Loxias | Loxias 44. Romain Gary – La littérature au pluriel | I. Romain Gary – La littérature au pluriel 

Jonathan Barkate  : 

La Promesse de l’aube : Ode à la mère qui fut la France

Résumé

Pour Romain Gary, deux personnes ont incarné la France : le général de Gaulle, qu’il célèbre dans Ode à l’homme qui fut la France, et sa mère, à qui il rend hommage dans La Promesse de l’aube. L’éducation qu’elle lui a donnée en Pologne a construit son identification à la France et, pendant la Seconde Guerre mondiale, Mina Kacew est représentée comme un double du Général qui appelle à poursuivre le combat. Ce rapprochement des deux figures tutélaires constitue une ascendance qui permet d’affirmer que c’est par ses origines étrangères et par son choix politique que Roman Kacew a réalisé le vieux rêve d’intégration de sa mère par son adhésion au gaullisme.

Abstract

According to Romain Gary, France has been embodied by two people: general de Gaulle, celebrated in Ode to the Man who was France, and his mother, praised in Promise at Dawn. The education she gave him in Poland built his identification to France and, during the second World War, Mina Kacew is portrayed as the alter ego of the General while calling for the fighting going on. Bringing together both tutelary characters forms an extraction allowing to say that Gary became French by a combination of his foreign origins and his political choice. Thus Roman Kacew made his mother’s old dream for integration come true.

Index

Mots-clés : de Gaulle (Charles) , France, Gary (Romain), identité nationale, mère

Géographique : France

Chronologique : XXe siècle

Plan

Texte intégral

Lorsqu’il arrive de Pologne en 1928, Roman Kacew vit une assimilation contrariée dans une France gagnée par le nationalisme et l’antisémitisme. Entré au service de la France libre, il devient Romain Gary mais n’en est pas mieux accueilli à la Libération car son premier roman, Éducation européenne, irrite « certains critiques qui lui déni[ent] le droit et la capacité d’écrire en français1 ». Ce parcours fait l’objet de La Promesse de l’aube, autobiographie fictive publiée en 1960 et revue en 1980, dans laquelle Gary confronte la réalité d’un pays qui le traite en étranger à la France mythique contée par sa mère. La figure maternelle y est omniprésente : « Le "roman" est construit autour de sa mère. Il n’est question de lui [Romain] que par rapport à elle2 ». Les commentateurs s’accordent à trouver cette autobiographie « fabriquée comme un roman3 » car l’auteur « esquive volontairement les rubriques classiques de l’autobiographie4 ». Gary garde en effet le silence sur son lieu de naissance, son père, sa formation et les raisons pour lesquelles sa mère et lui se sont installés à Nice. C’est pourquoi, dans « ce récit prétendument autobiographique, l’imagination l’emporte de loin sur la mémoire5. » Le travail de reconstruction littéraire – qui transforme Mina et Roman Kacew en personnages, Nina et Romain – lie le récit de vie à la célébration : « Il a compris qu’il tient son grand sujet, sa propre histoire, c’est-à-dire aussi un hommage à sa mère6 » car c’est à elle que Gary doit son attachement à la France. Écolier en Pologne, il revendique son identité française en répondant aux quolibets de ses camarades par une Marseillaise : « je chantais mon hymne national7 ». L’appropriation littérale, opérée par le déterminant possessif, établit par les mots un déplacement qui n’a rien encore de physique. Alors qu’il se sent Français depuis toujours, sa nationalité lui est contestée quand il arrive en France et après sa naturalisation. Ce rapport à l’identité se complique des limites que Gary pose à sa quête d’intégration : « La question pour lui, ce n’est pas seulement de récuser l’appartenance, c’est de récuser tout enracinement8 ». Dans ces conditions, il s’agit de comprendre comment le recours à la fiction et au mythe permet à Gary de se construire une identité française. Le récit fait la part belle à la France mythique héritée, comme on l’a signalé9, de l’éducation maternelle et de l’action du général de Gaulle, louée dans un recueil d’articles intitulé Ode à l’homme qui fut la France10. Ce que l’on remarque moins, c’est à quel point ces deux figures tutélaires sont liées dans La Promesse de l’aube, où Nina personnifie le pays tout en adoptant une attitude et un langage gaulliens. La construction littéraire rétrospective permet à Gary de faire de son livre une ode à cette mère qui fut la France et dont il réalisa le vieux rêve d’intégration par son adhésion au gaullisme.

Éducation française

Nina incarne la France lorsqu’elle définit pour son fils les contours de l’identité nationale par des récits cultivant la légende dorée du pays des Lumières en célébrant son patrimoine culturel et historique. Cet enseignement forge l’identification du jeune Romain à sa nouvelle patrie et construit une éducation non plus européenne, comme dans le premier roman de Gary, mais française :

Ma mère me parlait de la France comme d’autres mères parlent de Blanche-Neige et du Chat Botté et, malgré tous mes efforts, je n’ai jamais pu me débarrasser entièrement de cette image féerique d’une France de héros et de vertus exemplaires. Je suis probablement un des rares hommes au monde restés fidèles à un conte de nourrice11.

La comparaison avec le conte de fées donne aux récits maternels une dimension mythique et fondatrice. Si l’image de la France est déformée par des fictions, elle permet à leur auditeur de s’en nourrir pour établir son rapport à son futur pays. Les contes de nourrice sont aussi bien des contes nourriciers. La distance amusée avec laquelle Gary les considère marque l’affection qu’il leur porte et fait écho aux premiers mots des Mémoires de guerre du général de Gaulle, publiés en 1954, et repris dans un article d’Ode à l’homme qui fut la France datant de 1958 : « Ce qu’il y a, en moi, d’affectif imagine naturellement la France, telle la princesse des contes ou la madone aux fresques des murs12 ». Le caractère mythique de l’histoire ainsi racontée confirme que l’identité nationale se construit selon une « configuration complexe de représentations, d’images et d’idées13 ». Nina et Romain, aussi bien que Charles de Gaulle,s’identifient à la France et ont appris à l’aimer en la façonnant « grâce à un enseignement d’histoire et par référence à un ensemble de traditions, d’autant plus savantes qu’elles se disent populaires14. » Ce processus est exacerbé dans La Promesse de l’aube, où l’éducation maternelle peint un monde de légende à partir de souvenirs littéraires et historiques qui mêlent les hauts faits, les grands hommes et les personnages de roman :

[Elle] continuait à me parler de la terre lointaine où les plus belles histoires du monde arrivaient vraiment ; tous les hommes étaient libres et égaux ; les artistes étaient reçus dans les meilleures familles ; Victor Hugo avait été Président de la République […] je luttais contre le sommeil et ouvrais des yeux tout grands pour essayer d’apercevoir ce qu’elle voyait ; le Chevalier Bayard ; la Dame aux Camélias ; on trouvait du beurre et du sucre dans tous les magasins ; Napoléon Bonaparte ; Sarah Bernhardt15 […]

La transmission repose autant sur l’oralité des récits que sur les images qu’ils suscitent : le lexique de la vue révèle l’état d’hypnose de Nina et l’énumération fonctionne comme une hypotypose qui décrit une terre promise où le fantasme déforme la réalité pour la rendre plus belle et plus édifiante. En qualifiant la France de sa mère de « pays merveilleux16 », Gary pense au surnaturel qui a cours dans le monde féerique. La mention du jeune auditeur ensommeillé à qui l’on raconte une belle histoire ainsi que les majuscules élevant les personnages du Chevalier et de la Dame en majesté, tendent vers le conte. Nina prédit à son fils qu’il rejoindra ce « musée imaginaire17 » :

Tu seras un second Guynemer18 […] Tu seras un héros, tu seras général, Gabriele d’Annunzio, Ambassadeur de France19 […] Tu seras Victor Hugo, Prix Nobel ! […] Son regard se perdit […], comme si ses yeux, perçant les brumes de l’avenir, avaient soudain vu son fils, à l’âge d’homme, monter lentement les marches du Panthéon20 […]

La naïveté prêtée à la mère qui voit son enfant entrer vivant dans le tombeau des héros nationaux, montre que c’est le symbole qui prime à ses yeux : quand il sera un grand homme, Romain aura droit à la reconnaissance de la patrie. Elle conçoit donc la France comme une somme de lieux de mémoire et c’est ainsi qu’elle l’enseigne à son fils : « Une autre partie importante de mon éducation française fut, naturellement, La Marseillaise21. » Nina a compris que le chant révolutionnaire, devenu hymne national en 1879 et reconnu en 1936 par les ligues d’extrême droite et par le Front populaire22, fonctionne comme un vecteur d’appartenance et un élément de l’identité française. L’éducation maternelle impose également la lecture de classiques jugés indispensables : la Vie des Français illustres pour l’histoire et pour la littérature La Dame aux Camélias, La Fontaine et Hugo. Ce dernier apparaît comme « le saint patron23 » que Nina a choisi pour son fils et qu’il devra imiter. Gary n’a pas le choix : comme son modèle se promettait d’« être Chateaubriand ou rien », il sera Victor Hugo ou rien. La filiation littéraire avec la figure de l’écrivain national doit assurer son intégration à la France. Il apprend en outre à se conduire en société : « On me donna des leçons de maintien. On m’apprit à baiser la main des dames […] et à leur offrir des fleurs24 ». La galanterie, « considérée comme un trait spécifique de la civilisation française25 », constitue un autre lieu de mémoire, mais Nina en a une vision désuète et romanesque car elle tend à disparaître après la Première Guerre mondiale26. L’éducation de Romain est complétée par un enseignement indispensable dont la présentation ne manque pas d’étonner : « Cinq fois par semaine, je […] me rendais chez un excellent homme qui s’appelait Lucien Dieuleveut‑Kaulek et qui m’enseignait ma langue maternelle27. » Gary précise, pour éviter toute équivoque : « J’écrivais en français28. » Cette question est épineuse dans la mesure où la langue dans laquelle sa mère et lui communiquent n’est jamais précisée. Nina parle russe et s’exprime en français avec un accent russe mais si Romain prend des cours, c’est qu’elle ne peut lui servir de maître. Le qualificatif maternel est alors impropre. En revanche, compte tenu de l’univers culturel dans lequel elle élève son fils, l’adjectif maternel ne peut pas être totalement disqualifié. Volontairement provocatrice, la formulation suggère que l’adolescent se sent déjà français puisqu’il s’approprie la langue de son futur pays en considérant qu’il la possède déjà. C’est moins l’adjectif maternel que le déterminant ma qu’il importe de relever parce que c’est lui qui assure le rapport d’assimilation de Gary à la France et la façon dont il prend possession de sa nouvelle identité. Conditionné par son éducation, le jeune Romain recourt à des remèdes très particuliers quand, à dix ans, une néphrite met sa vie en danger :

J’appelais à ma rescousse d’Artagnan et Arsène Lupin, je parlais français au médecin, je balbutiais les fables de La Fontaine […] je fredonnais La Marseillaise et donnais très exactement la date de naissance du Roi-Soleil […] Le monocle à l’œil et le haut-de-forme sur la tête, aidé, il faut bien l’avouer, par Rouletabille, je sauvais la France des desseins diaboliques du Kaiser et me précipitais aussitôt à Londres pour récupérer les bijoux de la Reine29 […]

Gary joue des stéréotypes qu’il a appris en mêlant à son vadémécum les héros d’Alexandre Dumas, de Maurice Leblanc et de Gaston Leroux, représentatifs de la combativité et du génie français. Le romanesque est porteur de patriotisme : dans Rouletabille chez Krupp (1917), le reporter déjoue les plans du Kaiser lors de la Première Guerre mondiale. L’identification est totale : par cette expérience, Romain est devenu français en se comportant comme un héros de roman feuilleton. Présentée avec une distance humoristique, la représentation de la France héritée de Nina n’en est pas moins légitime :

On sait bien aujourd’hui établir la liste des éléments symboliques et matériels que doit présenter une nation digne de ce nom : une histoire établissant la continuité avec les grands ancêtres, une série de héros parangons des vertus nationales, une langue, des monuments culturels, un folklore, des hauts lieux et un paysage typique, une mentalité particulière, des représentations officielles – hymne et drapeau – et des identifications pittoresques – costumes, spécialités culinaires ou animal emblématique30.

Cette liste résume l’éducation du jeune homme : sa mère lui a chanté les grands hommes de l’histoire de France et ses héros littéraires ; elle lui a fait apprendre l’hymne et la langue ; elle a rêvé pour lui de Panthéon et d’action guerrière ; elle l’a imaginé ambassadeur et lui a inculqué les bonnes manières. Ce qui passe pour l’apprentissage d’une France de carte postale s’avère en fait constitutif de l’éducation française.

À l’image de Nina, Romain est sûr de la force de son pays au début de la Seconde Guerre mondiale : « L’idée que la France pouvait perdre la guerre ne m’était jamais venue31. » Ce fourvoiement semble révéler que l’enseignement patriotique qu’il a reçu a été un échec. En particulier si on le rapproche d’une déclaration qui se trouve à la fin de l’œuvre :

Je tiens donc à le dire clairement : je n’ai rien fait. Rien, surtout, lorsqu’on pense à l’espoir et à la confiance de la vieille femme qui m’attendait. Je me suis débattu. Je ne me suis pas vraiment battu32.

Le jeu de mots fondé sur la dérivation du verbe se battre connote la médiocrité de l’action et renforce la portée sémantique de rien, répété pour souligner l’échec d’un fils indigne des ambitions de sa mère. Cet aveu est pourtant écrit en trompe-l’œil car le bilan de son éducation française a déjà été donné au début du livre. En dressant la liste de ses récompenses, Gary affirmait le succès de ses engagements et de son intégration :

Il vaut peut-être mieux dire tout de suite, pour la clarté de ce récit, que je suis aujourd’hui Consul Général de France, compagnon de la Libération, officier de la Légion d’honneur et que si je ne suis devenu ni Ibsen, ni d’Annunzio, ce n’est pas faute d’avoir essayé33.

La « clarté » revendiquée ici balance l’aveu énoncé « clairement » de n’avoir rien fait. Surtout, l’énumération des distinctions, par leur nombre et leur qualité, invalide la répétition de « rien ». Gary omet toutefois son prix Goncourt, obtenu en 1956 pour Les Racines du ciel, alors qu’il a contribué à lui donner une place dans le patrimoine littéraire national. En dépit de ce silence et de la minimisation de ses faits d’armes, il peut donc affirmer à la fin du récit qu’il est devenu le Français que Nina a voulu qu’il soit : « j’ai tenu ma promesse34 ».

Incarner de Gaulle, incarner la France

L’éducation que Nina a donnée à son fils montre qu’elle s’était « fait une certaine idée de la France35 ». Le rapprochement avec les premiers mots des Mémoires de guerre n’a rien d’artificiel : dans La Promesse de l’aube, Romain Gary peint sa mère dans l’ombre du Général, en particulier quand il est question de la défense nationale et de l’engagement résistant. Pour mettre en valeur le patriotisme et le volontarisme militaire de Nina qui, en 1939, propose d’attaquer Berlin sans attendre, Gary dit avoir regretté « qu’à défaut du général de Gaulle, le commandement de l’armée française ne fût pas confié à [s]a mère36 », affirmant par là son attachement au grand homme, dont il déplore que les qualités militaires n’aient pas été reconnues avant la guerre, car il aurait évité à l’armée de son pays d’être écrasée « derrière la ligne Maginot, avec son flanc gauche complètement exposé37 ». Cet éloge du sens de l’offensive du Général s’applique en même temps à celui qu’a toujours développé Nina. La substitution que Gary suggère n’est pas seulement une boutade : il fustige l’attentisme des généraux responsables de la débâcle, tout en faisant de sa mère la dépositaire de la combattivité française. Elle devient ainsi l’égale de l’homme que la nation a reconnu comme le modèle du chef militaire. La geste gaullienne est l’occasion de filer la comparaison :

Dans toute mon existence, je n’ai entendu que deux êtres parler de la France avec le même accent : ma mère et le général de Gaulle. Ils étaient fort dissemblables, physiquement et autrement. Mais lorsque j’entendis l’appel du 18 juin, ce fut autant à la voix de la vieille dame qui vendait des chapeaux au 16 de la rue de la Grande-Pohulanka à Wilno, qu’à celle du Général que je répondis sans hésiter38.

Par-delà leurs différences, la confusion repose sur une façon commune de parler. Tous deux considèrent la France comme un personnage de conte à protéger. Dès lors, il est logique qu’ils parlent d’une même voix au moment d’appeler à la défense du pays. L’auteur superpose l’image et le son des voix de la vieille dame et du Général, de telle sorte que la première incarne véritablement le second aux yeux de son fils. Cette union des deux figures n’est pas sans rappeler le couple formé par le Chevalier et la Dame évoqué plus haut, où de Gaulle jouerait Bayard et Nina la Dame aux Camélias, à laquelle elle ne cesse de s’identifier. Quand Gary distingue ses deux héros, c’est pour rendre hommage à sa mère encore plus directement :

L’appel du général de Gaulle à la continuation de la lutte date du 18 juin 1940. Sans vouloir compliquer la tâche des historiens, je tiens cependant à préciser que l’appel de ma mère à la poursuite du combat se situe le 15 ou le 16 juin – au moins deux jours auparavant. De nombreux témoignages existent sur ce point et peuvent être recueillis aujourd’hui encore au marché de la Buffa39.

La surenchère qui fait de Nina le premier rempart de la patrie est un moyen de lui faire assumer seule l’identité nationale, alors même qu’elle n’est Française que de cœur. En pensant, en parlant et en agissant comme de Gaulle, puis en dépassant l’homme qui fut la France, elle incarne à la fois le Général et le pays qu’il a lui-même personnifié. Louée comme la femme qui fut la France, elle unit, en la même personne, la mère et le père spirituel. Le ton badin indique néanmoins qu’il faut prendre cette fusion avec recul : l’auteur fait jouer un rôle à Nina, qui renoue avec son premier métier – son vrai métier, si l’on en croit le récit –, celui de comédienne. Le marché, bien réel mais dont le nom évoque par homophonie l’opera buffa, est le théâtre où elle aime à se donner en spectacle, répondant à ses détracteurs « avec un mouvement de la canne qui prenait tout le marché de la Buffa à témoin40 ». Dans ses articles, Gary prête au Général les mêmes talents d’acteur pour donner vie à la légende : « Usant d’une habileté fantastique et d’un don nonpareil, il a incarné, comme on le dit d’un acteur, dix siècles d’histoire de France41. » Le verbe choisi met en place une métaphore filée qui travaille plusieurs textes garyens consacrés à de Gaulle et dans lesquels il définit son action politique comme un travail de composition où « cet actor et auctor de génie42 » donne sa pleine mesure pour jouer son personnage de « "Moi, de Gaulle"43 ». Auteur, le Général a également imaginé la France comme une femme qu’il faut aimer. À son affection pour « la princesse des contes » et « la madone aux fresques des murs » répond une maxime que Gary place dans la bouche de l’héroïne d’Europa : « Être aimée, c’est d’abord être tendrement inventée, rêvée par quelqu’un44. » L’idée qui guide les amoureux que sont Nina, Romain et le général de Gaulle fait d’eux des auctores capables d’inventer l’objet de leur amour. La puissance de leur imaginaire légitime qu’ils incarnent la France. Le jeu de rôle est encore décuplé dans La Promesse de l’aube quand la guerre sépare la mère et son fils. Lorsque la B.B.C. annonce que, partie d’Angleterre, l’aviation française a bombardé l’Allemagne, elle est enchantée :

Car, dans son esprit, il n’y avait jamais eu le moindre doute sur ce que « l’aviation française partant de ses bases britanniques » voulait dire. C’était moi. Je sus par la suite que pendant plusieurs jours, elle avait promené dans les allées du marché de la Buffa un visage radieux, répandant la bonne nouvelle : j’avais enfin pris les choses en main45.

Aux yeux de sa mère, Romain incarne la France qui se bat à lui tout seul. Présentée comme authentique, avec la référence à des témoignages ultérieurs qui la confirmeraient, l’anecdote montre moins sa véracité que les ambitions que Nina avait projetées en son fils et qu’il avait sans cesse en tête quand il s’est engagé. Soucieux d’accomplir les hauts faits que sa mère attendait de lui, c’est à elle qu’il en attribue le succès. Lorsqu’il apprend qu’Éducation européenne va être publié, il anticipe sa réaction : « je savais avec quelle joie elle allait tourner les pages du livre dont elle était l’auteur46. » L’inversion qui préside à cette projection est une façon pour Gary de rendre hommage à celle qui s’est sacrifiée pour qu’il réussisse. Il raconte même qu’un contact muet s’établit entre eux, malgré l’éloignement, qui leur permet de communiquer par la pensée, au point que sa mère lui souffle ses répliques aux premières heures de la défaite de 1940, quand il cherche à convaincre des camarades de le suivre en Angleterre :

Je crois vraiment que c’était la voix de ma mère qui s’était ainsi emparée de la mienne […] Je crois même que ma voix changea et qu’un fort accent russe se fit clairement entendre alors que ma mère évoquait « la Patrie immortelle » […] en vérité, ce n’était pas moi qui errais ainsi d’avion en avion, mais une vieille dame résolue, vêtue de gris, la canne à la main et une gauloise aux lèvres, qui était décidée à passer en Angleterre pour continuer le combat47.

La voix de Nina et son apparence physique ne se superposent pas à celles de Romain, comme dans l’épisode où elles accompagnent l’appel du général de Gaulle. Elles s’y substituent. Gagné par les accès de patriotisme maternels, Gary se décrit comme possédé par sa mère :

Jamais sa présence ne fut plus réelle pour moi, plus physique, que pendant ces longues heures passées à errer sans but à travers la Médina de Meknès […] elle devint véritablement moi48 […]

L’auteur se représente hanté par sa mère parce que Nina ne vit plus que dans son esprit. Décédée en 1941, elle n’a jamais su que Romain avait accompli son programme. Dans le texte cependant, Gary feint d’apprendre ce décès lors de son retour à Nice après la guerre, pour surprendre le lecteur et attribuer les mérites de son engagement à sa mère, alors que c’est bien lui qui s’est battu. L’écrivain finit par faire jouer à Nina son propre rôle alors que lui-même incarne celui qu’elle a écrit pour lui. Comme de Gaulle, tous deux sont tantôt auctor tantôt actor et ils personnifient la France combattante en mettant leur imaginaire au service de la réalisation d’une grande idée. En projetant le patriotisme de sa mère dans les actions du Général et dans les siennes propres, Gary rend hommage à celle qui l’a élevé de telle façon qu’il contribue à sauver son pays d’adoption.

« Nous autres Français »

L’éducation française d’une mère gaulliste avant l’heure a préparé Romain Gary à devenir français, mais il n’a pu se faire accepter comme tel qu’après s’être engagé dans la France libre, se distinguant ainsi, lui le naturalisé de fraîche date, de ceux de ses compatriotes qui avaient perdu le sens de leur devoir à cause d’un enracinement devenu sclérosant. Lorsque Gary est nommé Compagnon de la Libération, cette reconnaissance efface son échec à l’école d’officiers causé, en 1938, par sa naturalisation. Jugée trop récente, elle est ensuite menacée par le régime de Vichy, qui s’engage à la réviser49. Pendant cette période, la France idyllique chantée par Nina est bien loin :

ce fut seulement aux environs des années 1935, et surtout, au moment de Munich […] que je laissai enfin, une fois pour toutes, derrière moi, le conte de nourrice, pour aborder une fraternelle et difficile réalité50.

S’il se promet de préserver le rêve de sa mère en ne la détrompant pas, Gary comprend que la désacralisation de ses compatriotes achève de faire de lui l’un des leurs :

Une autre conséquence, assez inattendue, de mon échec fut qu’à partir de ce moment je me sentis vraiment français, comme si j’eusse été, par ce coup de bâton magique sur le crâne, vraiment assimilé.
Il m’apparut enfin que les Français n’étaient pas d’une race à part, qu’ils ne m’étaient pas supérieurs, qu’ils pouvaient, eux aussi, être bêtes et ridicules – bref, que nous étions frères, incontestablement51.

La fraternité repose sur une inversion puisque l’exclusion est vécue comme un rite initiatique. Ce paradoxe est soutenu par un renversement des valeurs : l’échec et la bêtise partagée sont des marques d’humanité. Le but de Gary est néanmoins de souligner sa victoire morale :

Quant aux beaux capitaines et à leur coup de poignard, je les ai revus cinq ans plus tard, et ils étaient toujours capitaines, mais ils étaient moins beaux. Pas le moindre bout de ruban ne fleurissait leur poitrine et ce fut avec une expression bien curieuse qu’ils regardèrent cet autre capitaine qui les recevait dans son bureau. J’étais alors Compagnon de la Libération, Chevalier de la Légion d’honneur, Croix de Guerre, et je ne faisais rien pour le cacher52 […]

En combattant pour la Libération, Gary a prouvé son attachement patriotique que les officiers de l’école avaient mis en doute en refusant de le promouvoir. L’énumération de ses décorations, qui contraste avec l’absence de médaille de ses anciens supérieurs, sous-entend qu’il s’est montré meilleur patriote qu’eux, en plus d’être parvenu à un grade qu’ils n’ont pas su dépasser en cinq ans. Le contraste est le même avec les autres autorités :

Je suis sans rancune avec les hommes de la défaite et de l’armistice de 40. […] Ils avaient appris et ils enseignaient « la sagesse » […] secrètement, ils avaient toujours su que l’humain était une tentation impossible et ils avaient donc accueilli la victoire d’Hitler comme allant de soi. […] ils avaient raison, et cela seul eût dû suffire à les mettre en garde. Ils avaient raison, dans le sens de l’habileté, de la prudence, du refus de l’aventure […] Ils n’avaient pas à défendre un conte de nourrice dans l’esprit d’une vieille femme. Je ne puis en vouloir aux hommes qui, n’étant pas nés aux confins de la steppe russe d’un mélange de sang juif, cosaque et tartare, avaient de la France une vue beaucoup plus calme et beaucoup plus mesurée53.

L’opposition entre les Français de souche ayant accepté la défaite et l’immigré francophile qui l’a refusée est fondée sur une nouvelle inversion de valeurs. Dans l’imaginaire garyen, l’humain n’est pas lié à la réalité pragmatique, à l’intelligence et à la raison, mais à l’utopie, à la bêtise et à la folie. La remise en cause des valeurs traditionnellement positives est marquée par les guillemets et les italiques qui stigmatisent « "la sagesse" » et la « raison », devenues symboles de lâcheté et de renoncement. C’est pourquoi Gary insiste avec complaisance sur son absurde confiance en la victoire tout au long de la guerre :

Les succès foudroyants de l’offensive allemande ne me firent guère d’effet. […] Nous autres, Français, nous nous ressaisissions toujours au dernier moment, c’était bien connu. […] Je crois que mon sang lui-même charriait une confiance invincible dans les destinées de la patrie, qui devait me venir de mes ancêtres tartares et juifs. Mes chefs militaires à Bordeaux-Mérignac eurent vite fait de reconnaître en moi ces qualités ataviques de fidélité à nos traditions et d’aveuglement […]. Plus la situation militaire devenait grave et plus ma bêtise s’exaltait à n’y voir qu’une occasion à notre mesure […]. J’ai cru tour à tour à tous nos chefs et dans chacun je reconnaissais l’homme providentiel. […] On imagine mon soulagement lorsque ma bêtise congénitale et mon inaptitude au désespoir trouvèrent soudain à qui parler et lorsque des profondeurs de l’abîme, exactement comme je m’y attendais, surgit enfin une extraordinaire figure de chef qui non seulement trouvait dans les événements sa mesure mais encore portait un nom bien de chez nous54.

Longtemps injustifiée, sa confiance rend Gary ridicule. Ce n’est pourtant qu’un effet rhétorique pour préparer l’apparition du général de Gaulle. Atteint du même mal, son statut de vainqueur le préserve toutefois du ridicule. L’écrivain joue de sa prétendue déficience pour mieux exalter le caractère exceptionnel de sa révolte et la rattacher au soulèvement gaullien. De la sorte, il s’inscrit dans le sillage du Général, tout en légitimant la compatibilité de ses origines étrangères avec son amour pour la France. Insister lourdement sur l’optimisme qu’il a reçu en héritage avec des expressions péjoratives – « qualités ataviques », « bêtise congénitale » – n’a pas d’autre but que d’inverser le sens de ces mots empruntés au discours nationaliste. Ils n’accusent plus les étrangers de tares incurables, mais sont revendiqués comme des vertus françaises admirables. Gary ne se sent pas légitimement Français en dépit de ses « ancêtres tartares et juifs » mais grâce à l’« inaptitude atavique à désespérer55 » qu’il a héritée d’eux et qui l’a conduit à défendre la France sous la bannière gaulliste. La logique est renversée. C’est pourquoi il utilise la première personne du pluriel inclusive : « Nous autres, Français ». Gary prend ainsi le contrepied des thèses barrésiennes et les invalide. En se réclamant de ses ancêtres étrangers pour affirmer sa nationalité française, il dément qu’il faille « raciner les individus dans la terre et dans les morts56 » et il inverse le paradigme en faisant de ses aïeux, qui partagent la confiance indéfectible du général de Gaulle, des Français par rétrospection. Gary devient plus Français que les Français « racinés ». C’est le meilleur hommage posthume qu’il pouvait rendre à sa mère.

Conclusion

Dans La Promesse de l’aube, Romain Gary raconte que son éducation française l’a conduit à assumer un héritage d’œuvres littéraires, de grandes figures historiques et de valeurs patriotiques chères à sa mère. Depuis sa Pologne natale, il est français par l’esprit. Cette identification n’est pas sans lui poser problème quand il est confronté à la réalité d’un pays qu’on lui a peint comme une image d’Épinal. Pour lutter contre les avanies réservées aux étrangers, il se remémore le discours aux accents merveilleux du général de Gaulle qui lui rappelle le « conte de nourrice » de son enfance. L’étonnant dédoublement entre Nina et le grand homme lui permet de se trouver en terrain familier quand il rejoint la France libre et sa double ascendance fait de lui un Français. En construisant le personnage de Nina, il atténue la déception de ne pas avoir récompensé les sacrifices de sa mère quand elle était encore en vie : « il n’a trouvé qu’une solution pour lui rendre hommage […] : la créer à son tour, lui rendre vie, mais c’est aussi l’inventer57 ». En ce sens, Gary rattrape le temps qui lui a manqué et corrige les injustices et les affronts qu’elle a subis : la « littérature, c’est tout de même de la vie remise sur le bon chemin58 ». Redresseur de torts, le fils s’inscrit dans le sillage de son mentor car il « a passé sa vie et son œuvre à écrire lui aussi à sa façon Les misérables59. » Si cela ne fait pas de lui l’égal de Victor Hugo, ce n’est tout de même pas rien.

Notes de bas de page numériques

1  Myriam Anissimov, Romain Gary : le caméléon, Paris, Gallimard, 2006, p. 17.

2  Jean‑Marie Catonné, « L’aviateur enterré ou la démythification de l’image de l’aviateur dans l’œuvre de Romain Gary », in Julien Roumette (dir.), Littératures, n° 56, « Romain Gary : l’ombre de l’histoire », Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 2008, p. 80.

3  Mireille Sacotte, « Postface » à La Promesse de l’aube, in Romain Gary. Émile Ajar. Légendes du je : récits, romans, Paris, Gallimard, « Quarto », 2009, p. 543.

4  Mireille Sacotte, La Promesse de l’aube de Romain Gary, Paris, Gallimard, « Foliothèque », 2006, p. 43.

5  Jean‑Marie Catonné, « L’aviateur enterré ou la démythification de l’image de l’aviateur dans l’œuvre de Romain Gary », op. cit., p. 79.

6  Mireille Sacotte, « Présentation » de La Promesse de l’aube, in Romain Gary. Émile Ajar. Légendes du je : récits, romans, op. cit., p. 264.

7  Romain Gary, La Promesse de l’aube [1960], Paris, Gallimard, « Folio », 1980 [éd. définitive], p. 142.

8  Jean‑Pierre Martin, « Gary, entre appartenance et identité », in Julien Roumette (dir.), Littératures, op. cit., p. 115.

9  Voir Nicolas Gelas, « La France de Romain Gary : de l’origine d’un mythe à l’éthique d’une écriture », in Marie-Odile André, MarcDambre, Michel P. Schmitt(dir.), La France des écrivains. Éclats d’un mythe (1945-2005), Paris, Presses de la Sorbonne nouvelle, 2011, pp. 61-71.

10  Romain Gary, Ode à l’homme qui fut la France [1997], éd. P. Audi, Paris, Gallimard, « Folio », 2000, 161 p.

11  Romain Gary, La Promesse de l’aube, op. cit., p. 51.

12  Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 2000, p. 5. Cité par Romain Gary, « L’homme qui connut la solitude pour sauver la France », in Ode à l’homme qui fut la France, op. cit., p. 24. [Romain Gary, « The man who stayed lonely to save France », Life Magazine, 8 décembre 1958].

13  Marcel Detienne, Où est le mystère de l’identité nationale ?, Paris, Panama, 2008, p. 16.

14  Marcel Detienne, Où est le mystère de l’identité nationale ?, op. cit., p. 15.

15  Romain Gary, La Promesse de l’aube, op. cit., pp. 44‑45.

16  Romain Gary, La Promesse de l’aube, op. cit., p. 45.

17  Romain Gary, La Promesse de l’aube, op. cit., p. 45.

18  Romain Gary, La Promesse de l’aube, op. cit., p. 15.

19  Romain Gary, La Promesse de l’aube, op. cit., p. 16.

20  Romain Gary, La Promesse de l’aube, op. cit., p. 23.

21  Romain Gary, La Promesse de l’aube, op. cit., p. 105.

22  Voir Michel Vovelle, « La Marseillaise », in Pierre Nora (dir.), Les lieux de mémoire, t. I, Paris, Gallimard, « Quarto », 1997, pp. 107-152 (en particulier pp. 135-144).

23  Mireille Sacotte, La Promesse de l’aube de Romain Gary, op. cit., p. 170.

24  Mireille Sacotte, La Promesse de l’aube de Romain Gary, op. cit., p. 66.

25  Noémi Hepp, « La galanterie », in Pierre Nora (dir.), Les lieux de mémoire, t. III, Paris, Gallimard, « Quarto », 1997, p. 3677.

26  Noémi Hepp, « La galanterie », in Pierre Nora (dir.), Les lieux de mémoire, op. cit., p. 3702.

27  Romain Gary, La Promesse de l’aube, op. cit., p. 130.

28  Romain Gary, La Promesse de l’aube, op. cit., p. 141.

29  Romain Gary, La Promesse de l’aube, op. cit., p. 120.

30  Anne-Marie Thiesse, La création des identités nationales, Paris, Le Seuil, 1999, p. 14.

31  Romain Gary, La Promesse de l’aube, op. cit., p. 271.

32  Romain Gary, La Promesse de l’aube, op. cit., p. 357.

33  Romain Gary, La Promesse de l’aube, op. cit., p. 52.

34  Romain Gary, La Promesse de l’aube, op. cit., p. 389.

35  Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, op. cit., p. 5.

36  Romain Gary, La Promesse de l’aube, op. cit., p. 255.

37  Romain Gary, La Promesse de l’aube, op. cit., p. 255.

38  Romain Gary, La Promesse de l’aube, op. cit., p. 102.

39  Romain Gary, La Promesse de l’aube, op. cit., p. 300.

40  Romain Gary, La Promesse de l’aube, op. cit., p. 178.

41  Romain Gary, « Ode à l’homme qui fut la France », in Ode à l’homme qui fut la France, op. cit., p. 12. [Romain Gary, « Ode to the man who was France », Life Magazine, 20 novembre 1970].

42  Romain Gary, « Ode à l’homme qui fut la France », in Ode à l’homme qui fut la France, op. cit., p. 13. [Romain Gary, « Ode to the man who was France », Life Magazine, 20 novembre 1970].

43  Romain Gary, « Ode à l’homme qui fut la France », in Ode à l’homme qui fut la France, op. cit., p. 13. [Romain Gary, « Ode to the man who was France », Life Magazine, 20 novembre 1970].

44  Romain Gary, Europa [1972], Paris, Gallimard, « Folio », 1999, p. 132.

45  Romain Gary, La Promesse de l’aube, op. cit., p. 329.

46  Romain Gary, La Promesse de l’aube, op. cit., p. 374.

47  Romain Gary, La Promesse de l’aube, op. cit., pp. 296-297.

48  Romain Gary, La Promesse de l’aube, op. cit., pp. 301-302.

49  Voir Myriam Anissimov, Romain Gary : le caméléon, op. cit., pp. 184-187.

50  Romain Gary, La Promesse de l’aube, op. cit., p. 109.

51  Romain Gary, La Promesse de l’aube, op. cit., p. 248.

52  Romain Gary, La Promesse de l’aube, op. cit., pp. 247-248.

53  Romain Gary, La Promesse de l’aube, op. cit., pp. 283-284.

54  Romain Gary, La Promesse de l’aube, op. cit., pp. 271-274.

55  Romain Gary, La Promesse de l’aube, op. cit., p. 273.

56  Maurice Barrès, La Terre et les morts. Sur quelles réalités fonder la conscience française, Paris, La Patrie française, 1899, p. 27. Cité par Marcel Detienne, Où est le mystère de l’identité nationale ?, op. cit., p. 142.

57  Mireille Sacotte, « Présentation » de La Promesse de l’aube, in Romain Gary. Émile Ajar. Légendes du je : récits, romans, op. cit., p. 265.

58  Mireille Sacotte, « L’histoire autrement », in Julien Roumette (dir.), Littératures, op. cit., p. 105.

59  Mireille Sacotte, « L’histoire autrement », in Julien Roumette (dir.), Littératures, op. cit., p. 105.

Bibliographie

Œuvres de Romain Gary

Gary Romain, La Promesse de l’aube, [1960], Paris, Gallimard, 1980 [éd. définitive], « Folio »

Gary Romain, Ode à l’homme qui fut la France, [1997], Paris, Gallimard, 2000, « Folio » (éd. P. Audi)

Études sur Romain Gary

Anissimov Myriam, Romain Gary : le caméléon, Paris, Gallimard, 2006, « Folio »

Catonné Jean-Marie, « L’aviateur enterré ou la démythification de l’image de l’aviateur dans l’œuvre de Romain Gary », in Julien Roumette (dir.), Littératures, n° 56, « Romain Gary : l’ombre de l’histoire », Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 2008, pp. 79-91

Martin Jean‑Pierre, « Gary, entre appartenance et identité », in Julien Roumette (dir.), Littératures, n° 56, « Romain Gary : l’ombre de l’histoire », Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 2008, pp. 109-124

Sacotte Mireille, La Promesse de l’aubede Romain Gary, Paris, Gallimard, 2006, « Foliothèque »

Sacotte Mireille, « L’histoire autrement », in Julien Roumette (dir.), Littératures, n° 56, « Romain Gary : l’ombre de l’histoire », Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 2008, pp. 95-105

Sacotte Mireille, « Présentation » de La Promesse de l’aube, inRomain Gary. Émile Ajar. Légendes du je : récits, romans, Paris, Gallimard, « Quarto », 2009, pp. 263-265

Sacotte Mireille, « Postface » à La Promesse de l’aube, inRomain Gary. Émile Ajar. Légendes du je : récits, romans, Paris, Gallimard, « Quarto », 2009, pp. 541-547

Études sur l’identité nationale

Detienne Marcel, Où est le mystère de l’identité nationale ?, Paris, Panama, 2008

Hepp Noémi, « La galanterie », inNora Pierre (dir.), Les lieux de mémoire, t. III, Paris, Gallimard, 1997, « Quarto », pp. 3677-3710

Thiesse Anne-Marie, La création des identités nationales, Paris, Le Seuil, 1999

Vovelle Michel, « La Marseillaise », inNora Pierre (dir.), Les lieux de mémoire, t. I, Paris, Gallimard, 1997, « Quarto », pp. 107-152

Pour citer cet article

Jonathan Barkate, « La Promesse de l’aube : Ode à la mère qui fut la France », paru dans Loxias, Loxias 44., mis en ligne le 02 mars 2014, URL : http://revel.unice.fr/loxias/index.html?id=7711.

Auteurs

Jonathan Barkate

Agrégé de lettres modernes, il est doctorant contractuel en littérature française à l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée, sous la direction de Mme Gisèle Séginger (laboratoire LISAA, Littératures, Savoirs et Arts – EA 4120). Il travaille sur l’écriture de l’histoire dans les œuvres de Romain Gary, Joseph Kessel et André Malraux et s’intéresse notamment à la Résistance (« Le chaînon manquant dans l’œuvre de Malraux ») et au rapport entre écriture fictionnelle et écriture factuelle (« L’histoire au présent continu dans les reportages et les nouvelles de Joseph Kessel »). Il enseigne dans le département de lettres (en licence et en master) et coordonne un colloque international et pluridisciplinaire pour les jeunes chercheurs sur les représentations de la guerre d’Espagne. NB: Mise à jour de juin 2016: Jonathan Barkate a aussi publié « Les Cerfs-volants ou la mémoire historique de Romain Gary" (Revue d'histoire littéraire de la France 2016/2).