Japon dans Loxias


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Loxias | Loxias 32 | I.

La prière de silence au-delà du silence de l’aphasie : Yoshirô Ishihara, poète du goulag

Yoshirô Ishihara, poète japonais déporté au camp du Goulag en Sibérie, revenant de l’Enfer, fut atteint d’aphasie. Partant du constat d’un échec de parole et d’un écueil de langage, le poète introduit une part de silence et d’indicible dont l’impact se répercute dans toute sa création poétique. Le silence défini par Ishihara entretient un rapport essentiel avec la parole et il ne peut s’entendre qu’à travers la parole qui lui sert de faire-valoir et en rehausse le pouvoir ; d’où se tissent deux réseaux de métaphores qui résument les aspects contradictoires de la parole : d’une part, le bruit maléfique qui est une insulte au silence ; d’autre part, la musique bénéfique qui célèbre le silence. Un dynamisme dialectique amène ces deux modalités d’expression à s’embrasser dans la symbolique christique chargée d’un sens sacré du silence.

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Loxias | Loxias 38. | Doctoriales IX

Les miracles vus par Ryûnosuke Akutagawa à travers le genre kirishitan (genre chrétien)

Notre objectif est d’éclairer la façon dont l’écrivain japonais Ryûnosuke Akutagawa voit le miracle à travers trois récits de genre kirishitan : Ogata Ryôsai oboegaki (Le Mémorandum de Ryôsai Ogata, 1917), Kokui Seibo (La Vierge noire, 1920), Nankin no Kirisuto (Le Christ de Nankin, 1920). Ces trois récits dont le sujet est les phénomènes prodigieux liés à la maladie nous mettent sur la piste pour comprendre comment l’écrivain non chrétien faisant ouvertement profession d’athéisme a nuancé sa position en tenant compte du concept théologique de prédestination et de la croyance populaire. Oscillant entre la religion et la science qui constituent une éternelle dichotomie, Akutagawa, malgré sa tendance rationaliste, ne cache pas sa fascination pour les guérisons médicalement impossibles en y reconnaissant la manifestation de la bonté divine.

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Loxias | 54 | I.

La chose sur le seuil & le gardien des portes

Seuil concret ou abstrait, les portes sont des lieux investis d’une symbolique très forte dans les cultures de tous les âges et de tous les continents. La littérature japonaise offre de nombreux exemples de ce genre de portes mais aucune d’elles n’est aussi célèbre et aussi chargée du point de vue de la symbolique que Rashômon, la porte d’entrée de l’ancienne Capitale du Japon. Le nom Rashômon est connu en dehors du Japon grâce à la nouvelle d’Akutagawa Ryûnosuke et le film éponyme de Kurosawa Akira mais, au Japon, il évoque de nombreuses autres œuvres qui vont des recueils d’anecdotes du temps jadis aux pièces de théâtre nô. Dans cet article, je voudrais présenter les différentes histoires qui ont pour cadre Rashômon et quelques autres portes emblématiques de Kyôto et en profiter pour évoquer également la nature changeante de la « chose » que l’on disait se tenir à leur seuil… In most cultures, doors are considered as being magical pathways that lead to different places or different states of minds. Japanese literature provides many examples of such doors and its most famous is undoubtedly Rashômon, the entrance gate of the former Capital-City of Japan. Outside Japan, Rashômon is mainly known as the title of Akutagawa Ryûnosuke’s novel and Kurosawa Akira’s movie. However, in Japan, the Rashômon gate evokes a much broader ensemble of works ranging from anecdotes compilations to noh plays. In this article, I would like to present stories taking place in front of the Rashômon gate and some other famous gates of Kyôto and introduce some of the “things” that dwell on their thresholds…

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Dystopia as a narrative keyword: Tawada Yōko’s responses to Japanese 3/11

Le 11 mars 2011 à 14h46 l’écrivaine japonaise Tawada Yōko se trouvait à Berlin, à des kilomètres de son pays d’origine. Pourtant, l’auteure a subi les effets du tremblement de terre de magnitude 9 qui a frappé la côte du Tōhoku à ce moment-là. Quand le tsunami a touché la côte, balayant tout ce qui avait été épargné par le tremblement de terre, les répliques sismiques ont frappé Tawada et se répercutent aujourd’hui dans ses dernières œuvres. D’abord, Fushi no Shima (« L’île de la Vie éternelle ») publié dans la collection « Sore demo sangatsu wa, mata » : un récit de dix pages sur une île morte, c’est-à-dire le Japon. Ensuite, après des années de silence sur le thème du Daishinsai, la collection de récits publiés en 2014 par le titre évocateur Kentōshi (« Le Messager de la Lanterne votive ») résonne encore l’écho du lendemain : Tawada imagine un scénario catastrophe dans un avenir proche clairement influencé par le désastre du 2011. La clé dystopique adoptée par l’auteur pour ces narrations après Fukushima représente l’œil de la caméra par laquelle l’écrivain observe le 11 mars japonais. Cet article a pour objectif d’analyser ces réponses du Tawada Yōko au 3/11 japonais à l’aide du journal écrit par l’auteur durant ces journées et publié sous le titre français Journal des jours tremblants : Après Fukushima. Abstract en anglais On 11th March 2011 at 2:46 PM the Japanese writer Tawada Yōko was in Berlin, miles away from her Japanese homeland. Still, the author got affected by the 9 magnitude earthquake that stroke Tōhoku coast at that time. As the tsunami came to shore wiping out everything that was spared by the quake, the aftershocks reached Tawada and now reverberates in some of her last new literary works. First, Fushi no Shima (“The Island of the Eternal Life”) published in the collection Sore demo sangatsu wa, mata : a ten-page story about a no more lively island, namely, Japan. Then, after years of muteness regarding the Daishinsai topic, the 2014 collection of novels published under the evocative title Kentōshi (“The messenger of the votive lantern”) resonates the echo of that aftermath again : Tawada imagines a forthcoming catastrophic scenario clearly influenced by 2011 disaster. The dystopian keyword adopted by the author for these post-Fukushima narratives represents a camera lens through which the writer observes Japanese 11th March. This brief article aims to investigate these two Tawada Yōko’s responses to Japanese 3/11 with the aid of the journal the author wrote during those days and published under the French title Journal des jours tremblants : Après Fukushima.

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Loxias | 59. | I.

Le Japon sous l’objectif de Nicolas Bouvier

À partir de 1955, Nicolas Bouvier effectue de multiples séjours au Japon. C’est à Tôkyô que Bouvier devient, par nécessité, photographe. Avant la plume, c’est donc l’objectif photographique qui va donner à voir les rencontres de Bouvier avec le Japon. Cette étude vise à la fois à analyser ces rencontres et les rapports entre la photographie et l’écriture dans l’œuvre japonaise de Bouvier.

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