mythe dans Loxias


Articles


Loxias | Loxias 2 (janv. 2004)

Avant-Propos

Les problèmes posés à l’imaginaire par l’une de ses expressions majeures, le mythe, sont vastes. Les recherches actuelles permettent une approche tout à fait originale des phénomènes et domaines anthropologiques, sociologiques, littéraires, plastiques, musicaux, psychologiques, psychanalytiques, historiques. On sait bien que certains mythes disparaissent un temps de la conscience collective, pour éventuellement réapparaître plus tard. On sait aussi qu’ils peuvent s’enrichir et s’appauvrir suivant les circonstances. Il était donc intéressant, grâce à ce colloque, de se pencher plus précisément sur « le surgissement et les éclipses du mythe ».

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Loxias | Loxias 5 (juin 2004)

Quête identitaire : processus initiatique et dimension mythique

Le roman La quarantaine (1995) du français J.M.G. Le Clézio s’enracine dans l’aire géo-culturelle des Mascareignes, construisant une intrigue où se mêlent passé, présent et temps mythique. Pour sa part, André Brink, dans Les imaginations du sable (Imaginings of sand) (1995), puise dans le voyage retour de ses personnages en terre sud-africaine l’occasion d’évoquer une chronique familiale dont les prolongements rejoignent les espoirs et les difficultés politiques de “ l’après-apartheid ”. La mémoire ancestrale resurgit sous des formes diverses et originales dans les romans, l’auteur sud-africain donnant vie à des légendes empreintes “ d’africanité ”, tandis que de son côté l’écrivain français construit son intrigue en parallèle à l’évocation de récits ancestraux mythiques. La confrontation interculturelle des textes français et sud-africain offre des champs d’étude nouveaux et féconds alliant les méthodes littéraires et anthropologiques dans un souci d’enrichissement et d’élan novateur.

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Loxias | Loxias 2 (janv. 2004) | Genèses. Interactions entre différents champs: réciprocité amorcée d'une intertextualité. Imaginaire et transferts culturels

Etude comparative entre le mythe d’Orphée et le mythe de Sourobuin en Corée 

Une comparaison entre le mythe coréen de Sourobuin et le mythe d’Orphée fait apparaître des convergences certaines. Des analogies pointent en effet une signification commune : au travers des symboles de la hiérogamie cosmogonique, union du ciel et de la terre, le mythe met en scène le rétablissement de la fertilité du monde. Par l’enlèvement de la figure féminine, chacun des deux mythes traduit la nécessité sacrificielle à la base de la création. Car la naissance à une vie nouvelle et immortelle a pour condition la réintégration au chaos primordial : retour à la terre-mère, mortifère et source de vie.

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Loxias | Loxias 2 (janv. 2004) | Quêtes initiatiques

Des romans du Graal aux romans de Jules Verne : surgissements et éclipses du mythe de la Quête 

Le sens initiatique de la Quête fait de cette dernière un genre à part au sein de la grande famille du roman d’aventure. C’est ce que montre exemplairement la Quête du Graal. Mais le sens profond du mythe initiatique s’est transformé au fil des siècles, jusqu’à connaître une réelle extinction entre la Renaissance et le début du Romantisme. Selon une optique anthropologique, cette étude se propose de mettre en lumière les différents facteurs historiques des variations du mythe.

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Lancelot du Lac, héros multifonctionnel, récurrences d’une figure indo-européenne du prêtre gardien du bocage sacré au médiateur post moderne.

Lancelot du Lac, archétype de la Chevalerie française au Moyen-Age, héros de la cour du roi Arthur, meilleur chevalier du Monde, n'a pas fini de nous fasciner. Le destin hors mesure de ce héros romanesque plus réel que le réel, devenu moine chantant messe, n’est pas sans interroger notre modernité qui s’évertue à retrouver les équilibres d’une tripartition interrogeant et notre devenir social et les structures anthropologiques issant de nos imaginaires contemporains.

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Loxias | Loxias 3 (févr. 2004) | Doctoriales

Imaginaire du conte : le carnaval et les masques, Corse et Méditerranée

Le carnaval réactive chaque année les cycles de la vie. La portée symbolique du masque y est particulièrement importante car, représentation d’un imaginaire de la mort, depuis la nuit des temps il introduit violemment celle-ci dans des rituels séculaires. La Méditerranée et la Corse en particulier sont familières de la mort et il est intéressant de considérer comment, dans les contes ou dans les croyances, le masque inscrit sa symbolique au-delà des motifs carnavalesques. Dans des sociétés où prédomine la tradition orale, le masque, dans une dimension pluriculturelle et diachronique, médiatise un imaginaire structurel de la mémoire commune.

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Loxias | Loxias 2 (janv. 2004) | Figures. Explosion, latence, résurgence de mythes structurant les créations littéraires, plastiques, lyriques

La Résurgence du mythe d’Eurydice et ses métamorphoses dans l’œuvre d’Anouilh, de Pascal Quignard, de Henri Bosco, de Marguerite Yourcenar, de Michèle Sarde, et Jean Loup Trassard

Le mythe d’Eurydice a souvent été occulté au bénéfice du mythe d’Orphée dans lequel Eurydice apparaît tardivement et reste au second plan. S’inspirant des textes antiques, Les Métamorphoses d’Ovide ou Les Géorgiques de Virgile, des écrivains contemporains lui ont pourtant explicitement donné la première place : La Nouvelle d’Eurydice de Marguerite Yourcenar, (Grasset, 1931), la pièce de théâtre de Anouilh, Eurydice (1941), et le roman de Michèle Sarde : Histoire d’Eurydice pendant la remontée (Seuil, 1991). Parfois le mythe est latent, dans Tous les matins du monde de Pascal Quignard (1991) par exemple, ou dans « Ravissement » de Jean Loup Trassard, extrait de Des cours d’eau peu considérables (Gallimard, 1981). Il arrive qu’une citation, clin d’œil aux initiés, permette de l’identifier : ainsi Une Ombre de Henri Bosco (roman posthume de 1978).

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Des constellations méditerranéennes au mythe d’Euphorion : l’homme méditerranéen d’après Albert Camus

Afin de saisir la portée incontestablement contemporaine des textes camusiens, au-delà de certains principes philosophiques et éthiques, il convient de s’intéresser aux personnages de fiction créés par cet écrivain et à leur environnement, ou plutôt à leur milieu. En effet, ces hommes (et femmes, mais dans une moindre mesure) évoluent pratiquement toujours dans un milieu méditerranéen d’où ils semblent tirer autant leurs énergies de révolte que leur foi inébranlable en l’homme. Cette forte présence de la Méditerranée (parfois même en creux) s’avère alors être, chez Camus, à la source du surgissement d’un mythe du renouveau.

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Forger des mythes : le théâtre de Sartre, un théâtre de situations  – Les Mouches 

Contrairement au théâtre réaliste, Sartre désire un théâtre au projet philosophique, politique et moral. Privilégiant la représentation de conflits de droits à celle de conflits de caractères, le théâtre sartrien veut toucher les masses par la représentation mythique de leurs interrogations. Nous tentons d’illustrer ces données à travers l’étude de la pièce Les Mouches, en nous confrontant aux dires de Sartre, le tout sans éluder la dimension autobiographique.

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Loxias | Loxias 3 (févr. 2004) | Constellation du bonheur

Cet éternel absent qu’on nomme le Bonheur : Don Carlos, G. Verdi

De l'union naturelle et féconde entre le mythe, la littérature et la musique naquit l'opéra. Don Carlos, grand-opéra français fut représenté pour la première fois à Paris à l’occasion de l'Exposition Universelle de 1867. La partition est due à un Italien, Verdi ; le livret (d'après le drame de l'Allemand Schiller) appartient à Joseph Méry et Camille Du Locle ; l'action se déroule en Espagne, à la cour de Felipe II ; le sujet, comme celui de toutes les grandes œuvres, reste universel : l'amour et le pouvoir. Surgissement, chez le maître de Busseto, de deux anciennes constellations mythiques celtes qui hantent depuis, notre culture occidentale : celle de Tristan et celle du Graal.

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Mythe et histoire, résurgences dans l’opéra de Verdi, Aïda

Si la culture égyptienne est présente grâce au décor, dans l’opéra de Mozart et grâce à l’aventure de l’Exode dans l’opéra de Rossini, elle le sera plus largement dans l’opéra de Verdi. C’est dans Aïda que nous pouvons observer un décor et une histoire intégralement égyptiens. La question qui se pose est celle de savoir à qui imputer la création d’Aïda. Est-ce au scénario issu d’un vieux papyrus trouvé par le savant français, que nous devons cet opéra ? L’archéologue a-t-il transformé le texte pictural en texte littéraire, ou celui a-t-il été signé par Camille Du Locle ? La composition est celle du seul Verdi ? Deux manuscrits coexistent, le texte fondateur et le texte littéraire. Dans ce cas, nous pouvons dire que l’opéra peut être classé parmi les œuvres mythiques, puisque « les mythes n’ont pas d’auteur ». L’opéra Aïda devient le modèle référentiel d’un mythème de l’égyptomanie dans la civilisation occidentale.

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Loxias | Loxias 13 | I.

Entre réalité fracturée et vérité inaccomplie : le récit révélateur dans le théâtre de Sartre

Important dans l’économie du théâtre de Sartre, le récit y subit une fragmentation qui en fait un moteur du drame entre réalité et vérité. Ouvrant sur le virtuel, il ouvre d’abord sur le risque d’enfermement autarcique des personnages dans la fiction, mais dans le cadre de la psychanalyse existentielle radicale que construit ce théâtre, il sert aussi à l’assomption publique d’une distance ontologique qui est la condition de toute relation avec le monde et finit par transformer sa confrontation à l’indicible en mythe. L’usage dynamique qu’il fait ainsi de l’inactualité des événements qu’il relate révèle une acceptation du monde comme histoire, comme objectivation des valeurs, comme altérité et comme possible, qui l’oppose à la fascination de l’irréel.

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Loxias | Loxias 22 | Doctoriales V

Le chant de la statue : le mythe de Memnon au XIXe siècle

Occulté par Orphée ou Osiris, qui ont permis une réflexion métadiscursive sur la poésie qui se lie au modèle musical et se confronte à la mort, le mythe de Memnon est pourtant au carrefour des problématiques par lesquelles la poésie moderne tente de se définir elle-même. Au dix-neuvième siècle, les poètes redécouvrent le mythe, à la faveur d’un regain d’intérêt pour l’Egypte mais aussi de l’émergence, dès le préromantisme, d’un questionnement sur la statuaire, notamment funéraire. Hugo, Lamartine, Sully Prudhomme, entre autres, emploient le mythe de Memnon pour énoncer leur conception de la poésie en interrogeant sa place entre le matériel et l’immatériel, entre l’image et le chant, et – en fin de compte – entre le silence de la mort et la parole vivante.Après Baudelaire et Mallarmé, les poètes prennent conscience que la poésie n’est pas une lutte contre le silence, mais qu’elle vient du tombeau même. Overshadowed by Orphée or Osiris, who enabled a metadiscursive reflection on poetry using music as a model and confronting death, Memnon’s myth is nevertheless at the heart of the issues through which modern poetry is trying to define itself. During the nineteenth century, many poets discovered the myth anew, owing to a renewed interest in Egypt, but also, ever since pre-Romanticism, thanks to the emergence of a questioning of statuary, notably funerary statuary. V. Hugo, A. de Lamartine, Sully Prudhomme, among others, took up Memnon’s myth to set forth their own notion of what poetry was,  by questioning its position between what was material and what wasn’t, between images and songs, and, in the end, between the silence of death and the living word.After Baudelaire and Mallarmé, poets realized poetry was not a struggle against silence but that it actually came from the tomb itself.

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Loxias | Loxias 25 | Littératures du Pacifique

« L’ombre d’un grand oiseau me passe sur la face ». Le Baiser de la mangue d’Albert Wendt : lecture anthropologique

« Le Baiser de la Mangue : lecture anthropologique », est une traduction-adaptation de Samoan anthropology’s coming of age in Albert Wendt’s The Mango’s Kiss, cours de Serge Dunis sur le site doctoral de l’UPF (http://www.espadon.pf ). Le rôle principal du roman, tenu par Pele, y est cerné. Aussi irrépressible qu’une coulée de lave de la déesse éponyme du volcan, Pele met à nu les forces que déclenche l’entrée de son île natale dans la mondialisation. Or il s’agit de Savai’i, point de départ du peuplement pré-européen de la Polynésie orientale, creuset du Grand Océan. C’est à deux ans, en 1882, que Pele découvre le pouvoir d’attraction du monde extérieur par l’entremise d’une mangue fraîche pressée contre sa joue. Le succès en affaires l’attend. Pele a 20 ans lorsque Samoa devient colonie allemande en 1900. Elle survit à l’épidémie de grippe espagnole qui dévaste l’archipel et tire avantage du mandat que la Société des Nations confie aux Néo-Zélandais en 1920 pour parachever sa propre conquête économique des îles. Fidèle à la frégate, son oiseau totémique (d’où l’exergue persienne) et à l’union sacrée entre frère et sœur, feagaiga, Pele venge, en Nouvelle-Zélande, l’assassinat de son frère devenu truand. Dans la lignée de Dickens, Melville et Camus, Wendt transcende les chocs culturels pour dévoiler l’envers et l’endroit de la nature humaine.    In “Samoan anthropology’s coming of age”, Serge Dunis traces the deus ex machina role played by Pele, heroine of Albert Wendt’s novel The Mango’s Kiss. Pele, fully a match for the eponymous Polynesian volcano goddess, embodies, amongst other things, the irrepressible forces brought to bear upon Samoa in the age of globalism. At the age of two in 1882, Pele gains her first self-awareness of the driving force of the outside world through the startling freshness of a mango. Success in business awaits her. She is 20 when Samoa is declared a German colony in 1900. Pele survives the Spanish influenza epidemic and swoops triumphantly down upon her own island after New Zealand is awarded the League of Nations’ mandate to govern Samoa in 1920. True to her totem the frigatebird and the binding feagaiga special relationship that forever unites brother and sister, she avenges her murdered brother who had become a criminal in New Zealand. In the true lineage of Dickens, Melville and Camus, Wendt transcends cultural conflicts as he brings into focus both the bright and the shadowy sides of human nature.

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Loxias | Loxias 30 | Doctoriales VII

Haïti dans la littérature générale et de jeunesse contemporaine : étude comparative des romans L’autre face de la mer et Rêves amers

Haïti apparaît comme une source d’inspiration commune à la littérature générale et aux œuvres pour enfants contemporaines. Aussi n’est-il pas étonnant de retrouver la même thématique dans le roman de l’écrivain haïtien Louis-Philippe Dalembert (1998), L’autre face de la mer, et dans Rêves amers (2005), récit pour la jeunesse de Maryse Condé, auteure d’origine guadeloupéenne : un fort ancrage historique, l’évocation d’une île exsangue qui ploie sous la misère et les injustices sociales, la dénonciation de la dictature en Haïtiet de ses relations avec la République Dominicaine ou le rapport ambivalent des insulaires à l’émigration sont autant de points communs aux deux œuvres. Toutefois, le traitement littéraire de ces données s’avère différent. L’autre face de la mer est un roman postmoderne polyphonique. à l’inverse, Maryse Condé évoque Haïti à travers l’odyssée et le point de vue d’une petite fille de treize ans, Rose-Aimée, à laquelle le jeune lecteur peut s’identifier. Mais surtout, Louis-Philippe Dalembert introduit une dimension mythique dans le texte par un rapprochement avec le Livre de Jonas, alors que Maryse Condé opte pour un récit tout à la fois réaliste et poétique qui permet à l’enfant de découvrir la civilisation et la culture de l’île. à travers deux romans qui développent des thèmes communs, le tragique s’exprime par des moyens divergents qui révèlent aussi un rapport différent au mythe et à la culture créole. Haiti is a source of inspiration common to literature in general as well as contemporary children’s books. It is therefore not surprising to find the same themes in the novel L’autre face de la mer (1998), by the Haitian writer Louis-Philippe Dalembert, and in Rêves amers (2005), a children’s story written by Maryse Condé, who comes from Guadeloupe : a strong anchoring in history, the evocation of an island bled white and subjected to severe poverty and social injustices, the denunciation of the Haitian dictatorship and its relations with the Dominican Republic, or the ambivalent relation of the island’s population towards emigration, are all common to these two works. However, the literary manner with which each author treats this information is different. L’autre face de la mer is a polyphonic postmodern novel. On the other hand, Maryse Condé depicts Haiti through the odyssey and the point of view of a thirteen-year-old girl, Rose Aimée, with whom a young reader can identify. Above all, Louis-Philippe Dalembert introduces a mythical dimension into the text, by establishing a link with The Book of Jonah, whereas Maryse Condé chooses both a realistic and a poetic story, which allows a child to discover the island’s civilization and culture. Through these two novels which develop common themes, the element of tragedy is expressed in divergent ways, which also reveal a different relation to the myth and creole culture.

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L’Ève Future ou le manifeste symbolique du mythe de l’éternel retour

Dans la fabrication de l’Andréïde, une Ève nouvelle décalque de la vivante Alicia Clary dont la perfection n’égale que la bêtise, Thomas Edison s’emploie à rectifier et même à surpasser la Nature. Ce désir de reproduction des apparences du modèle vivant pour atteindre l’œuvre idéale ancre au cœur du roman une réflexion sur les problèmes éthiques et artistiques liés à l’imitation. En croisant le sujet de l’œuvre et le projet artistique recherché par Villiers de l’Isle-Adam, l’analyse se donne pour objectif d’offrir une relecture de L’Ève Future en tant que manifeste symbolique du mythe de l’éternel retour tel qu’il est défini par Mircea Eliade. Avec comme thèmes abordés, la problématique du double et de l’unité rompue, de l’imitation au sens de pure reproduction de la Nature, de l’illusion qu’elle engendre comme du châtiment qu’elle appelle, cet article se propose d’étudier comment, à travers la création d’une Ève nouvelle, Villiers de l’Isle-Adam s’interroge sur la réelle possibilité d’une œuvre nouvelle.

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Loxias | Loxias 32 | I.

Silences, métamorphoses de la parole et transcendance dans le discours féminin

De l’Antiquité au Moyen Âge et jusqu’aux débuts du théâtre français qui fait ses premiers pas au XVIe siècle, la parole confisquée des femmes trouve des exutoires dans des alternatives diverses. Le tissage, la broderie, la divination marquent l’expression des femmes. Les structures sociales de ces époques là, relèguent les femmes dans un statut inférieur, soumis à l’autorité des hommes. Cette position a un impact sur la parole des femmes qui est soit interdite (comme dans le cas de Cassandre et son discours politique non entendu), soit trop faible pour être pris au sérieux ou pour s’imposer, comme dans le cas de Pénélope ou d’Andromaque au Moyen Âge. Les différents moyens d’expression que les femmes adoptent pour s’exprimer se prouvent aptes à énoncer ce qui n’est pas permis d’être énoncé par la voie langagière.

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Loxias | Loxias 44. | I.

Lady L. et Pygmalion

Le roman Lady L. propose le récit d’une métamorphose, celle d’une prostituée en aristocrate distinguée. Il n’est pas sans éveiller le souvenir de Pygmalion, celui d’Ovide comme celui de Bernard Shaw. Ce mythe a servi de fil conducteur à notre réflexion. Annette s’apparente en effet à Galatée mais se distingue également d’elle puisque tirant profit des leçons du maître, elle conquiert sa liberté. Femme libérée, féminine sans être féministe, elle triomphe de Pygmalion qui cesse d’être, conformément au mythe, un créateur et un éducateur, pour devenir un destructeur et se pétrifier sous l’effet des idéologies mortifères. Ainsi par un remarquable renversement carnavalesque Galatée devient la figure essentielle du vieux mythe ovidien.

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Loxias | 54 | I.

Le symbolisme du lit dans La Nuit des origines de Nourredine Saadi. Entre Eros et Thanatos

Le lit, extrêmement présent dans la tragédie grecque, l’est aussi dans la production littéraire de l’écrivain algérien Nourredine Saadi. Sans nulle prétention à l’exhaustivité, la présente contribution interroge sa dimension symbolique dans La Nuit des origines, son roman paru en 2005. Partant des réflexions de Jean Baudrillard sur l’objet ancien, elle démontre, d’abord, que ce meuble oriental se donne à lire comme un signe identitaire. Ensuite, elle révèle qu’il s’insère dans une intertextualité mythique, rappelant le destin tragique des héros mythologiques, Œdipe et sa fille (incestueuse) Antigone. Enfin, son retour d’un texte à un autre invite à le considérer à la fois comme le lieu d’une mémoire intratextuelle et comme une composante cardinale d’un « mythe personnel », lequel se caractérise par le triomphe de Thanatos sur l’Eros.

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Loxias | 66. | I.

Carthage, encore : la réécriture d’un mythe selon Lagarce

Dans son désir d’écrire son propre mythe, Jean-Luc Lagarce investit l’antique cité romaine, Carthage. Le souci de réalisme du dramaturge se dissout très vite après le titre, pour laisser place à une fiction plongée dans l’indétermination. Dès lors, le dramaturge compose, à partir d’un mythe antique, une fiction universelle dans l’air du temps. Entre emprunts classiques et discours décousu, le drame lagarcien jouit d’une identité propre, résolument contemporaine mais revendiquant néanmoins un héritage.

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Loxias | 69. | I.

La rupture dans Médée chérie (2019) de Yasmine Chami

Dans la culture marocaine, l’amour dans le couple, tissé au fil des années et symbolisé par la fécondité, la réserve et la dignité de l’épouse, constitue l’une des bases de l’unité familiale. Cette unité n’est pas toujours sauvegardée, pour différentes raisons, et c’est la femme qui le subit le plus comme un échec irréversible. Tel est le cas de Médée, dans Médée Chérie (2019) de Yasmine Chami qui, abandonnée par son mari Ismaïl, expérimente l’anéantissement total. L’objectif est de voir, à la lumière du genre, comment en partant d’une réécriture du mythe de Médée la romancière représente l’impact de la rupture sur la femme. In Moroccan culture, love in the couple, woven over the years and represented by the fertility, the reserve and the dignity of the wife, constitutes one of the pillars of family unity. For different reasons, such unity is not always preserved, and it is the woman who undergoes it more like an irreversible failure. This is the case with Medea in Médée chérie (2019) by Yasmine Chami, who has been abandoned by her husband Ismail, then goes through complete chaos. Accordingly, the objective here is to see, in light of gender, how starting from rewriting Medea’s story, the author illustrates the impact of separation on the woman.

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Loxias | 77. | I.

Détruire, disent-elles. Détournements du mythe de la pomme croquée avec Chytilova et Wittig

Dans une des premières scènes du long-métrage de Vera Chytilova Les Petites Marguerites (1966), Marie 1 et Marie 2 dansent joyeusement dans un champ autour d’un pommier. La blonde cueille un fruit, la brune la regarde et l’interroge : « Qu’est-ce que tu as ? ». Jumpcut à l’effet absurde, les deux jeunes femmes se retrouvent dans une chambre sur un lit, la brune continue d’interroger la blonde d’un air effronté : « Qu’est-ce que tu suces ? » et se jette sur elle pour lui extraire ce qu’elle a dans la bouche, la blonde recrache un noyau de pêche. Ici, la référence à la scène biblique est évidente, mais quelle perspective narrative émerge du détournement de ce mythe fondateur ? Pour rappel, dans la Genèse, Eve choisit de croquer la pomme afin d’accéder au savoir et partage sa découverte avec Adam contre la volonté de Dieu, elle se voit ainsi condamnée à souffrir et à vivre sous l’autorité de l’homme. Au début du film de Chytilova une tout autre trajectoire dramatique s’annonce : ni Dieu, ni homme, mais un enchainement de scènes de consommation à outrance et de gâchis menées par les protagonistes.Dans l’épopée littéraire de Monique Wittig Les Guérillères (1969), le mythe du fruit croqué apparait parmi d’autres : « Dès qu’elle aura mangé le fruit, sa taille se développera, elle grandira, ses pieds ne quitteront pas le sol tandis que son front touchera les étoiles. (…) Sophie Ménade dit que la femme du verger aura la vraie connaissance du mythe solaire que tous les textes ont à dessein obscurci ». Ici, la réappropriation mythologique invite la figure féminine primordiale à accomplir une conquête, celle de réécrire son histoire et d’inventer son destin. L’autrice dévoile un nouvel ordre du monde où elle déconstruit la chaine de consommation des corps, certains ne sont plus l’objet d’un désir de prédation, d’autres anciennement dévorés deviennent dévorants : « Elles disent qu’elles ne pourraient pas manger du lièvre du veau ou de l’oiseau, elles disent que des animaux elles ne pourraient pas en manger, mais que de l’homme oui, elles peuvent. » (Wittig, Les Guérillères).Appropriation, détournement, déconstruction du mythe de la pomme croquée, nous étudierons tout d’abord au sein de la diégèse de chacune des œuvres comment ces stratégies artistiques esquissent de nouvelles figures féminines à partir de l’acte de manger. Puis, nous nous appuierons sur les contextes de création de ces œuvres, périodes de luttes sociales et culturelles (respectivement le Printemps de Prague pour Les Petites Marguerites, Mai 68 pour Les Guérillères), et ce afin de révéler les liens entre ces manières de consommer et certaines théories politiques issues de l’anarchisme, de l’écologie et du féminisme.

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