ironie dans Loxias


Articles


Loxias | Loxias 5 (juin 2004)

L’ironie de Giraudoux : de l’ironie moderne à « l’Umorismo »

Giraudoux, à partir de 1930, se dit « condamné », face à ce qu’il  considère comme le « délabrement des machines du monde », au rôle de prophète, c’est-à-dire à celui de « conseiller parfaitement inutile ». Ce sentiment d’amertume et d’impuissance se traduit dans son œuvre par des bouleversements esthétique et éthique. Une ironie destructrice envahit ses derniers écrits. Le rire que déclenche ce type d’ironie donne faussement l’illusion de s’affranchir d’un réel où le sens est irrémédiablement perdu. Giraudoux suit dangereusement les voies de l’Humorisme défini par Pirandello, en se complaisant dans la dérision et l’auto-dérision et en se condamnant à se tromper sans fin dans le style.

Consulter l'article

Loxias | Loxias 19 | Programme d'agrégation

Le monologue dans le théâtre sérieux de Rotrou. L'exemple d'Antigone, Le Véritable Saint Genest et Venceslas

Affirmer que Rotrou n’aime pas le monologue dans le théâtre sérieux serait inexact car la forme monologuée y acquiert la valeur irremplaçable d’une trace ou d’un rêve. Trace d’un temps d’avant la faute, où la raison humaine était le lumineux reflet du divin ; et rêve nostalgique, à la fois d’un possible dialogue avec soi-même et d’une volonté conduisant l’impulsion héroïque, mais rêve que le dramaturge sait transformer en espoir. Le monologue dans le théâtre de Rotrou inscrit, grâce à l’ironie subtile qui l’habite, en même temps que les vains efforts de la raison corrompue, la clarté et la plénitude que lui apporte la transcendance.

Consulter l'article

Loxias | 63. | Agrégation de Lettres

« Spécimen de portier (mâle et femelle) » : le seuil des Enfers dans Le Cousin Pons de Balzac

Honoré de Balzac immortalise le personnage de la concierge sous les traits de la Cibot dans Le Cousin Pons. Miroir concentrique d’une classe sociale, le portrait de la fameuse « portière à moustaches » en condense toutes les caractéristiques. À ce principe de composition viennent s’adjoindre deux autres principes, la classification des espèces du naturaliste Georges-Louis Leclerc Buffon, et l’adaptation des espèces à leur milieu par Jean-Baptiste Lamarck. La surenchère de modèles heuristiques ainsi que leur exhibition ostentatoire signalent cependant une posture ironique du narrateur devant les théories mêmes qu’il emploie, ce que confirme le titre ouvertement grotesque : « Spécimen de portier (mâle et femelle) ». On peut à bon droit se demander si le jeu auquel s’adonne le descripteur ne déstabiliserait pas les modèles mêmes sur lesquels le texte se fonde.

Consulter l'article

Loxias | 70. | I.

Dessiller son œil et essayer les lumières ; la propédeutique oculaire de Montfaucon de Villars

À partir de 1660, le renouvellement des paradigmes du savoir, avec le rejet des théories aristotéliciennes et les progrès scientifiques, notamment en astrologie et en optique, modifient la vision du monde et la manière de le regarder. C’est dans ce contexte que Montfaucon de Villars publie Le Comte de Gabalis, récit dans lequel le narrateur rapporte les entretiens qu’il a eus avec un cabaliste. Le jeune curieux plonge volontairement dans les méandres occultistes. Son œil s’essaie à la vue des mystères tout en mettant à distance les absurdités. Propédeutique oculaire, exercice des regards sur le monde, Le Comte de Gabalis est une comédie de l’observation : sur la scène les théories, dans la salle, un lecteur amusé et désabusé par les ridicules. Around the 1660's, a paradigm shift in knowledge, bringing the disavowal of Aristotelian theories and scientific progress, change the perception of the world and the way to look at it. In this context, Montfaucon de Villars published The Count of Gabalis, a narrative in which the narrator reproduces the conversations he had with a cabalist. His curiosity leads him into deliberately following the meanders of the occultist's thought. His eye wanders over mysteries of which absurdities seem to prevail. The Count of Gabalis can be read as an exercice, an eye propaedeutic to read and appreciate the world. It is a comedy in which theories ar on stage, and the derisive reader in the orchestra, enjoying disillusion.

Consulter l'article

Loxias | 71. | I.

Dialoguer avec les auctoritates, parler aux puissants, faire la morale.
Enjambements et effets de sens dans l’œuvre de François Villon

Dans le présent article, nous reprenons la question de l’enjambement dans l’œuvre de François Villon. Il s’agit d’étudier les effets de sens obtenus par le poète dans les passages qui mettent en scène des relations de pouvoir. L’étude comporte trois volets : le traitement des auctoritates, l’écrivain face aux puissants ou dans la posture du moraliste qui donne des leçons. En mettant en évidence l’irrespect qui marque de son sceau la poésie de Villon, les enjambements guident le lecteur dans sa perception de l’œuvre. In the present contribution, we pick up the question of the enjambement in François Villon’s work. We will explore the effects of sense created by the poet in the verses dealing with power relationships. The study consists of three parts: Villon and the auctoritates, the author facing the powerful, or assuming the role of a moralist giving lessons to other people. The enjambements guide the reader in his understanding of Villon’s oeuvre, since they highlight the disrespect that characterizes his poetry.

Consulter l'article

Loxias | 79. | I.

L’épiphanie de François le Champi dans Le Temps retrouvé

Ce commentaire stylistique porte sur la dernière des « épiphanies » que vit le narrateur dans Le Temps retrouvé. La réminiscence qui permet de ressusciter le temps perdu est cette fois déclenchée par un livre, François le Champi, livre idéal du temps de l’enfance. La théorie de la réminiscence se développe dans un texte qui emprunte ses caractéristiques génériques à la fois au récit et à l’essai, et qui met ainsi la pensée en mouvement dans le temps. Par la récurrence des structures binaires, le texte décline les deux aspects inconciliables des êtres et des choses, redéfinis selon le point de vue dont on les regarde. La réminiscence permet toutefois de les réconcilier, et l’éblouissante densité figurale donne corps à cette opération magique : elle ressuscite l’enfant sous l’égide d’un narrateur éclairé, capable de ressaisir avec humour la totalité des points de vue. La libération du lyrisme est alors le signe du temps retrouvé. This stylistic commentary focuses on the last of the “epiphanies” experienced by the narrator in Le Temps retrouvé. The reminiscence, which makes it possible to bring the lost time back to life, is this time triggered by a book, François le Champi. The theory of reminiscence develops in a text that borrows its characteristics from both the story and the essay : this is how the philosophical thought is set in motion. Through the recurrence of binary structures, the text declines the two irreconcilable aspects of characters and things, constantly redefined according to the point of view from which they are viewed. Reminiscence, however, makes it possible to reconcile them, and the dazzling figural density gives substance to this magical operation : it revives the child thanks to an informed narrator, capable of taking into account all the points of view with a sense of humor. A subtle lyricism is then a sure sign of time regained.

Consulter l'article