postcolonial dans Loxias


Articles


Loxias | Loxias 25 | Littératures du Pacifique

La Mythification des origines insulaires : Albert Wendt et Edward Kamau Brathwaite

Une étude comparée de « Au Fond de nous les morts » du Samoan Albert Wendt et de « Coral » du Barbadien E.K. Brathwaite permet de mettre en lumière des attitudes convergentes de la part des deux poètes par rapport à la question du mythe des origines. Ce travail montre aussi les différences dues principalement aux particularités de l’histoire de chaque région. Tous deux s’approprient, chacun à leur manière et en utilisant des formes littéraires qui leur sont propres, des représentations qui servent aussi de support identitaire aux peuples dont ils font partie. A comparative study of « Inside Us the Dead » by the Samoan Albert Wendt and « Coral » by the Barbadian E.K. Brathwaite makes it possible to bring to light converging attitudes on the part of the two poets towards the question of the myth of origin. This essay also highlights the differences mainly due to the specific history of each region. Both appropriate, each in their own manner and by using specific literary forms, representations which are also used as markers of identity by the peoples to whom they belong.

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Peut-on parler de « littérature polynésienne francophone » ?

Cet article expose, à la lumière des catégories de la Postcolonial Theory, quelques-unes des difficultés théoriques à parler de « littérature polynésienne francophone ». Il prend l'exemple singulier de l'œuvre de C. T. Spitz pour souligner la nécessité de prendre en compte la dimension historique du « trauma colonial » afin de rendre justice à la signification littéraire des œuvres en provenance de la zone Pacifique.

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Loxias | Loxias 32 | I.

« Qu’elles parlent maintenant qu’ils se taisent à jamais… » Une parole féminine débondée par la mort, de Beauvoir à Ananda Devi

Face à la mort d’un proche, des femmes prennent soudain la parole. Simone de Beauvoir avait évoqué la mort de sa mère dans Une mort très douce en 1964, puis celle de Sartre en 1981 dans La Cérémonie des adieux. Ces textes avaient parfois choqué par leur sincérité. De même, Annie Ernaux a consacré deux livres à la mort de ses parents, La Place et Une femme. Ce ne sont que deux exemples de cette écriture féminine rendue nécessaire par la confrontation avec la mort : le deuil remet si profondément en cause l’existence que la vie ne peut s’envisager  après cette étape. Dans des espaces où la parole féminine s’exprime plus difficilement, une autre raison de rompre le silence apparaît : par la voie du roman, le deuil ou l’agonie sont l’occasion de venger de longues années de silence forcé, de parole rentrée. Mariama Bâ, dans Une si longue lettre avait ainsi fait raconter sa vie à une veuve juste après le décès de son époux. Ananda Devi consacre Le Sari vert à l’agonie d’un vieil homme qui a tyrannisé sa vie durant sa femme, sa fille puis sa petite fille : ces deux dernières tentent de lui extorquer sur son lit de mort le secret du décès de sa femme. Dans ces romans, l’objet n’est pas tant le chagrin devant l’irrévocable que l’occasion d’exprimer le silence qui entoure la condition des femmes.

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Loxias | Loxias 37. | I.

Le ressassement ou la poétique de l’essai répété dans les littératures indocéanes

Les Comores, Mayotte, Madagascar, Maurice, La Réunion, étant rarement étudiées ensemble, il nous a paru intéressant de réunir en corpus les romans de figures contemporaines représentatives de ces champs littéraires francophones. Les auteurs y représentent leur terre natale de façon particulière. Omniprésente, elle semble obsession, sujet qui assiège l’écriture. Tout, dans La République des imberbes, de Mohamed Toihiri et Le Bal des mercenaires, d’Aboubacar Saïd Salim (Comores) ; La Fille du polygame, de Nassur Attoumani et L’Épilogue des noyés, d’Alain-Kamal Martial (Mayotte) ; Nour, 1947 et L’Arbre anthropophage, de Raharimanana (Madagascar) ; L’Arbre-fouet et Eve de ses décombres, d’Ananda Devi (Maurice) ; ainsi que dans L’Aimé et Quartier-trois-lettres d’Axel Gauvin, (La Réunion), apparaît comme pré-texte pour dire le lieu, les sentiments qu’il inspire au natif. Le rapport des auteurs et protagonistes à leur insularité est cependant d’emblée problématique. Empreint d’une intensité particulière, il est paradoxal : attachement singulier et répulsion. Le natif est défini comme né sur l’île mais en ayant, surtout, le souci.L’île préoccupation, redite, semble signal et signe, sur lesquels se pencher pour en identifier les motivations, le sens. En quoi, induit par une conjoncture née d’une histoire prédatrice se répétant depuis l’origine, la re-présentation du lien au lieu natal austral est-elle symptomatique d’un « mal » plus profond, commun aux cinq terres ?

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Loxias | Loxias 44. | I.

La défense de l’éléphant – ou quel idéal pour l’indépendance ? Les Racines du ciel de Romain Gary

Les Racines du ciel, prix Goncourt 1956, continue à faire date comme le premier roman « écologique » – et la critique s’est interrogée sur le sens de cet engagement : que cherche Morel, le protagoniste du roman ? protéger les éléphants ? défendre un idéal de liberté ? renverser le système colonial ? ou simplement assouvir des lubies personnelles ? Chaque personnage gravitant dans son orbite interprète son engagement différemment. Jusqu’à Romain Gary lui-même qui explicite son projet dans la « Lettre à l’éléphant ». Son expérience de l’Afrique lui fait présenter des portraits de colonisateurs et de colonisés, à la veille des mouvements d’indépendance : écologie et postcolonialisme peuvent-ils être conciliables ? The Roots of Heaven, which was awarded the prestigious Prix Goncourt in 1956, is known as the first “eco-novel”, and literary criticism is eager to analyse this environmental concern: what is really the aim of the main character, Morel? Does he intend to protect elephants? or ideal freedom? Does he endeavour to pull down the colonial system or is he just doing randomly whatever crosses his mind? Everyone has his own idea about it. Even Romain Gary himself explains the plot in a so-called letter to “Dear Elephant”. From his own experience he is very much capable of writing a novel on pre-Independence Africa. But are environmental protection and colonial/postcolonial system compatible or do they exclude each other?

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Loxias | 54 | I.

Entre le postcolonial et le mondial. Pour une nouvelle analyse littéraire transnationale

Cet article étudie les conditions et les possibilités d’une analyse littéraire transnationale correspondant à une nouvelle prise de conscience du postcolonial comme moyen de lecture des littératures contemporaines. Prenant comme point de départ les réflexions de Jean Bessière au sujet de l’actualité de la notion de postcolonial (2013), l’auteure développe un concept d’analyse en tenant compte de trois éléments majeurs : la mondialisation, la décentralisation des cultures et l’état postmoderniste de la littérature occidentale. Sur la base de deux œuvres littéraires francophones − L’amour, la fantasia (1985) d’Assia Djebar et La troisième moitié (2010) de Ling Xi – l’étude aboutit à une présentation des apports d’une approche actualisée des littératures dites « post-coloniales » des années 1980 jusqu’à nos jours. This article deals with the conditions as well as the opportunities of a transnational literary analysis corresponding to a new understanding of the postcolonial as a means of reading contemporary literatures. Based on Jean Bessière’s considerations on the topicality of the postcolonial idea (2013), the author develops a methodological concept by taking into account three major elements: globalization, the decentralising of cultures and the postmodern status of Western literature. On the basis of two francophone literary works − L’amour, la fantasia (1985) by Assia Djebar and La troisième moitié (2010) by Ling Xi – the study finally results in presenting the gains of a renewed approach to the so-called « post-colonial » literatures from the 1980s up to the present day.

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Loxias | 65. | I.

L’Explosion de la durite. Un voyage en Afrique postcoloniale

Dans une œuvre que n’unifie apparemment que le hasard des voyages et qui se présente comme un collage de récits disparates, l’Afrique peut apparaître, sous la plume de Jean Rolin, comme un thème assez récurrent pour orienter une lecture de l’œuvre. Ce tropisme africain, ne le conduit cependant pas à intégrer à ses récits de voyage une recherche d’exotisme. Si l’Afrique est si peu le lieu d’un quelconque dépaysement ou d’un exotisme, quelle est la nature de la relation qui pourrait en elle justifier une telle « constance », chez Rolin, parmi tant d’autres continents ? Et, à travers elle, quel rôle la notion de « dépaysement » tient-elle dans ses récits de voyage ?

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Loxias | 74. | I.

De la figuration de l’eschatologie à de nouvelles cosmogonies dans les fictions postcoloniales (Maurice Bandaman, Le Fils de-la-femme-mâle, Patrick Chamoiseau, Les Neuf consciences du Malfini)

Le fait colonial met en résonance, au regard de ses conséquences politiques et culturelles, deux romans avec des esthétiques différentes : Le Fils de-la-femme-mâle de l’Ivoirien Maurice Bandaman et Les Neuf consciences du Malfini du Martiniquais Patrick Chamoiseau. Le roman de Bandaman, qui relève des littératures postcoloniales africaines, retrace la période historique des bouleversements des indépendances avec leurs corollaires de problèmes sociaux. Quant à celui de Chamoiseau, il laisse poindre un monde baignant dans la violence et les abus sous les auspices de potentats du genre de l’oiseau rapace Malfini avant la rencontre de ce dernier avec le Foufou (Colibri) et l’apprentissage, dès lors, de la pensée philosophique dans la relation qui s’instaure entre eux. Les protagonistes ressentent leurs sociétés comme des univers tragiques préfigurant une nécessité de recomposition, non seulement face aux indépendances qui dégénèrent dans le cas de l’Afrique en dictatures, mais également une nécessité de mise en relation des divers acteurs qui s’impose aux Antilles du fait de la complexité de l’histoire du peuplement de cet espace archipélagique. Colonialism – especially regarding its political and cultural consequences – is the basis for the comparison of two novels – a Caribbean one and an African one – that reveal different aesthetic approaches and at the same time many common characteristics: Le-Fils-de-la-femme-mâle (The manly woman’s son), written by the Ivorian author Maurice Bandaman, and Les Neuf consciences du Malfini (the nine souls of the Malfini-bird), written by Patrick Chamoiseau. Bandaman’s novel, seen from the perspective of postcolonial African literatures, describes the historic period of tremendous upheaval accompanying the accession to independence, which caused many social problems and also other difficulties. Chamoiseau’s book shows a world dominated by violence and abuse caused by potentates like the raptor Malfini, before he meets the Foufou (hummingbird) who teaches him a new, philosophical life approach in the relationship that begins between both birds. Both characters recognize at some moment that their societies are tragical universes that anticipate the necessity of rebuilding an united society as the only acceptable answer both to the degenerating of independence into dictature in many African countries and to the necessity of establishing a genuine relationship between the different actors / acting figures and of creating a philosophy of the « tout-monde » (all-world), which appears absolutely essential in the Caribbean area due to the complexity of the settlement history in this archipelagic area.

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