Anne Chaurand-Teulat


Anne Chaurand-Teulat est professeur agrégée de lettres modernes dans le Morbihan. Elle a soutenu une thèse sur Albert Camus, en février 2004, à l’Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand : « Journalisme, théâtre, récit : écritures du témoignage et de la distanciation dans l’œuvre d’A. Camus » (sous la direction de Robert Pickering).

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L’apport du narratif au théâtre : la fonction mortifère du récit dans Le Malentendu d’Albert Camus

Le Malentendu, créé en 1944, est une pièce de langage mais d’un langage qui échoue. Si l’on recherche les raisons de cet échec, on trouve notamment le récit qui occupe une place prépondérante dans la pièce. Notre objectif sera le suivant : analyser les différents récits du Malentendu, afin d’en dégager leur fonction et leur sens profond. Alors que Camus souhaite renouveler la tragédie antique, quelle évolution dramaturgique propose la pièce ? En étudiant les critères de fonctionnement du récit, nous dégagerons les points suivants : d’une part, les récits ont une fonction morbide et mortifère, en condamnant les personnages. Signes d’une évolution théâtrale, les récits sont d’autre part fermés, adressés à la personne même qui produit ce récit : tout l’intérêt de la pièce réside d’ailleurs dans cette absence de communication et de destinataire, dans cette parole qui ne s’échange pas. Enfin, le récit de la mort de Jan ne répond pas tout à fait aux critères esthétiques traditionnels : il s’agit moins de respecter les convenances que de montrer réellement sur scène ce qui tue, c’est-à-dire le langage lui-même. Entre tradition et modernité, le récit dans Le Malentendu se révèle une machine à tuer.

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