ce sens, Douve excède la seule référence féminine pour devenir la dynamique propre du poème. Elle serait proche de ce réel, insaisissable par nature, sauf en de certains moments que définit l’état de présence. Elle pourrait en être la voie d’accès. Être en présence, éprouver la présence, pourrait permettre enfin d’entrer en contact avec la beauté.
Index
Mots-clés : beauté , Bonnefoy (Yves), connivence, présence, réel
Géographique : France
Chronologique : XXe
Thématique : poésie contemporaine
Plan
Texte intégral
On ne peut dire en poésie que si on est en présence. Et pour qu’il en soit ainsi il faut que la parole ait été dégagée des abstractions, des stéréotypes, ce qui situe la réalité enfin dite au comble d’un travail négatif dont on ne peut faire l’économie, et qui innerve donc le texte même, en particulier avec des images1.
On a souvent souligné que Douve2 rassemble, dans ses cinq parties, une tragédie. Yves Bonnefoy avoue lui-même : « Il se peut que j’aie divisé, inconsciemment, le drame qu’est Douve en cinq parties par fascination pour le théâtre classique3 ». De fait, un « je » et un « tu » y dialoguent selon des modalités singulières puisque ces deux pronoms peinent vraisemblablement à livrer leurs référents. C’est sans doute cette difficulté qui fait écrire à Christine Van Rogger Andreucci que « Yves Bonnefoy ne semble jamais parler avec sa propre voix mais avec une voix venue d’ailleurs, une voix captée4 ». Il est frappant aussi de voir que la mort parcourt tout le texte, une « mort qui s’affirme en se niant5 », pourrions-nous dire avec Gérard Gasarian – et, à ce sujet, le poème fait état d’un paradoxe : Douve est morte, le poème ne cesse de le proclamer, mais « Douve même morte / Sera lumière n’étant rien6 » ; la disparition de Douve serait donc nécessaire à sa lumière. Il s’agirait, dans Douve, d’une part d’une descente aux enfers, non pas pour ramener l’être perdu, mais pour que celui-ci se révèle dans une autre lumière, d’autre part de découvrir le « vrai lieu », celui de la présence. Il pourrait paraître également paradoxal de parler de présence dans Douve. En effet, comme le note Christine Van Rogger Andreucci, « le paysage dans Douve est un paysage nocturne, celui d’une descente au pays des morts7 ». De toute évidence, s’il s’agit du pays des morts8, il conviendrait a priori de parler d’absence et non de présence, ou de la présence comme d’un ressouvenir, de la présence comme l’acte de se ressouvenir de ce qui n’est plus, ou de ce qui n’est plus sous les yeux tant la vision est ici remise en question ; quant au réel que semble assimiler le poème dans le phénomène de présence, et qu’il conviendra de définir, il semble difficile d’en parler comme captation de quelque élément tangible du monde.
La mort serait un passage obligé pour Douve : la parole, comme langage articulé par une voix dans le poème, serait la trace de sa voix, voix dont Philippe Lacoue-Labarthe dit qu’elle est « une mort qui conserve et se souvient du vivant comme mort, et en même temps, elle est immédiatement trace et mémoire de la mort, négativité pure9 ». Douve serait donc la parole morte mais, autre Phénix, elle renaîtrait sans cesse de ses cendres dans le poème, parole écrite, pour son mouvement vers la lumière.
Dans Douve, le poète désire atteindre à une dimension qui dépasse l’homme, une dimension métaphysique qui éprouve l’être-là (Dasein). Il s’agit pour lui de s’inscrire dans un état où, même s’il habite non pas au royaume des morts mais au « royaume de mort10 », une lumière porteuse d’espoir, une lumière symbolique aussi tant « le recueil parle d’un itinéraire spirituel », mène au pays reconquis, peut-être d’abord à celui de la langue. Le poète cherche cette lumière dans le paysage nocturne : « Je saurai vivre en toi, j’arracherai / En toi toute lumière11 », note-t-il. Là commence peut-être essentiellement la présence, être ouvert à l’immédiat comme condition du poème et trouver la lumière.
Il semble que le poète se livre à une quête dont l’objet – Douve, le réel ? – va se dérobant, conformément à sa nature insaisissable.
Que saisir sinon qui s’échappe,
Que voir sinon qui s’obscurcit,
Que désirer sinon qui meurt,
Sinon qui parle et se déchire ?
Parole proche de moi
Que chercher sinon ton silence,
Quelle lueur sinon profonde
Ta conscience ensevelie,
Parole jetée matérielle
Sur l’origine de la nuit12 ?
Nous pourrions convenir ici, avec Jean-Yves Pouilloux, que « le visible n’est pas seulement ce qu’on voit ou croit voir, ce qu’on a sous les yeux (le visuel) ; non, le visible est le milieu sensible d’une expérience existentielle plus ou moins confuse où se joue notre rapport au monde, au désir et à la mémoire inscrite dans notre corps, toujours déjà faite de mots, de sons, d’étendue et de saveurs13 ». Mais il semble également s’affirmer dans ce poème que l’acte de volonté est infructueux. Pour espérer saisir quelque chose du monde réel, il faut un lâcher-prise, laisser se faire les gouffres, se déprendre de soi, aller outre. Alors, peut-être, cette façon de faire le vide en soi peut-elle ouvrir sur la présence. Le sujet poète devient soudainement objet dans le temps même où fait irruption son saisissement.
De Douve à la présence
Selon Yves Bonnefoy, dans Douve, « la transgression de l’image-monde est le projet-même, mais des cohérences de lecture s’y reforment, incitant à interpréter d’une façon ou d’une autre le grand signifiant – ce mot, Douve – qui est d’ailleurs chargé là de représenter la parole14 ». Le travail du poète est un travail sur le signifiant « Douve » ; il a pour objet de « rendre irréelle toute référence à quoi que ce soit au dehors de ce dernier15 ». L’œuvre serait alors en quelque sorte sa propre fin. Elle serait un monde clos qui outrepasse notre monde et ouvre sur le réel, qu’Alain Badiou définit comme ce qui « en face de moi me résiste, ne m’est pas homogène, n’est pas immédiatement réductible à ma façon de penser16 » et que Gérard Pommier distingue de la « “réalité”, habitée par une subjectivité » quand l’existence du réel « est supposée au-delà d’elle17 ». Douve s’externalise et devient ce qui parle dans le poème. Elle est la présence-même. Nous ne sommes pas loin, semble-t-il de la « parole parlante » de Heidegger, ou du « parler à l’état pur » : « Le parlé à l’état pur est tel qu’en lui la perfection de parler – celle qui sied au parlé – de par elle-même devient achèvement en initial18. »
Mais, alors que le mot « présence » est chargé habituellement d’une signification religieuse et théologique, au cœur d’une quête mystique, il semble porter ici une autre signification. « Qu’est-ce que la présence ? », interroge Bonnefoy dans « Les Tombeaux de Ravenne ».
Cela séduit comme une œuvre d’art, cela est brut comme le vent ou la terre. Cela est noir comme l’abîme et pourtant cela rassure. Cela semble un fragment d’espace parmi d’autres, mais cela nous appelle et nous contient. Et c’est un instant qui va mille fois se perdre, mais il a la gloire d’un dieu. Cela ressemble à la mort19…
Nous pourrions dire avec Jean-Yves Pouilloux que « cette fragilité de la présence a deux versants, l’un sombre, trompeur, vertigineux et mortel, l’autre solaire, apaisé et serein » et que dans cette expérience « se joignent indissolublement une préoccupation existentielle, un souci éthique et une intention esthétique (au sens étymologique de vérité de la perception)20 ». Il faut rappeler ici que, selon Yves Bonnefoy, on n’écrit que pour se mettre en relation avec une extériorité qui nous dépasse, nous comprend, et n’est accessible que dans ces moments de présence. Une lumière, alors, est là, lumière non focalisée, qui dit cette présence.
Dans Douve, de toute évidence, la question de la présence, liée à celle du lieu et à l’expression ou la saisie du réel, est capitale. La présence est à ce point importante, par ailleurs, chez Bonnefoy, qu’il en a fait le titre de sa leçon inaugurale au Collège de France : La Présence et l’image (1981). Or, « parler de présence, à propos de la poésie », peut-on lire dans le numéro 43 des Dossiers et Documents du journal Le Monde, consacré en avril 2004 aux poètes de la présence, « c’est parler de son essence même, ou si l’on préfère de sa raison d’être21 ».
Dans Douve, le poète semble évoquer une femme mais c’est la langue du poème dont il s’agit. Douve est à la fois « morte », « plus belle que la foudre », « lande résineuse endormie près [du poète] », « rivière souterraine », « Couverte de l’humus silencieux du monde » et « secrète connaissance », « Ménade », « Beauté », « sans corps » et « sans chair », « Cassandre », « salamandre », « absolue vérité », « allégorie / De tout ce qui est pur22 ». Cette parole énigmatique est évoquée dans un appel et dans le désir d’une « connivence », que nous pouvons considérer comme un équivalent probable de la présence. Quelque chose de l’intime est touché, au sens où l’entend François Jullien, c’est-à-dire un espace où « sont ébranlés les rapports traditionnels du dedans et du dehors » et où, non seulement « nous devenons, par cet intime, co-conscients et co-sujets » avec l’Autre, mais aussi « le moi ne s’approfondit que pour sortir de soi23 ». Pour le dire autrement, il existe une connivence qui œuvre du côté de la reconnaissance et du partage à la fois, une connivence qui crée une entente implicite, devient une sorte d’évidence, une connivence qui, « en ouvrant un champ commun d’intentionnalité qui maintient en tension vers l’Autre, […] désapproprie chacun du “soi”24 », donc le libère. Bonnefoy ne dit-il pas : « Évidence, présence : mots difficiles. Mais qui parlent d’une “expérience” fondamentale que j’identifie pour ma part à ce qui motive la poésie25 ».
Définir plus précisément la présence pourrait presque constituer une gageure tant celle-ci relève pour partie d’une kinésie. En effet, la présence est. Cela peut paraître une tautologie, mais la présence ne peut s’envisager que comme cette connivence avec le monde ou comme cette évidence du monde dans une immédiateté. La présence se donne dans l’instant, présence des choses et du monde et présence aux choses et au monde. Éprouver la présence correspond à un état de saisissement lors duquel les repères spatiaux et temporels s’annihilent ; le poète sent alors en lui une porosité, un état de proximité avec le monde, il accède en quelque sorte à ce réel dont Lacan dit qu’il est l’impossible sauf à de certains moments. C’est cette présence qu’Yves Bonnefoy tente de restituer dans Douve.
La présence
Dès la première section du livre, le poète pose la question de la présence. Dans un poème qui évoque « l’été vieillissant », la parole paraît être donnée à Douve : « Plutôt le lierre, disais-tu, l’attachement du lierre aux pierres de sa nuit : présence sans issue, visage sans racine ». Cet enroulement du lierre à lui même, « aux pierres de sa nuit », sort l’image à la fois de son référent et de son symbole. Cet ensemble hélicoïdal joue de la spirale qui se perd dans son propre mouvement, fige l’image, l’immobilise dans le même temps et l’ouvre à une perception en présence, alors qu’elle est habituellement exilée d’elle-même par le mot. Il est bien cette « présence sans issue », c’est-à-dire que le mot « lierre » renvoyant à une plante grimpante bien connue et symbolisant la force végétative et la persistance du désir, sort de cette double représentation pour approcher d’une entité qui ne serait plus le lierre lui-même dans sa réalité mais le réel. Il est en quelque sorte, ici, inaccessible comme représentation, sa saisie paraît impossible : le lierre s’enroule à nos corps, à nos esprits et nous n’en éprouvons qu’une sensation étrange entre enroulement et figement, dans une épiphanie. Rien ne semble orienté non plus. Il y a le lierre, là, et ce saisissement de tout le corps dans sa présence. Comme le « vent plus fort que nos mémoires » du poème suivant dans le recueil, le lierre est plus fort que nos mémoires. Et ce poème de la section « Théâtre » dit peut-être davantage encore de la présence. Le dernier vers « Et tu régnais enfin absente de ma tête », en ce qu’il exprime une absence qui a tout pouvoir sur le poète, ce que signifie le verbe « régner », dit la présence de Douve. Cette absence-même est présence, conséquence d’une disparition. Il semble que la présence ait pour condition première la mort et le deuil.
Dans un appel, le poète demande également à une « lointaine voix bénéfique26 » de renaître, peut-être de renaître de ses cendres tant l’évocation du Phénix27 est fréquente, de façon à ce que le grain de voix endormi dans « l’argile la plus grave28 » élise domicile dans la « terre désirante » (métaphore désignant le poète) et que cette union donne enfin les mots « de l’aube et de la pluie29 ». Douve doit parler pour que le poète devienne « terre favorable » et dise avec son poème la présence. Comme le note Gérard Gasarian et conformément à ce qu’écrit Yves Bonnefoy dans « Les Tombeaux de Ravenne », le poème s’annonce comme « monde sensible » et « l’objet sensible est présence30 ». De fait, en devenant « terre favorable », le poète ne dit rien d’autre que la présence. En effet, comme le signale le Vocabulaire technique et critique de la philosophie d’André Lalande, le mot « présence », entre autres définitions, possède celle de « favorable » :
Présence vient du latin praesentia, substantif de praeesse qui veut dire être devant ou en avant […] Il veut dire aussi se tenir devant quelqu’un pour le défendre : d’où l’usage de praesens, en parlant d’une Divinité, pour dire « favorable » ; en parlant d’une action, d’un remède, « efficace ». Praesentia veut dire aussi fermeté, courage, puissance31.
La présence impliquerait donc un échange : Douve doit se manifester pour que le poète, à son tour, avec son poème, dise sa présence. Cette présence est évoquée, chez Bonnefoy, à plusieurs reprises, et sous différentes formes, mais il semble qu’elle soit toujours tributaire d’un rite sacrificiel, et souvent, alors, sont évoqués le feu et la mort, ainsi le dit, par exemple, le poème suivant :
La lumière profonde a besoin pour paraître
D’une terre rouée et craquante de nuit.
C’est d’un bois ténébreux que la flamme s’exalte.
Il faut à la parole même une matière,
Un inerte rivage au delà de tout chant.
Il te faudra franchir la mort pour que tu vives,
La plus pure présence est un sang répandu32.
Douve est une « présence ressaisie dans la torche du froid33 », un froid récurrent comme la mort, un froid habitant l’« écriture noire34 », encore appelée « houille ». Elle est pour le poète la « fontaine de [sa] mort, présente insoutenable35 ». Elle « porte [sa] parole en [lui] comme une flamme36 », mais elle est aussi cette « présence exacte qu’aucune flamme ne saurait restreindre ; convoyeuse du froid secret ; vivante, de ce sang qui renaît et s’accroît où se déchire le poème37 ». Liée à une mort-naissance permanente, elle trouve son expression la plus efficace dans de nombreuses constructions qui disent à la fois le mouvement et l’immobilité. C’est comme si l’impossibilité générée par cet ensemble antagoniste mouvement/immobilité, comme impossible est le réel, provoquait un suspens, ou une intermittence permettant pour un temps l’accès à ce réel. Et pour Yves Bonnefoy « l’intermittence est la vérité de l’écriture qui se veut poème38 ». Il en va par exemple des quelques formulations suivantes : « l’été vieillissant », « l’air dur », « la torche du froid », « une joie stridente d’insectes », « fibreuse matière et densité », « lac de sable », « je suis muré dans mon extravagance », les « souches gravitantes », « le sol sonore et vacant », « tes nappes ténébreuses39 ». À chaque fois l’association de mots, comme souvent chez Bonnefoy, motive » la prescience de l’état d’indifférenciation40 ». Il s’agit pour lui de percevoir « loin là-bas à un horizon de ces mots, une lumière, celle de l’unité de tout au delà de la dénomination, qui disperse41 ». Pour le dire autrement, pour le poète, « la poésie ne dit pas, elle est simplement ce qui fera que les mots, déconceptualisés, pourront laisser voir42 ». C’est ce qui se passe avec le lierre, cité plus haut, et avec le phénomène d’association de mots antagonistes. C’est ce que dit en quelque sorte « Je te détiens froide à une profondeur où les images ne prennent plus43 ».
S’il s’agit bien, dans Douve, d’outrepasser la dénomination, il n’en reste pas moins, pourtant, que le poème « Vrai corps » évoque l’acte de nommer :
Et si grand soit le froid qui monte de ton être,
Si brûlant soit le gel de notre intimité,
Douve, je parle en toi ; et je t’enserre
Dans l’acte de connaître et de nommer44.
Nous pourrions donc à juste titre identifier ici un nouveau paradoxe. Il n’en est rien. D’une part, il faut souligner que l’expression du poème est « de connaître et de nommer » dans un même mouvement, ce qui réfère à l’acte de présence qui consiste, rappelons-le, en une connivence, d’autre part, il s’agit de nommer la première fois, non pas de représenter donc mais de présenter. Un verbe dit cela dans Douve, le verbe « se lever », utilisé à plusieurs reprises comme par exemple dans « Que le froid par ma mort se lève et prenne un sens » ou « Qui se lève et m’appelle, étant sans chair45 ».
Présence de Douve
Dans le même ordre d’idée, il faut noter que le poète nomme Douve dans un acte de baptême, usant d’un vocable qui, tout en renvoyant à quelque chose de connu (les douves d’un château par exemple) irréalise le mot, le défait de son référent pour l’ouvrir à une autre dimension. Le poème n’est-il pas pour Bonnefoy cet « acte d’inconnaissance attentive46 » ?
Douve sera ton nom au loin parmi les pierres
Douve profonde et noire
Eau basse irréductible où l’effort se perdra47.
Quelque chose se dit donc que le lecteur peine à se représenter. S’il est question dans Douve de présence et de réel, il faut que le lecteur éprouve cette présence et ce réel, non pas se les représente car il n’en existe aucune représentation. C’est le propre du réel et de la présence de s’éprouver. Dans un « Entretien avec Ahmet Soysal », Yves Bonnefoy s’est exprimé sur ce phénomène de présence de Douve.
En indiquant que le mot « douve » avait été pour moi, non la désignation d’une réalité particulière, mais, au contraire, l’expérience d’un effacement de toute désignation de cette sorte au cours du travail d’écriture où je me trouvais engagé. Un être y était présent, assurément, une figure de femme, mais le mot qui s’y attachait était plus fort qu’elle. Ce mot s’obstinait, en somme, dans ces poèmes, et devenait de cette façon le signifiant de toute réalité possible, par cette indication que toute dénomination en poésie disparaît comme moyen d’une représentation mais y demeure comme voie vers une présence. C’est cette expérience de la présence dans ce qui est, présence ranimée par l’écriture poétique, mouvement de surgissement de l’être dans le figement – l’immobilité – qu’impose au réel son approche par le concept, que je vivais de cette façon. Et ce mot Douve avait d’emblée d’ailleurs, une majuscule, parce que dans l’expérience de la présence les êtres sont des choses autant que des personnes humaines. J’ai souvent dit qu’en poésie il n’y a que des noms propres48.
Ce que signifie Bonnefoy, c’est qu’il y a poésie quand les choses se présentent comme si on les découvrait pour la première fois. Nous pourrions encore considérer l’acte de poésie comme une « intensification du langage49 ». Il s’agit de réinitialiser le regard et la langue. Ainsi procède-t-on à « l’arrachement de la vue » dans la première section de Douve, et dans la section titrée « L’orangerie » le poète appelle et demande à Douve de « désœuvre[r] ce regard qui méconnaît la nuit50 », la nuit, comme l’écriture noire, étant le lieu de mort-naissance du poème. Douve est une « secrète connaissance », son silence est « une cause fabuleuse51 », et ce qui caractérise son apparition, c’est la lumière, l’éclat, l’incandescence, l’éclair, une fulgurance donc. Pour parler de Douve, le poète affirme que « L’herbe nue sur [ses] lèvres et l’éclat du silex / Inventent [son] dernier sourire » ; il « ose à présent [la] rencontrer, il soutien[t] l’éclat de [ses] gestes », sa face est « lumineuse » ; il « porte [sa] parole en [elle] comme une flamme » car « Rien ne peut grandir une éternelle force / Qu’une éternelle flamme et que tout soit défait » ; enfin il affirme « Je nommerai néant l’éclair qui t’a port52 » (Douve serait cet éclair qui a porté le poème). Alors, dans une forme de compagnonnage (« Ainsi marcherons-nous sur les ruines d’un ciel immense […] / Ainsi marcherons-nous éclairés53 »), et faisant l’épreuve de la présence, peu à peu, le poète installe son devenir dans cet « arrière pays », encore appelé « vrai lieu », c’est-à-dire dans ce lieu avéré, « où [il] se sen[t] chez [lui], à l’instant même où [il] aspire à l’insitué qui [le] nie54 ». Le lieu est la promesse de la venue, le poète y éprouve le battement « artériel de l’irréalité dans la certitude55 ». Une aube se lève.
Il me semble, penché sur l’aube difficile
De ce jour qui m’est dû et que j’ai reconquis,
Que j’entends sangloter l’éternelle présence
De mon démon secret jamais enseveli56.
Peut-être l’un des poèmes de Douve dit-il cette présence essentielle pour entrer dans la vérité du poème par l’emploi d’une inflation d’adverbes « maintenant », signalant que, à peine formulées, les choses sont là, apparues, dans un langage performatif, ou qu’une épiphanie a lieu dans une « aveugle présence57 ». Rien ne se voit qui n’est découvert dans l’instant :
Le ravin pénètre dans la bouche maintenant,
Les cinq doigts se dispersent en hasards de forêt maintenant,
La tête première coule entre les herbes maintenant,
La gorge se farde de neige et de loups maintenant,
Les yeux ventent sur quels passagers de la mort et c’est nous dans ce vent dans cette eau dans ce froid maintenant58.
La présence, la beauté
La présence et le réel entretiennent des liens ténus, nous l’avons dit. Le poète éprouverait la présence au contact du réel et vice versa. Mais cette présence permettrait aussi d’entrer en contact avec la beauté, ou générerait de la beauté. Le mot est employé une fois dans Douve, mais se retrouve fréquemment dans le recueil suivant, Hier régnant désert. Yves Bonnefoy est revenu à plusieurs reprises sur ce concept de beauté : la beauté serait « ce que le désir produit ou adopte59 », il y entrerait donc une part de subjectivité, imagination ou rêverie. Dans Douve, c’est dans les vers suivants du poème « Art poétique » que la beauté est évoquée :
Visage séparé de ses branches premières.
Beauté toute d’alarme par ciel bas,
En quel âtre dresser le feu de ton visage
O Ménade saisie jetée la tête en bas60 ?
Ces quelques vers énigmatiques disent, de fait, semble-t-il, plusieurs choses de l’acte créateur et de la présence. Les Ménades (étymologiquement « délirer, être agité de transports furieux ») sont des femmes possédées et des divinités nourricières. Pour saisir cette Ménade, il faut opérer un renversement : il faut œuvrer dans ce « ciel bas », dans cette profondeur où le poète est susceptible d’accéder à Douve. L’entité à qui s’adresse le poète, à l’évidence Douve, à la fois Ménade et Beauté, mène à une forme d’expérience du vertige, par ce mouvement vers le bas. Or, si nous nous en tenons à ce qu’écrit Philippe Lacoue-Labarthe dans son essai La poésie comme expérience, le vertige est « ce qui est suspendu, mis en arrêt, basculant soudain dans l’étrangeté, est la présence du présent (l’être présent du présent) ». Dans cet état de présence, le « poème n’a rien à raconter ni rien à dire : ce qu’il raconte ou dit est ce à quoi il s’arrache comme poème61 ». Yves Bonnefoy pourrait acquiescer à ce propos tant le poème pour lui est épiphanie.
Dans son « Art poétique », le poète voudrait trouver l’issue qui lui permettrait de retrouver Douve et de célébrer des noces de feu. Procéder au rituel du feu est seul capable, selon Jean-Pierre Richard, « d’autoriser ici, et avec quelle rapidité, le renversement imaginaire qui mue la chute en une élévation, ou qui, plutôt, rêve en la chute l’acte qui nous élèvera, le geste qui fera surgir l’approfondissement lui-même62 ». Il s’agit encore de livrer combat, ce que signifie le mot « alarme » et que reprend le poème « Lieu du combat » : « Son visage est celui que je cherche / Sur toutes sources ou falaises, frère mort. / Visage d’une nuit vaincue, et qui se penche / Sur l’aube de l’épaule déchirée63. » Douve, « parole probante » ou beauté, ressemble alors à une aube qui se lève.
Dans son essai sur la beauté, Gérard Titus-Carmel donne une définition qui paraît proche de la conception de Bonnefoy :
Peut-on parler de beauté dans un art moderne dégagé de toute référence à des croyances, des valeurs ? Oui, encore, et même plus que jamais puisque cette attestation de la présence sous la figure, résurrection de la chose, c’est, comme toute beauté à travers les siècles, la vérité soudain perçue. Il y a de la beauté parce qu’il y a de la vérité. La beauté, c’est l’essence de l’être au monde qui s’est manifestée dans notre regard sur une chose ou un être64.
Gérard Titus-Carmel ne dit rien d’autre ici que le phénomène de présence si cher à Bonnefoy. Ce phénomène survient dans le « vrai lieu », qui n’est autre que le poème, soit le lieu « d’une conversion profonde65 ». Toutefois, dans ce lieu de parole, il est difficile de dire l’immédiat, ainsi que l’explique Yves Bonnefoy dans « L’acte et le lieu de la poésie », le poème doit s’en remettre à d’autres forces. L’expression en creux d’un réel comme théologie négative est le moyen par lequel le poète espère approcher la présence, la connivence. Mais toujours selon Jean-Pierre Richard, qui souligne la difficulté de lire les poèmes de Douve, ce qu’offre ainsi Bonnefoy ne peut se passer de « l’imagination » ou d’une « rêverie créatrice ». Aussi, selon lui, ces poèmes,
la meilleure façon de les lire, [lui] semble-t-il, serait de s’enfoncer aveuglément dans leur ressassement et dans leur nuit, de laisser résonner en soi leur note sourde, d’ouvrir son regard à leur matité. Mais il faudrait aussi les traverser comme des épiphanies, tentant d’apercevoir comment quelque chose en chacun d’eux se dérobe et s’indique (s’indique par le mouvement même qui veut le dérober)66.
Finalement, pour éprouver la présence, il faut « partager l’hypnose de la pierre », se faire, comme Douve, à la fois Salamandre et Phénix, « s’accorde[r] aux astres par l’inerte / Masse de tout son corps », « ret[enir] son souffle et [tenir] au sol » et « franchir les crêtes de la nuit67 », c’est-à-dire qu’il faut être capable de plonger dans un feu destructeur et d’y vivre pour, à l’aube, renaître de ses cendres.
Notes de bas de page numériques
1 Yves Bonnefoy, « Entretien avec Jean Roudaut – 1992 », L’Inachevable. Entretiens sur la poésie, 1990-2010, Paris, Albin Michel, 2010, p. 221-222.
2 Nous écrirons désormais Douve, en italique, pour Du mouvement et de l’immobilité de Douve, dans Poèmes, Paris, Poésie/Gallimard, 2002.
3 Yves Bonnefoy, « Entretien avec Tom Van de Voorde – 1999 », L’Inachevable. Entretiens sur la poésie, 1990-2010, p. 365.
4 Christine Van Rogger Andreucci, « Poétique et poésie d’Yves Bonnefoy », Cahiers de l’Université N° 18, Université de Pau et des Pays de l’Adour, 1983, p. 30.
5 Gérard Gasarian, La poésie, la présence, Seyssel, Champ Vallon, 1986, p. 19.
6 Yves Bonnefoy, Douve, p. 65.
7 Christine Van Rogger Andreucci, « Poétique et poésie d’Yves Bonnefoy », Cahiers de l’Université N° 18, p. 23.
8 La mort est à considérer à partir de l’épigraphe de Hegel : « Mais la vie de l’esprit ne s’effraie point devant la mort et n’est pas celle qui s’en garde pure. Elle est la vie qui la supporte et se maintient en elle. »
9 Philippe Lacoue-Labarthe, Le langage et la mort, Paris, Christian Bourgois, 1997, p. 88.
10 Yves Bonnefoy, Douve, p. 49.
11 Yves Bonnefoy, Douve, p. 81.
12 Yves Bonnefoy, Douve, p. 66.
13 Jean-Yves Pouilloux, « Y. Bonnefoy / A. Hollan : La présence du monde », dans Dominique Vaugeois (dir.), L’écrit sur l’art : un genre littéraire ?, Figures de l’art 9, Revue d’études esthétiques, Pau, PUP, 2005, p. 195.
14 Yves Bonnefoy, « Entretien avec Yannick Mercoyrol et Jean-Louis Thibault – 1997 », L’Inachevable, Entretiens sur la poésie, 1990-2010, p. 291.
15 Yves Bonnefoy, « Entretien avec Tom Van de Voorde – 1999 », L’Inachevable, Entretiens sur la poésie, 1990-2010, p. 367.
16 Alain Badiou, À la recherche du réel perdu, Paris, Fayard, « Ouvertures », 2015, p. 8-9.
17 Gérard Pommier, Qu’est-ce que le « réel » ?, Toulouse, érès, 2014, p. 10.
18 Martin Heidegger, Acheminement vers la parole, Paris, Gallimard, 1996, p. 18.
19 Yves Bonnefoy, « Les Tombeaux de Ravenne », dans L’Improbable et autres essais, Paris, Éditions Mercure de France, 1980, p. 24-25.
20 Jean-Yves Pouilloux, « Y. Bonnefoy / A. Hollan : La présence du monde », dans Dominique Vaugeois (dir.), L’écrit sur l’art : un genre littéraire ?, Figures de l’art 9, p. 196.
21 « Yves Bonnefoy et les poètes de la présence », dans l’introduction du numéro des Dossiers et Documents du Journal Le Monde, N° 43, avril 2004.
22 Yves Bonnefoy, Douve : pour l’ensemble des citations de cette phrase, cf. p. 45, 48, 50, 55, 67, 78, 91, 94, 98, 105, 111.
23 François Jullien, De l’intime, Paris, Grasset & Fasquelle, 2013, p. 26, p. 36, p. 42.
24 François Jullien, De l’intime, p. 212.
25 Yves Bonnefoy, « Sur la création artistique, Entretien avec Daniel Bergez – 2007 », L’Inachevable. Entretiens sur la poésie, 1990-2010, p. 84.
26 Yves Bonnefoy, Douve, p. 82.
27 Cf. « Douve disant Phénix » (p. 53) ; poème « Phénix » (p. 75) ; « Secouant ta chevelure ou cendre de Phénix » (p. 81) ; « Ne suis-je pas ta vie aux profondes alarmes, / Qui n’a de monument que Phénix au bûcher ? » (p. 87) ; « Je roulais comme torche jetée / Dans la nuit même où le Phénix se recompose » (p. 90). Dans un « Entretien avec Yannick Mercoyrol et Jean-Louis Thibault – 1997 » (L’Inachevable, Entretiens sur la poésie, 1990-2010, p. 293), le poète note : « Phénix, pourquoi phénix ? Parce qu’il y a des aspects de notre être au monde qui, bien que très concrets, très actifs, n’ont pas de nom : il faut donc leur en donner un pour leur assurer présence dans l’écriture. »
28 Yves Bonnefoy, Douve, p. 82.
29 Yves Bonnefoy, Douve, p. 82.
30 Yves Bonnefoy, « Les Tombeaux de Ravenne », L’Improbable et autres essais, p. 21 et 23.
31 André Lalande, Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Paris, Presses Universitaire de France, 1983, p. 818-819.
32 Yves Bonnefoy, Douve, p. 74.Selon John E. Jackson, « Douve, représentante symbolique et de la part mortelle du sujet et de la dimension sensible du langage, doit mourir pour que sa mort, réintériorisée par le poète (“et je deviens Douve morte / Dans l’âpreté de soi avec moi refermée”) devienne dialectiquement le lieu à partir duquel soit rendu possible “l’acte de connaître et de nommer” » (« Poétique de “Vrai Nom” », dans Jacques Ravaud (dir.), Yves Bonnefoy, Cahier onze, Paris, Le Temps qu’il fait, 1998, p. 110).
33 Yves Bonnefoy, Douve, p. 53.
34 Yves Bonnefoy, Douve, p. 80.
35 Yves Bonnefoy, Douve, p. 55.
36 Yves Bonnefoy, Douve, p. 89.
37 Yves Bonnefoy, Douve, p. 62.
38 Yves Bonnefoy, « Entretien avec Alain Freixe – 1995 », L’Inachevable. Entretiens sur la poésie, 1990-2010, p. 255.
39 Yves Bonnefoy, Douve : pour les citations de cette phrase, cf. p. 46, 51, 53 56, 65, 71, 79, 92, 95, 102.
40 Yves Bonnefoy, « Entretien avec John T. Naughton – 1991 », L’Inachevable. Entretiens sur la poésie, 1990-2010, p. 194.
41 Yves Bonnefoy, « Entretien avec Jean Roudaut – 1996 », L’Inachevable. Entretiens sur la poésie, 1990-2010, p. 222.
42 Yves Bonnefoy, L’Inachevable. Entretiens sur la poésie, 1990-2010, p. 224.
43 Yves Bonnefoy, Douve, p. 57.
44 Yves Bonnefoy, Douve, p. 77.
45 Yves Bonnefoy, Douve, p. 85 et p. 91.
46 Yves Bonnefoy, « Entretien avec Daniel Bergez – 2007 », dans L’Inachevable. Entretiens sur la poésie, 1990-2010, p. 65.
47 Yves Bonnefoy, Douve, p. 104.
48 Yves Bonnefoy, « Entretien avec Ahmet Soysal – 2003 fragments », L’Inachevable. Entretiens sur la poésie, 1990-2010, p. 372-373.
49 Yves Bonnefoy, « Entretien avec Joumana Haddad – 2004 », L’Inachevable. Entretiens sur la poésie, 1990-2010, p. 428 et 429.
50 Yves Bonnefoy, Douve, p. 52 et p. 101. Dans Onze études sur la poésie moderne, Jean-Pierre Richard évoque » l’orangerie » de Bonnefoy en ces termes : « lieux glorieux, vers lequel Bonnefoy tourne si souvent sa pensée, l’Orangerie du XVIIe siècle, construction de pierres dorées et de glaces, tout entière inondée par la paix d’une chaude lumière, mais qui contient en son cœur le plus clair comme la négation de cette éternité : “la nuit ou le souvenir de la nuit [l’]emplit d’un léger goût de sang, sacrificiel, comme si un acte profond devait une fois y avoir lieu” (L’Improbable, p. 159) ».
51 Yves Bonnefoy, Douve, p. 55 et p. 102.
52 Yves Bonnefoy, Douve : pour l’ensemble des citations de cette phrase, cf. p. 59, 62, 72, 89, 87, 73.
53 Yves Bonnefoy, Douve, p. 93.
54 Yves Bonnefoy, L’Arrière-pays, Paris, Poésie/Gallimard, 2011, p. 46. Yves Bonnefoy s’est exprimé à propos de ce « vrai lieu » à l’occasion d’un entretien avec Alain Freixe (L’Inachevable. Entretiens sur la poésie, 1990-2010, p. 251-251), en 1995 : « Le “vrai lieu”, j’ai bien fini par comprendre que ce n’était qu’un mythe aimé par cet être en nous que je me plais à appeler le gnostique […] Il n’y a pas de vrai lieu, il n’y a de lieux qu’ordinaires, et la vraie recherche est de découvrir en quoi ceux-ci peuvent être pourtant des occasions de vérité, et de plénitude, par un approfondissement de leurs évidences qui serait la poésie au travail. Mais dire cela ne signifie nullement que le rêve d’un ailleurs qui serait d’essence plus haute que notre ici ait jamais vraiment cessé de me tourmenter. »
55 Yves Bonnefoy, L’Arrière-pays, p. 51.
56 Yves Bonnefoy, Douve, p. 110.
57 Yves Bonnefoy, Douve, p. 92.
58 Yves Bonnefoy, Douve, p. 61.
59 Yves Bonnefoy, « Entretien avec Ahmet Soysal – 2003, fragments », L’Inachevable. Entretiens sur la poésie, 1990-2010, p. 377.
60 Yves Bonnefoy, Douve, p. 78.
61 Philippe Lacoue-Labarthe, La poésie comme expérience, Paris, Christian Bourgois, 1997, p. 32-33.
62 Jean-Pierre Richard, Onze études sur la poésie moderne, p. 280.
63 Philippe Lacoue-Labarthe, La poésie comme expérience, p. 109.
64 Gérard Titus-Carmel, Le Huitième Pli ou Le travail de beauté, Paris, Galilée, 2013, p. 15.
65 Yves Bonnefoy, « Les Tombeaux de Ravenne », L’Improbable, p. 19.
66 Jean-Pierre Richard, Onze études sur la poésie moderne, p. 260.
67 Yves Bonnefoy, Douve, p. 53, 111 et 75.
Pour citer cet article
Régis Lefort, « La présence et le réel dans Du mouvement et de l’immobilité de Douve », paru dans Loxias, 51, mis en ligne le 13 décembre 2015, URL : http://revel.unice.fr/loxias/index.html?id=8183.
Auteurs
Régis Lefort est Maître de conférences HDR à Aix Marseille Université. Il est l’auteur d’un essai sur l’œuvre d’Henry Bauchau, L’originel dans l’œuvre d’Henry Bauchau (Honoré Champion, 2007) et d’un essai sur la poésie contemporaine, Étude sur la poésie contemporaine, Des affleurements du réel à une philosophie du vivre (Classiques Garnier, 2014). Sa recherche porte sur la poésie (H. Bauchau, P. J. Jouve, B. Cendrars, J. Malrieu, A. Emaz, B. Vargaftig, J. Sacré, L. Gaspard, J. Ancet, S. Stétié, M-C. Bancquart, G. Titus-Carmel, F-J. Temple, G. Althen…). En 2017, il co-organise avec Béatrice Bonhomme, Joëlle Vellet et Alice Godfroy, le colloque « Poésie et Danse contemporaines » à l’Université Nice Sophia Antipolis.