idéal dans Loxias


Articles


Loxias | Loxias 22 | Doctoriales V

L’éthique au-delà du politique. Étude comparative des relations de voyage en URSS de Panaït Istrati et d’André Gide

Panaït Istrati (1884-1935), écrivain roumain d’expression française au parcours atypique, et André Gide (1869-1951), l’un des plus célèbres auteurs de sa génération, avaient tous deux adhéré à l’idéal incarné par la révolution bolchévique de 1917 et fondé un grand espoir sur l’avènement du communisme en Russie. Profondément déçus par la réalité soviétique qu’ils découvrirent à l’occasion de leur voyage en U.R.S.S., ils décidèrent l’un et l’autre de faire connaître au monde, à sept ans d’intervalle, le véritable visage du pays des soviets qu’une propagande efficace magnifiait alors aux yeux de l’Occident. Privilégiant les valeurs morales face aux principes idéologiques, Istrati, dans un pamphlet intitulé Vers l’autre flamme paru en 1929, et Gide, dans son essai Retour de l’U.R.S.S. complété par Retouches à mon « Retour de l’U.R.S.S. » publiés respectivement en 1936 et1937, prenaient fermement le parti de l’éthique contre le politique, plaçant le dévoilement de la vérité au centre de leur démarche. Ce choix et cette attitude si différents de celui d’un grand nombre d’intellectuels de l’entre-deux-guerres, invite dès lors à s’interroger sur cette surprenante rencontre réunissant, dans une commune appréhension des idées et des événements de leur temps, deux esprits par ailleurs si dissemblables.

Consulter l'article

Loxias | Loxias 46. | Doctoriales

L’idéal perdu à la fin du XIXe siècle : étude sur la colère dans Monsieur de Phocas (1900) de Jean Lorrain et Bruges-la-Morte (1892) de Georges Rodenbach

Infatigable chercheur d’idéal mais exténué par l’environnement délétère, l’esthète fin-de-siècle ne perçoit plus la beauté suprasensible. Certains dandys, comme Monsieur de Phocas, le héros éponyme du roman de Jean Lorrain (1900), se lancent alors dans la quête du beau qu’ils croient parfois déceler dans l’œil d’une femme, « car c’est le seul œil qui voit la grande beauté » (Plotin, Ennéades, I – IV). De même, Hugues Viane, dans Bruges-la-Morte (1892) de Rodenbach, pense reconnaître sous les traits d’une danseuse sa défunte épouse dont il est toujours religieusement épris. Mais l’un comme l’autre seront finalement déçus par ces trompeuses correspondances terrestres d’une beauté supérieure. L’idéal évanescent qu’ils poursuivent ne fait place, finalement, qu’à la laideur morale de ces femmes entraînant un sentiment mêlé de frustration et de colère. L’animosité soudaine dont ils font preuve rompt, dès lors, avec leur posture mélancolique et raffinée du début des deux romans. Et, par haine de ce succédané perverti de l’idéal amoureux, tous deux sombrent dans la violence grossière.

Consulter l'article