Moyen Age dans Loxias


Articles


Loxias | Loxias 7 (déc. 2004) | Langue et littérature françaises

À propos des recluses de la Queste del Saint Graal (ca 1225-1230)

Dans cet article, nous avons voulu mettre à l’honneur les deux personnages de recluses qui apparaissent dans la Queste del Saint Graal (ca 1225-1235). Souvent présentées comme des variantes (des autres adjuvants religieux du roman, de personnages antérieurs de la matière arthurienne) ces personnages semblent devenus presque invisibles aux yeux d’un grand nombre des commentateurs et uniquement justifiés par leur discours. Or, qui dit variation ne dit pas transparence. La réclusion a ses spécificités qu’il convenait de rappeler pour mieux montrer comment la création littéraire a su jouer avec un modèle historique, pour en garder les traits les plus marquants et pour, dans le même temps, s’en détacher afin de développer un type proprement romanesque. A l’emprisonnement physique, correspond une grande liberté intérieure et une capacité d’initiative qui permet aux deux recluses de la Queste de jouer un rôle des plus marquants dans l’économie du récit. Rappelant l’importance de leurs interventions respectives, déjà bien étudiées, nous avons surtout voulu montrer qu’elles apparaissent à des moments bien particuliers de l’histoire et en particulier de la deuxième partie de la quête, temps des épreuves et du progrès spirituel. Semblant participer à la construction d’une structure d’enchâssement complexe, dont chaque repère est une femme, elles contribuent à renforcer l’impression que le genre féminin a toute sa place dans ce roman qui par ailleurs condamne les valeurs de la courtoisie. Elles renvoient donc à un avant de la littérature courtoise, à une mythologie archaïque où la femme est initiatrice, porteuse du savoir et de la souveraineté, ou, sans aller si loin, aux valeurs de la chanson de geste où la femme est nourricière, conseillère et gardienne du lignage ou encore aux fées et sorcières, qui ont pu assumer ces rôles dans une matière de Bretagne moins fortement christianisée. L’une de ces deux recluses est la tante d’un des personnages principaux de la matière arthurienne : Perceval. Cette femme se trouve donc dotée d’une identité, mais aussi d’une biographie et d’une psychologie, qui se livrent peu à peu au cours de la longue rencontre avec son neveu. Sans prétendre résoudre d’ores et déjà les questions que pose ce personnage, nous nous interrogeons sur le pourquoi de cette personnalisation et sur ce qu’il soulève de questions encore non résolues sur le lignage de Perceval.

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Loxias | Loxias 16

La Chauve-souris, la figure de l'artiste et l'art poétique dans les Isopets de Marie de France

Le motif de la chauve-souris connaît, dans la fable 23 du recueil de Marie de France, un traitement original. Représentant tantôt l’artiste, tantôt la fable elle-même, la chauve-souris par son hybridité permet de se situer entre deux univers poétiques opposés. Obligée de choisir entre le camp des animaux à quatre pattes et le camp des oiseaux, la chauve-souris figure l’artiste entre deux royaumes – celui de France et d’Angleterre, en quête d’un genre littéraire novateur et poétiquement satisfaisant, et qui hésite entre le lais et l’isopet. Genre hybride, la fable, parfaitement métaphorisée par la chauve-souris, hésite, au Moyen Âge, sans cesse entre diverses formes d’écriture. Cette fable est à la fois l’affirmation d’une identité originale et l’expression de la métamorphose et de la genèse d’un genre. Dans une fable de la métamorphose, la chauve-souris représente la quête d’identité d’un auteur et d’un genre poétique hybrides.

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Loxias | Loxias 20

L'étude du paratexte biblique aux XIIe-XIIIe siècles

Le texte biblique contient de nombreux passages qui peuvent être qualifiés, à la suite de G. Genette, de paratexte auctorial. Le but de cet article est d’étudier dans quelle mesure les commentateurs médiévaux de la Bible ont tenu compte de la spécificité de ces passages. La première partie est destinée à montrer que, dans le cadre d’une approche herméneutique nouvelle, les exégètes du XIIIe siècle ont relevé la nature particulière de ces passages à la fois partie intégrante du texte biblique et distincts de l’œuvre. La deuxième partie montre comment ils ont analysé les fonctions de ce paratexte, ordonnées autour de deux grands ensembles : l’éloge de l’œuvre et la mise en place d’un guide d’interprétation. Enfin la troisième partie se demande dans quelle mesure ils ont intégré ces analyses au commentaire du texte.

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Loxias | Loxias 30 | Doctoriales VII

La ponctuation dans quelques manuscrits de David Aubert

La ponctuation médiévale est un champ de recherche longtemps dédaigné, mais depuis plus de trente ans en plein essor grâce aux travaux pionniers de C. Marchello-Nizia, et à de nombreuses contributions des médiévistes. Toutes ces études pourraient laisser penser que la caractéristique de la ponctuation des textes anciens réside dans la singularité de chaque version manuscrite, car les signes de ponctuation de plusieurs versions d’un même texte ne sont jamais complètement identiques. D’ailleurs, les signes de ponctuation sont, au Moyen Âge, plus polyvalents que monovalents. C’est sans doute cette polyvalence qui donne l’impression que la ponctuation médiévale est incohérente. En conséquence, face à la plurifonctionnalité et au caractère irréductible de la ponctuation médiévale, la plupart des philologues éditeurs de textes, qui ne peuvent avoir recours à aucun manuel de grammaire, ni à aucun manuel de ponctuation spécifique, préfèrent la remplacer par la ponctuation contemporaine ou modifier la place et le nombre des paragraphes du texte original afin de faciliter la lecture. Basée sur trois manuscrits de David Aubert, notre étude a pour objet de dégager des tendances homogènes et hétérogènes ou même de mettre en évidence le sous-système propre à David Aubert, copiste de Philippe le Bon.

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Le rôle politique des femmes dans Aliscans

Au XIIe siècle, le royaume de France est une société qui cherche un nouvel équilibre ; peu à peu, les règles féodales se codifient et contribuent à la lente formation d’un nouveau corps qui ne sera pleinement constitué qu’au XIIIe siècle : la noblesse. Tandis que le droit gagne progressivement la France depuis son berceau italien, où l’on redécouvre et l’on glose les textes du droit romain, la théologie politique – notamment à travers le Policraticus de Jean de Salisbury – accroît son influence et fait du roi le « ministre de Dieu ». L’épopée constituant un terrain très propice à la célébration des valeurs et idées collectives, elle s’enrichit de ces thèmes et de leurs problématiques inhérentes. C’est ainsi que des chansons de geste telles qu’Aliscans présentent, en plus de leurs intérêts proprement littéraires, des enjeux juridiques en lien avec les préoccupations de l’époque qui les a vu naître. Le poète ne se contente évidemment pas, dans sa chanson, d’une simple transposition du droit en vigueur ; il va plus loin en plaçant les femmes au centre de la scène juridique et politique du récit qu’il développe. Ainsi, de La Chanson de Guillaume à Aliscans, le personnage féminin acquiert une autonomie, une consistance et une influence que l’on peine à retrouver dans d’autres genres littéraires du XIIe siècle et qui sont très largement absentes de la littérature renaissante.

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Loxias | Loxias 39. | Autour des programmes d'agrégation 2013

Étude littéraire des vers 126 à 466 du Roman de la Rose de Guillaume de Lorris

Étude littéraire des vers 126 à 466 du Roman de la Rose de Guillaume de Lorris, (éd. trad. Armand Strubel, Paris, 1992) proposée dans le cadre de la préparation à l’agrégation de Lettres 2013.

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De quelques préverbes dans le Roman de la Rose : re, par, entre et tres

La langue de Guillaume de Lorris illustre bien la tendance de l’ancien français à l’expression synthétique de l’aspectualité, en confiant cette fonction à une large variété de préverbes. Dans le présent article, nous traitons du sémantisme et du fonctionnement contextuel de quatre morphèmes préfixaux – re, par, entre et tres –, tels qu’ils se laissent analyser à partir du texte au programme. Les quatre morphèmes assument différentes fonctions morpho-syntaxiques, allant du statut lié de préfixe jusqu’à celui, indépendant, d’adverbe ou de particule. Le sémantisme de réitération caractérisant le préverbe re lui confère un pouvoir cohésif. Le sens de traversée sous-jacent à par amène ce morphème jusqu’à la fonction d’intensificateur. Le sémantisme spatial de entre aboutit, par subduction, à différentes significations abstraites telles que la réciprocité ou bien la temporarité, tandis que tres, dont l’évolution recoupe en partie celle de par, voit son sémantisme spatial basculer vers celui de complétude et d’intensification adverbiale. Toutes les acceptions et fonctions identifiées trouvent leur explication dans le signifié de puissance des différents morphèmes, unité abstraite que nous concevons conformément à la psychomécanique guillaumienne, tout en la matérialisant à l’aide de figures schématiques. L’évolution ultérieure se caractérise par une spécialisation progressive des quatre signes, conformément aux changements typologiques qui sous-tendent l’évolution du français.

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Loxias | Loxias 46. | Doctoriales

Le vortex gréco-provençal dans Les Cantos d’Ezra Pound

Cet article se focalise sur l’un des « vortex » qui émerge lors de la lecture des premiers Cantos d’Ezra Pound : le vortex qui relie la Grèce classique à la Provence troubadouresque. Ces deux traditions culturelles et littéraires sont, en effet, mises en relation entre elles avec insistance par Pound dans le début de son « poème épique », à travers un effet de montage qui superpose des figures de la mythologie classique aux troubadours ainsi qu’ils nous sont présentés dans les vidas médiévales. À travers une lecture des Cantos I, II, IV, V et VI axée sur le vortex gréco-provençal, nous mettrons en évidence l’importance de cette superposition dans les premiers Cantos tout d’abord en ce qui concerne son rapport à la formation du style de Pound : l’étude de la poésie troubadouresque et grecque antique constitue, en effet, la base de sa proposition de renouvellement de la poésie en langue anglaise. Cependant, le lien que Pound crée entre Grèce antique et Provence médiévale relève aussi d’une dimension ésotérique qui relie les cultes à mystères au culte mystique d’amour développé dans les cours du Sud de la France au sein de l’hérésie albigeoise.

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Loxias | 54 | I.

La femme et le dragon dans la littérature médiévale anglaise : une question de pouvoir

Cet article vise à analyser les rapports entre la femme et le dragon dans un corpus de quatre œuvres de la littérature médiévale anglaise. L’étude des différentes étapes de la rencontre entre ces deux personnages, de l’enlèvement à la libération, permet de mettre en exergue la confrontation des pouvoirs — physiques, politiques ou spirituels — des différents personnages dont le statut oscille constamment entre soumission et domination. Plus qu’un simple sacrifice, la rencontre entre la femme et le dragon dévoile des questionnements sur la femme et son rôle dans la littérature médiévale. This article aims at analysing the relations between woman and dragon in a body of four texts from English medieval literature. The study of the different steps in the encounter between these two characters, from abduction to liberation, highlights the confrontation of powers, whether they be physical, political or spiritual, possessed by the different characters whose position constantly wavers between submission and domination. More than a mere sacrifice, the encounter between woman and dragon uncovers questions on the woman’s status and her role in medieval literature.

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Loxias | 55 (déc. 2016). | I.

Étude littéraire : vers 1 à 471 du Livre du duc des vrais amants de Christine de Pizan

“  [Remarques préliminaires] Les notes à la traduction qui précèdent l’étude littéraire n’ôtent rien à la qualité de l’édition traduite mise au programme. Celle-ci offre notamment une introduction très claire et informée aux questions littéraires posées par le poème, une annotation souvent très suggestive, et des tableaux qui éclairent utilement les insertions lyriques. Les épreuves orales du concours supposant une traduction plus littérale de l’œuvre médiévale, on trouvera ci-dessous quelques éléments de réflexion qui permettront à chaque candidat de refaire sa propre traduction du passage. Les propositions formulées aux pages 1 à 6 s’adossent aux ouvrages de référence, soit princi...”

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Loxias | 75. | I.

Peut-on en finir avec La Mort du roi Arthur ?

À plus d’un titre, La Mort du roi Arthur est un texte de la limite. Avec la mort du roi annoncée dès les premières lignes, le roman lie la narration à une réflexion sur l’écriture de la fin. Il relate à la fois le terme d’une vie, celle du roi qui sert de repère aux biographies romanesques d’autres héros, mais il marque aussi le terme d’une suite romanesque et se trouve ainsi confronté à la question de la clôture d’un cycle. L’écriture de la Mort du roi Arthur participe par ailleurs d’une esthétique eschatologique caractéristique de l’imaginaire du Moyen Âge central. Or, malgré cette omniprésence de la fin du monde, le roman n’arrive pas à une parfaite clôture et contribue à alimenter le questionnement sur la possibilité, ou non, de jamais en finir avec la matiere de Bretagne. In many ways, La Mort du roi Arthur could be described as obsessed with limits. With the king’s death foretold from the first lines, it ties the narrative together with a reflection on what it means to finish a story. La Mort du roi Arthur tells the last moments of the king who represented a standpoint for other fictional biographies, but it also marks the end of a sequence and is thus confronted with the question of the closure of a cycle. The writing of La Mort du roi Arthur also participates in an eschatological aesthetic, characteristic of the imagination of the central Middle Ages. Despite this fascination for the end of the world, the romance does not come to a perfect end and thus contributes to raising questions about the possibility, or not, of never ending the “matiere de Bretagne”.

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