Sandrine Berrégard


Agrégée de Lettres Modernes et docteur ès lettres, Sandrine Berrégard est maître de conférences HDR à l’université de Strasbourg, où elle enseigne la littérature française. Ses recherches portent pour l’essentiel sur le théâtre français des xvie et xviie siècles et, plus particulièrement, sur les problématiques liées aux pratiques de lecture (Pratiques de l’Argument dans le théâtre français des xvie et xviie siècles, Classiques Garnier, « Lire le xviie siècle », 2020 ; Lectures du théâtre français des xvie et xviie siècles, actes du colloque des 26-27 novembre 2020 à paraître ; constitution (projet IdEX) d’une anthologie de textes commentés portant sur les lectures du théâtre français des xvie et xviie siècles). Spécialiste du polygraphe Tristan L’Hermite, elle est l’éditrice scientifique de pièces de Rotrou, Hardy, Du Ryer, Baro et Rayssiguier.Université de Strasbourg, UR 1337, F-67000 Strasbourg, France

Articles de l'auteur


Loxias | 79. | I.

« Plus les Tragédies sont cruelles plus elles sont excellentes ». Représentations de la violence dans le théâtre tragique de Tristan

L’article s’attache à étudier les modalités d’expression de la violence dans la tragédie tristanienne. Constitutive même du genre tragique, la violence, qu’elle se traduise par des gestes ou des paroles, y fait l’objet de traitements qui visent à la sublimer en vue de la production d’un plaisir esthétique. L’hypotypose, qui caractérise volontiers les récits de mort, fait ainsi partie de l’arsenal rhétorique que mobilise le poète dramatique. Mais il s’agit également de prendre en compte les traits distinctifs de chacune des pièces du programme, et une attention particulière est alors accordée au suicide de la Fille du mufti : tout brutal qu’il est, l’acte par lequel se termine Osman procède d’une syllepse de sens, révélatrice des subtilités de l’imaginaire tristanien. En dernière instance, il apparaît que la représentation ou l’évocation de la violence est porteuse d’enjeux éthiques, qui renseignent sur la fonction édifiante du théâtre de Tristan. This article examines the ways in which violence is expressed in the tragedy of Tristan. As a constituent of the tragic genre, violence, whether expressed through gestures or words, is subject to treatments that aim to sublimate it in order to produce aesthetic pleasure. Hypotyposis, which readily characterises death stories, is thus part of the rhetorical arsenal used by the dramatic poet. But it is also a question of taking into account the distinctive features of each of the plays in the program, and particular attention is then paid to the suicide of the Mufti's Daughter: however brutal it may be, the act with which Osman ends proceeds from a syllepsis of meaning, revealing the subtleties of the Tristan’s imaginary. In the final analysis, it appears that the representation or evocation of violence carries ethical stakes, which inform the edifying function of Tristan's theatre.

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