autobiographie dans Loxias


Articles


Loxias | Loxias 7 (déc. 2004) | Langue et littérature françaises

L'âge d'homme de Michel Leiris et la notion d’authenticité

C'est apparemment une contradiction (et non des moindres) que celle de prétendre dans la préface de L'âge d'homme « n’admettre pour matériaux que des faits véridiques » en ajoutant « rien que ces faits et tous ces faits » sur le mode inversé du serment de justice - « toute la vérité et rien que la vérité » - et d’égrener dans le corps du livre, secrets, erreurs, et même mensonges. Qu’en est-il donc de la profession de sincérité que faisait Michel Leiris dans son Journal à propos de L'âge d'homme : « avoir tenté de parler de moi-même avec le maximum de lucidité et de sincérité » ?

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Loxias | Loxias 4 (mars 2004) | Identité générique: le dialogue

Ecriture de soi et récit de voyage : Chateaubriand et Rousseau à Venise

Chateaubriand s’est cru plus grand par la pose moralisatrice, par le sermon. A Venise il fait la leçon à Rousseau et à Byron. Heureusement, il laisse au lecteur des Mémoires d’outre-tombe, texte avant tout autobiographique, la possibilité d¹entrevoir la déréliction et la contingence de l’homme attaché à une cause perdue et peu enthousiasmante. René devient le fidèle paladin de ce qu’il sait être une chimère. Il offre ainsi la figure paradoxale du perdant de génie. Par cette posture le Vicomte séduira la jeune génération romantique. Il devient par l’écriture de soi le semblable d'autres voyageurs autobiographes, leur frère, même s’il feint de les ignorer par affectation.

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Loxias | Loxias 15 | I. | Marot: réédition du colloque de Nice 1996 et autres articles

Le « pèlerinage de vie humaine » de Clément Marot

Se proposer comme objet de réflexion le motif de l'errance ou du pèlerinage dans l'Adolescence clémentine pourrait d'abord sembler une anticipation, tant il est vrai que la figure de l'exilé Mélibée trouve toute son expression dans les œuvres plus tardives, composées après la fuite de Marot à Ferrare et à Venise. Néanmoins si le poète de l'Adolescence n'est pas encore le banni, il apparaît bien déjà comme le « viateur » prêt à s'embarquer sur la nef du monde. L'allégorie du pèlerinage de vie humaine occupe, en effet, une place importante dans le recueil de 1538, et représente peut-être une manière d'en approcher le sens, non seulement à travers ses thèmes et ses motifs, mais à travers son ordonnance même.

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Loxias | Loxias 17 | II.

L’autobiographie de convenance de Madame d’Epinay, écrivain-philosophe des Lumières

Cet ouvrage rend compte d'une recherche pionnière en la matière, qui a pour objectif d'établir définitivement l'œuvre de Madame d'Épinay dans son ensemble.

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Loxias | Loxias 22 | Doctoriales V

« Le livre, les livres » : l'autoréférence dans L'Amant et L'Amant de la Chine du Nord de Marguerite Duras

Parmi les procédés d’écriture originaux employés par Marguerite Duras dans ses livres, nous pouvons retenir le recours à « l’autoréférence » (renvoi du lecteur par l’auteur à certains de ses livres antérieurs). Si ce procédé, qui n’apparait étrangement que dans L’Amant et L’Amant de la Chine du Nord, peut à première vue être perçu comme un signe de narcissisme, comme une expression de l’ego de l’auteur, on constate qu’il questionne surtout le sens et les enjeux de l’écriture de soi. En apparence mise au service du pacte autobiographique, l’autoréférence s’avère en réalité permettre à l’auteur d’inverser le rapport traditionnel entre « écriture des origines » et « origines de l’écrit » et de se montrer dans le travail de l’écriture et donc de la construction. En relation avec cette idée de construction, on constate que l’autoréférence permet à l’auteur d’utiliser et de dépasser le cadre de l’écriture autobiographique pour élaborer (à la fois dans la linéarité et « à rebours » des livres) son propre mythe personnel, remettant alors en question l’existence possible de l’auteur en dehors de l’écrit. Among the original ways of writing used by Marguerite Duras in her books, we can note her use of "self reference" (the author refers the reader to her previous works). If this way of writing, which curiously occurs in L'Amant and L'Amant de la Chine du Nord, may at first be perceived as a sign of narcissism, as an expression of the author's ego, we can note that she mainly questions the meaning and the purpose of the writing of oneself. Apparently serving the purpose of autobiography, self reference seems in fact to allow the author to reverse the traditional connection between "the writing of origins" and "the origins of writing" and to be seen in writing and constructing to use and go beyond the autobiographic writing to create (forwards and backwards) her own personal myth, which therefore questions the possible existence of the author beyond her writing.

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Loxias | Loxias 23 | Programmes de littérature des concours 2009

Les carnets de terrain de Jean de Léry : littérature et ethnographie réflexive dans l’Histoire d’un voyage en terre de Brésil

La réaction de Lévi-Strauss est désormais célèbre : après avoir affirmé qu’il s’agit du « premier modèle d’une monographie d’ethnologue » et, dans Tristes Tropiques, que le texte de Léry est le « bréviaire de l’ethnologue », il ajoute : « Le livre est un enchantement. C’est de la littérature. Qu’on laisse l’ethnologie aux ethnologues et que le public lise l’Histoire d’un voyage faict en terre du Bresil comme une grande œuvre littéraire. Et aussi comme un extraordinaire roman d’aventures. » Littérature ou ethnographie ? Littérature et ethnographie ? De quels attraits littéraires le Voyage fait-il preuve ? Car s’il a fait date dans l’histoire de l’étude des peuples étrangers, c’est aussi que son mode d’approche précède de très loin l’arsenal de protocoles et d’obligations que les anthropologues ont mis beaucoup plus longtemps pour établir, afin de codifier leur pratique comme une science ; il adopte spontanément ce que l’on désigne aujourd’hui du terme d’ethnologie réflexive, de celle qui ne fait pas abstraction des conditionnements de son auteur. Du reste, il n’est pas non plus le seul de son époque à avoir procédé de la sorte, comme Hans Staden.

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Loxias | Loxias 34 | Doctoriales VIII

Le voyage en Albanie d’Isadora Duncan, entre autobiographie et fiction romanesque

En 1913, Isadora Duncan visita l’Albanie. C’était l’un des moments les plus durs dans la vie de la célèbre danseuse : quelques semaines avant, à Paris, elle avait perdu ses deux enfants, noyés suite à un accident dans lequel la voiture où ils voyageaient était tombée dans la Seine. Son voyage avait été narré par elle-même dans son autobiographie, My Life (1927), publiée peu après sa mort à Nice, le 14 septembre du même an. De nos jours, l’écrivain Luan Rama a dédié au séjour d’Isadora Duncan en Albanie son roman Santa Quaranta (Tirana, 2005), pas encore traduit de l’albanais. Il avait été seulement au tout début du XIXe siècle, sous l’effet de la vogue du « Grand Tour », que des voyageurs européens avaient commencé à considérer l’Albanie comme une destination qu’il convenait de visiter expressément. Entre les premiers témoignages littéraires qui lui furent expressément dédiés, se signalèrent celles de François Pouqueville et de Lord Byron. À partir de l’épisode qui concerne le voyage d’Isadora Duncan en Albanie, cet article se propose de mettre en contraste le récit autobiographique et la réélaboration romanesque du même sujet, sur la toile de fond du profil de la perception culturelle de l’Albanie entre les siècles XIXe-XXe In 1913, Isadora Duncan travelled to Albania. She was having a very hard time in her life, as some weeks before, in Paris, both her children had died after drowning in the Seine because of a car accident. She told about her travel in the autobiography My Life (1927), published after her death in Nice, on September 14 of the same year. In a novel published in 2005, the Albanian writer Luan Rama dedicated to the Duncan’s travel his novel Santa Quaranta, not yet translated from the Albanian language. It was only at the very beginning of 19th century, during the « Grand Tour » era, that some European travelers started to consider Albania as a place which was worth visiting in its own right. Among the first literary evidences dedicated to the country, the most remarkable were the works of François Pouqueville and Lord Byron. Starting from the episode regarding Isadora Duncan, this article intends to point out a comparison between the autobiographic account and the fictional working-out of the same topic, on the background of the cultural depiction of Albania in the 19th- 20th centuries.

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En cheminant en s’écrivant : parcours d’écrivain et éthique de voyageur dans L’Usage du monde de Nicolas Bouvier

Partir puis écrire… pour le voyageur que fut Nicolas Bouvier, le déplacement est toujours premier. Ensuite vient l’écriture, et dans l’écriture, émerge la continuité d’un être. Le récit de voyage oblige à se poser la question de la dimension autobiographique du texte, et de l’identité de ce « je » problématique dont nous lisons le périple, et qui naît peut-être bien plus qu’il ne préexiste au voyage. Voyageur, personne biographique, écrivain ? Personne ou persona ? Quelle est cette figure subjective qui se forge à l’usage du monde et apparaît sous nos yeux, au détour de la route et dans les lacets du récit ? To leave then to write… for the traveller Nicolas Bouvier, the great affair is to move. Then comes the time to write, and to let the being appear. Travel writing forces one to question the text as an autobiography, and to examine the problematic identity of the subject whose journey is told : this subject may arise from the text more than it existed before. Is this subject the traveller, the biographic person or the writer Nicolas Bouvier ? A person or a persona ? Who is “I”, this figure which springs from the loops of the road and the laces of the story ?

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Loxias | Loxias 42 | Doctoriales X

La quête du père absent chez Paul Auster et Albert Camus

Paul Auster et Albert Camus sont deux écrivains contemporains appartenant à deux contextes socioculturels différents. Cela dit, ils nous ont laissé deux romans dont l’écriture est propice à une étude comparatiste. En effet, Le Premier homme d’Albert Camus et L’Invention de la solitude de Paul Auster partagent la même problématique qui est la quête du père absent. Cette quête, dont l’origine est l’angoisse du présent se heurte, dans ces deux récits, à de nombreuses difficultés. La reconstitution de la figure paternelle, essentiellement caractérisée par l’anonymat et le mystère, s’avère pénible et parfois même désespérante. Outre cela, les deux romanciers ne disposent que de peu d’informations quant à leurs pères ce qui complique leur tâche. Conséquemment, le sujet du récit impose la forme de celui-ci : la figure parentale dont ils n’ont que des souvenirs fugaces et des idées floues ne peut être appréhendée qu’au moyen d’une écriture de fragmentation et de dépersonnalisation. Les deux auteurs ont, en fait, opté pour un style impersonnel dans le but d’accéder à la vérité dans toute son authenticité. L’écriture mime donc l’objet de la quête d’autant plus qu’elle bouleverse les schémas de l’autobiographie classique habituellement reconnue par la linéarité. Il s’agit donc d’étudier deux récits dont la structure est éclatée voire labyrinthique qui acquiert par là une dimension heuristique.

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Loxias | Loxias 43. | I. Questions de Littérature comparée à l'agrégation de Lettres modernes

L’oncle Rouka ou la « riche nostalgie » de Nabokov

Cet article propos une analyse de la fin du troisième chapitre d’Autres Rivages de Nabokov, consacrée au portrait de son oncle Rouka. à travers une très riche intertextualité proustienne, Nabokov développe ici sa propre écriture de la mémoire, faite d’un mélange entre autobiographie et fiction. Le passage révèle également l’ambiguïté du regard nostalgique qu’il porte sur son enfance, très loin d’une admiration univoque et sans nuance.

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Loxias | 54 | I.

Les autopathographies de personnes atteintes du cancer en France et en Italie

Les narrations du cancer à la première personne se sont multipliées ces dernières années : pourtant, elles paraissent invisibles aux yeux de la critique. Cet article, en prenant en considération la double appartenance de ces écritures à la littérature intime et à la littérature de la maladie, propose une définition du terme « autopathographie » et interroge le rôle du cancer en tant que matière de la narration et en tant que déclencheur de l’écriture.

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Loxias | 63. | Agrégation de Lettres

Mémoires d’une jeune fille rangée : « le cas de Gandillac »

S’agissant de la version proposée par Simone de Beauvoir dans les Mémoires d’une jeune fille rangée de sa fameuse année « normalienne » (1928-1929), il n’est pas sans intérêt de la mettre en confrontation avec la consignation, en quelque sorte « en direct », des faits, dans son journal intime, publié en 2008 sous le titre Cahiers de jeunesse, 1926-1930. Nous avons choisi pour ce faire, à titre de symptôme de l’écart qui sépare les deux versions, le traitement de la figure de Maurice de Gandillac (Clairaut dans les Mémoires), qui avec quelques autres, fit à cette époque et en ce lieu, partie de cette cour de brillants normaliens qui la prirent sous leur aile l’année de l’agrégation. Le chapitre « l’Ecole » du Siècle traversé, l’autobiographie de Maurice de Gandillac, également publiée en 2008, propose à son tour une autre version des faits…

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Loxias | 71. | I.

Auteur, narrateur et personnage dans le livre 1 du Bellum ciuile de César

Si la critique historique du second XXe siècle a beaucoup insisté sur la déformation ou la dissimulation des faits par César, à des fins de propagande ou d’apologie (dans le cas du Bellum ciuile), elle a moins commenté le dispositif littéraire qui permet à César de parler de lui-même sans se dévoiler totalement, donnant à son écriture une dimension particulière et à son personnage un caractère insaisissable, même s’il joue un rôle de premier plan dans ses Commentaires. De fait, si un tel texte présuppose bien une identité entre l’auteur (celui qui garantit les choix esthétiques et moraux du texte et en répond socialement), le narrateur et le personnage, on n’a pas pour autant affaire à un texte autobiographique, si l’on entend par là un récit rétrospectif à la première personne qui met l’accent sur l’histoire de la personnalité de l’écrivain. Et ce, moins parce que César écrit à la troisième personne, que parce que l’histoire de la personnalité de l’auteur n’est pas en jeu dans un texte qui met en scène les actes et surtout les décisions d’un chef, sans nécessairement nous faire entrer dans l’intimité sensible ou psychologique du personnage. Les effets de l’écriture « lisse » de César trouvent leur origine dans un dispositif où César, en se dissimulant autant qu’en s’exposant, sait articuler les trois instances (l’auteur, le narrateur, le personnage) à travers lesquelles le lecteur cherche à savoir qui il est. The historical criticism during the 20th century focused on Caesar’s distortion or concealment of facts for propaganda or apologetic purposes. But historians less described the literary device that makes Caesar speak without revealing completely himself, even though Caesar as a character plays a leading role in his Commentaries. While such a text implies an identity between the author, the narrator, and the character, it is not an autobiographical text, if by this we mean a first-person retrospective narrative that emphasizes the history of the writer’s personality. The author’s personality is not at stake in a text that stages the acts and especially the decisions of a leader, without necessarily bringing us into the sensitive or psychological intimacy of the character. Caesar, hiding as much as exposing himself, knows how to articulate the three instances (the author, the narrator, the character) through which the reader seeks to know who he is.

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Loxias | 74. | I.

Récit d’enfance et conscience métalinguistique : échos des Grandes Espérances de Charles Dickens dans La Langue sauvée d’Elias Canetti

Dans la lignée de la thèse de C. Meyer (1997) portant sur les intertextes chez Elias Canetti, cet article avance que l’auteur déploie en filigrane du premier tome de son autobiographie, La Langue sauvée (1977), une relation transtextuelle avec Les Grandes Espérances (1861). Le roman de Dickens, en tant que Bildungsroman où le récit de soi construit par le narrateur homodiégétique, Pip, passe aussi par sa relation au langage, trouve un écho chez Canetti, auteur au « plurilinguisme flamboyant » (Demet). L’étude comparée des deux textes s’articule autour de la transition de la langue-organe vers la langue-langage dans les deux récits d’enfance. Following C. Meyer’s dissertation (1997) on intertextuality in some of Elias Canetti’s works, this article argues that there exists a transtextual phenomenon between the first volume of Canetti’s autobiography, The Tongue Set Free (1977) and Charles Dickens’ Great Expectations (1861). As a Bildungsroman, Dickens’ novel is partly metalinguistic and Pip’s relationship to language is echoed in Canetti’s depiction of his own multilingual childhood. This comparative analysis of both childhood narratives focuses in particular on the synecdochal transition from the anatomical tongue to the tongue as language.

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Les Mémoires de Simone de Beauvoir, la fête des retrouvailles

Simone de Beauvoir avait enduré de nombreuses épreuves jusqu’à l’année où elle a entamé la rédaction des Mémoires. À l’âge qui « combine au mieux le rétrospectif et le prospectif » ressentant le besoin d’un nouveau stimulus, elle choisit le retour au passé lui étant fondamental. L’image que l’autrice peint de la nature de la « fête » dans le texte, où celle-ci apparaît comme une « ardente apothéose du présent, en face de l’inquiétude de l’avenir » soulève une réflexion sur la recherche de la force motrice de la jeunesse que seule l’atmosphère festive créée par la rédaction des Mémoires pourrait susciter. Ainsi, bien que le texte traite du passé, pour la narratrice, il contient le rajeunissement et la récupération des forces de la jeunesse. Simone de Beauvoir had endured many hardships until the year she began writing the Memoirs. At the age which "combines the retrospective and the prospective in the best way", feeling the need for a new stimulus, she chooses the return to the past which is fundamental to her. The image that the author demonstrates the nature of the "celebration" in the text: "ardent apotheosis of the present, in the face of the anxiety of the future" raises an idea to search for the driving force of youth which only the festive atmosphere created by the writing of the Memoirs could arouse. So, although the text has looked to the past, there will be a rejuvenation for the future. The article sets out to identify this mechanism by trying to clarify the dimensions of it.

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