Shakespeare dans Loxias


Articles


Loxias | Loxias 7 (déc. 2004) | Littérature comparée

Amour-Le-Liant (Hugros Eros)

Quant à sa forme, Amour est « hugros », coulant (Banquet, 196a). Coulant, il peut entrer où il veut, se transporter en un instant en tout point, s’ajuster de façon à compléter (« sumbolon »), être et faire l’ensemble, simuler le même (rime), lier et envelopper, mais surtout disjoindre le même d’avec le même : produire sans relâche le duel. On est passé de son aspect hugros à sa dynamique, sa vertu et son essence.

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Loxias | Loxias 12 | I.

« Que diable allait-il faire dans cette galère ? » Récit de mer et heureux naufrage au théâtre : d’Eschyle à Wilkie Collins

On sait depuis les pièces de Racine que la mer est un ingrédient narratif essentiel, un décor signifiant qui confère à la tragédie plus d’acuité : battant de ses flots les bases du palais, elle fournit l’espoir d’un secours ou la menace, métonymie des forces qui environnent et enferment les personnages dans leur destin. La mer est-elle condamnée à rester un cadre, simple objet de récit dans le théâtre, puisque matériellement irreprésentable ? On pourrait penser que la situation d’un équipage enfermé à bord d’un navire – sans espoir d’évasion avant l’escale – constitue un huis-clos d’une remarquable efficacité théâtrale : resserrement des acteurs et de la temporalité, enjeu vital… Or l’examen des pièces de théâtre liées de quelque manière à la mer ne rend pas compte de cette hypothèse. Les pièces tirées de romans maritimes cessent en quelque sorte d’être maritimes. Au contraire, les tragi-comédies en particulier font la part belle à de longs récits de naufrage, qui deviennent un topos aux motifs récurrents. La force tragique y perd de sa vigueur au profit d’autres desseins.

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Loxias | Loxias 19 | Programme d'agrégation

Misanthropie et « misologie » : de l’analogie philosophique à la rencontre dramaturgique

Dans le Phédon, Platon définit la « misologie », haine du logos, sur le modèle de la misanthropie dont il propose ainsi la première description philosophique. Non seulement cette description fournit un modèle théorique pertinent pour aborder les pièces de Ménandre, Shakespeare, Molière et Hofmannsthal, mais surtout le lien instauré entre l’aversion pour les hommes et celle pour le langage souligne le paradoxe inhérent à toute tentative de mise en scène du misanthrope. En accueillant en son sein son  ennemi intime, le théâtre relève un défi dont il sort rarement indemne.

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Loxias | Loxias 23 | Autour du programme d'agrégation 2009

« Le vrai Misanthrope est un monstre » : misanthropie et tératogonie entre théorie et dramaturgie

Prenant pour point de départ la formule de Rousseau dans la Lettre à d’Alembert, « Le vrai Misanthrope est un monstre », cette étude tente un bref historique de la monstruosité du misanthrope, dans le discours philosophique et médical, qui éclaire certains aspects des pièces au programme et notamment le bestiaire qu’elles convoquent. Elle voudrait montrer combien il est nécessaire de prendre en compte les théories contemporaines de la mélancolie pour cerner la figure du misanthrope dans toute son ambivalence.

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Loxias | Loxias 29 | I. | 2. Expériences

Le petit dieu amour : au cœur de la traduction des Sonnets de Shakespeare.

Dans les deux derniers sonnets, redondants, du recueil des sonnets de Shakespeare, apparaît la figure d’Éros-Cupidon. Est-ce à dire que tout le recueil doit se traduire avec pour cible une érotisation univoque ? Si le traducteur s’aperçoit vite qu’il ne peut faire l’économie de la dimension sexuelle des récits et discours qui habitent les poèmes, la couleur à leur donner reste une affaire de choix, difficile à prendre. En effet, Shakespeare semble avoir pris un malin plaisir à multiplier les points d’irrésolution ; au premier chef desquels, sans doute, il faut placer la valeur du désir et de ses diverses incarnations verbales. Désir brutal, amour essentiel, parodie de discours, c’est au traducteur de choisir sa flèche. Among the ambiguities which abound in Shakespeare’s Sonnets (1609), the issues of gender and sexual identity are certainly central; they imply crucifying decisions for the translator and particularly for the French translator. The grammatical choices, syntax and style, on the one hand, and gender issues, choices and sexual identity or colour, on the other hand, are not exactly equivalent but they interact profoundly. Who speaks to whom and of what love? Is irony the sexual hue hiding love or is love just a speech ironically covering brutal desire? How are we to translate a text that play on those double meanings, without losing this humor based on hesitation that seem to be the trademark of the sonnets? Can one combine and vary angles of translation without lacking of unity? We present here the choices made by several among the numerous translators in French.

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Loxias | Loxias 35 | I.

La violence entre écriture et mise en scène : variations sur Titus Andronicus de Shakespeare dans le théâtre européen contemporain

Cet article s’interroge sur les rapports entre adaptation théâtrale et traduction à partir de la comparaison de diverses mises en scène contemporaines de Titus Andronicus, pièce qui, après avoir rencontré un grand succès auprès du public élisabéthain, connut un long purgatoire en raison de l’extrême violence qui la caractérise. L’image des « balances du traducteur », chère à Valéry Larbaud, semble convenir aussi au travail du metteur en scène.

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Loxias | Loxias 43. | I. Questions de Littérature comparée à l'agrégation de Lettres modernes

Retour de flamme dans Lysistrata d’Aristophane et As You Like It de Shakespeare, ou la parade comique

Dans Lysistrata d’Aristophane et As You Like It de Shakespeare, la haine, l’envie, la guerre menacent la cité grecque ou la cour ducale, les liens conjugaux, fraternels, la vie même. Or cette flamme destructrice se retourne contre l’incendiaire et le brûle. Ce retour de flamme n’est en aucun cas le résultat d’une vengeance, mais tient à la nature propre du feu guerrier. Les deux comédies développent chacune à sa manière une « parade », au double sens de cortège et de riposte, contre l’incendie, en commençant par une révélation, ou initiation, à la nature versatile du feu, entre haine et désir, peur et admiration.

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Thalie au miroir : héroïsme féminin et métathéâtralité

Cet article fait l’hypothèse d’une métathéâtralité spécifique à la comédie dans laquelle la question du genre revêt une importance significative. Induite par les conditions concrètes de la représentation sur la scène antique et élisabéthaine où les rôles féminins sont joués par des hommes, la part de jeu inhérente à la comédie interfère avec le topos du théâtre du monde, dont les incidences sur la métathéâtralité ont été soulignées d’emblée par l’inventeur de la notion de métathéâtre. Lorsque des protagonistes féminins occupent le devant de la scène, l’interrogation sur le jeu de l’acteur semble l’emporter sur la lecture métaphysique de la métaphore qui privilégie les fonctions de l’auteur et du spectateur, confondues en Dieu dans la lecture chrétienne du topos. Sous le signe du féminin, la comédie semble plutôt interroger les rôles sociaux et remettre en question la naturalité du genre.

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« Kalein ». Éléments et notes pour un commentaire composé de Lysistrata, v. 1 à 139

À côté du destin tragique qui s’abat sur un essentiellement, la fortune comique ou heureuse est affaire de tous, de rassemblement, de changement, déguisement, l’un pour l’autre et avec l’autre, de versabilité ou mutabilité universelles ; elle a partie liée avec la démocratie, et la démocratie avec la fête et l’utopie. Cela se dit, dans le premier temps de cet article à partir du mot grec « kalein » et du mot anglais « atone ». Ensuite, et dans cette perspective, sont proposés, dans les deuxième et troisième parties, des éléments en vue d’un commentaire composé du début de Lysistrata (v. 1 à 139).

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Loxias | 63. | Agrégation de Lettres

Conscience et vérité dans Richard III de Shakespeare, Cinna de Corneille, Boris Godounov de Pouchkine, et La Résistible Ascension d’Arturo Ui de Bertolt Brecht

Cet article traite des rapports entre la réalité, la vérité, et la conscience dans les œuvres au programme de littérature comparée intitulé « le pouvoir en scène ». Il commence par traiter de la question de la vérité au théâtre, pour passer ensuite en revue la question de la représentation sur la scène et en politique. La question du mensonge d’État est ensuite mise en relation avec celle de la conscience du souverain. On passe ensuite au rapport de la conscience avec la réalité, puis à celle de la maîtrise du monde par la conscience ainsi que de sa propre maîtrise. On aborde ensuite la question de la légitimité du pouvoir, et de la nature de son fondement, pour conclure sur l’importance dans l’ensemble des œuvres du programme du rôle de la conscience individuelle du chef d’État dans les développements de la réalité politique.

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Loxias | 66. | I.

Quelle méthodologie pour une édition critique numérique d’un texte imprimé du dix-huitième siècle ? Le cas du Fragment sur Shakespeare de Martin Sherlock

Les éditions critiques numériques sont de plus en plus nombreuses dans le monde académique. Cependant, des points restent obscurs et peu clairs concernant leur nature et les processus mis en jeu dans leur réalisation. Cet article, loin d’avoir l’ambition de résoudre les nœuds liés à ce nouveau champ de recherche, offre un panoramique des réflexions apportées au champ des éditions critiques numériques jusqu’à aujourd’hui. En outre, en partant d’un discours plus large sur les éditions numériques, ce travail porte une réflexion sur les possibilités et les contraintes de porter en ligne une édition critique de l’œuvre de Martin Sherlock, Fragment sur Shakespeare (1779), en présentant aussi cet auteur méconnu et le contexte de réception de son œuvre. Scholarly Digital Editions (SDE) are nowadays a fertile ground for a newer approach to the texts. However, their nature is not yet defined and many questions about practices and methodologies are posed. This study has not the ambition to solve those pending issues but provides an overview of the theories and studies about the SDE until this moment. Moreover, the realization of a SDE of Martin Sherlock’s work Fragment on Shakespeare (1779) could be a prime example of the difficulties and the future possibilities of the digital field.

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Loxias | 69. | I.

« Une femme qui sait lire ce qui a été écrit avant l’écriture » : Illa d’Hélène Cixous

En 1975, Hélène Cixous publie, dans un numéro de revue consacré à Simone de Beauvoir un texte qui aura un retentissement international : « Le rire de la Méduse ». Elle y marque sa différence en défendant la spécificité de l’écriture féminine. Publié cinq ans plus tard, un texte au statut générique incertain, Illa, peut être lu comme une exploration des pistes ouvertes par « Le rire de la Méduse ». Brouillant la frontière entre théorie et fiction, entre récit et poésie, entre invention et commentaire, Illa est présenté par Cixous comme « une pomme de texte » dont l’enjeu est de rappeler que « l’écriture ne va pas de soi, pousse dans la constellation que forment les femmes donnantes ». Cet article s’attache à la dimension expérimentale de cette « histoire cherchante » qui fait un usage heuristique de la fiction, au croisement de la réécriture des mythes antiques, de l’autobiographie et de l’essai.

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Loxias | 79. | I.

Du poison dans les oreilles : l’interprétation au cœur de l’action dramatique d’Hamlet

Pour reprendre les mots de Shakespeare dans Hamlet, la « chose » théâtrale est là sans être là, elle est une chose et un rien, « thing » et « nothing ». Les paroles des comédiens font seules apparaître ce qui est absent : au théâtre, nous voyons par les oreilles. S’ils sont parfois magie et poésie, les mots peuvent aussi se révéler empoisonnés, comme le suggère la métaphore filée du poison versé dans l’oreille tout au long de la pièce Hamlet. Le prince, qui ne ressemble en rien à son père, se reproche de ne pas agir. Il a pourtant d’autres champs d’action que le champ de bataille ou le heurt des armes : la scène de théâtre, l’écriture, la parole, il pourrait avoir la diplomatie peut-être, ou l’exercice de la justice. Nous défendrons l’hypothèse, contre l’avis du prince lui-même, qu’il s’est trompé d’action, réglant la sienne sur le modèle d’une action archaïque, au terme d’un processus d’interprétation précipité, empoisonné par de vieux mots. Dans Hamlet, l’interprétation est constamment problématique, et la pièce peut être comprise comme l’histoire tragique d’un empoisonnement, le récit d’une hantise culturelle. Cette pièce exceptionnelle nous invite à une attention vigilante à ce qui agit en nous à travers les mots dont nous héritons, y compris les mots aimés du théâtre et de la littérature, ces revenants qui si nous n’y prenons garde déterminent avec tant d’efficacité notre vision du monde. Words can be magical and poetic, but they can also be poisonous, as the metaphor of poison poured into the ear throughout Hamlet suggests. The prince, who is nothing like his father, blames himself for not acting. However, he has other fields of action than the battlefield or the clash of arms: the theater stage, writing, speech, he could have diplomacy perhaps, or justice. We will defend the hypothesis, against the opinion of the prince himself, that his vision of what “action” is has been poisoned by old words. In the play, interpretation is repeatedly problematic, and Hamlet may be understood as the tragic story of a poisoning, the story of a cultural haunting. This exceptional play invites us to a cautious attention to the words we inherit, including the beloved words of theater and literature, those revenants that, unless we carefully examine them, will determine our vision of the world in spite ourselves.

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