Loxias | 48. Stevenson et la culture polynésienne | I. Stevenson et la culture polynésienne 

Aude Ripoll  : 

L’identité polynésienne au contact de l’Occident : une étude comparative de la nouvelle « La Bouteille Endiablée » de Robert Louis Stevenson et du roman The Bone People de Keri Hulme

Résumé

En écrivant « La Bouteille Endiablée », Stevenson dresse le portrait d’une société polynésienne fragilisée, dont les autochtones sont tour à tour attirés par le faste occidental et mus par un désir de conserver leurs coutumes. Cette quête d’harmonie, notamment illustrée par le motif de la construction d’un foyer véritablement accueillant, voit également s’opérer un changement dans la représentation des personnages féminins. Hulme, dans un contexte forcément plus moderne, décrit elle aussi les errements d’une société biculturelle et bouleverse la figure de la femme en littérature. Un intérêt tout particulier sera accordé aux connaissances anthropologiques et mythologiques de Stevenson, qui profite d’un retour aux sources de ses protagonistes pour notamment réhabiliter le principe du don / contre-don. Hulme fait de même en reproduisant le mythe de création maori, depuis Te Kore jusqu’à Te Ao Mārama. Enfin, l’existence même de ces deux œuvres mêlant l’Europe et la Polynésie nous semble témoigner de la possibilité pour la culture occidentale de s’intégrer à la société océanienne.

Abstract

In “The Bottle Imp”, Stevenson describes a vulnerable Polynesian society, its autochthonous population being both enthralled by the opulence of the West and resolute to keep their traditions alive. This quest for stability, which is symbolised by the construction of a welcoming home, also allows female characters to be assigned a more critical role. Hulme, a contemporary author, writes too at length about the turmoil of a bicultural country while revolutionising the traditional depiction of women in literature. Some light will be shed upon Stevenson’s knowledge of anthropology and mythology as he rehabilitates the gift / counter-gift principle when he has his characters return to their roots. As for Hulme, she chooses to repeat the Maori creation myth, from Te Kore to Te Ao Mārama. This will lead us to conclude that both pieces of literature, as hybrids of European and Polynesian cultures, seem to indicate that there is a possibility for the West to be assimilated into the Pacific.

Index

Mots-clés : anthropologie , Hulme (Keri), littérature du Pacifique, postcolonialisme, Stevenson (Robert Louis)

Géographique : Polynésie

Chronologique : XIXe siècle , XXe siècle

Plan

Texte intégral

Précurseur de la littérature postcoloniale, Stevenson a profité de son installation dans le Pacifique pour défendre une culture déconsidérée dans les écrits coloniaux et menacée par l’impérialisme de l’Ouest. Notre étude de la nouvelle « La Bouteille Endiablée », publiée dans le recueil des Contes des Mers du Sud, examinera la question de l’identité polynésienne au contact de l’Occident et nous permettra d’établir des correspondances entre le conte de Stevenson et le roman de Keri Hulme, The Bone People. Après nous être penchée sur la manière dont ces œuvres représentent la colonisation et ses conséquences, nous verrons comment les deux auteurs font appel à leurs connaissances anthropologiques et mythologiques pour défendre et réhabiliter la culture polynésienne face à l’Occident. Notre interrogation finale portera sur le futur de cette même culture : peut-elle, selon les deux ouvrages étudiés, s’adapter à la présence de l’Ouest ?

Pendant et après la colonisation

L’analyse que nous entreprenons ne peut se dispenser d’un examen du contexte dans lequel les deux œuvres étudiées ont été écrites. « La Bouteille Endiablée » paraît en 1891, à une période tumultueuse de l’histoire d’Hawaï. La monarchie attaquée est définitivement renversée en 1894 avec l’instauration de la République d’Hawaï ; quatre ans plus tard, l’annexion par les États-Unis de l’archipel polynésien est proclamée. La nouvelle de Stevenson n’est pas une critique directe de l’impérialisme en marche, mais l’on peut deviner dans ce conte une défense de la culture polynésienne et une mise en garde envers les valeurs potentiellement néfastes des Occidentaux. S’il est vrai que les personnages de Stevenson ont eux-mêmes assimilé certains aspects de la culture nord-américaine, une frontière existe encore entre les deux mondes. À ce titre, l’auteur de la nouvelle place très clairement la source des problèmes des protagonistes à l’étranger. Le génie et sa bouteille sont de purs produits de l’Occident : d’abord vendus au prêtre Jean1, ils sont passés entre les mains de James Cook ou encore de Napoléon Bonaparte, des symboles de l’expansionnisme occidental. Puis c’est à San Francisco que Keawe, suite à la tromperie d’un Américain, se retrouve en possession de la bouteille maléfique, qu’il rapporte avec lui à Hawaï. Ce sont également les luxueuses demeures américaines qui serviront de modèles pour la Maison Lumineuse de Keawe. L’Occident peut, dans cette nouvelle, être considéré comme une menace pour le Polynésien et son île.

Le roman de Keri Hulme, publié près d’un siècle plus tard en 1984, ne met pas le lecteur en garde contre la colonisation puisque celle-ci a déjà eu lieu. La Nouvelle-Zélande possède, en plus de son caractère maori, une identité anglo-saxonne, et sa population comporte de nombreuses personnes métisses et d’origine européenne. L’heure est plutôt au bilan et à la réhabilitation de la culture maorie. Les personnages de Hulme, fortement occidentalisés, ne quittent jamais la Nouvelle-Zélande : leur quête d’identité ne les confronte pas directement à l’étranger puisque leur pays est déjà aire de multiculturalisme. La critique de la colonisation est explicite à travers les paroles du kaumatua2 : « Ces hordes d’hommes blancs nous ont submergés3. » En conséquence, l’esprit qui réside au « cœur d’Aotearoa4 » est en veille : « Je ne pense pas qu’il ait beaucoup apprécié le désordre provoqué par les Pakeha5 ». Les deux œuvres contiennent des propos critiques envers la colonisation, et le roman de Keri Hulme, où les Maoris sont présentés comme des êtres brisés et diminués, semble justifier la mise en garde de la nouvelle de Stevenson.

Dans un tel contexte, les personnages autochtones des deux écrivains servent à illustrer différents aspects du malaise engendré par la confrontation des cultures polynésienne et occidentale. Chaque œuvre met en avant un couple homme / femme (Keawe et Kokua chez Stevenson et Joseph et Kerewin dans le roman de Hulme) dont les membres, selon leur sexe, semblent partager des caractéristiques communes.

Keawe est un Hawaïen influencé par l’Ouest, comme le prouve par exemple sa capacité à « lire et à écrire comme un maître d’école6 ». Mais outre ces qualités, son séjour à San Francisco le présente d’entrée comme un personnage avide, naïf et même enfantin. Lors de sa visite, il compare une des luxueuses demeures qu’il a sous les yeux à un jouet. La suite de la description est une succession de comparaisons :

Le perron de cette maison brillait comme l’argent, les haies étaient fleuries comme des guirlandes et les fenêtres étincelaient comme des diamants7.

Keawe semble superficiel et même matérialiste puisqu’il établit une corrélation entre richesse et bonheur :

Que voici de belles maisons ! […] que leurs occupants doivent être comblés et ne pas se soucier du lendemain8 !

L’ironie de la situation échappe au personnage polynésien puisque le propriétaire de la maison qu’il décrit est aussi le possesseur de la bouteille endiablée. Le détenteur de cet objet peut demander au génie d’exaucer tous ses vœux, mais s’il devait décéder avant de se délester de la bouteille, son âme serait condamnée à l’Enfer. Le seul moyen de se séparer de la bouteille est de la revendre à quelqu’un d’autre à une somme inférieure à celle à laquelle elle a été précédemment achetée. Au début de cette nouvelle, la bouteille a atteint le bas prix de quatre-vingt-neuf dollars, ce qui plonge le propriétaire de la maison dans la tourmente. En dépit de son apparente cupidité, Keawe refuse la bouteille et n’en devient l’acquisiteur qu’à la suite d’une ruse du propriétaire américain, faisant de Keawe la victime de cette transaction. Soulignons également que Keawe, bien qu’occidentalisé, présente toujours des caractéristiques polynésiennes. S’il est vrai qu’il désire se faire bâtir une luxueuse demeure, il précise que celle-ci doit être assez grande pour lui permettre de recevoir ses amis, l’hospitalité lui tenant à cœur. De même, lorsqu’il est touché par la lèpre, sa crainte première est d’être éloigné de sa future femme, Kokua. Devoir quitter ses proches était, pour nombre d’Hawaïens, l’aspect le plus terrible de cette maladie9. Si Keawe est tenté d’adopter des valeurs portées par une culture étrangère, il n’en reste pas moins polynésien, et son identité première n’est pas questionnée.

Joseph est quant à lui maori. Il est l’un des trois personnages principaux du roman The Bone People avec Kerewin, une femme métisse, et Simon, un enfant européen. Contrairement à Keawe, il est capable de se montrer critique à l’égard des valeurs et du monde de vie pakeha, en exprimant notamment sa lassitude et le caractère débilitant de son travail. Son impression « d’être une marionnette dont quelqu’un d’autre tire les fils10 » peut être considérée comme une condamnation de la colonisation elle-même. Mais si le mode de vie occidental lui inspire du dédain (« [Nous possédons] tout ce qui est nécessaire si l’on se réfère à la bonne vieille mentalité des Pakeha11 »), il s’est, à l’instar de Keawe, éloigné de certains aspects de la culture polynésienne. La violence qu’il exerce envers Simon en est une preuve, alors qu’il devrait, selon Kerewin, préférer le korero12 aux coups. Bien que Joseph se montre plus sévère dans son jugement que Keawe, les deux personnages illustrent le manque de repères généré par la confrontation entre l’Occident et la Polynésie.

Les figures féminines présentent également quelques similitudes. Kokua, l’épouse hawaïenne de Keawe, connaît mieux que son mari sa culture et le monde occidental. En suggérant de se rendre à Tahiti, elle propose à Keawe de rejoindre une île symbolisant les origines dans la mythologie hawaïenne et plus prosaïquement, une terre colonisée par les Français où il sera possible de revendre la bouteille en utilisant le franc. Elle porte un holoku, un vêtement importé par les missionnaires, mais de couleur rouge, une teinte sacrée pour les Polynésiens :

En Polynésie, le rouge est la couleur sacrée que l’on retrouve par exemple dans le nom Hale kula ou Fale ula, pour désigner la maison mythique des temps originels […] La couleur rouge est également celle des plumes qui abritaient le repos des os sacrés conservés dans les grottes13.

Kerewin connaît aussi les deux mondes puisqu’elle est métisse. Bien que ses ascendances européennes prédominent, elle se sent fortement maorie. L’étude de son personnage permet d’évoquer la perception négative du métissage puisque ses origines et son physique plutôt européen l’excluent, aux yeux de certains protagonistes, de la société maorie.

En sus d’illustrer la mixité et le métissage, les personnages féminins de ces deux ouvrages ont la particularité de ne pas correspondre aux canons de leur époque. Kokua est une très belle Polynésienne qui, quand elle est décrite en train de se baigner, rappelle Vénus sortie des eaux. Comme son nom l’indique (« Kokua en hawaïen signifie “celle qui aide” et même plus, “celle qui aide le lépreux”14 »), elle se montre bienveillante et œuvre de son mieux pour sauver l’âme de son mari. Pour autant, elle n’est pas une énième représentation de la vahine lascive que l’on insère dans un récit pour donner à celui-ci une touche d’exotisme. Kokua est le personnage fort de ce conte puisque c’est elle qui, grâce à son savoir, trouve le moyen de se débarrasser de la bouteille. Elle n’est pas non plus inférieure à son mari, qu’elle n’hésite pas à tourner en dérision :

Toute la soirée durant […] la jeune femme ne manqua pas d’audace en présence de ses parents et se moqua de Keawe, car elle avait l’esprit vif15.

Kerewin est en revanche très différente de Kokua. Sa féminité n’est pas mise en avant (elle se considère comme neutre et asexuelle), elle refuse le mariage et peut se montrer odieuse et brutale, y compris avec les enfants. Alors que Kokua est présentée aux lecteurs au moment où elle sort de l’eau, Kerewin, elle, sort d’un bar. Cependant, à l’instar de l’héroïne de Stevenson, elle va à l’encontre d’une certaine image de la femme, en l’occurrence celle de la compagne sensuelle, maternelle et bienveillante. Les questions de l’altérité et du refus de l’essentialisme s’appliquent également à la représentation des sexes dans les deux œuvres.

Le thème de la colonisation s’illustre enfin à travers la Maison Lumineuse et la Tour, les habitations respectives de Keawe et Kerewin. Toutes deux sont des demeures singulières, comme le suggèrent les majuscules à leurs noms. Keawe obtient la fortune nécessaire pour construire sa maison grâce au génie de la bouteille. Le surnom qui est attribué à sa demeure provient simplement des effets qui la décorent et qui sont régulièrement époussetés par le domestique de Keawe. Soulignons surtout l’évolution du rapport que l’Hawaïen entretient avec sa demeure ; alors que celui-ci désirait au départ une maison suffisamment grande pour y recevoir de la compagnie, voilà que l’effet inverse se produit et que Keawe s’empresse de quitter ses amis pour regagner sa demeure : « et il s’en alla le plus tôt possible le matin suivant […] car il était impatient de contempler sa magnifique demeure16 ». Finalement, cette propriété de type occidental que Keawe a pourtant désirée finit par l’aliéner, l’aspect matériel l’emportant sur le reste.

La Tour est très similaire à la Maison Lumineuse de Keawe. Kerewin n’a pu financer sa construction que grâce à l’importante somme d’argent qu’elle a gagnée à la loterie. En s’enrichissant grâce à un jeu allogène et d’une manière si subite et inattendue, Kerewin se retrouve dans une situation comparable à celle de Keawe lorsqu’il acquiert la bouteille. Cette Tour de six étages détonne dans le paysage néo-zélandais traditionnel ; de plus, elle regorge de décorations médiévales et les quelques bijoux de jade17 maoris qu’elle abrite sont enfermés dans des coffres, loin de tout regard. Kerewin affirme elle-même que cette provision d’argent l’a coupée de sa famille et lui a fait perdre toute inspiration artistique. Puisque cette demeure est devenue une prison et qu’elle semble encore plus aliénante que la Maison Lumineuse de Keawe, elle sera, à la fin du roman, détruite, et non réhabilitée.

Le retour aux origines : une démarche nécessaire pour asseoir son identité

Si l’Occident est source de déséquilibre pour les personnages de Stevenson et Hulme, c’est justement la confrontation des protagonistes avec deux démons18 occidentaux qui va leur permettre de se réconcilier avec leurs origines. Le premier démon, est véritablement une créature maléfique. Sa bouteille « blanche comme le lait19 » l’associe immédiatement à l’Occident, et l’Enfer auquel il promet l’âme de son dernier propriétaire est une notion chrétienne. Il est à la fois « remède et poison20 » : il offre à Keawe une maison, mais tue deux membres de sa famille pour le faire hériter ; il soigne le Polynésien de la lèpre, mais reste une épée de Damoclès pendue au-dessus de sa tête tant qu’il n’aura pas réussi à s’en séparer. Si le génie incarne les dangers de l’Occident, c’est également lui qui permet à Keawe et Kokua de retrouver le chemin de leurs origines. En effet, le retour à Tahiti est d’abord motivé par la nécessité de trouver un pays où il serait possible de revendre la bouteille. Celle-ci ne vaut plus qu’un cent américain, mais le centime français qui a cours à Papeete permet encore quelques transactions.

Le petit démon de Keri Hulme est un enfant occidental prénommé Simon. Seul rescapé d’un naufrage, il est adopté par Joseph et sa femme Hana. Étrangement, Hana et le fils biologique de Joseph décèdent peu de temps après de la grippe, rappelant peut-être les nombreux Polynésiens morts de maladies contre lesquelles ils n’étaient pas immunisés lorsqu’ils sont entrés en contact avec les Occidentaux. Bien qu’il soit humain, Simon est un enfant particulier, presque mystique : il est tout d’abord décrit à la manière d’une divinité chrétienne (« tel un saint étrange figurant sur un vitrail doré21 ») et déclare apercevoir l’aura des gens. Tout comme le génie de la bouteille, il est tour à tour aimé (son père adoptif tient beaucoup à lui) mais également haï. Après l’avoir violemment frappé, Joseph avouera : « Je crois que j’essayais de le tuer22. » Bien que Kerewin et Joseph se croisent dans un bar au début du roman, ce n’est que lorsque Joseph vient remercier Kerewin de s’être occupée de son fils adoptif que les deux personnages font formellement connaissance. L’enfant a beau être un humain, il n’est pas dépourvu de malice, comme lorsqu’il est sciemment à l’origine d’une dispute entre Kerewin et Joseph :

Son intention s’était renforcée dans la matinée : il fallait provoquer une bagarre afin de faire disparaître l’animosité qui régnait entre son père et Kerewin. Supprimer la colère qui l’entoure, faire cesser les désaccords avec des coups, de la souffrance, puis viendraient la pitié, la réconciliation, la bonne humeur à nouveau. C’est comme ça que cela fonctionne… c’est tout le temps comme ça23.

Tout comme le génie de la bouteille, Simon est un catalyseur qui pousse les protagonistes dans leurs retranchements et les force à confronter leurs problèmes.

Dans « La Bouteille Endiablée », Keawe et Kokua embarquent pour Tahiti, ou Kahiki, la terre d’origine des Hawaïens. « L’île sage24 » a beau être colonisée par les Français, elle incarne toujours un symbole fort :

[Kahiki est] l’endroit éloigné d’où proviennent les dieux, les ancêtres, les regalia, les plantes comestibles et les institutions rituelles — toute la vie des Hawaïens et les moyens de la faire perdurer25.

Ce retour aux origines permet au couple hawaïen de renouer avec le système de don / contre-don26, que le sociologue Marcel Mauss décrit ainsi :

Refuser de donner, négliger d’inviter, comme refuser de prendre, équivaut à déclarer la guerre ; c’est refuser l’alliance et la communion27.

Dans ce contexte, la bouteille est un cadeau bien particulier : celui qui cherche à s’en débarrasser n’attend rien en contrepartie. Une somme d’argent doit certes être échangée contre la bouteille, mais ce montant, qui doit toujours être inférieur au prix payé par son précédent propriétaire, existe pour ajouter une contrainte au mode de transmission de la bouteille. Cet argent ne représente donc pas réellement un contre-don. D’ailleurs, les Occidentaux de la nouvelle n’essaient jamais d’appliquer ce système de don / contre-don : à San Francisco, l’Américain qui trompe Keawe en lui vendant la bouteille congédie le Polynésien une fois la transaction terminée. À Papeete, le marin qui l’achète refuse de la revendre à Keawe parce qu’il l’estime trop précieuse pour être cédée ! Keawe et Kokua sont finalement les seuls à faire revivre ce système. Keawe récupère la bouteille afin d’être guéri de la lèpre et de pouvoir épouser Kokua, qui en retour rachète la bouteille à son mari afin de sauver son âme. Le couple ressort grandi de cette épreuve. La Maison Lumineuse peut devenir Hale Kula et assurer à ses occupants des jours heureux :

Ainsi s’opère, ici également, une confrontation des mythes : au mythe occidental de la propriété individuelle, que symbolise la maison de modèle occidental nommée « Maison Lumineuse » dans « Le Génie de la Bouteille », se superpose celui de la maison originelle du dieu fondateur Tagaloa, nommée Fale Ula28, littéralement, « Maison Sacrée », ou « Maison Lumineuse » originelle29.

Les personnages de Hulme sont également à la recherche de leurs origines. Kerewin propose à Joseph et Simon de passer des vacances à Moerangi, sur un terrain isolé appartenant à sa famille. Pour la première fois, les trois protagonistes semblent former une famille et chacun se sent libre d’exprimer son identité. Ainsi Simon n’hésite-t-il pas à remettre une boucle d’oreille que les quolibets des autres enfants l’avaient forcé à retirer. L’heure est aussi aux révélations et les faux-semblants semblent être écartés : Kerewin fait par exemple comprendre à Joseph qu’elle sait qu’il frappe Simon. Ce séjour s’achève pourtant sur un échec : comme Keawe et Kokua, le trio applique le système du don / contre-don, mais de manière dévoyée. Au lieu de s’échanger des preuves d’affection, les personnages se renvoient des coups. Lorsque Simon jette un escargot à la figure de Kerewin, celle-ci répond, dans une structure chiasmique qui rappelle justement la réciprocité du don / contre-don : « si ce pupu30 m’avais atteinte, je l’aurais frappé à mon tour31. » Peu de temps après, une réelle bagarre oppose même Joseph à Kerewin.

Bien qu’une réconciliation ait lieu avant la fin du séjour, ce retour aux sources n’a pas permis aux personnages de régler leurs problèmes. Peut-être faut-il retourner encore plus en arrière. Eva Rask Knudsen avance que « le vide est la métaphore qui régit The Bone People32 », ce qui l’amène à évoquer les étapes de création du monde dans la mythologie maorie. Te Kore désigne le vide, mais un vide associé à la potentialité. Vient ensuite Te Po, la nuit, l’obscurité. Le dernier état est Te Ao Mārama, le monde des vivants mais aussi le monde de lumière. Il nous semble que ce schéma évolutif soutient l’entière structure du roman. Au début, les trois personnages souffrent du vide : Kerewin est en froid avec sa famille, Joseph a perdu sa femme et son fils, Simon est un orphelin isolé par son mutisme. Tous ont été séparés de leur famille et donc de leurs racines, qu’il leur faut retrouver ou reconstruire. Le vide devient ainsi un moteur. L’arrivée de la Nuit est annoncée par les titres des chapitres : « Ka Tata Te Po » (« La Nuit est proche ») précède le très court chapitre dans lequel Joseph manque de tuer Simon en le frappant, “Nightfall” (« La Tombée de la Nuit »). “Candles in the Wind” marque la séparation des personnages, qui entament seuls le voyage qui leur permettra d’affirmer leur identité. L’image des bougies dont la flamme, soufflée par le vent, vacille, annonce l’entrée, certes délicate, dans le monde de la lumière.

Le retour dans le monde des vivants est illustré par la convalescence des personnages. Joseph tente de se suicider après être sorti de prison, mais il est soigné, à la fois physiquement et psychologiquement, par un kaumatua qui lui explique les mythes et les origines du peuple maori. Dans le même temps, Kerewin est atteinte d’un cancer qui, à la manière de la lèpre, la défigure : « Je pourris petit à petit33. » N’ayant pas confiance en la médecine occidentale, elle s’isole sur une propriété familiale où, apparemment prise d’hallucinations, elle aperçoit une mystérieuse créature qui la pousse à réaffirmer son attachement à sa culture maorie et à Papa, la déesse de la terre, sans pour autant renier son amour pour le flamenco ou la guitare. À peine a-t-elle prononcé ces mots qu’elle est guérie de son cancer, la maladie symbolisant essentiellement le mal-être du personnage. Quant à Simon, qui a failli mourir sous les coups de son père adoptif et qui est, dès son rétablissement, envoyé en foyer, il choisit de s’enfuir pour retrouver Kerewin et Joseph : c’est avec eux que son avenir se construira. Contrairement à la Maison Lumineuse de Keawe, la Tour de Kerewin est démolie, mais elle fait place à une nouvelle habitation hélicoïdale dont la forme en spirale, koru en maori, évoque la renaissance.

Quelle définition et quel avenir pour la société polynésienne ?

Si les auteurs des deux ouvrages insistent sur la nécessité de sauvegarder la culture d’origine des pays du Pacifique, rejettent-ils pour autant toute influence extérieure ? Dans « La Bouteille Endiablée », le narrateur paraît laconique : « et leurs jours passés dans la Maison Lumineuse ne furent que sérénité34». Tout est bien qui finit bien : les héros sont sauvés et le lecteur ne peut que se satisfaire du sort réservé à l’odieux haole35 qui a hérité de la bouteille. Mais si les personnages polynésiens ont effectivement réussi à s’accommoder de la présence occidentale, les Américains et les Européens restent, eux, à la marge. Jamais ils n’affrontent leurs démons et jamais ils ne s’intègrent à la société polynésienne dans laquelle ils vivent. Une séparation existe encore entre les deux mondes.

Hulme traite cette question différemment. Dans son roman, les personnages ont du mal à définir une identité que la génétique ne peut pas déterminer. Le métissage rend difficile une compartimentation simpliste de la population. Les divers quiproquos qui agrémentent The Bone People illustrent cette idée : par exemple, lorsque Kerewin s’attend à recevoir le père de Simon, elle imagine un « Viking », un « barbare aryen36 »… quelle n’est pas sa surprise lorsqu’elle rencontre Joseph, qui ressemble beaucoup plus à un Maori qu’elle ! Joseph, qui pense avoir affaire à une Pakeha, est également stupéfait lorsqu’il se rend compte que Kerewin comprend le maori. Quant à la capacité d’intégration des Occidentaux, elle est symbolisée par Simon, l’enfant muet. Son handicap rend le dialogue difficile, mais il pratique sa propre version de la langue des signes, qu’il enseigne à Kerewin. L’apprentissage fonctionne dans les deux sens : comme sa famille adoptive lui parle régulièrement en maori, Simon comprend également cette langue. Même si des efforts sont nécessaires, la communication avec l’Autre est possible, et Simon, de par son éducation, s’intègre à la société maorie.

En écrivant « La Bouteille Endiablée », Stevenson a jeté un pont entre les mondes occidental et polynésien. Son conte, écrit en anglais, offre aux lecteurs européens et américains une vision du Pacifique à l’opposé de celle que l’on observe dans la littérature coloniale. Mais de ses propres mots, il cherchait essentiellement à s’adresser aux autochtones de la région dans laquelle il s’était installé : « cette histoire a été pensée et écrite pour un public polynésien37 ». Ce qui ne l’empêche pas de s’être inspiré du patrimoine littéraire européen : « “La Bouteille Endiablée” reprenait le thème du Flaschenteufel38, que l’on trouve dans les contes traditionnels allemands39. » Les comparaisons qu’il inclut dans sa nouvelle sont très concrètes pour le public polynésien auquel il s’adresse : « Keawe le voyait aussi bien que l’on apercevrait un poisson dans le récif40. » Une traduction en samoan, effectuée par le révérend Arthur E. Claxton, a même été publiée dès 1891 dans une revue missionnaire mensuelle, O le Sulu Samoa. Ce court conte, en prouvant la vitalité et l’hybridité de la littérature, est une invitation à l’écriture et à la réécriture :

Les percées qu’effectuent les Contes des Mers du Sud appellent à être poursuivies, leur parole, à être prolongée. […] L’auteur est le guide d’un fanua41 littéraire qu’il a « découvert », de voies multiples qu’il a défriché depuis Vailima : il reste aux autres écrivains à poursuivre une œuvre fondamentalement innovatrice42.

Le roman de Hulme, auteur elle-même en partie maorie, invite le lecteur à une réflexion sur des thèmes similaires à ceux de la nouvelle de Stevenson. The Bone People, comme « la Bouteille Endiablée », est principalement rédigé en anglais, bien qu’il inclue quelques dialogues et mots de vocabulaires en maori. Ceux-ci sont, pour la plupart, traduits ou expliqués dans un glossaire composé par l’auteur. À l’instar de Stevenson, qui écrivait pour un public polynésien, Hulme s’efforce de rendre son roman accessible aux Pakeha mais également à tous les lecteurs anglophones. Les deux auteurs partagent ce même souci d’universalité et tentent de réunir dans la littérature les cultures qui leur sont chères. Évidemment, s’il est attendu que Stevenson compose en anglais, la langue d’expression d’un écrivain autochtone d’un pays anciennement colonisé est un point sur lequel beaucoup de critiques s’attardent. Comment réhabiliter la culture maorie en utilisant l’anglais, cet idiome étranger qui a été imposé aux premiers habitants de la Nouvelle-Zélande ? Chaque auteur répond à cette légitime question de la manière qu’il estime adéquate. Il nous semble que Hulme, en tant qu’écrivain particulièrement créatif usant d’un style très personnel, manie l’anglais avec tant de souplesse que l’on ne peut pas la considérer comme soumise au langage de l’ex-colonisateur. En inventant par exemple un pronom neutre pour désigner un être humain, en modifiant l’orthographe des mots pour appuyer leur sens (peculiar devient peeculeear43), Hulme modèle et façonne la langue à sa guise, prouvant ainsi que les Maoris peuvent eux aussi s’approprier pleinement l’anglais pour le transformer, sans contrainte, en outil d’expression.

Conclusion

Si les Contes des Mers du Sud de Stevenson ont été boudés par les lecteurs occidentaux lors de leur publication, nous pouvons aujourd’hui apprécier leur pertinence. Stevenson attaquait l’entreprise coloniale, appréciait et défendait la culture polynésienne, faisait de personnages souvent déshumanisés (le colonisé, la femme) de véritables sujets. De plus, il ne croyait pas en la disparition du peuple polynésien, si menacé qu’il soit. Près de cent ans après la publication de « La Bouteille Endiablée », la parole revient en effet aux autochtones. The Bone People n’épargne pas la colonisation, dont les effets perturbent encore la société néo-zélandaise. Mais pour Hulme, la culture maorie n’est pas destinée à mourir. Elle permet aux autochtones de définir leur identité face à l’Occident sans pour autant renier cet Occident. Surtout, puisqu’elle décorrèle la génétique de l’identité à travers les personnages de Kerewin et de Simon, Hulme semble avancer que la culture maorie peut être appréciée, défendue et même incarnée par tous ceux qui lui portent un réel intérêt, rassemblant en une même société les individus de toutes origines.

Notes de bas de page numériques

1 Personnage fictif qui, selon des légendes médiévales, régnait sur un vaste royaume chrétien en Orient.

2 Un ancien, souvent fin connaisseur des traditions, dans les communautés maories.

3 Keri Hulme, The Bone People, Picador, 2001, p. 441 : “We were overcome by those white people in their hordes.” (Toutes les traductions de l’anglais au français sont faites par nous-même.)

4 Keri Hulme, The Bone People, op. cit., p. 448 : “the heart of Aotearoa”. Aotearoa, qui signifie littéralement « le pays du long nuage blanc », est le nom maori moderne de la Nouvelle-Zélande.

5 Keri Hulme, The Bone People, op. cit., p. 449 : “I can’t imagine it loving the mess the Pakeha have made”. Pakeha est le terme maori pour désigner les Occidentaux, y compris les Néo-Zélandais d’origine européenne.

6 R.L. Stevenson, “The Bottle Imp”, in South Sea Tales, Oxford University Press, 1999, p. 73 : “he could read and write like a schoolmaster”. Pour davantage de détails sur l’occidentalisation de Keawe, voir Sylvie Largeaud-Ortega, Ainsi Soit-Île, Honoré Champion, 2012, p 212, 229, 247.

7 R.L. Stevenson, “The Bottle Imp” op. cit., p. 73 : “the steps of that house shone like silver, and the borders of the garden bloomed like garlands, and the windows were bright like diamonds”.

8 R.L. Stevenson, “The Bottle Imp”, op. cit., p. 73 : “What fine houses these are! […] how happy must those people be who dwell in them, and take no care for the morrow!”

9 Pour davantage de détails, voir Rod Edmond, Leprosy and Empire: A Medical and Cultural History, Cambridge University Press, 2009.

10 Keri Hulme, The Bone People, op. cit., p. 109 : “No, being a puppet in someone else’s play.”

11 Keri Hulme, The Bone People, op. cit., p. 110 : “All the good old pakeha standbys and justifications.”

12 Une discussion.

13 Sylvie Largeaud-Ortega, Ainsi Soit-Île, Champion, 2012, p. 306.

14 Sylvie Largeaud-Ortega, Ainsi Soit-Île, op. cit., p 304.

15 R.L. Stevenson, “The Bottle Imp”, op. cit., p. 84 : “All that evening […] the girl was as bold as brass under the eyes of her parents, and made a mock of Keawe, for she had a quick wit.”

16 R.L. Stevenson, “The Bottle Imp”, op. cit., p. 83 : “and left as soon as he could the next morning […] for he was impatient to behold his beautiful house”.

17 Le pounamu en maori est une matière très précieuse. Il était utilisé pour fabriquer des armes, des bijoux ou des outils que les familles se transmettaient de génération en génération.

18 « Démon » traduit ici le mot anglais imp, qui figure à la fois dans le titre original de la nouvelle de Stevenson, “The Bottle Imp”, et dans le roman de Hulme pour décrire Simon : “Last month SP was an imp incarnate” (p. 120). Comme en français, ce terme peut désigner un véritable être diabolique ou, au figuré, un enfant impertinent.

19 R.L. Stevenson, “The Bottle Imp”, op. cit., p. 74 : “the glass of it was white like milk”.

20 Rod Edmond, Leprosy and Empire: A Medical and Cultural History, Cambridge University Press, 2009, p. 228 : “cure and curse”.

21 Keri Hulme, The Bone People, op. cit., p. 19 : “like some weird saint in a stained gold window”.

22 Keri Hulme, The Bone People, op. cit., p. 398 : “I think I was trying to kill him then.”

23 Keri Hulme, The Bone People, op. cit., p. 234 : “All morning the feeling had grown, start a fight and stop the illwill between his father and Kerewin. Get rid of the anger round the woman, stop the rift with blows, with pain, then pity, then repair, then good humour again. It works that way… it always did.”

24 R.L. Stevenson, “The Bottle Imp”, op. cit., p. 93 : “the wise island”.

25 Valerio Valeri, Kingship and Sacrifice: Ritual and Society in Ancient Hawaii, University of Chicago Press, 1985, p. 8 : “[Kahiki is] the distant place out of which come the gods, ancestors, regalia, edible plants, and ritual institutions — the life of the Hawaiians and the means to reproduce it.”

26 Sylvie Largeaud-Ortega, Ainsi Soit-Île, op. cit., p 329.

27 Marcel Mauss, Essai sur le don, paru dans L’Année sociologique, nouvelle série, tome 1 (1923-1924), F. Alcan, Paris, p. 51.

28 Hale Kula en hawaïen.

29 Sylvie Largeaud-Ortega, « Contes des Mers du Sud de Robert Louis Stevenson : une approche littéraire et anthropologique », paru dans Loxias, Loxias 25, mis en ligne le 15 juin 2009, URL : http://revel.unice.fr/loxias/index.html?id=2896 . Cons. le 5 février 2015.

30 Un petit escargot.

31 Keri Hulme, The Bone People, op. cit., p. 230. En anglais, la double utilisation du verbe hit, qui signifie à la fois « atteindre » ou « toucher » et « frapper », rend le parallélisme plus évident : “If that pupu had hit me, I would have hit him back.”

32 Eva Rask Knudsen, The Circle and the Spiral: a Study of Australian Aboriginal and New Zealand Maori Literature, Rodopi, 2004, p. 142 : “the governing metaphor of the novel is the ‘void’”.

33 Keri Hulme, The Bone People, op. cit., p. 510 : I am decaying piece by piece.

34 R.L. Stevenson, “The Bottle Imp”, op. cit., p. 102 : “and great, since then, has been the peace of all their days in the Bright House”.

35 Terme hawaïen désignant une personne d’origine occidentale.

36 Keri Hulme, The Bone People, op. cit., p. 34 : “Viking”, “Aryan barbarian”.

37 R.L. Stevenson, South Sea Tales, op. cit., p. 72 : “the tale has been designed and written for a Polynesian audience”.

38 Littéralement « le diable de la bouteille » en allemand.

39 Donald Haase, The Greenwood Encyclopedia of Folktales and Fairy Tales: Volume 3: Q-Z, Greenwood, 2007, p. 920 : “‘The Bottle Imp’ was based on traditional German tales of the Flaschenteufel.”

40 R.L. Stevenson, “The Bottle Imp”, op. cit., p. 73 : “Keawe could see him as you see a fish in a pool upon the reef.”

41 « Terre » en samoan.

42 Sylvie Largeaud-Ortega, Ainsi Soit-Île, op. cit., p 562.

43 Keri Hulme, The Bone People, op. cit., p. 25. Peculiar signifie justement « étrange », « singulier ».

Bibliographie

Bibliographie récapitulative

Œuvres de R.L. Stevenson et de Keri Hulme

HULME Keri, The Bone People, Picador, 2001

STEVENSON Robert Louis, “The Bottle Imp”, in South Sea Tales, Oxford University Press, 1999

Études

EDMOND Rod, Leprosy and Empire: A Medical and Cultural History, Cambridge University Press, 2009

HAASE Donald, The Greenwood Encyclopedia of Folktales and Fairy Tales: Volume 3: Q-Z, Greenwood, 2007

LARGEAUD-ORTEGA Sylvie, Ainsi Soit-Île, Paris, Honoré Champion, 2012

LARGEAUD-ORTEGA Sylvie, « Contes des Mers du Sud de Robert Louis Stevenson : une approche littéraire et anthropologique », paru dans Loxias, Loxias 25, mis en ligne le 15 juin 2009, URL : http://revel.unice.fr/loxias/index.html?id=2896 . Cons. le 5 février 2015.

MAUSS Marcel, Essai sur le don, paru dans L’Année sociologique, nouvelle série, tome 1 (1923-1924), Paris, F. Alcan

RASK KNUDSEN Eva, The Circle and the Spiral: a Study of Australian Aboriginal and New Zealand Maori Literature, Rodopi, 2004

VALERI Valerio, Kingship and Sacrifice: Ritual and Society in Ancient Hawaii, University of Chicago Press, 1985

Pour citer cet article

Aude Ripoll, « L’identité polynésienne au contact de l’Occident : une étude comparative de la nouvelle « La Bouteille Endiablée » de Robert Louis Stevenson et du roman The Bone People de Keri Hulme », paru dans Loxias, 48., mis en ligne le 15 mars 2015, URL : http://revel.unice.fr/loxias/index.html?id=7945.

Auteurs

Aude Ripoll

Étudiante en deuxième année de Master Langues, Cultures et Sociétés en Océanie à l’Université de la Polynésie française (UPF). Angliciste de formation, elle s’intéresse en particulier à la littérature anglophone du Pacifique. Lors d’un séminaire public consacré à l’identité polynésienne vue par Stevenson tenu à l’UPF en novembre 2013, elle a notamment présenté ses travaux de recherche sur la question de l’identité polynésienne au contact de l’Occident telle qu’elle apparaît dans « La Bouteille Endiablée » de R. L. Stevenson et The Bone People de Keri Hulme.