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Thibault Gardereau  : 

Les répercussions du voyage de retour sur la représentation du Nouveau Monde entre 1890 et 1945, ou Comment un non-lieu déréalise un lieu

Résumé

En 1890, le front de colonisation s’achève et le visage de l’Amérique se métamorphose. À partir de cette date-là jusqu’en 1945, les écrivains européens en profitent pour redécouvrir l’Amérique. Ce nouvel exotisme est fortement influencé par le retour sur l’océan Atlantique en paquebot qui les pousse à évoquer ce « nouveau » Nouveau Monde et à le symboliser avant même de l’écrire. Cette sublimation est primordiale pour mieux comprendre la vision qu’imposeront ensuite ces voyageurs lettrés.

Abstract

In 1890, the frontier had been tamed and the face of America was transforming. From this date on, up to 1945, European writers took advantage of the phenomenon to rediscover America. This new exoticism was heightened by the return to the Atlantic in Ocean liner; a crossing which urged them to evoke this “new” New World and to symbolise it before writing. This sublimation is of primary importance to better understand the vision which these well-read travellers will then imposed.

Index

Mots-clés : Nouveau Monde , représentation, sublimation, traversée, voyage

Géographique : Etats-Unis , France

Chronologique : XIXe siècle , XXe siècle

Plan

Texte intégral

La décantation du retour en trois instants de vie, de texte cruciaux

1À partir de 1890, le visage de l’Amérique se métamorphose1 lorsque la fin du front de colonisation est proclamée2. L’Ouest n’est donc plus aussi sauvage qu’auparavant, ce qui sous-entend que « l’âge de l’épopée touche à sa fin. Ainsi que la société qu’elle représente, […] la poésie épique expire dans ce dernier enfantement. Il était temps. Une autre ère va commencer pour le monde et pour la poésie3 » américaniste. C’est ce que les écrivains européens tentent de saisir de la fin du XIXe siècle à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Pour ce faire, ils sont obligés de traverser l’Atlantique en liner, et le voyage aller vers l’Amérique joue, à lui seul, deux rôles souvent fatals dans cet enfantement réel et littéraire : renforcer un horizon d’attente aussi bien du côté négatif que du côté positif, ainsi que créer les prémisses d’une nouvelle Amérique4, et ce, avant même la découverte du continent en tant que telle. L’étude de l’entre-deux que constitue le retour en paquebot est donc également fondamentale pour mieux comprendre la vision qu’auront ensuite ces voyageurs lettrés, car c’est dans cette zone limitrophe et trouble de l’imagination et de l’Atlantique que l’Amérique se forge en partie, dans cet « espace qui ne peut se définir ni comme identitaire, ni comme relationnel, ni comme historique5 ».

2Ainsi, après son séjour plus ou moins long, l’écrivain plie bagage, et ce voyage n’est pas aussi insignifiant que l’a déclaré Pierre Jourda : « On passera sur [ses] considérations sentimentales et philosophiques, banales et prosaïques sur la traversée6 ». Toutes ces considérations et tout le contexte qui entoure cette traversée ont un impact sur la figuration européenne du Nouveau Monde. Le franchissement de l’Atlantique s’effectue à l’époque à bord de transatlantiques sur lesquels « [l]a vie […] est monotone en ce sens qu’on ne s’arrête jamais, qu’on ne voit pendant six jours que la vie et l’eauet qu’il ferait bon apercevoir de temps en temps un bout de terre à l’horizon, pour égayer le paysage7 ». Six jours sur cette immense tache de Rorschach qu’est l’Atlantique dont la vastitude rappelle celle de l’Amérique qui s’éloigne à l’horizon et sur laquelle l’écrivain-voyageur peut projeter ses fantasmes, ruminer ce qu’il a vu, entendu, senti. Six jours durant lesquels se précise le livre à naître et se stigmatise l’image d’Épinal que l’auteur livrera de l’Amérique. Toutefois, avant de penser à l’œuvre en gestation, attardons-nous sur cette odyssée aux proportions moindres, mais dont l’emprise sur l’éclat de l’Amérique est tangible, en étudiant l’embarquement pour revenir en Europe, le trajet sur l’Atlantique ainsi que l’arrivée au bercail. Après la découverte en bonne et due forme du continent tant convoité, ces trois phases influencent, une ultime fois, la représentation de l’Amérique entre 1890 et 1945 et l’écriture à venir, car toute œuvre « se construit de façon spasmodique, affirmant l’égale valeur des instants – de vie, de texte – qui la composent8 », et ce sont les incidences de ces trois instants sur la représentation de ce « nouveau » Nouveau Monde que nous décortiquons.

L’adieu à l’Amérique

3L’appareillage est un topique que nous retrouvons systématiquement dans les récits.

Il est encore un usage nocturne, très caractéristique de New York et qui prend place après le théâtre et avant le souper : c’est celui des adieux au bateau. Les transatlantiques lèvent l’ancre pour l’Europe à Minuit et la coutume veut que l’on accompagne ses amis jusqu’à leur cabine9.

4C’est un moment de chaleur et de tristesse, de regret et d’espoir, d’au revoir et d’à-bientôt. La dualité que les écrivains-voyageurs ont ressentie tout au long de leur voyage ainsi que leur fascination/répulsion se poursuivent, inéluctables. L’avocat du diable, Georges Duhamel, ne note pas le plaisir du départ, mais le tracas de l’embarquement : « L’Amérique est le seul pays du monde qui demande au voyageur, avant de le laisser s’enfuir, une déclaration signée concernant les bénéfices qu’il a pu faire pendant son séjour sur le territoire de l’Union10 ». À dire vrai, les procédures administratives d’appareillage sont peut-être abusives, mais Duhamel laisse son dégoût influer sur son jugement. De là ne peut éclore qu’une vision dépréciative de ce « nouveau » Nouveau Monde qu’il quitte. A contrario, l’avocat de la défense qu’est Salsette, l’ami fictif de Romains, a une avant-dernière épiphanie sur le pont de Brooklyn :

Et à cette heure-ci, avec le soleil couchant qui donne dessus, c’est évidemment un des plus grands spectacles que le monde, y compris celui d’autrefois, ait jamais pu offrir. […] Si ce n’avait pas existé, ce serait bien dommage... il n’y a sur terre, c’est un fait, exactement rien de pareil... Et je me demande s’il y [sic] aura jamais rien de pareil... Si la Grand’Place de Bruxelles est la fleur de l’époque des corporations, si Versailles est la fleur de la monarchie de droit divin, ceci est la fleur de l’époque des grandes affaires concurrentes, livrées à leurs libres poussées. Une société plus organisée, même très riche, ne produirait pas cela... ne produirait plus cela… Moi je ne trouve pas qu’on y sente le désordre. On y sent la profusion et l’émulation, deux sources de beauté, n’est-ce pas ? La limite, ce serait l’accumulation, l’encombrement... Mais il y aurait encore des excuses. Le forum romain était encombré aussi. Le Rouen du moyen âge était encombré de cathédrales. J’accepte une certaine griserie de la magnificence11.

5Avant d’arriver à l’appontement, il s’extasie sur le panorama que la mégalopolis lui offre, et céans, les analogies sont laudatives. New York apparaît comme une exception historique et artistique, élevé au rang de merveilles du monde moderne. En général, c’est souvent ce côté positif qui semble l’emporter et déteindre sur l’imaginaire collectif, surtout lors des adieux, comme le mentionne Pierre Malo :

Accoudé à la rambarde du pont des embarcations, j’échange avec tous mes amis venus en foule les paroles mélancoliques et sottes qui vous serrent la gorge un peu plus qu’on ne voudrait. Mais il n’est point question ici de se dire adieu. L’hospitalité et la gentillesse américaines sont telles que l’on quitte New York en ayant la certitude d’y revenir bientôt, et que je n’ai pas hésité, pour ma part, à accepter de passer les fêtes de Noël à San Francisco !... Les parents, les amis de ceux qui partent ont envahi les quais. Serrés les uns contre les autres, au pied de la coque de l’Île-de-France, ils sautent sur place en manifestant une joie débordante. Des cigares sont lancés à bord. On rit et on plaisante…12

6Puis, les romanciers embarquent sur leur paquebot, saluant les personnes qu’ils ont côtoyées, qu’ils ont appréciées et qui le leur ont bien rendu. Celles-ci, comme le dit Paul Morand, reviennent du théâtre. Il se peut même que certains auteurs aient profité de leur ultime soirée à terre pour se divertir eux aussi à Broadway et pour d’ailleurs garder une impression théâtrale de ce continent qui entrera en collision avec leur perception de la réalité américaine sur l’océan. Sur le pont, l’écrivain reçoit alors « tous ces cadeaux de la dernière heure où encore une fois sourit l’amitié hospitalière de l’Amérique13 », il échange également des anecdotes de dernières minutes et des commentaires à brûle-pourpoint. Ses émotions sont à leur comble, émotions qui se gravent sur son imaginaire, auxquelles s’ajoutent les sensations de l’appareillage, celles qui restent les plus enracinées dans son subconscient et qui réapparaîtront d’emblée dans son récit de voyage : « une grande rumeur affectueuse monte tout à coup de la foule… l’Île-de-France gagne lentement le milieu du fleuve et une nuée d’ailes blanches – les mouchoirs – s’abat alors sur le pier vibrant…14 ». C’est la dernière vision qu’emporte le voyageur avec, au second plan, Manhattan, les gratte-ciel titanesques et illuminés, « [t]he statue of Liberty [that] gave [him] first greeting in the golden sunshine of the New World, and to it [he] sent[s] [his] last farewell15 » [la Statue de la Liberté qui le salua en premier dans le soleil doré du Nouveau Monde, et à qui il fait ses adieux »], les cieux étoilés, le brouhaha diminuant. Alors, le romancier se retrouve seul, quelques instants, dans sa cabine, seul avec son imaginaire dans un non-lieu16 avec tout ce que cela implique. N’est-ce pas la combinaison idéale pour sublimer le souvenir ? N’avons-nous pas là un panorama non pas pictural, mais théâtral, voire cinématographique, propice à la transposition narrative, à la symbolisation, à l’effritement entre le réel et la fiction ?

7Ainsi, le transatlantique a largué les amarres, mais il n’en est rien pour l’auteur, dont l’imagination reste ancrée dans ce qu’il vient de découvrir, comme le décrit Achard :

Premier roulis. Premier tangage. Émotion inhérente à tout départ. Joie du retour, qui est pleine de larmes. Mélancolie de quitter un pays aussi étonnant. Trépidation, dans la cervelle, des images et des idées accumulées en cinq semaines de voyages vertigineux. Mélange, mélange, heure inoubliable, et que nous ne revivrons jamais plus. […]. Oh ! Arriver ! Arriver ! Nous avons l’estomac lourd : nous avons toute l’Amérique à digérer.
Vu de l’Amérique, tout paraît petit : les hommes et les choses. C’est comme si l’on voyait le reste du monde derrière l’Atlantique, ainsi que derrière un microscope. Et, en revenant, il faut « accomoder » [sic] et se contraindre à voir grossir à nouveau ce qui vous semblait tout petit là-bas. Mais si l’on a le malheur de se retourner, ce qu’on a laissé derrière soi paraît plus immense encore : la disproportion reste la même.
Il s’agit d’un ordre de grandeur différent17.

8L’ambivalence des sentiments qu’éprouve tout voyageur au moment de rentrer dans sa patrie et au moment de quitter le pays exploré est significative : la joie se mêle à la tristesse et au désir d’accoster le plus rapidement possible pour partager cette Amérique qu’il a en lui. C’est certainement à ce moment-là que l’auteur pourrait le mieux la définir, c’est-à-dire avant le reste de la traversée durant lequel il intellectualisera ses émotions. Hormis le fait que l’écrivain a l’impression de quitter un phénomène unique qu’il n’aura pas la chance de revivre, un autre bouleversement se produit également dans son esprit, c’est l’acclimatation à une échelle moindre, celle du pays natal. Achard considère presque la traversée du retour – de l’Amérique vers l’Europe – comme le passage du macrocosme au microcosme. Ce rétrécissement, qui ne peut se faire sans douleur, a une conséquence double sur la représentation du Nouveau Monde, soit l’Amérique se pare de la somptuosité d’un univers magistral, et sa représentation est celle du panégyrique, soit la disproportion fait d’elle un monstre fascinant, certes, mais aussi repoussant comme tout monstre se doit de l’être, et sa représentation est celle du dénigrement. Nous pourrions presque assimiler ce rétrécissement à un retour au réel, comme si le romancier venait de vivre une fantaisie, que l’Ancien Continent était la réalité, que le spectacle venait de prendre fin sous les ovations ou les huées, qu’il ne restait plus qu’à décrire cette irréalité, ce mirage… qui se fantasmatisera18 durant la traversée.

La traversée sur une immense tache de Rorschach

9La traversée en transatlantique est l’un des paramètres souvent négligés de l’exotisme américain. Elle n’a rien à voir avec celle en voilier du XIXe siècle. À preuve, le retour de Chateaubriand qui fit presque naufrage avant d’arriver au Havre :

Un coup de vent d’ouest nous prit au débouquement de la Delaware, et nous chassa en dix-sept jours à l’autre bord de l’Atlantique. […] Loin de calmer, la tempête augmentait à mesure que nous approchions de l’Europe, mais d’un souffle égal ; il résultait de l’uniformité de sa rage une sorte de bonace furieuse dans le ciel hâve et la mer plombée. […] J’avais passé deux nuits à me promener sur le tillac, au glapissement des ondes dans les ténèbres, au bourdonnement du vent dans les cordages, et sous les sauts de la mer qui couvrait et découvrait le pont : c’était tout autour de nous une émeute de vagues. […] La mer boursouflait ses flots comme des monts dans le canal où nous nous trouvions engouffrés ; tantôt ils s’épanouissaient en écumes et en étincelles ; tantôt ils n’offraient qu’une surface huileuse et vitreuse, marbrée de taches noires, cuivrées, verdâtres, selon la couleur des bas-fonds sur lesquels ils mugissaient. Pendant deux ou trois minutes, les vagissements de l’abîme et ceux du vent étaient confondus ; l’instant d’après, on distinguait le détaler [sic] des courants, le sifflement des récifs, la voix de la lame lointaine19

10À l’inverse, le passager d’un liner se prélasse dans la sécurité et le luxe du navire sans craindre un chavirement. Néanmoins, le recueillement dans la cabine ne dure pas pour autant : toutes les attractions et les rencontres de l’aller se reproduisent, car, à bord, « ce sont les bridges, les bals masqués, les concerts, les petits chevaux, les enchères, le tennis sur le pont, la gastronomie, le cinéma, l’amour, les parties de cache-cache dans les canots de sauvetage, etc.20 ». La solitude, le repos et l’impartialité ne sont pas de mises sur un paquebot. La digestion que mentionnait Achard ne se fait pas sans quelques influences du milieu extérieur puisque l’écrivain croise des gens : d’abord, un équipage qui demande l’appréciation de l’auteur et qui discute de l’Amérique avec le franc-parler des marins, ensuite, des passagers européens qui reviennent dans leur patrie et qui se font un plaisir de partager leurs opinions tendancieuses, et enfin, des Américains partant en vacances « to buy pretty things for the coming season21 » [« pour acheter de jolies choses pour la prochaine saison »], souvent heureux de décrire avec emphase leur pays et quelquefois même avec vantardise. Toutes ces rencontres enluminent à leur tour la psyché du visiteur, qui aura du mal par la suite à discerner l’origine de ses prises de position, à démêler le vrai du faux.

11Toutefois, le recueillement est possible, s’il est recherché, et il entraîne l’évocation des souvenirs et la mise en mots des réminiscences. L’écrivain-voyageur « s[its] in [his] deck-chair on the great liner, and reflect[s] on American experiences22» [« s’assoit sur son transat sur le paquebot, et médite ses expériences américaines »].

12C’est certainement une des phases primordiales, là où la réflexion devient reflet, où l’image devient symbole, là où s’effectue la fameuse digestion, qui dans un premier temps ressemble plus à une dyspepsie qu’à une eupepsie pour André Maurois :

Voyage de retour, si différent de ce que fut le voyage d’aller. Sur le Paris, j’étais curieux, avide d’êtres nouveaux. Maintenant, lourd d’images trop rapidement accumulées, chargé de gratte-ciel, de nègres, de neigeuses plaines canadiennes et de jeunes amitiés, je ne souhaite plus que laisser mon esprit au repos, pour que se décante ce mélange trop riche23.

13Le cerveau de l’écrivain est un maelström d’images, de souvenances, de discussions qui se superposent les unes aux autres, s’intercalent, s’amalgament. Maurois compare d’une certaine manière la nouvelle Amérique à un vin, et cette métaphore œnologique est pour le moins expressive. Sur le chemin du retour, la décantation a lieu et elle est un phénomène assez inédit dans la littérature de voyage avant l’avènement de l’aviation commerciale, puisque la traversée dure longtemps et puisque « c’est la seule façon de rallier l’Amérique24 » et l’Europe25. L’auteur a le temps de mettre en ordre des éléments mentaux qui se présentent à l’esprit de façon confuse, d’y discerner l’essentiel et le négligeable, car toute décantation est un processus de dissociation. Certains de ces fragments perdent en intensité, s’estompent, sont relégués dans les rebuts mémoriels de l’écrivain. Toute décantation est aussi un processus arbitraire dans lequel le hasard a une grande part. Pour tous les vins, le processus de vinification est le même et donne tantôt un millésime, tantôt de la vinasse. Il en est de même pour l’Amérique, et le résultat d’appréciation ou de dépréciation dépend en partie du voyage, certes, mais également de cette décantation qui se fait sur l’océan en délaissant la réalité américaine qui est à l’échelle du rêve ou du mirage, et en laissant l’imaginaire prendre le relais, combler les manques de l’évocation, assimiler le factuel pour pouvoir le reconstituer, créer des ramifications jusqu’alors ignorées.

14Qui plus est, Maurois déplore aussi son incapacité à peindre ce qu’est l’Amérique tout en en étant distant :

M’éloignant à vingt nœuds à l’heure de ce grand objet bigarré qui s’appelle les États-Unis, je tends, par une pente mentale naturelle, à le remplacer par des formules commodes. Dans six jours, je serai en France. Mes amis exigeront de moi une Amérique en trois points et, ne pouvant les faire passer par deux mois de sentiments et de sensations, je dessinerai malgré moi un dessin schématique et faux. Il faudrait, pour dire des choses justes, que l’Amérique fût présente en mon esprit, au moment même où je parlerai. Or plus que personne je vis dans le présent. Déjà, les seules réalités sont cette mer d’un vert sombre et la blanche lumière de l’Île-de-France qui monte, laiteuse, des grands vases du salon, et dessine au passage, dans l’air, d’invisibles et tournoyantes fumées, comme un enfant, frottant d’un crayon l’album aux pages préparées, fait apparaître un dessin caché26.

15Il avoue que son support langagier brouillera finalement ses idées. La diegesis ou la mimesis sont plus authentiques sur le moment et non pas après-coup. Un vieillissement d’au moins six jours27 de traversée se produit avant que les informations accumulées soient partagées, avant que les signes remplacent arbitrairement les souvenirs. Ce vieillissement n’est ni une bonne ni une mauvaise chose, il offre simplement un laps de temps supplémentaire pour intérioriser « ce grand objet bigarré » et pour le dire. Notons au passage que Maurois utilise comme Achard un dérivé de verbe « accommoder » et confirme ainsi que la représentation du Nouveau Monde n’est qu’une adaptation fonctionnelle, non exhaustive et biaisée. L’écrivain en profite aussi pour mettre ses commentaires à jour, classer ses évocations, se préparer à raconter et, pour ce faire, à résumer, à inventer des stéréotypes, à restreindre l’Amérique à des thèmes et à des motifs, et l’Américain à une figure, souvent toujours la même, comme le cristallise malgré elle Marie-Thérèse Gadala :

Triste de constater que ces figures terreuses qui brusquement quittent la salle à manger, où gisent empaquetées sur le pont-promenade – qui ressemble à un sanatorium aux heures de cure – ce sont presque tous, hélas ! Des Français.
Pendant ce temps-là, l’Américain, good sailor [sic], arpente le pont d’un pas ferme, joue au golf sur tapis, au ping-pong, fait dans la salle de gymnastique du canot, du cheval ou du chameau en chambre, affirme tranquillement la supériorité de l’homme sur l’élément-eau qu’il vainc par le bateau, sur l’élément-air qu’il vainc par l’avion, sur l’élément-feu qu’il réduit par l’eau… et propose des maisons bâties sur pneu, contre le seul dont il ne soit pas encore maître : la terre28,

16et que ressassent tous les auteurs.

17Pour décrire « en trois points », les raccourcis sont nécessaires et malheureusement simplificateurs. L’auteur aura, à de rares exceptions près, recours à la symbolisation et à la formulation à l’emporte-pièce. L’omission est en fait l’écran le plus efficace qui sculpte cette représentation inédite, et de ce chaos chamarré passé au crible de la mémoire, de la conscience et de la confrontation avec autrui pendant la traversée sortira l’œuvre, bariolée une dernière fois avant d’arriver à bon port.

Le retour à la réalité

18Il reste à aborder le dernier instant de vie, de texte de la traversée, c’est l’approche de la mère patrie et le débarquement qui à eux seuls peuvent bouleverser l’appréciation que l’écrivain-voyageur a du Nouveau Monde. Marthe de Fels consigne : « … cinq jours de mer, en compagnie du ciel et de l’hélice, m’ont déjà libérée de mon visage d’étrangère. Mon carnet clos, mon stylo remisé, c’est un visage de Française que je tendrai ce soir au premier souffle de notre vieille Europe29 ». À l’approche de la terre natale, l’écrivain-voyageur arrête d’écrire ou de mettre à jour ses notes et continuera après le débarquement, à moins qu’il ait réussi en cinq jours à rédiger son récit au complet, ce dont nous doutons fort. Cette pause a un impact sur la représentation de l’Amérique puisqu’une commotion se produit par la suite au moment du débarquement comme le mentionne George :

In a way I gained my most vivid impression of America on returning to London. That city made America so remarkable and in some senses so desirable. I saw with a new vision the pageant of London, was struck by its blackness, the low buildings, the deceptively broad streets. […] To stay once more at a real English hotel (I tried three in eight days, and then gave in), to return to these places where one cannot buy a newspaper or cigar, where there is no telephone in your bedroom, or even hot water! That gives one an idea of the state of materialistic barbarism in which England still has her being! And to see with this fatal and, I trust, temporary, new vision, the average English girl, with her clothes straight from the rag bag, and her hair straight from the pillow, to compare her with the thousands of smart little persons, who look as if they were made of enamelled metal, whom you can see any morning coming out of the Grand Central. It was rather a shock!30

D’une certaine manière, j’ai eu ma plus vive impression d’Amérique en revenant à Londres. Cette ville rend l’Amérique si remarquable et, en un certain sens, si désirable. J’ai vu avec des yeux neufs le faste de Londres, qui était gravement entaché par sa noirceur, par les petits immeubles, par les vastes rues auxquelles il ne faut pas se fier. […] Rester une fois de plus dans un vrai hôtel anglais (j’en ai essayé trois en huit jours, et puis j’ai abandonné) et retourner à ces endroits où l’on ne peut pas acheter un journal ou un cigare, où il n’y pas de téléphone dans votre chambre, ou même de l’eau chaude donne une idée de l’état de barbarisme matérialiste dans lequel l’Angleterre est encore ! Et voir fatalement et, je l’espère, temporairement avec des yeux neufs la jeune femme anglaise moyenne avec ses vêtements froissés et ses cheveux à peine peignés et la comparer avec les milliers d’élégantes petites femmes, dont on dirait qu’elles sont faites de métal émaillé et que vous pouvez voir chaque matin sortir de Grand Central, fut plutôt un choc !

19C’est comme si l’Amérique ne prenait toute sa valeur qu’une fois de retour en Europe. Avant cela, elle reste une entité abstraite, une vue de l’esprit qui se concrétise au fur et à mesure que l’auteur la confronte à son milieu d’origine. La différence entre l’Europe et l’Amérique est tellement intense à cette époque-là que la secousse de l’aller et de la découverte se reproduit en sens inverse cette fois-ci. L’écrivain-voyageur trouve tout ce qui l’entoure démesurément minuscule : « it is amusing to look on Piccadilly Circus, in those first astonishing moments after the return from New York, and feel that it is the market-place of Lilliput31 » [« c’est amusant de regarder Piccadilly Circus, alors que l’on vient tout juste de revenir de New York, et d’avoir l’impression que c’est une place du marché lilliputienne »]. L’Amérique prend alors des proportions fantastiques, parfois délétères, parfois ostentatoires, tout dépend du point d’analogie. En fin de compte, tous, à un moment ou à un autre, se débarrassent de leur peau de touriste et d’explorateur. Ils redeviennent des écrivains, et de surcroît, des écrivains ancrés dans une réalité nationale qui se sentent de nouveau étrangers au pays qu’ils viennent de découvrir. Certes, cette nouvelle posture leur permet de prendre du recul par rapport à l’Amérique, mais ramène aussi dans leur esprit tout un réseau de signifiances et de préjugés dont ils auront du mal à se départir par la suite. En quelques mots, leur regard critique s’aiguise :

And, on the other hand, to be reabsorbed by the harmonious calm, the ancient poise of a country that finds more contentment in its past than in dreams of the future, to see once more in the eyes of women, after the hard brightness of Broadway, a glow which bespeaks tenderness and illusion made one feel that America was hectic and excessive32.
Et, d’un autre point de vue, être absorbé de nouveau par le calme harmonieux, l’équilibre antédiluvien d’un pays qui trouve plus de satisfaction dans son passé que dans les rêves du futur et voir une fois de plus dans les yeux des femmes un éclat qui témoigne de la tendresse et des illusions après la dure luminosité de Broadway me font sentir que l’Amérique était trépidante et démesurée.

20La représentation de l’Amérique se teinte finalement de la comparaison nostalgique avec le pays d’origine qu’elle soit péjorative ou louangeuse et du choc de la différence.

L’arrière-goût de l’Amérique

21« Tous les explorateurs français contemporains de l’Amérique ont-ils vu le Nouveau Monde de [la même] manière ? Non, certes, et cela est naturel ; nos jugements sont la résultante d’innombrables facteurs, tant rationnels qu’affectifs, de déterminismes dont l’action inconsciente demeure inconnue33 ». Ainsi, dans le cadre de la littérature de voyage, les études critiques devront davantage tenir compte des modalités du voyage qui bouleversent la conception du pays découvert, car les trois instants de vie, de texte de cette décantation sur l’océan assaisonnent expressément l’exotisme américain, ce qui est assez inédit par rapport aux autres destinations populaires de l’époque qui, la plupart du temps, s’atteignent par voie de terre.

Le voyage terrestre, y compris au loin, est une chose différente. On aborde des peuples nouveaux, des horizons étranges, progressivement, visiblement, sans mystère. On gagne l’éloignement jour après jour, heure après heure, en avançant sur la terre même d’où l’on est parti, en foulant toujours le même élément ; le retour nous semble, à toute heure, possible, et l’itinéraire retrouvable, puisque rien, au cours du voyage, n’a brisé le long fil roulant, n’a interrompu le progrès changeant de nos sensations.
La navigation en revanche […] est le déplacement étrange, à travers l’espace, d’un morceau du pays dont on part34.

22Le non-lieu de la traversée déréalise somme toute le lieu américain. C’est pourquoi une rupture déterminante se produit puisque faire machine arrière est chimérique et puisque l’écrivain-voyageur ne peut plus que déguster l’arrière-goût du Nouveau Monde afin d’en rendre compte. Malheureusement et comme le note Maurois :

Une impression juste que l’on rapporte est comme une flamme en plein vent. Tout la menace. Beaucoup d’Européens se sont fait de l’Amérique une idée malveillante et commode : quelques gratte-ciel, des piles de dollars, une grande brutalité de mœurs, pas de culture. Les hommes vivent ainsi sur des concepts simples et faux ; ils souffrent dès qu’un voyageur vient introduire, dans la belle simplicité de leurs connaissances, la complexe réalité. […]. Et ils me décrivent, eux, l’Amérique telle qu’ils l’ont imaginée sans la connaître : leurs idées se mêlent aux miennes, les déforment. Déjà, je ne sais plus. […]. Depuis trois mois, mes amis soufflent, et c’est en vain que, de mes mains fermées, j’essaie de préserver un feu mourant qui déjà tremble et pâlit35.

23Pour que l’œuvre conserve la vision américaine originale, il aurait fallu qu’elle soit composée en vase clos, ce qui n’est pas le cas. Malgré le bon vouloir de l’écrivain-voyageur qui tente d’écrire le plus impartialement possible, le signe et l’image se mêlent, le subjectif et l’objectif s’étreignent, l’extériorité et l’intériorité s’enlacent en un monstrueux baiser, et il est alors souvent plus facile de faire entrer l’Amérique dans un cadre prédéfini36, de laisser le parti pris l’emporter sur l’expérience vécue. Ainsi, la représentation que les écrivains-voyageurs ramènent du Nouveau Monde est une flamme vacillante pour de multiples raisons, et notamment à cause de la traversée. Autour d’elle tournent deux types de personnes : ceux qui soufflent dessus pour l’éteindre, l’amoindrir, et ceux, qui, au contraire, l’alimentent pour qu’elle perdure. Dans les deux cas, cette flamme devient souvent un récit en partie follet, qui, au fil des générations, s’ancre dans une mémoire collective et devient malgré lui référentiel.

Notes de bas de page numériques

1  Les historiens Mélandri et Marienstras établissent chacun à leur manière un lien entre les prémisses des ambitions internationales des États-Unis, la prise de conscience de leur suprématie industrielle et surtout sidérurgique, l’organisation et la concentration du capitalisme, ainsi que la fin de la frontier en 1890.

2  En 1890, le Bureau du recensement des États-Unis déclare que l’ensemble du territoire dévolu aux États-Unis est dorénavant suffisamment maîtrisé pour qu’il puisse se dispenser d’étudier le mouvement vers l’Ouest de la population. Cette nouvelle provoque un choc dans l’opinion publique américaine.

3  Victor Hugo, « La préface de Cromwell », inCromwell, drame, Paris, Ambroise Dupont et Cie, 1828. En ligne. http://fr.wikisource.org/wiki/Cromwell_-_Pr%C3%A9face.

4  Thibault Gardereau, « De l’horizon d’attente à l’océan d’attente ou comment l’Amérique s’ébauche ex abstracto dans l’entre-deux », E-LLA, 3, 2010.

5 Marc Augé, Non-lieux, introduction à une anthropologie de la surmodernité, Paris, Éditions du Seuil, 1992, p. 100.

6  Pierre Jourda, L’exotisme dans la littérature française depuis Chateaubriand, 2 vols, Paris, Presses universitaires, 1938, t. 2, p. 162.

7 Paul Achard, Un Œil neuf sur l’Amérique, Paris, Les Lettres françaises, 1930, p. 25.

8 Françoise Susini-Anastopoulos, L’écriture fragmentaire : définitions et enjeux, Paris, Presses universitaires de France, 1997, p. 189.

9  Paul Morand, New-York, Paris, Flammarion, 1930, p. 156.

10  Georges Duhamel, Scènes de la vie future, Paris, Mercure de France, 1930, p. 36.

11  Jules Romains, Salsette découvre l’Amérique, New York, Éditions de la Maison française, 1942, p. 285-286.

12  Pierre Malo, La Féerie américaine : New-York et Washington, Paris, Les Œuvres françaises, 1936, p. 178.

13  Paul Morand, New-York, p. 159.

14 Pierre Malo, La Féerie américaine : New-York et Washington, p. 180.

15 Desmond Humphreys, America - through English Eyes, Londres, S. Paul and Co. En ligne. http://www.archive.org/stream/americathroughen00ritauoft#page/n9/mode/2up, 1910, p. 246.

16  Marc Augé, Non-lieux, introduction à une anthropologie de la surmodernité, Paris, Éditions du Seuil, 1992.

17  Paul Achard, Un Œil neuf sur l’Amérique, p. 276-277.

18  Joël Thomas, et Alberto Filipe Araújo, Introduction aux méthodologies de l’imaginaire. Paris, Ellipses, 1998, p. 23.

19 François-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, 2 vols, New York, P. Arpin, 1848. Réédition, Paris, Garnier Frères, libraires-éditeurs, 1904, tome 1, livre VI, p. 310-312.

20  Paul Morand, New-York, p. 160.

21 Owen Harry Collinson, The American Illusion, p. 223.

22 Desmond Humphreys, America - through English Eyes, p. 231.

23  André Maurois, En Amérique, Paris, Flammarion, 1933, p. 60.

24  Mario Soldati, Amérique, premier amour, Firenze, Bemporad, 1935, p. 25.

25  Rappelons que la traversée de la Méditerranée ne prend que vingt-quatre heures à la fin des années 1870 tandis qu’elle dure au minimum une semaine pour atteindre le Nouveau Monde.

26  André Maurois, En Amérique, p. 61.

27  Cette durée dépend des conditions atmosphériques et océaniques et peut facilement être multipliée par deux.

28  Marie-Thérèse Gadala, Nouveau Monde. Impressions d’Amérique, Paris, Impr. des sourds-muets, 1934, pp. 19-20.

29 Marthe de Fels, U. S. A, carnets de voyage, Paris, Gallimard, 1937, p. 128.

30 Walter Lionel George, Hail, Columbia!, London, Chapman & Hall Ltd, 1923, p. 195.

31 Owen Harry Collinson, The American Illusion, p. 229.

32 Walter Lionel George, Hail, Columbia!,p. 196.

33  Huvos Kornel, Cinq Mirages américains : les États-Unis dans l’œuvre de Georges Duhamel, Jules Romains, André Maurois, Jacques Maritain et Simone de Beauvoir, Paris, Librairie M. Didier, 1972, p. 10.

34  Soldati, Mario. 1935. Amérique, premier amour, Firenze, Bemporad. Réédition Paris, Le Promeneur, 2005, p. 24.

35  André Maurois, En Amérique, p. 68-69.

36  Remarquons au passage que les motifs dont parle André Maurois et qui se sont développés entre 1890 et 1945 font encore florès de nos jours.

Bibliographie

Textes littéraires

Achard Paul, Un Œil neuf sur l’Amérique, Paris, Les Lettres françaises, 1930

Bourget Paul, Outre-mer. Notes sur l’Amérique, 2 vols, Paris, Alphonse Lemerre, 1895

Chateaubriand François-René de, Mémoires d’outre-tombe, 2 vols, New York, P. Arpin, 1848. Réédition, Paris, Garnier Frères, libraires-éditeurs, 1904

Collinson Owen Harry, The American Illusion, London, Ernest Been Limited, 1929

Duhamel Georges, Scènes de la vie future, Paris, Mercure de France, 1930

Fels Marthe de, U. S. A, Carnets de voyage, Paris, Gallimard, 1937

Gadala Marie-Thérèse, Nouveau Monde. Impressions d’Amérique, Paris, Impr. des sourds-muets, 1934

George Walter Lionel, Hail, Columbia!, London, Chapman & Hall Ltd., 1923

Hugo Victor, « La préface de Cromwell », inCromwell, drame, Paris, Ambroise Dupont et Cie, 1828. En ligne http://fr.wikisource.org/wiki/Cromwell_-_Pr%C3%A9face

Humphreys Desmond, America - through English Eyes, London, S. Paul and Co., 1910, http://www.archive.org/stream/americathroughen00ritauoft#page/n9/mode/2up

Malo Pierre, La Féerie américaine : New-York et Washington, Paris, Les Œuvres françaises, 1936

Maurois André, En Amérique, Paris, Flammarion, 1933

Maurois André,États-Unis 39 Journal d’un voyage en Amérique, Paris, Éditions de France, 1939

Morand Paul, New-York, Paris, Flammarion, 1930

Romains Jules, Salsette découvre l’Amérique, New York, Éditions de la Maison française, 1942

Soldati Mario, Amérique, premier amour, Firenze, Bemporad, 1935

Thompson C. V. R., I Lost My English Accent, New York, G. P. Putnam’s Sons, 1939

Bibliographie critique

Augé Marc, Non-lieux, introduction à une anthropologie de la surmodernité, Paris, Éditions du Seuil, 1992

Gardereau Thibault, « De l’horizon d’attente à l’océan d’attente ou comment l’Amérique s’ébauche ex abstracto dans l’entre-deux », E-LLA, 3, 2010

Huvos Kornel, Cinq Mirages américains : les États-Unis dans l’œuvre de Georges Duhamel, Jules Romains, André Maurois, Jacques Maritain et Simone de Beauvoir, Paris, Librairie M. Didier, 1972

Jourda Pierre, L’Exotisme dans la littérature française depuis Chateaubriand, 2 vols, Paris, Presses universitaires, 1938

Marienstras Élise, 1890, Wounded Knee, ou L’Amérique fin de siècle, Bruxelles, Complexe, 1991

Mélandri Pierre, Histoire des États-Unis depuis 1865, Paris, Nathan, 1976

Susini-Anastopoulos Françoise, L’écriture fragmentaire : définitions et enjeux, Paris, Presses universitaires de France, 1997

Thomas Joël, et Alberto Filipe Araújo, Introduction aux méthodologies de l’imaginaire. Paris, Ellipses, 1998

Pour citer cet article

Thibault Gardereau, « Les répercussions du voyage de retour sur la représentation du Nouveau Monde entre 1890 et 1945, ou Comment un non-lieu déréalise un lieu », paru dans Loxias, Loxias 30, mis en ligne le 08 septembre 2010, URL : http://revel.unice.fr/loxias/index.html?id=6361.


Auteurs

Thibault Gardereau

Thibault Gardereau a obtenu sa maîtrise en littérature générale et comparée à l’Université de Nice. Ainsi, après avoir étudié Deux formes du roman de jeune homme fin-de-Siècle : la confession et le journal intime, il analyse La Perception et la réinvention du Nouveau Monde à travers la littérature européenne de 1890 à 1945 sous la direction de Véronique Cnockaert. Pour cerner cet espace imaginaire entre mythe et réalité, il n’hésite pas à faire des incursions dans d’autres littératures européennes, formation comparatiste oblige. Chargé de cours, il a également écrit plusieurs articles dont, entre autres, « De l’horizon d’attente à l’océan d’attente », « Musicalité, littérarité et Gesamtkunstwerk dans Un Cœur en peine de Joséphin Péladan ». En marge de sa carrière universitaire, Thibault Gardereau a publié quatre romans et diverses nouvelles.