Loxias | Loxias 21 Frédéric Jacques Temple, l'aventure de vivre |  Frédéric Jacques Temple, l'aventure de vivre 

Catherine Portevin  : 

Célébrer le vivant, amen, alleluia !

Résumé

La poésie de Frédéric Jacques Temple est pétrie de la matière du monde : minéral, végétal, animal, tout le règne du vivant s'y exprime. Mais cette fusion spontanée avec la nature s'ancre dans l'expérience mortelle de la guerre : « sachez que je suis déjà mort », écrit le poète. Cette perte primordiale et définitive est au coeur de sa célébration du vivant. Elle a comme arrêté le temps pour lui. D'où l'importance de la mémoire, qui recrée les paradis perdus du passé, tout autant qu'elle creuse le présent pour y sentir la densité de « l'immémorial ». On peut ainsi lire son chant solaire, son art de connaître tous les êtres vivants par leur nom, comme une perpétuelle re-création du monde.

Index

Mots-clés : Célébration , Frédéric Jacques Temple, histoire naturelle, temps

Chronologique : XXe siècle

Texte intégral

La première fois que j’ai vu Frédéric Jacques Temple, il rentrait heureux du marché à Montpellier où il avait trouvé les premiers petits caillés de la saison. Avant toute autre discussion, nous nous sommes attablés près des lauriers-sauces du jardin pour déguster les caillés avec du miel de châtaignier. Voilà l'entrée en matière. Littéralement. Car avec Frédéric Jacques Temple, en le rencontrant comme en le lisant, on comprend vite que la matière, sensuelle matière et chair vivante, est le vif du sujet : une fois entré en matière, on n'en sort pas. Matière de la terre, de la mer, du ciel et du soleil, du végétal, de l'animal, du minéral, matière jamais inerte, qui se respire, se goûte, se touche, se contemple... C'est ainsi qu'avec lui les plaisirs de bergers deviennent des plaisirs de rois, et inversement.

C’était le cas ce matin-là. Et, goûtant avec lui les petits caillés, il n'y avait, ma foi, rien de plus à dire. Comme nous sommes personnes civilisées, nous avons devisé, mais l'essentiel était ailleurs, dans une certaine façon d'être là. Être là est justement la faculté de vivre que possède Frédéric Jacques Temple. Entièrement là : fondu dans le paysage et pourtant là, remarquable comme celui qui a toujours été là. Ses proches racontent comment, où qu'il soit, on le prend pour un autochtone. Je n'y vois pas qu'une anecdote : toute son œuvre célèbre une fusion spontanée, consolatrice même, avec la chair du monde. Être là, comme le sont les arbres et les bêtes, c'est cela vivre.

Et pourtant... Pour évoquer ce sens très intense de la vie qui habite l’œuvre et la personne de Frédéric Jacques Temple, j’ai eu envie de commencer par cette étrange affirmation du poète :

Sachez que je suis déjà mort1

Permettez-moi à ce stade de m’arrêter sur quelques points de grammaire. Cette phrase est étrange, parce que, en toute logique, nul vivant ne peut dire, à la première personne du singulier, « je suis mort » – « moi qui vous parle », ajoute même le poète – à moins de l’être de rire, d’ennui ou de peur. Mais nul mort non plus ne peut se décrire comme mort, à moins d’être vivant. Dans un vieux manuel de grammaire, j'ai même trouvé « je suis mort » classé de façon fantaisiste parmi les formes conjuguées « absurdes ». Donc, celui qui écrit « sachez que je suis déjà mort » est soit menteur, soit ressuscité. Frédéric Jacques Temple est volontiers facétieux mais l’écrivain ne ment pas. Est-il alors animé d’une vie éternelle ? Peut-être bien…

Quant au passé composé, utilisé dans la phrase qui nous intéresse, appelé autrefois passé indéfini, il est très indéfini en effet, il est même infini, puisqu'il a, avec le verbe « mourir », la valeur d’un présent éternel : la mort passée est en général un état qui se prolonge... indéfiniment comme le futur. L’auxiliaire « être » étant préféré, sauf exception, pour les verbes dits parfois « d’état » contrairement aux verbes « d’action », on dira donc « j’ai vécu » et « je suis mort ». Et non pas, comme disent parfois les enfants avec leur incroyable intuition des logiques du langage, « j’ai mouru ». Il est bien dommage que cette forme soit fautive pour la grammaire, car elle serait peut-être plus proche du vivant selon Frédéric Jacques Temple. Conjuguer de même vivre et mourir, tous deux semblablement actifs, laisserait entendre une intrication beaucoup plus subtile entre la vie et la mort. Non pas la mort comme fin ou négation de la vie mais comme essence de la vie. Comme dans la Nature, rien ne vit si le grain ne meurt.

Mais dans la phrase de Temple, il y a autre chose. Il y a ce « déjà », adverbe circonstanciel de temps, qui peut s’entendre de trois façons, que j’interprète librement. Le « déjà » qui signifie « plus tôt que prévu », « dès maintenant » : il est déjà arrivé. Le « déjà », contraire de « jamais » ou de « pas encore », qui désigne une action accomplie au moins une fois auparavant : avez-vous déjà lu Moby Dick ? Enfin, je souligne dans cette dernière phrase une autre nuance du « déjà », plus enfantine, ce « déjà » qui évoque les premières fois des expériences initatiques : moi, j’ai déjà vu un dauphin en vrai dans la Méditerranée. Bien sûr, on relira Moby Dick, moins sûrement on verra d'autres dauphins, mais ce « déjà » nous dit que rien ne sera plus comme avant cette première fois. Le « déjà » de Frédéric Jacques Temple m'évoque tout cela à la fois.

C’est en effet « plus tôt que prévu » que la mort a frappé Frédéric Jacques Temple. À peine sorti de l’enfance, il se retrouve au cœur de l’expérience mortelle, celle de la guerre en 1944 pendant la terrible campagne d’Italie. Qui est ce « je » qui est mort en 1944 ? L'enfant qu'il était encore qui, brutalement sevré de sa matrice, est devenu vieux avant d'avoir vécu ? Ou bien le jeune homme puis l'homme mûr que cet enfant qu’il était alors serait devenu s’il avait pu se contenter de grandir pacifiquement au contact du monde ? Quelque chose, quelqu’un en tout cas a été irrémédiablement perdu. « Un jour, le temps s’est arrêté pour moi à l'orée de la bataille et de la vie. Depuis, j'ai attendu », écrit Frédéric Jacques Temple bien des années plus tard2. Son lien à la vie est inséparable de ce temps suspendu, comme le hamac dans le jardin où il vécut longtemps non loin de l’Enclos, le pensionnat de son enfance. L’œuvre de Frédéric Jacques Temple est, comme la musique, un art du temps, à la fois pétrie du temps et « délivrée du temps3 ». Même la mémoire, si fort point d’appui de son inspiration, ne se conjugue pas sur le mode unique de la nostalgie ou du souvenir : la mémoire, chez l’homme au temps suspendu, se conjugue aussi au temps du rêve, de la re-création, de la ré-création, et au temps de l’immémorial, un mot particulièrement présent sous la plume de Temple. C'est ainsi que le poète a recréé l'enfance qui l'habite et en a fait une deuxième fois sa matrice nourricière :

J’invente donc un passé qui est le mien, mais aussi celui d’un autre que je fus4.

Ayant éprouvé trop tôt la fugacité de la vie, celui qui « est déjà mort » en célèbre désormais, depuis l’état immémorial de la mort, la pérennité. Le chant du poète est mémoire du monde mais une mémoire qui n’est pas uniquement temporelle. Ce n’est pas le passé que l’on se remémore ; c’est le présent, l’ici et maintenant, que la mémoire creuse, approfondit, densifie.

En ce temps-là…
C’est maintenant, c’est demain5.

Désormais, Frédéric Jacques Temple a le temps, tout le temps, tous les temps.

Il est donc collectionneur. L’on peut voir dans la collection, art de défier le temps, l’ambivalence de cette célébration du pérenne : il s'agit en effet de collecter, d'amasser, de nommer pour garder vivant ce qui pourrait disparaître. L’amour du collectionneur est habité par cette peur de la perte. Il est aussi, dit-on, tentative de maîtriser l’ordre du monde. Or, chez Frédéric Jacques Temple, nulle passion, ni de possession ni de maîtrise. Il laisse les philosophes se croire maîtres et possesseurs de la nature. Lui, est demeuré collecteur, chasseur, cueilleur. Il a gardé cette « intimité perdue » entre l’homme et la nature que Georges Bataille croyait retrouver dans les peintures de Lascaux.

L’homme de la caverne
palpite encore en nous
et reconnaît les vieux repères
trouant comme des phares
la nuit du temps6.

Frédéric Jacques Temple est ainsi un collectionneur démocratique, qui aime les êtres à égalité et non les choses, ou plutôt les choses comme des êtres, les mots comme la preuve de l’existence des êtres. Le chant, le psaume, l’hymne, la louange, sont ses modes. Il met dans le nom des êtres le souffle créateur qu’ils recèlent déjà. Sa poésie est une genèse de l’ici-bas, une re-genèse. Il ne donne pas un nom, il ne baptise pas, il appelle les vivants par leur nom et ainsi, les fait renaître... ce qui est au fond bien plus merveilleux que de naître seulement.

La collection selon Temple est exprimée de façon éclatante dans ce passage de La Route de San Romano :

Accepter l’idée – et la réalité – de la mort, c’est avoir l’assurance que la vision de l’autre monde l’emportera sur celle qui nous est offerte en cette vie, avec le fourmillement d’insectes par billions, autant que d’étoiles dans l’infini d’un ciel d’été, et tous ces oiseaux aux plumages inimaginables, ces animaux sauvages qui hantent les forêts, les savanes, les jungles, les banquises ; les nuées silencieuses de papillons en transhumance, les boas, pythons, anacondas, cérastes, aspics, platures, élaps, pélamis ; les loriots, hulottes, effraies, crécerelles, milans, percnoptères […].7

Suit, comme dans le Livre de la Genèse, la litanie de tous les êtres, animaux et végétaux, qui peuplent la terre, les mers et le ciel :

[…] tout ce qui vole, pousse, rampe, creuse, grignote, saute, broute, croque, étouffe, broie, pique, avale, et, au milieu de tout ce grouillement, l’homme, cette curieuse bête entourée de livres, de peintures, de musiques, de sciences, et de siècles couverts de sang…
Le soleil vibre.
Des vapeurs montent. Les bourgeons percent. […]
Le printemps donne ses ordres.
La terre regorge d’alléluias.
La vie...8

Voici le chant de re-création du monde qui monte du fond du bivouac de Capelle, ce printemps 1944. Une autre litanie, en forme de stèle, clôt La Route de San Romano, celle des

braves soldats français [qui] se sont battus comme des lions pour des montagnes étrangères et des fleuves inconnus…
MOHAMED BELOUCHET – MOHAMED MAASEN – OMAR MAATALLAH – JOSEPH BOUCHIRA – BACHIR BOUAFIA – ALBERT AZRIA […]9.

Soixante-quinze noms suivent... Connaître et prononcer le nom des êtres, y compris celui de ses amis (il y aurait à établir le catalogue amical des dédicataires des poèmes de Temple), devient ainsi une façon de rendre justesse aux vivants, dans leur infinie multiplicité, et justice aux morts, dans leur infinie multiplicité. C’est un acte de reconnaissance, à tous les sens du terme. Dès lors, le goût de Frédéric Jacques Temple pour les dictionnaires, listes, inventaires, répertoires, index, annuaires, catalogues, n’a rien à voir avec la passion de l’avoir ; c'est au contraire une façon, comme disent les philosophes, de persévérer dans l’être.

Il est toutefois au moins un personnage auquel Frédéric Jacques Temple a choisi un nom, qu’il a baptisé dans ce paradis perdu de l’enfance : l’oncle Blaise. À cet oncle bien réel, archéologue, spéléologue, naturaliste, qui l’a initié à l'observation de la faune et de la flore lors de longues expéditions dans les Causses de Lozère ou les marais sauvages de la Grande Plage de Montpellier, il a donné le prénom que Cendrars s’était choisi – Cendrars, dont le vrai prénom était Frédéric – Blaise, anagramme de Basile, le prénom que Frédéric Temple se donne à lui-même dans ses récits. Nul doute qu’il est question là d’engendrement, mutuel, de double, ou triple engendrement. Frédéric Jacques Temple a souvent dit comment l’histoire naturelle, apprise dans Pline et pratiquée avec l’oncle Blaise, ainsi que l’oeuvre de Jules Verne, l’avaient fait poète plus sûrement que la lecture des poètes. Et peut-être l’ont-elles fait vivant, du moins maintenu en vie. Dans un récent article, qu’il m’a amicalement confié pour le numéro hors série Bêtes et Hommes de Télérama, il conclut :

[…] je n’ai cessé de relire la litanie proférée par le professeur Aronnax hypnotisé par les armoires vitrées du Nautilus, où il recense ombelluaires, flabellines, alcyonaires, aculines, comatules, olives, ovules, volutes, mitres, casques, harpes et buccins, comme en extase, à n’en plus finir, tel que je l’étais à la mer Sauvage devant la grasse panse terminale du filet de la traîne palpitant de calmars, sépioles, bogues, crénilabres, girelles, ophiures, squilles, méduses, capelans, émissoles, ombrines, blennies… Amen ! Alleluia10 !

Tous ces noms du monde vivant lui ont « ouvert la route de la poésie des mots », c'est-à-dire de la précision, du rythme et de la musique des mots ; la science et l'histoire naturelles lui ont indiqué que l’esprit souffle toujours de bas en haut, que l’inspiration vient de la terre, de ses entrailles, de ses odeurs, du corps et pas de la tête. Lorsque le poète se décrit, c’est pétri des matières qui font le vivant : minéral, végétal, animal.

Cet homme qui ressemble à la terre,
peau d’écorce, chair d’aubier,
jambes de racines torses,
oint du musc des troupeaux,
qui marche toujours sur les sentes
où mugit la conscience perdue
dans la rumination des siècles,
c’est moi.11

On l’aura compris, la Nature n’est pas, pour Frédéric Jacques Temple, le décor de la vie mais bien « le creuset de l’être12 ».

 

Dans ce temps suspendu dans lequel navigue celui qui est déjà mort, seuls les oiseaux, les insectes, les poissons, les coquillages, les reptiles, les arbres et les plantes le relient à un paradis d’avant la Chute. Paradis terrestre, bien sûr. Quoique parfois, les dieux qui ont déserté le monde des hommes se montrent secrètement à qui sait les reconnaître, par exemple dans le ballet joyeux des dauphins.

Tout en moi proclame un paganisme que n’ont pas atténué presque deux millénaires chrétiens. Il me plaît même de reconnaître dans l’homme du Jourdain et du Golgotha l’aboutissement miraculeux du grand Pan et la renaissance du Phénix13.

Dès lors, dans ce plaisir à connaître le nom des êtres, dans cette gastronomie des mots, il y a plus que le plaisir du vivre, plus que la gourmandise de l’écrire, il y a la certitude, quasi-divine, de l’éternité.

C’est cette éternité que Frédéric Jacques contemple dans un récit que j’aime particulièrement, Le Chant des limules. La limule, limulus polyphemus, classe des Mérostomates, ordre des Xiphosures, famille des Limulidés, est un animal marin, doté d’une carapace chitineuse ; elle nage le ventre en l’air, ramant de ses pattes abdominales, et se retourne à terre. Cet organisme simple, apparu à l’âge primaire, a traversé intact les millénaires jusqu’à nous, faisant fi de toute évolution, se contentant, lui aussi, de persévérer dans l'être. En rencontrant une limule échouée sur la plage de Peconic Bay, alors qu’il était à Long Island sur les traces de Walt Whitman pour guetter les balbuzards, Frédéric Jacques Temple dit avoir ressenti « l’émerveillement des aurores du monde14 ». « Sachez que j’ai déjà vu une limule », pourrait-il écrire après l’avoir remise à l’eau, où elle a disparu pour poursuivre son aventure.

Louant la permanence, la persévérance du vivant dans l’océan des âges, en dépit des morts et destructions causées par les hommes, voici le chant primordial de la limule. Un chant de reconnaissance : Amen, alleluia ! Qu’il en soit ainsi. Dieu vit que cela était beau. Joie. C’est ainsi, pour toujours, que le monde commence : par l’émerveillement.

Notes de bas de page numériques

1 Frédéric Jacques Temple, « Les Œufs de sel », Anthologie personnelle, Arles, Actes Sud, 1989, p. 57.
2 Frédéric Jacques Temple, Les Eaux mortes, [Paris, Albin Michel, 1975,] Arles, Actes Sud, 1997, « Babel », p. 28.
3 Frédéric Jacques Temple, « Dix poèmes pour l’art de la fugue », La Chasse infinie, Paris, Granit, 1995, p. 19.
4 Frédéric Jacques Temple, L’Enclos, Arles, Actes Sud, 1992, p. 15.
5 Frédéric Jacques Temple, « Stèles », La Chasse infinie, Paris, Granit, 1995, p. 63.
6 Frédéric Jacques Temple, « Stèles », La Chasse infinie, Paris, Granit, 1995, p. 62.
7 Frédéric Jacques Temple, La Route de San Romano, Arles, Actes Sud, 1996, pp. 89-90.
8 Frédéric Jacques Temple, La Route de San Romano, Arles, Actes Sud, 1996, p. 90
9 Frédéric Jacques Temple, La Route de San Romano, Arles, Actes Sud, 1996, p. 97
10 Frédéric Jacques Temple, « Mon bestiaire amoureux », Télérama, numéro hors série Bêtes et Hommes, n° 146, septembre 2007, p. 12.
11 Frédéric Jacques Temple, « Aubrac », La Chasse infinie, Paris, Granit, 1995, p. 36.
12 Frédéric Jacques Temple, « Introduction : Poète américain… », Anthologie personnelle, Arles, Actes Sud, 1989, p. 9.
13 Frédéric Jacques Temple, « Introduction : Poète américain… », Anthologie personnelle, Arles, Actes Sud, 1989, p. 11.
14 Frédéric Jacques Temple, Le Chant des limules, Arles, Actes Sud, 2003, p. 14.

Pour citer cet article

Catherine Portevin, « Célébrer le vivant, amen, alleluia ! », paru dans Loxias, Loxias 21, mis en ligne le 07 juin 2008, URL : http://revel.unice.fr/loxias/index.html?id=2373.

Auteurs

Catherine Portevin

Catherine Portevin est journaliste à Télérama où elle a co-dirigé la rubrique « Livres » pendant plusieurs années. Elle est désormais responsable des numéros « Hors Série ». Elle a publié deux livres d’entretiens : Devoirs et délices. Une vie de passeur, avec Tzvetan Todorov (Paris, Le Seuil, coll. « Points/Seuil », n° 540, 2002) et Penser dans l’urgence. Parcours d’un humanitaire, avec Rony Brauman (Paris, Le Seuil, 2006). Elle a réalisé des entretiens avec Frédéric Jacques Temple pour France Culture (À voix nue, diffusion du 18 au 22 février 2008).