cuisine dans Loxias


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Loxias | 77. | I.

Dans l’ombre de la cuisine : de la rassurante marmite à l’espace-extérieur

Comprise comme un espace de domination, la cuisine emprisonne la femme ontologiquement dans un rôle genré. La féminité se construit à travers la réalisation des tâches ménagères – dites naturelles – reléguant la femme à un être de nature. Si l’homme s’exprime à travers la figure romanesque de l’aventurier, la femme se définit dans l’interdiction d’accès au monde extérieur. La cuisine-prison, c’est métaphoriquement la geôle de la femme, où enchaînée à son devoir de « maîtresse de maison » elle se doit de préparer la nourriture que les hommes consommeront, pour ensuite laver, nettoyer, ranger jusqu’au prochain repas, et ainsi de suite. À travers des héroïnes sorcières comme Man Yaya ou Tituba nous montrons comment la femme combat cet espace fermé. ​Considered as a space of subjugation, domestic kitchen is a place where woman is kept captive in a gendered role, from an ontological perspective. Femininity is considered to be built through the achievement of household duties - defined as natural - where woman is confined to be a being of Nature. Whereas man fulfils himself through the romantic figure of the explorer, woman is compelled to be kept apart from the outside world, the public sphere. Metaphorically speaking, the kitchen as a jail is woman’s goal, where constricted to her housewife’s duty, woman has to cook food that men will eat; to, then, wash, clean and tidy this place until the next round, on and on. From heroines, sometimes witches such as Man Yaya or Tituba we reveal how woman fight this closed space.

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Quand « La soupe aux poireaux » tourne au vinaigre (Duras, Sorcières)

La recette de la soupe aux poireaux est l’occasion pour Marguerite Duras, dans le premier numéro de Sorcières, revue fondée par Xavière Gauthier en 1975, de détourner les sujets habituellement réservés aux femmes pour dénoncer leur statut. In the first issue of Sorcières, a magazine founded by Xavière Gauthier in 1975, Marguerite Duras took the recipe for leek soup as an opportunity to divert the subjects usually reserved for women to denounce their status.

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Autour d’une table de cuisine : la genèse du projet éditorial de Kitchen Table Women of Color Press et l’anthologie This Bridge Called My Back

Deux initiatives éditoriales convergent autour de 1979-81. Les autrices latino-américaines Cherríe Moraga et Gloria Anzaldúa réunissent des autrices de couleur, africaines américaines, asiatiques américaines, amérindiennes et latino-américaines autour de la création de l’anthologie This Bridge Called My Back. Parallèlement, les autrices africaines américaines Barbara Smith et Audre Lorde ont l’idée de créer une maison d’édition dédiée au travail des femmes de couleur, The Kitchen Table : Women of Color Press. Cherríe Moraga se joint bientôt à leur groupe, de même que plusieurs des contributrices de This Bridge Called Muy Back, et Kitchen Table réédite d’ailleurs l’anthologie après son abandon par sa première maison d’édition. La métaphore de la table de cuisine et le motif de la nourriture infusent le livre comme la genèse du projet éditorial de Kitchen Table. Cet article souhaite examiner ce que l’on peut comprendre des objets, de la méthode de travail, et des stratégies de ces deux initiatives éditoriales, à travers la lecture de cette métaphore de la table de cuisine et du motif structurant de la nourriture dans l’anthologie This Bridge Called My Back comme dans les essais et entretiens des principales animatrices de Kitchen Table : Women of Color Press. Around 1979-81, Latin American writers Cherríe Moraga and Gloria Anzaldúa brought together women of color, African American, Asian American, Native American, and Latin American women writers in the anthology This Bridge Called My Back. Writings by Radical Women of Color. At the same time, African American writers Barbara Smith and Audre Lorde decided to create a publishing house dedicated to the work of women of color, The Kitchen Table: Women of Color Press. This paper wishes to examine this kitchen table metaphor in the anthology as well as essays and interviews of the leaders of Kitchen Table: what can be understood about the intentions, objects, strategies of these women of color through this metaphor?

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Le journal de Célestine : métaphores de la nourriture et du dégoût chez Octave Mirbeau

Octave Mirbeau (1848-1917) est un critique d’art, journaliste, romancier, dramaturge et pamphlétaire français. Dans son sixième roman, Le Journal d’une femme de chambre, signé de son nom, Mirbeau esquisse un tableau de la pourriture dégoûtante chez les bourgeois de son époque. En effet, Célestine, la camériste qui se déplace d’une maison à une autre vu la nature de son travail, avoue que « Ce n’est pas de ‘sa’ faute si les âmes, dont on arrache les voiles et qu’on montre à nu, exhalent une si forte odeur de pourriture. » Dans cet article, nous poursuivons l’itinéraire de Célestine à travers les places qu’elle a occupées pour savoir comment elle ridiculise les bourgeois de la Belle Epoque. Nous étudions d’abord la thématique de la nourriture comme cause de la laideur physique. Puis, nous analyserons la notion de dégoût et le motif de l’aliment peu ragoûtant dans le roman comme facteur de démystification et de démythification. Enfin, nous étudions le rapport entre la nourriture et l’acte charnel chez Mirbeau. Octave Mirbeau (1848-1917) was a French art critic, journalist, novelist, playwright and pamphleteer. In his sixth novel, Le Journal d’une femme de chambre (The Diary of a Chambermaid), signed with his name, Mirbeau sketches a picture of the disgusting decay among the bourgeois of his time. Indeed, Célestine, the chambermaid who moves from house to house due to the nature of her work, confesses that "It is not ‘her’ fault that souls, whose veils are torn away and exposed, exude such a strong smell of rot." In this article, we follow Célestine’s itinerary through the places she has occupied to find out how she ridicules the bourgeoisie of the Belle Epoque. We first study the theme of food as a cause of physical ugliness. Then, we will analyse the notion of disgust and the motif of unpalatable food in the novel as a factor of demystification and demythification. Finally, we study the relationship between food and the carnal act.

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