Loxias | Loxias 17 Littérature à stéréotypes | II. Travaux et publications 

Sylvie Bourgeois  : 

Marguerite Duras. Une écriture de la réparation

Plan

Texte intégral

L'Harmattan, 2007.

Tout entière construite sur le retour en série des mêmes thèmes et motifs, l'œuvre de Marguerite Duras est souvent associée à l'obsession, une obsession à l'origine de laquelle se trouverait l'angoisse du manque, de la perte et de la déchirure. Il semble pourtant que cette répétition sans fin des mêmes motifs, bien que suscitée par des sentiments douloureux, puisse être envisagée comme le moteur d'une possible réparation. C'est ce que tente de montrer cet ouvrage à travers l'étude du retour régulier de deux topoï majeurs de l'œuvre : le bal et les gisants. Loin de considérer la description du simple point de vue du blocage, il s'agit alors de voir comment celle-ci devient un moyen, par le jeu de la reprise et des modifications, de transformer des scènes d'abord marquées par l'échec et la frustration en scène d'amour et d'accomplissement. En conduisant à une réutilisation subversive des topoï et des stéréotypes, la répétition semble en effet pouvoir mettre en place tout un dispositif transgressif de satisfaction des désirs interdits et de réalisation des fantasmes, capable de conjurer les sentiments initiaux de perte et de manque. Ne cherchant pas à reproduire le même, mais jouant du différent, la répétition pourrait bien être le lieu d'une redite positive, le moteur d'une réécriture jubilatoire sans fin, ouvrant un chemin vers l'apaisement et la réconciliation.

NB : Cet ouvrage est issu de la thèse de doctorat. 

Pour commencer : quelques grandes scènes à travers les siècles

1. Les Impudents et La Vie tranquille : l’absence de stéréotypes

Un horizon d’attente déçu – L’obstacle des conflits durassiens

2. D’un Barrage contre le Pacifique à L’après-midi de M. Andesmas : le recours aux stéréotypes

Le bal populaire – Autotextualité et stéréotypie – La séparation tragique

3. Entre réussite et désacralisation : l’ambivalence des stéréotypes

Le rêve de Cendrillon – Grandeur et absurdité de la mort

1. Le cycle indien, Moderato Cantabile, Hiroshima mon Amour

Le bal et la passion - -Le bal mondain – L’amour et la mort – Subversion des stéréotypes

2. Du cycle indien à L’Amant de la Chine du Nord : effacement et transfiguration des topoï

Le cycle indien : la mise à distance du bal – L’apparition de « faux gisants » - Le retour à la danse : des rapports humains transgressifs

3. La subversion : retourner aux origines de l’amour

L’accentuation des motifs traditionnels de l’amour – Le rapprochement des deux scènes de la passion

1. La mise en scène du fantasme par l’écriture : scénario et souvenir-écran

Les traces du fantasme dans les premières œuvres – Le recours aux stéréotypes : la construction du fantasme – L’effacement des scènes comme moteur du fantasme

2. Des scènes originaires

La scène primitive – La venue au monde – Des lieux matriciels

1. La figure paternelle et l’interdit de l’inceste

La Vie tranquille ou le meurtre originel du père – Le père : un spectre omniprésent – Les conflits œdipiens

2. La mise en scène des rivalités familiales

La rivalité mère / fille – La rivalité père / fils

1. La scène primitive ou la scène de voyeurisme

L’apparition de la figure du voyeur – Voir, se voir, être vu voyant

2. Le regard interdit

Regard à mort – Le manque à voir ou le vertige mortel du vide

3. Les instincts primordiaux d’Eros et Thanatos

De l’amour à l’amour à mort – Plaisir et souffrance

1. Les premières œuvres et la répétition bloquée

La compulsion de répétition – De la répétition au leitmotiv de l’écriture

2. L’origine retrouvée : une nouvelle répétition

Moderato Cantabile et Hiroshima mon Amour : une répétition rituelle et libératoire – Une répétition régénératrice et créatrice – Les limites de la répétition : l’origine disparue

1. Le cycle indien et la célébration de la perte

Un itinéraire « pour se perdre » - Célébrer et faire le deuil de l’origine perdue – De l’événement au récit mythique

2. Les faux gisants : un chemin vers la réconciliation

La répétition simple – La répétition en série – La réécriture

1. La réécriture théâtrale : la réconciliation avec la figure maternelle

Des Journées entières dans les arbres : l’acceptation de l’amour mère / fils – L’Eden Cinéma : la conquête de l’harmonie familiale

2. La réécriture romanesque : dépasser l’interdit et rendre l’amour possible

Du bal au bac : le rêve réalisé – Variation sur les gisants : un nouveau contact avec la mère – Variation sur les faux gisants : l’accès à la jouissance

3. La répétition du bal dans le dernier livre de l’enfance

De la déchirure à la réunion – La réparation du tissu textuel

Pour citer cet article

Sylvie Bourgeois, « Marguerite Duras. Une écriture de la réparation », paru dans Loxias, Loxias 17, mis en ligne le 26 juin 2007, URL : http://revel.unice.fr/loxias/index.html?id=1775.

Auteurs

Sylvie Bourgeois

Sylvie Bourgeois, enseignante agrégée de Lettres modernes, docteur en Littérature Française (thèse soutenue en 2004 à l’Université de Nice Sophia Antipolis sur l’œuvre de Marguerite Duras).