Estelle Castro


Estelle Castro a soutenu en 2007 une thèse effectuée en co-tutelle avec La Sorbonne Nouvelle-Paris III et l’Université du Queensland en Australie sur la littérature aborigène australienne des vingtième et vingt-et-unième siècles. Elle a enseigné la civilisation australienne et l’histoire politique et économique de l’Australie à l’Université Paris XII, et co-traduit des poètes aborigènes. A partir de juillet 2009, elle poursuivra ses recherches en tant que chargée de recherche (Royal Holloway, University of London) dans le cadre d’un projet européen sur l’autochtonie dans le monde contemporain.

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Loxias | Loxias 25 | Littératures du Pacifique

Pré-occupation(s) et souffle du lieu dans Carpentaria d’Alexis Wright

Epopée, satire sociale, roman d’aventures parsemé de notes et passages humoristiques, Carpentaria est, comme l’indique Alexis Wright, « une multi-hélice tournoyante d’histoires ». En multipliant les héros, tels que Norm Phanton, qui « garde dans sa tête une bibliothèque pleine à craquer d’histoires de sa terre », en rendant compte du lieu comme sujet, et en révélant par l'écriture des histoires et philosophies propres au territoire australien, le chef d’œuvre qu’est Carpentaria porte à son comble l'australianisation de la littérature. Cet article examine comment le présent et l’espace australien se conçoivent et se vivent à travers des réseaux de mémoire et de chants dans ce roman magistral qui permet d'imaginer un nouvel espace de vie et de liberté défiant les limites imposées par la colonisation et le matérialisme. Il étudie comment la terre, le présent et le futur aborigènes recouvrent leurs droits à travers les multiples voix qui s’élèvent dans le Golfe de Carpentarie, au Nord-Ouest de l'Australie, et comment la résistance par l’action se voit investie d’une valeur existentielle, nationale et globale. An epic, a social satire, an adventure story subtended by humoristic passages, Carpentaria is, as Alexis Wright called it, “a spinning multi-stranded helix of stories”. Spinning a multiplicity of characters – such as Norm Phanton, who keeps “a library chock-a-block full of stories of the old country stored” in his head – this novel explores how old battles are rekindled and new wars fought with the opening of a mine in the Gulf of Carpentaria. In Carpentaria, a modern masterpiece, rendering the land as a character and as agent, and weaving together (hi)stories and philosophies which are specific to the land, the australianisation of literature has been brought to new limits. This essay examines how the present and the Australian space are conceived, sung and lived through webs of memories in this novel, which imagines a new space for freedom defying all the limits imposed by colonisation, neo-colonialism and materialism. It explores how the Aboriginal land, present, and future regain their rights through the many voices conjured up in the Gulf of Carpentaria, and how resistance through local actions is invested with existential, national and global significance.

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