La Havane dans Loxias


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La nuit havanaise d’Abilio Estévez

Dans son roman Los Palacios distantes, en 2002, (Palais lointains, trad. Alice Seelow, Grasset, 2004),l’écrivain cubain Abilio Estévez s’empare d’une ville réelle, celle où il a vécu avant l’exil, et en fait un lieu de mystère à explorer. Cette ville, c’est La Havane agonisante à la fin du deuxième millénaire, avec ses habitants-zombies condamnés par l’absurdité d’une fin de régime totalitaire à errer parmi ses ruines, à y rejouer encore et encore le spectacle d’une vie impossible. Sous la plume de l’écrivain, cette Havane en déliquescence devient un « miroir de concentration » dans la tentative de saisir le drame d’un peuple, enfermé dans une île-monstre où rien n’est comme ailleurs : la survie est devenue dans cet endroit du monde un mode de vie à part entière et la schizophrénie, une façon tout à fait banale d’exister. Pour comprendre La Havane, il y a la nuit. « Chaque fois que tombe le crépuscule, nous dit Estévez, La Havane commence son fulgurant processus de disparition. » L’écrivain peut alors capturer l’insaisissable et rebâtir sur les ombres, grâce à l’imaginaire libéré, un monde qui laisse sa chance aux hommes.

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