Justine de Reyniès


Docteur rattachée à l’équipe « Lettres 18 » de l’Université Sorbonne Nouvelle - Paris III, Justine de Reyniès travaille sur la littérature et l’esthétique des Lumières (domaines anglais, français, allemand). Elle s’intéresse notamment à la théorie de l’art des jardins et du paysage et aux représentations littéraires de la nature.

Articles de l'auteur


Loxias | Loxias 42 | Doctoriales X

Rus in urbe: promenades pittoresques dans le Paris de la fin du XVIIIe siècle

Le présent article se propose de mettre en lumière un déplacement, parallèle à la diffusion du jardin paysager à partir des années 1770, dans la manière de se représenter l’expérience de la promenade publique. S’il est vrai que celle-ci constitue, dès le XVIIe siècle, le lieu d’une mise en scène de soi réglée par les codes sociaux, cette fonction tend à s’effacer au profit d’une appropriation personnelle de l’espace mettant en jeu la sensibilité, en particulier la sensibilité au pittoresque des tableaux rencontrés en chemin. S’invente alors une nouvelle aesthesis de la promenade dans laquelle le regard, jusque-là concentré sur la composante humaine du décor, s’ouvre sur l’environnement dans lequel évoluent les corps en mouvement ; ce qui est alors visé à travers la déambulation n’est plus tant une galerie de portraits qu’une succession de « scènes » mouvantes formée, dans un équilibre sans cesse recomposé, par la juxtaposition du vivant et à l’inanimé. L’œuvre du graveur Jacques Rigaud, qui témoigne des divertissements de plein air sous le règne de Louis XV, et quelques dessins et gravures illustrant l’apparition du style irrégulier dans le dernier tiers du XVIIIe siècle nous permettront de poser les jalons de cette évolution.

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Loxias | 52. | I.

La poétique aristotélicienne à l’épreuve de l’épopée de la nature : réflexions sur le poème descriptif

Est-il possible d’ériger la nature en héroïne d’un récit sans nier son identité propre, par quoi elle se définit comme l’Autre de l’homme ? Telle est la question que soulève, du point de vue écocritique, le projet d’« épopée de la nature » qui voit le jour dans la France de la fin du XVIIIe siècle. S’il illustre les apories inhérentes à l’idée d’une épopée cosmique qui évince les figures de Dieu et de l’Homme comme actant principal, le poème emblématique des Mois de Roucher montre comment l’inscription de l’épique dans le poème de la nature contribue à bousculer la hiérarchie des genres et l’idéologie qui la sous-tend, évolution qui entre en résonance avec un ensemble de thèmes témoignant d’une conscience de l’insertion de l’homme dans son environnement naturel. Cependant, la relation à la nature est placée sous le signe d’une hésitation fondamentale : si le recours au mythe et à la figure permet au lecteur de renouer avec une mentalité archaïque qui pense la vocation de l’homme à habiter son séjour terrestre, cette tendance est contrariée par les notes en prose adjointes au poème, qui restaurent la scission établie par la science moderne entre l’objet et le sujet. Can we conceive of a narrative that makes nature its hero without, at the same time, denying its own identity, which is to be the Other of human? Such is the question raised by the project of « épopée de la nature » that emerged at the end of the 18th century in France. While the poem Les Mois by Roucher exemplifies the difficulties inherent in the idea of a cosmic epos in the philosophical era, its epic inspiration and tone result in challenging literary canons and their underlying ideologies, an evolution that converges with a range of themes revealing an awareness of the dependence of human being towards his environment. However, the poet’s vision of man’s relation to nature is ambiguous : whereas references to ancient mythology and the use of figurative language encourage the reader to reconnect with primitive ways of thinking that reflect upon man’s vocation to inhabit his terrestrial dwelling, this trend is counterbalanced by the notes to the poem, which restore the alienation of human being from nature caused by the development of modern science.

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Editorial

“Apparue aux États-Unis il y a une vingtaine d’années, l’écocritique s’installe aujourd’hui dans le paysage des Humanités. Alors qu’outre-Atlantique elle est en passe de devenir un pôle majeur des cultural et literary studies (à côté des études de genre ou des études postcoloniales), son rayonnement commence à s’étendre en Europe, où se multiplient les initiatives témoignant de la volonté d’interroger le rôle joué par les langages artistique et littéraire dans la formation d’une conscience écologique. L’unité du terme ne doit pas dissimuler la pluralité des perspectives et des méthodes qu’il recouvre. Conçue comme branche des études culturelles ou de l’anthropologie, l’écocritique se bor...”

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