dialogue dans Loxias


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Loxias | Loxias 4 (mars 2004) | Identité générique: le dialogue

Le dialogue dans l'oeuvre de Marguerite Duras : une zone de turbulences

Dans l’œuvre de Marguerite Duras, le dialogue très présent dans tous ses états, brouille les frontières des genres et crée une zone de turbulences. En supprimant le narrateur, il en détruit l’autorité et explore les voies et les impasses de la communication. Dès Les Parleuses, le dialogue, remède aux insuffisances du langage, devient événement. Le Square, où les parleurs sont à égalité, met en scène les enjeux d’un « dialogue véritable » tandis que dans L’Amante anglaise, où la structure de l’enquête criminelle impose des rôles codifiés, le dialogue échoue. Dans Hiroshima mon amour, si le dialogue est aussi mis en échec quand il cherche à comprendre l’horreur du monde, ses pouvoirs se manifestent dans la sphère privée quand l’interrogatoire devient acte d’amour et que l’interrogateur s’implique autant que celle qu’il questionne. Dans India Song, les dialogues plus ou moins « enfouis » ne sont plus qu’équivalent du bruit ou du silence, tandis que les voix se détachent des corps et que la turbulence gagne l’instance de l’énonciation. In her books, Marguerite Duras displays all kinds of dialogue, confusing the boundaries between genders and producing something like a turbulence area. The narrator being removed, and his authority destroyed, dialogue explores the paths and dead ends of communication. In Les Parleuses, dialogue, as a remedy for the failings of language, becomes a true act. Le Square stages the stakes of a true dialogue whereas in L’Amante anglaise, as the structure of a criminal enquiry enforces established laces and roles, dialogue fails. Hiroshima mon amour shows how dialogue becomes powerless when it comes to face the horrors of History, but how it can succeed in the private sphere, when the questioning is a love affair and the investigator implies himself. In India Song, the more or less buried dialogues become equivalent to noise or silence, while voices become severed from bodies and the enunciative instance itself is affected by turmoil.

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Dialogue et didactique dans les périodiques de Marivaux : la place du journaliste

Dans ses trois périodiques d’observations morales, Marivaux refuse, en Moderne, le discours d’autorité et les contraintes des formes traditionnelles, en semblant manifester une propension au dialogue. Sous trois physionomies différentes, le journaliste, voire ses doubles, participe à des échanges informatifs souvent marqués par un déséquilibre énonciatif. Tantôt il y défend ses choix en esquivant l’affrontement véritable et en ôtant la parole à l’adversaire, par l’ironie antiphrastique ou le discours narrativisé; tantôt il s’efface pour laisser un personnage insolite délivrer un message qui rompt avec le conformisme. Ailleurs, de fréquents glissements montrent une tension constante entre l’ouverture à l’autre et la reprise de parole, ce qui rend, semble-t-il, variables la place du journaliste et le statut épistémologique du dialogue. En fait, ce journaliste-Protée se glisse dans tous les rôles. Par la prolifération des voix, il crée une apparente pluralité énonciative, gage d’échanges libres et authentiques, et diversifie, avec un talent de romancier, une science comportementale rénovée.

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Le dialogue théorisé au XVIe siècle : émergence d’un genre entre dialectique et littérature

Il serait faux de dire que le dialogue naît à la Renaissance : le dialogue semble naître avec Platon, forme et fond. D’autre part, il ne cesse de ressurgir, servant à exposer les positions d’orateurs philosophes, de rhéteurs subversifs, des Pères de l’Eglise puis de certains philosophes du Moyen Âge. Pourtant, au début du XVe siècle, il est perçu comme un genre éminemment « renaissant », porteur de toutes les valeurs que l’humanisme exalte, utilisé avec ce même enthousiasme par les humanistes de tous les pays d’Europe. En France, c’est entre 1550 et 1570 surtout que le dialogue fleurit. Cependant, en tant que genre, le dialogue n’a fait l’objet, dans l’Antiquité, d’aucun ouvrage théorique particulier. Il n’est pas absent des spéculations critiques, mais c’est au XVIe siècle que le dialogue émerge peu à peu comme genre autonome.

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Loxias | Loxias 19 | Programme d'agrégation

Commentaire composé du chapitre II, 28 de Don Quichotte

Ce chapitre (tome 2, de la page 243 à la page 248 en collection « folio » Gallimard) présente une discussion, ou dispute, ou explication, entre Sancho Pança et son maître. De ce point de vue, il est à rapprocher de beaucoup d’autres chapitres du roman. Chevalier et écuyer devisent tout en cheminant lentement, le tempo « andante » favorisant l’échange de paroles. C’est un des nombreux passages aussi où le couple s’apprête à passer la nuit à la belle étoile, dans un petit bois. Ce qui se passe pendant la nuit est conté ici en une phrase seulement. Sancho Pança est moulu et gémissant parce qu’il a été roué de coups. Mais la différence, ici, avec les autres épisodes de ce type, c’est que Don Quichotte n’a pas partagé l’infortune de son valet, ce qui est un cas assez rare dans le roman. Sancho vient de faire l’expérience que son chevalier ne s’est pas comporté comme un chevalier, et Quichotte aura fort à faire, dans la discussion, pour rétablir dans son autorité l’idéal et l’immuable du code contre l’expérience sensible (et douloureuse) de l’écuyer ; dialogue ou affrontement du code et de l’expérience. La confiance de Sancho en Quichotte semble ébranlée.  Pourtant les deux protagonistes ne se quittent pas, pas plus ici qu’ailleurs. Ce qui les unit d’une façon plus indéfectible que le lien d’argent ou le service féodal, c’est le désir, toujours renouvelé, du dialogue. 

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Loxias | Loxias 21 | Frédéric Jacques Temple, l'aventure de vivre

Frédéric Jacques Temple, Emmanuel Fillot : Migrations

Depuis 1951, l’œuvre de Frédéric Jacques Temple rencontre celles d’amis plasticiens : qu’il offre au livre son frontispice ou s’engage dans l’étroite collaboration du livre d’artiste, le dialogue s’inscrit dans le droit fil d’une écriture (et par là même d’une existence) pour laquelle l’Autre, possible figure du Même, est un allié substantiel. La rencontre avec l’artiste plasticien Emmanuel Fillot est en ce sens doublement intéressante : une sculpture éphémère donnera naissance à un livre d’artiste. Or la stèle (caravelle en bambous ; livre de dialogue), à deux érigée, révèle, dans le choix de ses formes caillouteuses, l’élémentaire visée de la parole poétique et artistique, dont le sens du sacré se ressource au plain-chant de la nature.

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Loxias | Loxias 32 | I.

Silences de Pantagruel, silences de Rabelais dans le Tiers Livre : un paradigme heuristique ?

Des silences apparaissent dans le Tiers Livre de Rabelais : ils sont thématisés, comme le silence de Pantagruel qui refuse d’entrer dans une communication faussée avec Panurge, celui de la femme muette personnage de la comédie morale, ou ils sont inscrits en creux dans le récit, ils signalent alors un vide de sens, comme les gestes abscons des muets, ou le silence général du texte sur le discours féminin. Le Tiers Livre étant composé presque exclusivement de dialogues, ces silences sont fortement signifiants : ils opposent à une parole hyperbolique et centrée sur elle-même un retrait du sujet interlocuteur, qui impose réflexion, retour sur soi de celui qui parle trop. À ce titre, le silence de Pantagruel à l’égard de Panurge fonctionne comme paradigme du silence de Rabelais à l’égard de son lecteur, reproduisant à une autre échelle le travail heuristique et herméneutique vers lequel le géant guide Panurge. Silences are named in the Tiers Livre of Rabelais: they constitute a them, as the silence of Pantagruel who refuses to take part of a false communication with Panurge, as the silence of the mute woman in the play mentioned in the text, or instead they constitute hollows in the narrative, then they report a lack of meaning, such as the abstruse gestures of the mutes, or the general silence of the text on female speech. Above all, the Tiers Livre is almost entirely composed of dialogues, so the silences are highly meaningful: they oppose to an hyperbolic and self-centered discourse a withdrawal of the listening-subject, which finally requires an introspection of the speaker too. As such, Pantagruel’s silence to Panurge works as a paradigm for Rabelais’s silences to the reader, replicating to another level the heuristic and hermeneutic work to which the giant guides Panurge.

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Loxias | Loxias 42 | Travaux et publications

Échos des voix, échos des textes. Mélanges en l’honneur de Béatrice Périgot

“Classiques Garnier, 2013, « Colloques, congrès et conférences sur la Renaissance européenne », 727 p. ISBN 978-2-8124-0804-5 Lors de sa disparition, les collègues et amis de Béatrice Périgot ont souhaité lui rendre hommage sur le terrain même où elle excellait : l’art du dialogue et ses variations. Ce volume propose une synthèse inédite, rédigée par Béatrice Périgot elle-même en complément de son ouvrage Dialectique et littérature. Les avatars de la dispute entre Moyen Âge et Renaissance. En seconde partie, une approche plurielle de cette thématique commence à la même période, avec la disputatio et le dialogue humaniste, avant l’étude d...”

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