Rabelais dans Loxias


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Loxias | Loxias 32 | I.

Silences de Pantagruel, silences de Rabelais dans le Tiers Livre : un paradigme heuristique ?

Des silences apparaissent dans le Tiers Livre de Rabelais : ils sont thématisés, comme le silence de Pantagruel qui refuse d’entrer dans une communication faussée avec Panurge, celui de la femme muette personnage de la comédie morale, ou ils sont inscrits en creux dans le récit, ils signalent alors un vide de sens, comme les gestes abscons des muets, ou le silence général du texte sur le discours féminin. Le Tiers Livre étant composé presque exclusivement de dialogues, ces silences sont fortement signifiants : ils opposent à une parole hyperbolique et centrée sur elle-même un retrait du sujet interlocuteur, qui impose réflexion, retour sur soi de celui qui parle trop. À ce titre, le silence de Pantagruel à l’égard de Panurge fonctionne comme paradigme du silence de Rabelais à l’égard de son lecteur, reproduisant à une autre échelle le travail heuristique et herméneutique vers lequel le géant guide Panurge. Silences are named in the Tiers Livre of Rabelais: they constitute a them, as the silence of Pantagruel who refuses to take part of a false communication with Panurge, as the silence of the mute woman in the play mentioned in the text, or instead they constitute hollows in the narrative, then they report a lack of meaning, such as the abstruse gestures of the mutes, or the general silence of the text on female speech. Above all, the Tiers Livre is almost entirely composed of dialogues, so the silences are highly meaningful: they oppose to an hyperbolic and self-centered discourse a withdrawal of the listening-subject, which finally requires an introspection of the speaker too. As such, Pantagruel’s silence to Panurge works as a paradigm for Rabelais’s silences to the reader, replicating to another level the heuristic and hermeneutic work to which the giant guides Panurge.

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Loxias | Loxias 34 | Doctoriales VIII

Rabelais poète : prose et vers dans les « romans » rabelaisiens

Dans les « romans » de Rabelais, vers et prose se confondent, si bien que G. Steiner a qualifié de « prose poétique » l’œuvre de Rabelais, ainsi l’écriture rabelaisienne peut être caractérisée comme une écriture de l’entre-deux, de l’entr’ouvert. La poésie dans l’œuvre de Rabelais n’a jamais été traitée pour elle-même par la critique. Ainsi, il reste à faire le point sur le domaine, car s’il existe un aspect des « romans » rabelaisiens fort peu exploré, c’est bien celui-ci : la question de la poésie. Nous verrons que la poésie dans les « romans » de Rabelais se donne à lire à deux niveaux : 1) formel, car la poésie est une forme définie par les règles de versification ; 2) sémantique, car la poésie est un langage doté d’un sens par l’intermédiaire de l’allégorie et du symbole.

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Loxias | Loxias 35 | I.

Mars, Marquises et Mardi gras : Mardi de Melville, et les savoirs du voyage « qui y mena »

Mardi est un texte hybride qui a toujours déconcerté ses lecteurs. D’abord conçu comme une suite de Taïpi et Omoo dans le Pacifique, le roman dérive peu à peu vers le voyage imaginaire ; un invraisemblable déploiement de références livresques détourne le regard des seules vérités importantes : un savoir diffus mais réel sur la Polynésie, une structure narrative en forme de clin d’œil vers les voyages de la littérature, dont celui de Rabelais. Mais la métaphore la plus vaste est l’illustration d’un savoir astronomique : les aventures étranges et sans espoir de Taji et Yillah dans le lagon de Mardi sont probablement aussi celles de comètes dans le vaste univers mardien –ou martien.

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