nuit dans Loxias


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Loxias | Loxias 30 | Doctoriales VII

La nuit havanaise d’Abilio Estévez

Dans son roman Los Palacios distantes, en 2002, (Palais lointains, trad. Alice Seelow, Grasset, 2004),l’écrivain cubain Abilio Estévez s’empare d’une ville réelle, celle où il a vécu avant l’exil, et en fait un lieu de mystère à explorer. Cette ville, c’est La Havane agonisante à la fin du deuxième millénaire, avec ses habitants-zombies condamnés par l’absurdité d’une fin de régime totalitaire à errer parmi ses ruines, à y rejouer encore et encore le spectacle d’une vie impossible. Sous la plume de l’écrivain, cette Havane en déliquescence devient un « miroir de concentration » dans la tentative de saisir le drame d’un peuple, enfermé dans une île-monstre où rien n’est comme ailleurs : la survie est devenue dans cet endroit du monde un mode de vie à part entière et la schizophrénie, une façon tout à fait banale d’exister. Pour comprendre La Havane, il y a la nuit. « Chaque fois que tombe le crépuscule, nous dit Estévez, La Havane commence son fulgurant processus de disparition. » L’écrivain peut alors capturer l’insaisissable et rebâtir sur les ombres, grâce à l’imaginaire libéré, un monde qui laisse sa chance aux hommes.

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Loxias | Loxias 42 | Doctoriales X

Tieck et Hoffmann lecteurs de la fiction encadrée renaissante : du Décaméron aux contes nocturnes romantiques

Cet article propose de se pencher sur un aspect typique de la Novelle allemande romantique, à savoir que beaucoup des textes de l’époque se présentent comme enchâssés dans un cadre nocturne. Les prosateurs de l’Allemagne romantique empruntent ce dispositif à une tradition extrêmement ancienne, celle de la fiction à récit-cadre, très fréquente dans la littérature antique et tout particulièrement renaissante, et dont les deux matrices sont Les Mille et une nuits et Le Décaméron (qui ne se déroule pas dans un cadre nocturne, mais s’y apparente structurellement). La communication se concentre sur le modèle renaissant, et cherche à montrer, à travers l’étude d’Eckbert le Blond [Der Blonde Eckbert, 1797] de Ludwig Tieck et de La Maison déserte [Das Öde Haus, 1817] d’E. T. A. Hoffmann, comment certains auteurs déconstruisent le protocole renaissant du récit nocturne pour mieux souligner la spécificité de la nuit romantique, qui repose sur l’envahissement du monde humain par la « face nocturne de l’existence » (Gotthilf Heinrich von Schubert). Chez Tieck et chez Hoffmann, il ne s’agit pas de séparer des ordres pour témoigner de la puissance d’organisation du discours, mais au contraire de mélanger les niveaux du récit et des sphères de la réalité que le lecteur pensait séparés, et que les narrateurs croyaient séparer par leur art de la parole, afin de souligner l’activité de ce monde nocturne qui ne laisse pas domestiquer.

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Loxias | 71. | I.

La nuit dans Mauprat, forme et signification

En empruntant ce titre à Jean Rousset, nous reprenons l’idée selon laquelle les structures profondes de l’œuvre se dégagent d’un « accord ou un rapport, une ligne de forces, une figure obsédante, une trame de présences ou d’échos, un réseau de convergences ». Or Mauprat, cette « narration si noire » qui de fait participe de la « période noire » qu’Isabelle Naginski a diagnostiquée dans l’œuvre romanesque de George Sand, repose sur une dramaturgie du nocturne, dont se déploient tour à tour les diverses valeurs. C’est cette structure, mais aussi cette esthétique nocturnes du roman, que cet article se propose d’interroger. By borrowing this title "form and meaning" from Jean Rousset, we take up the idea that the deep structures of the work emerge from "an agreement or a relationship, a line of forces, a haunting figure, a web of presences or echoes, a network of convergences". Now Mauprat, this "narration so black", which in fact forms part of the "black period" that Isabelle Naginski diagnosed in George Sand's novels, is based on a nocturnal dramaturgy, whose various values unfold in turn. It is this nocturnal structure, but also this nocturnal aesthetics of the novel, that this article deals with.

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