bouffon dans Loxias


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Jeux de bouffons, jeux d’optique chez Sarraute et Dostoïevski

Bakhtine attribue à l’aspect carnavalesque du récit de Dostoïevski un pouvoir bouleversant sur le je et sa parole. La logique « de la parodie » à travers un je éclaté en mille morceaux chez Dostoïevski semble être en rapport avec le projet de la destruction de l’identité monolithique formulé par Nathalie Sarraute. En endossant le masque de bouffons, les sujets de ces deux auteurs, si différents au premier abord, saisissent et montrent aux autres la réalité dans son processus de transformation. Une métamorphose s’opère également entre les bouffonneries du diable d’Ivan dans Les Frères Karamazov (1880) et celles inscrites dans la parole du je diffus de Tu ne t’aimes pas (1989). According to Bakhtine, carnival is a creative opportunity for renewal of the hero’s identity and discourse in Dostoevsky’s work. By drawing an unreliable source of identity through carnival devices, Dostoevsky seems to lead Nathalie Sarraute to question the nature and the identity of her own characters. The court jester or the circus clown appears in the works of these two authors as an instrumental figure, which unmasks the truth and presents the reality as a continuous process of metamorphoses. Therefore, I try to establish a parallel between the clownish antics of Ivan’s devil in Brothers Karamazov (1880) and the textual strategies employed by Sarraute to renew, according to a carnivalesque principle, the traditional conception of the hero’s identity in her novel Tu ne t’aimes pas (1989).

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