Polynésie dans Loxias


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Loxias | Loxias 9

L’archipel : image poétique de l’outre-mer ?

Suffit-il de dire pays « outre-mer » pour que se cristallise ailleurs, au-delà des mers, une entité réelle ? Pourtant l’outre-mer constitue une entité sémantiquement cohérente. L’histoire a élaboré un destin un peu semblable par un pareil brassage des populations. Mais la Polynésie, les Antilles, la Réunion, par exemple, ont-elles, en dehors d’un assemblage historique ou de l’usage possible d’une langue commune, des similitudes culturelles et idéologiques ? L’outre-mer réunit-il une solidarité propre, dans un circuit qui inverse la perspective convenue ? Les territoires d’outre-mer sont souvent – mais pas toujours – des îles ou des groupes d’îles. Ces îles elles-mêmes forment parfois ce que les géographes appellent des archipels, ce qui peut représenter une forme d’unité, qui prend corps au-delà de leurs limites propres. Écrire une « parole en archipel » ? L’île semble a priori plus porteuse de projections identitaires, mais la notion d’archipel semble aujourd’hui bénéficier de projections prometteuses. Ainsi, il paraîtrait donc légitime de construire l’imaginaire de l’île en fonction d’une appartenance à un groupe d’îles, en évoquant une solidarité profonde et naturelle entre des îles voisines. Cependant, on peut douter de la primauté de cette vision globalisante sur l’attachement plus viscéral au territoire dans lequel on plonge ses racines. Aussi la voix « en archipel », ouverte sur un espace plus large, semble-t-elle plutôt une construction fantasmatique ou idéologique, sur laquelle il ne faut pas se méprendre. Cette conception est finalement poétique au sens propre : poiétique dans la mesure où elle est créatrice d’une nouvelle vision du monde.

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Loxias | Loxias 34 | Doctoriales VIII

Les parfums du silence et La lecture de Jean-Marc T. Pambrun : le refus du second rôle

Disparu en ce début d’année de l’Outre Mer, Jean-Marc Tera’ituatini Pambrun laisse une œuvre éclectique extrêmement riche. Il a une conscience aiguë du mythe de l’éden océanien tel que l’ont peint Bougainville, Loti, Gauguin, et bien d’autres. Il perçoit avec finesse les filtres – antiques, bibliques puis littéraires – que les écrivains-voyageurs ont toujours insérés entre la perception du territoire et sa transcription littéraire. Il en décrit les mécanismes, critique les motifs du mythe et joue à déconstruire ce fantasme romanesque. Jean-Marc Pambrun utilise toute la puissance du théâtre pour mettre au centre de la scène les Polynésiens trop souvent cantonnés aux seconds rôles, pour affirmer la réalité de la vie ma’ohi trop souvent déformée par les textes, par les clichés touristiques et pour donner voix aux mythes traditionnels de l’Océanie trop souvent écrasés sous le poids des livres métropolitains. Réappropriation thématique et linguistique, focalisation et réécriture, ces outils littéraires sont maniés par l’auteur afin de confier l’écriture d’un territoire à la plume et à la voix polynésiennes.

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Loxias | Loxias 35 | I.

Mars, Marquises et Mardi gras : Mardi de Melville, et les savoirs du voyage « qui y mena »

Mardi est un texte hybride qui a toujours déconcerté ses lecteurs. D’abord conçu comme une suite de Taïpi et Omoo dans le Pacifique, le roman dérive peu à peu vers le voyage imaginaire ; un invraisemblable déploiement de références livresques détourne le regard des seules vérités importantes : un savoir diffus mais réel sur la Polynésie, une structure narrative en forme de clin d’œil vers les voyages de la littérature, dont celui de Rabelais. Mais la métaphore la plus vaste est l’illustration d’un savoir astronomique : les aventures étranges et sans espoir de Taji et Yillah dans le lagon de Mardi sont probablement aussi celles de comètes dans le vaste univers mardien –ou martien.

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Loxias | 48. | I.

L’identité polynésienne au contact de l’Occident : une étude comparative de la nouvelle « La Bouteille Endiablée » de Robert Louis Stevenson et du roman The Bone People de Keri Hulme

En écrivant « La Bouteille Endiablée », Stevenson dresse le portrait d’une société polynésienne fragilisée, dont les autochtones sont tour à tour attirés par le faste occidental et mus par un désir de conserver leurs coutumes. Cette quête d’harmonie, notamment illustrée par le motif de la construction d’un foyer véritablement accueillant, voit également s’opérer un changement dans la représentation des personnages féminins. Hulme, dans un contexte forcément plus moderne, décrit elle aussi les errements d’une société biculturelle et bouleverse la figure de la femme en littérature. Un intérêt tout particulier sera accordé aux connaissances anthropologiques et mythologiques de Stevenson, qui profite d’un retour aux sources de ses protagonistes pour notamment réhabiliter le principe du don / contre-don. Hulme fait de même en reproduisant le mythe de création maori, depuis Te Kore jusqu’à Te Ao Mārama. Enfin, l’existence même de ces deux œuvres mêlant l’Europe et la Polynésie nous semble témoigner de la possibilité pour la culture occidentale de s’intégrer à la société océanienne. In “The Bottle Imp”, Stevenson describes a vulnerable Polynesian society, its autochthonous population being both enthralled by the opulence of the West and resolute to keep their traditions alive. This quest for stability, which is symbolised by the construction of a welcoming home, also allows female characters to be assigned a more critical role. Hulme, a contemporary author, writes too at length about the turmoil of a bicultural country while revolutionising the traditional depiction of women in literature. Some light will be shed upon Stevenson’s knowledge of anthropology and mythology as he rehabilitates the gift / counter-gift principle when he has his characters return to their roots. As for Hulme, she chooses to repeat the Maori creation myth, from Te Kore to Te Ao Mārama. This will lead us to conclude that both pieces of literature, as hybrids of European and Polynesian cultures, seem to indicate that there is a possibility for the West to be assimilated into the Pacific.

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In the South Seas: Robert L. Stevenson’s Anglo-Southern Relations, or Orientalisms denied

In the history of British culture, few authors have distanced themselves from the otherising discourse that has informed its imperial master narrative. Thanks to his Polynesian works, he has been appropriately considered a sort of avant-la-lettre postcolonial author. If at that time there was an exoticism reminiscent of colonialism (Pierre Loti, Rudyard Kipling), there also was an exoticism which tried to distance itself from the colonial project and endeavoured to come to terms with alterity rather than identity. The aim of this essay is to survey his In the South Seas and see in what ways he resisted the deculturing British action, as far as sex/gender and race are concerned. Dans l’histoire de la culture anglaise, peu d’auteurs ont pris leurs distances vis-à-vis du discours sur l’autre qui a caractérisé les romans de l’empire britannique. Grâce à ses œuvres polynésiennes, il a été considéré comme une sorte d’auteur postcolonial avant la lettre. Si à cette époque-là existait un exotisme qui rappelait le colonialisme (Pierre Loti, Rudyard Kipling), il y avait aussi un exotisme qui tentait de se distancier du projet colonial et tentait de parvenir à un accord avec l’altérité plutôt qu’avec l’identité. Le but de cet article est d’examiner son In the South Seas et de voir comment il a résisté à l’action britannique en vue de déculturer l’autre en ce qui concerne le sexe/genre et la race.

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Loxias | 53. | I.

« L’écriture féminine, Vahine papa’i parau : un élément de diversité culturelle »

“Aujourd’hui1 ma pensée s’ancre, tutau, en même temps qu’elle s’encre, à la source des mots de la langue tahitienne, y puisant, en en extrayant l’essence, Mots d’apanage, mots d’accueil, fari’ihau, face aux mots écueils de :           Écriture féminine          Vahine papa’i parau          Diversité culturelle Qui nous mènent d’un tau à l’autre, To’apu, to’ahotu, pâté de corail, récif frangeant d’un taimoana et a’au ha’oa’oa, A u...”

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