Loxias | Loxias 44. Romain Gary – La littérature au pluriel | I. Romain Gary – La littérature au pluriel 

Jean-François Hangouët  : 

Le Roman Gay de Romain Gary

Résumé

Résumé : Les figures d’homosexuels sont nombreuses dans les romans de Gary, sinon dans les héros du premier plan, du moins parmi les seconds rôles. L’œuvre leur ménage un accueil de qualité : sans survalorisation, positive ou négative, du fait homosexuel ; en restituant une large gamme, à l’opposé de répétitions caricaturales, de manières de vivre l’homosexualité. Elle illustre en outre par l’homosexualité la confrontation des élans de la nature aux conventions sociales qui ne devraient être ni déstabilisantes, ni humiliantes. Pour toutes ces raisons, l’œuvre de Romain Gary mérite de figurer sur les rayonnages du roman gay.

Abstract

Abstract: Romain Gary’s books host a motley crew of gay characters, each with his own, idiosyncratic way of living his homosexuality, many spared any kind of confrontation with militant or hostile overinterpretation of the homosexual fact. Never caricaturing from a single type, posing homosexuality per se as a non-issue, except as a telling illustration of how nature will not fail to overrule inadequate social norms, Romain Gary’s novels deserve to stand on the shelves of Gay Literature.

Index

Mots-clés : Ajar (Émile) , évolutionnisme, fraternité, Gary (Romain), littérature gay

Géographique : Europe

Chronologique : avenir de l’humanité , XXe siècle

Plan

Texte intégral

Matière et méthode

1Romain Gary peut, « sur le plan organique », se dire « totalement incapable d’imaginer l’homosexualité masculine1 », son œuvre n’a de cesse de le démentir. Très explicitement, comme lorsqu’elle fait apparaître, dans le XIXe siècle du roman Les Enchanteurs, Luccino, l’oncle chanteur du narrateur, castrat que sa tournée faisait acclamer à travers l’Europe bien que, « selon une de ces méchantes gazettes de Venise », pour des raisons indicibles, sinon entre les lignes, « il ne pût même plus s’asseoir2 », bien que sa réputation encore (appuyée à ce moment de l’histoire par un mot d’esprit prêté à Stendhal) fût d’« entretenir ses admirables cordes vocales qui triomphent si allègrement de l’âge » par des gargarismes composés d’un julep très particulier, ici encore, au gré des bonnes mœurs, innommable, sinon par l’ellipse : « il se rince matin et soir la gorge avec du…3 ». Le démenti peut relever aussi d’une formulation plus cryptique, lorsque le jeu de l’auteur avec le patronyme de ses personnages esquisse, sous la forme d’égrillardises plus ou moins heureuses, des saynètes tout autant pornographiques. Dans La Tête coupable, Bugger Maillasse (qui chante « Crache-moi dans la bouche, ma biche, j’aime çaa4 ») se laisse lire en anglais « bugger my ass » (soit « fous-moi le cul ») et Boutanga (le chef suprême de la « nouvelle République démocratique » de… « Zobbie5 »), exprimé dans un bon Français de caserne, donne « boute-en-gars ». En perdant le raffinement de sa particule, le journaliste Jean de Fonsalbert, qui fait son apparition dans Les Racines du ciel deux lignes après l’emploi de l’expression « bon bougre », semblerait clamer : « J’enfonce Albert6 ». Dans Adieu Gary Cooper, le nom de la « contre-nature d’élite7 » Bug Moran laisse reconnaître certes un écho au Bugs Moran qui fut le rival historique d’Al Capone, mais aussi en « Moran » une anagramme de « Roman » (soit dit en passant) et avec « Bug », surtout, un raccourci de l’anglais « bugger », soit en français « bougre », au sens… propre.

2L’objet de cette étude est de cerner un peu plus précisément (tout en ménageant la précaution d’une certaine distance, disons ici scientifique, nécessaire à l’objectivité critique) la qualité voire un certain enjeu des manifestations de l’homosexualité dans l’œuvre de Romain Gary. Sans doute les prises de position personnelles de Gary, par lesquelles il convoque l’homosexualité pour mieux s’en démarquer – telle ce « Je n’ai absolument rien contre les homosexuels. Plus il y en aura et plus j’aurai chance, puisqu’il y aurait disette, d’être encore heureux à l’approche d’un âge où la concurrence risque fort de m’ôter le bon pain blanc et chaud de la bouche8. » glissé dans une de ses chroniques pour le journal France Soir au début des années 1970 –, sans doute ces déclarations, dans les textes où il semble le plus parler de lui-même (interviews, chroniques, La Promesse de l’aube), ont-elles contribué à minimiser, aux yeux des critiques, le potentiel de la notion d’homosexualité dans l’œuvre garyenne en tant que sujet d’étude. Car il est bien rare de trouver sur cette question davantage qu’une mention, que quelques mots ici ou là, dans la soixantaine d’ouvrages biographiques et critiques aujourd’hui publiés, dans la petite dizaine de revues et de numéros spéciaux de revues consacrés à notre auteur, ou dans les articles universitaires dont nous pouvons avoir connaissance. Et la manière dont use alors Gary pour parler de soi sur le dos de l’homosexualité (entre autres) est à ce point goguenarde que les rares essayistes qui ont abordé le sujet en plus d’un paragraphe, à l’instar de Jean-François Pépin dans son réjouissant panoramique sur les Aspects du corps dans l’œuvre de Romain Gary, ont pu y lire peut-être les traces d’une homophobie contenue, tout du moins l’évidence d’ « un certain dégoût, plus ou moins conventionnel, à l’égard de l’homosexualité9. ». Mais ce qu’on affirme indésirable pour soi-même, en jouant avec les conventions, sinon d’elles, on ne l’interdit pas, lorsqu’on est auteur total qu’insupportent les auteurs totalitaires, à ses personnages.

3Nous nous attardons à rappeler quelques-unes de ces figures homosexuelles de l’œuvre de Romain Gary, oubliées ou négligées peut-être en ce qu’elles sont rarement les personnages principaux du récit romanesque ou autobiographique, pluralité rassemblée utile aussi à asseoir les déductions que nous tenterons ensuite. Nous aurons restreint le cercle de nos fréquentations aux personnages masculins : l’étude complète du thème de l’homosexualité demanderait de perquisitionner les quelques gynécées garyens, relativement rares dans l’œuvre dans la mesure où les homosexuelles y sont moins nombreuses, et plus discrètes, que les homosexuels.

4Ce n’est pas dire cependant qu’on ne trouve pas ci et là quelque « gousse grisonnante en tailleur Chanel10 », ou « [d]eux femmes nues [faisant] sur scène un numéro de lesbiennes11 » ; ce n’est pas dire non plus que ces homosexuelles ne peuvent aider à caractériser la qualité de l’attention de l’auteur, son aptitude à saisir et à restituer les infinies variations du monde au sein des catégories et des topoï qui suffiraient à d’autres, puisque leur manière, dans l’œuvre, de vivre leur homosexualité n’est pas non plus (comme nous le verrons à propos des homosexuels) la répétition de quelque forme archétypale : caricaturale, conventionnelle, ou fantasmée. Elle est, au contraire, restituée avec une délicatesse tout idiosyncratique. On se souvient ainsi, dans le film Les oiseaux vont mourir au Pérou12, de la sollicitude manifestée par Madame Fernande, la mère maquerelle jouée par Danielle Darrieux, pour Adriana, la jeune femme physiquement sublime, existentiellement tragique, jouée par Jean Seberg frappée, d’homme en homme en homme, de frigidité. On se souvient de la sensualité des caresses d’encouragement de la femme mûre – et du montage qui clôt la scène de la chambre d’Adriana, et rompt la continuité temporelle de la narration, sur la plongée du regard de l’une vers l’autre, la porte refermée sur le monde. Il est légitime d’y voir la mise en scène de la rencontre saphique entre deux formes de disposition féminine à l’homosexualité, entre d’une part ce que le commentaire de Gary nomme le « lesbianisme naturel », mêlé ici de tendresse et d’élan secourable, sur fond dual de sexualité commercialisée (le lieu de l’action : une maison de prostitution) et de sexualité libre, et d’autre part « une façon de se soustraire à la lutte [avec la sexualité masculine] » quand on est « bloquée psychologiquement » par la culpabilité à l’égard de l’acte sexuel qu’ont imposée et propagée, selon Gary, des siècles d’idéalisation de la pureté cultivée par le « machismo13 ».

5Nous resterons donc ici entre hommes – cela cependant ni par ostracisme, ni par clanisme, mais pour des raisons toutes pratiques : d’état de nos recherches à l’heure de la publication de ce numéro de la revue Loxias.

Ces gens-là chez Gary

6Les personnages d’homosexuels sont nombreux dans l’œuvre de Romain Gary, leur homosexualité est vécue sous des formes variées, ils servent positivement l’action ou les aspirations des héros de leur roman : c’est ce que nous souhaitons ici illustrer par l’exemple.

Ils en sont

Sacha Darlington

7Au sens de la chronologie de l’œuvre, le premier des grands personnages secondaires homosexuels des romans de Gary est, dans Le Grand Vestiaire, de 1948, le tragédien Sacha Darlington, « une tante14 », maniaque du déguisement et des répliques théâtrales, efféminée, droguée, vieillissante, geignarde, perdue dans les rêves d’une grandeur passée sur les planches tout autant invérifiable que peut être incertaine la carrière d’actrice de la mère de l’auteur de La Promesse de l’aube ; à ses mots cependant (et à ceux du narrateur Luc Martin qu’il fascine et qui les reprend), « le roi de l’évasion15 » – lesquels éclairent d’une tout autre lumière, génératrice plutôt que mourante, conquérante plutôt que vaincue, ces apparents clichés d’une décadence baroque. De l’évasion, convient-il en effet d’entendre, ontologique. Car Sacha Darlington est de ces picaros de l’œuvre garyenne qui forcent les portes de l’être, et les entrouvrent, par l’insistance radicalement excessive de l’incarnation qu’ils imposent à leur monde. Dans la dérive apparente, mesurée à la contingence des valeurs sociales d’une époque, il y a le cap tâtonnant volonté toujours agissante de l’humanité aventureuse dont elles ne sont jamais elles-mêmes qu’issues. La recherche de Sacha Darlington peut sembler vaine pour lui-même, puisqu’il ne paraît encore que par les masques et les postures dont il s’affuble dans l’espoir qu’ils s’usent et se rompent sur un ailleurs, elle est tout de même très inspirée, sinon méthodique, du moins opiniâtre, talentueuse, et refondée par des considérations théoriques qui confirment son intuition que l’humanité peut évoluer encore dans la direction que les épris d’absolu lui souhaitent, en dehors de la condition présente qui les étouffe : lecteur de Malraux16, il voit en effet dans les promesses du marxisme « une espèce de grand printemps sur la terre17 » et avoue à l’égard de cette nouvelle organisation du monde, pour cette fécondité métaphoriquement promise qui ferait son effectif épanouissement personnel, alors que sa société contemporaine le condamne à la stérilité, à la vanité d’outre lui-même : « C’est très tentant…18 ».

Madame Lola

8Autre homosexuel préfigurateur, plus simplement et fémininement fraternel : le travesti prostitué hors norme de La Vie devant soi d’Ajar (1975), à l’aise dans sa peau mutante, ferme dans ses projets ; au physique un ancien boxeur sénégalais qui avait eu recours à la biochimie de son temps pour se féminiser aux hormones, qui « avait nourri ses niches artificiellement comme des poulets19 », au moral un être dévoué, prévenant, disponible pour Madame Rosa, Momo, ses voisins, qui ne s’en laisse pas compter et sait à l’occasion, au bois de Boulogne, jouer de ses muscles, quand il le faut… Exceptionnel au point que le taxon même qui le catégorise s’en trouve revu, féminisé lui aussi, en « travestite20 » – moins à nos yeux la simple forme d’un mot d’enfant qu’une brillante mise à niveau lexicographique des mots d’un monde à venir –, et qu’il se voit déjà canonisé en « sainte21 » par Madame Rosa. Non pas Madame Loyola mais, en tant que « personnification » déjà actualisée et à ce titre préfiguratrice « de l’humanité enfin digne d’elle-même22 », émule néanmoins, avec plus de discrétion, du fondateur Ignace de Loyola de cette branche vive qu’ajoute à la phylogénétique christique la Compagnie de Jésus : Madame Lola. Un prénom et un travestissement qui avaient déjà fait le hit « Lola » des Kinks en 1970, comme l’a relevé Anne Morange dans un des détours de sa thèse23 doublement monumentale, par la qualité sensible et soutenue et le volume réjouissant.

Bug Moran

9Pour la fraternité en action, il faut compter aussi avec Bug Moran qui, dans Adieu Gary Cooper (1969, 1964 pour la version américaine), a fait de son chalet des Alpes suisses un sanctuaire ouvert aux marginaux de toutes sortes, un refuge pour la communauté des laissés pour compte – aussi bien, une église : « il paraît que les églises servaient à ça, jadis, quand elles servaient encore à quelque chose24 ». « On savait bien que Bug Moran était une pédale, mais il ne vous faisait jamais sentir son problème25 » ; il est « pédé comme un pot de chambre », témoignent les personnages, « mais de tous les autres côtés, c’est un type bien26. » Diacre ou curé d’une tierce forme de sexualité, ni de rencontre avec l’autre sexe ni de chasteté, Bug insuffle à son église-sanctuaire un esprit de famille, ou de pension, où la fraternité qu’il affirme et prouve à ceux qu’il recueille (« Vous êtes des frères pour moi27 ») contraste avec la non-vie qui caractérise l’inflation démographique contre laquelle il vitupère : « La défense de l’homme, c’est d’abord la défense du sperme. L’homme et le sort de l’espèce se jouent là-dedans. Sans ça, le sperme humain va suivre le sort de l’Empire romain, c’est connu28 ». Une solution, M. Moran, peut-être, pour mettre fin à ce que le héros statisticien du premier roman d’Ajar nommera « la prospérité de l’avortoir29 » ? Oui, bien sûr : « La pilule, tout de suite ! Si l’Église ne marche pas, pédérastie obligatoire30»…

L’ambassadeur comte de N…

10À première vue, l’ambassadeur en Turquie de quelque pays riverain de la Baltique31 de la nouvelle « Le luth » n’a pour sa part rien d’une « pédale », ni d’une « travestite », ni d’une « tante ». C’est qu’il est en train de le devenir, l’histoire racontant justement le lent éveil de ce « comte de N… » (que les devoirs de la filiation sembleraient condamner à perpétuer la noblesse sinon vraiment de la haine, du moins de « N… ») aux exigences qui s’imposent d’une vie enfin révélée, enfin pleinement harmonieuse, faite d’homosexualité. Irrésistiblement le questionne « l’impression que ses mains allaient le quitter pour vivre, dans quelque coin perdu des souks, une vie à elles, mystérieuse, tâtonnante, comme reptilienne, qu’il pressentait vaguement32 » : les qualificatifs ici choisis par l’auteur, « reptilienne » et « tâtonnante », rapprochent cette inchoation personnelle de l’apparition de l’humanité nouvelle des Racines du ciel où Minna et Fields sont comparés, à l’issue de leur aventure avec Morel, à des reptiles sortant de la vase33, où, aussi, un « printemps souterrain » s’apprêtait, comme le prouve l’attention portée partout sur la planète à la geste de Morel que suivent presse et radio, à « surgir à la surface de la terre de toute la puissance irrésistible de ses milliards de pousses faibles et tâtonnantes34 ». En retour de ce rapprochement lexical, que resserre encore la contemporanéité de l’écriture35, l’espoir et l’optimisme qui caractérisent l’aventure des Racines du ciel, voire le sourire confiant sur lequel se conclut le roman de 1956, passent dans l’appréhension de la vie à venir du diplomate de l’histoire « Le luth ». L’intertextualité, ici, contrebalance la note de nostalgie sur laquelle s’achève une lecture autonome de la nouvelle : la tristesse du dévouement sacrificiel de l’épouse, amoureuse à sa manière, soucieuse au moins des réputations (quand elle comprend que l’ambassadeur passe finalement à quelque acte avec son jeune professeur de musique, elle donne le change à la maisonnée par un stratagème longuement mûri.)

11Dans cette nouvelle « Le luth », pas de « Maillasse » ni de « Boutanga », l’homosexualité à laquelle naît l’ambassadeur ne tourne pas autour du « pot de chambre ». Les mains que convoque l’instrument de musique qui fait le titre de la nouvelle36 cherchent d’abord un autre objet, dont la forme est suggérée par les statuettes et les figurines et les manches des instruments de musique que l’ambassadeur caresse rêveusement sur les marchés, dans les souks, dans les boutiques d’antiquaires, et dont les prédispositions naturelles satisferaient le « besoin de toucher, de faire jaillir, de pétrir37 » de l’ambassadeur. Ses mains le cherchent, et sa bouche : « la contemplation ne lui suffisait plus et […] grandissait en lui le désir bizarre mais irrésistible de goûter plus intimement à la beauté du monde, de la porter à ses lèvres comme une coupe de vin38 » ; il se montre disponible, en retour, à l’appel des masques qui manifestent le besoin d’être ranimés, lorsqu’il passe des heures « à caresser, de ses doigts longs et fins, qui paraissaient faits pour ce geste, une statuette ou un masque, comme pour essayer de leur rendre vie39 ».

Habib

12De tous les personnages picaresques de Romain Gary, le plus irrespectueux des lois et des codes – au sens du plus insouciant, et du plus irresponsable, au point d’en paraître odieux aux autres protagonistes de son roman – est sans nul doute Habib, l’aventurier libanais des Racines du ciel. Avec ses « mollets étonnamment musclés et solides, bien terrestres40 », son « air de santé et de joie de vivre41 », portant avec lui « partout où il allait cette conviction goguenarde de l’infinité des ressources offertes par la terre à ceux qui savaient l’habiter avec art42 », animé d’« un rire silencieux qui secouait plusieurs fois par jour, et sans raison apparente, sa barbe noire43 », ayant « toujours navigué, sinon sous son propre pavillon, du moins toujours pour son propre compte44 », coiffé d’une « casquette de navigateur45 », d’une « casquette de yachtman46 », « l’aventurier-né47 » est le moins spirituel et le plus séculier des picaros de Gary. Parce qu’il « ne s’attachait à aucune cause48 », à ce point qu’on pouvait dire de lui que « si un idéal pouvait l’inspirer, c’était seulement celui d’être à la hauteur de toutes les possibilités merveilleuses de la vie49 », Habib accède même au statut d’archétype du picaro garyen : c’est en effet un personnage à son image qui « se présente tout de suite50 » lorsque l’auteur de Pour Sganarelle recherche « par quel biais attaquer la Puissance [qui limite les possibilités de la vie]51 » ; ce sont son attitude (« Il n’y a pas de trace de respect pour qui que ce soit ou quoi que ce soit chez ces gens-là52 »), son physique (« une assez sale gueule53 », des yeux « gais, sombrement moqueurs54 », ainsi qu’« une barbe55 ») et jusqu’à sa « casquette de marin56 » qui s’imposent alors.

13Dans le roman La Tête coupable qui suivra, le picaro Cohn-Mathieu aura lui aussi une « casquette de capitaine au long cours57 », une « mine hilare, l’œil étincelant58 », une « barbe en avant59 », un « nez de conquérant60 », une « boucle d’or dans l’oreille61 ». Romain Gary s’affublera lui-même de certains de ces attributs : « il y a vingt ans que j’ai envie d’une casquette de marin, mais j’étais diplomate62 »63.

14Habib est « un homme qui collait admirablement à la vie64 », « en union parfaite avec elle65 ». Selon l’étymologie arabe de son prénom, il est « bien-aimé » de cette vie, ou de son auteur – ou encore de son « jeune ami » de Vries66, puisque « l’amitié entre les deux hommes était plutôt une soumission à quelque lien secret, indépendant de leur volonté67 ». Si l’amour homosexuel reste ainsi évoqué plutôt que catégoriquement nommé dans Les Racines du ciel, il n’y est pas moins effectif. Avec de Vries – ou avec beaucoup d’autres, tant Habib reste ouvert à toutes les possibilités, en tout temps et tout lieu ! Jusque dans les prisons qu’il fréquente parfois (et qui lui laissent « des souvenirs nullement désagréables » : il y a passé « quelques-uns de ses meilleurs moments, sexuellement parlant en tout cas68 »), et même, dès le chemin des prisons : arrêté, le voici « jetant des œillades intéressées à l’un des gendarmes, particulièrement vigoureux et joli garçon69 »…

Bill Callum

15L’ambassadeur comte de N… de la nouvelle « Le Luth » est « [g]rand, mince, de cette élégance qui va si bien avec des mains longues et délicates70 », mais John William Callum, Bill, dans La Tête coupable, est d’un autre calibre. Cent trente kilos de graisse américaine dans la luxuriance de Tahiti où se déroule le roman, crasseux, barbu. À la fois « authentique génie » artistique, chef de file d’une école dite « abstentionnisme révolutionnaire71 » (qui consiste à ne produire que des œuvres vides, muettes, et à ne les commenter qu’entre les lignes), et espion d’élite sur la scène des essais nucléaires de la France dans le Pacifique. Il excelle à ce point dans sa profession que son employeur, la C.I.A., « lui pardonnait même sa pédérastie, à condition qu’il sût la garder dans des limites décentes72. »73 Il s’agit bien ici d’entendre dans le mot « pédérastie » l’acception littéraire d’homosexualité : la version américaine The Guilty Head, réécrite par Gary lui-même, non identique mais globalement homologue à La Tête coupable, use en effet pour caractériser la dimension sexuelle de Bill Callum des termes de queer, de fag, et d’homosexuality74. L’homme est repoussant, physiquement et, en outre à ses yeux, psychiquement, au point qu’il s’est lui-même pris en horreur. Mais Cohn, le héros du roman, éminent scientifique pourtant traqué par lui, n’est pas sans l’apprécier – pour des raisons similaires à celles qui poussent Morel à voir en Habib, occasionnel adversaire, un picaro de légende de l’aventure humaine. Et s’il s’amuse à le tourmenter, c’est pour mieux goûter la truculence des colères dont est capable cette masse de graisse complexée. La version américaine du roman illustre de détails additionnels l’attachement esthétique, humaniste, de Cohn à la figure de Callum : à un moment de l’histoire il le sort de la merde – à proprement parler, les planches des latrines où Cohn jette les brouillons de ses recherches s’étant effondrées sous le poids de l’espion qui cherchait à les récupérer75 ; à un autre, c’est l’homosexualité même de Callum qu’il défend contre la part qui la hait du psychisme tourmenté de l’espion, lorsqu’il estime que les boucles d’oreille que porte Callum, présentées dans le roman comme des symboles indiens de chasteté, « étaient contre [s]es joues rondes comme une injure à l’homosexualité76 ».

D’autres encore

16Il est dans l’œuvre de Romain Gary d’autres personnages homosexuels, tel dans la Normandie occupée des Cerfs-volants le juif « Francis Dupré », de son vrai nom Isidore Lefkowitz, « chétif, assez joli garçon dans le genre danseur de tango77 », compagnon de vie d’un officier de la Gestapo ; il est d’autres personnages qui s’adonnent à la bisexualité tel, dans l’Amérique du Sud en voie de développement des Mangeurs d’étoiles, le dictateur José Almayo à quelque moment de sa jeunesse aventureuse, alors qu’il était déjà en quête d’un Méphistophélès auquel vendre son âme en échange de la gloire et surtout de la puissance dont il est assoiffé. Mais au lieu d’un vrai familier des puissances du mal, qui aurait su intercéder en sa faveur auprès d’elles, le « gros homme78 » à la mauvaise réputation auquel il se donne et par lequel il se laisse un temps entretenir n’est qu’un « imposteur79 » qui ne peut rien pour lui, et en outre une « immonde salope80 », aux mains « grassouillettes comme des pattes de sauriens81 », « dont il se promettait bien un jour de se venger impitoyablement82 ».

17Notre tour d’horizon, cependant, est déjà suffisamment large : il nous reste à l’approfondir.

Ils ne se ressemblent pas

18John William Callum, se vivant aux regards des conventions sociales, est déchiré entre l’horreur que lui inspirent et son physique et son psychisme, et d’autre part la fierté que lui restitue l’idée de son excellence professionnelle. Habib se montre et se sait vivre en harmonie avec la nature du monde et des hommes. Le Comte de N… se laisse naître à son homosexualité. Sacha Darlington, drogué à l’occasion, se répand en sensibilité et en fragilité exacerbées. Francis Dupré n’est en « grande forme83 » que grâce à la drogue. Madame Lola, solide au contraire et maître de lui-même, s’empare de son homosexualité et l’oriente encore, en en faisant tout son métier et toute sa vie. Bug Moran aime en général, en théorie comme en pratique, et il sait ne pas imposer son homosexualité aux autres : « Il se contentait de vous regarder de ses grands yeux liquides, comme un gros saint-bernard qui attend du secours, mais on n’était pas obligé de le secourir, et ce n’était pas gênant84. »

19Loin de taire l’homosexualité masculine, loin de la personnifier en quelque caricature archétypale, l’œuvre garyenne en dépeint les modalités sur un large et varié spectre : haine de soi, complexes, bonheur de l’harmonie, sans complexes, trouble de la lente révélation à soi-même filé par la curiosité, insécurité sentimentale, maîtrise et reprise de l’étrange élan de la nature, fraternité… pornographie sodomite, active et passive, sensualité onaniste, de main et de bouche, regards d’appel aux échanges charnels indéfinis…

Ils sont présents aux autres

20Si la place des personnages homosexuels peut être qualifiée de secondaire dans les récits qui les enrôlent (au sens de la focalisation de la narration, ou éventuellement de la notoriété du titre de l’œuvre), elle n’en est pas pour autant anecdotique, ou de simple figuration. Les personnages principaux comptent avec ces homosexuels, trouvent auprès d’eux conseils, voire aide, ou refuge.

21Madame Lola est toujours présente pour Momo et pour Madame Rosa dans La Vie devant soi, avec ses cadeaux de robe, de champagne, d’argent, de coups de mains, se proposant d’adopter Momo, lui préparant à manger. « Si tout le monde était comme elle […] il y aurait beaucoup moins de malheurs85 ».

22Dans le chalet cosmopolite de Bug Moran, asile « des paumés de tout poil86 » et mémorial de leurs légendes – comme devait être traversé de figures hautes en couleurs, en son temps, à l’autre bout des Alpes, l’hôtel-pension Mermonts de Nina Kacew –, le héros Lenny, déserteur du Vietnam, épave picaresque (et à ce titre prometteuse d’un dépassement) des valeurs paradoxales, voire oxymoriques, de l’Amérique de la liberté et de la puissance, peut non seulement « manger, boire et dormir à l’œil87 », se faire donner un peu d’argent à l’occasion88, mais aussi trouver en Bug lui-même un guide spirituel :

[…] Bug Moran a raison lorsqu’il dit qu’on vit dans une civilisation de godemichés, de sales trucs, contre nature, qui tiennent lieu, qui font semblant, l’auto, le communisme, la patrie, Mao, Castro, tout ça, c’est des godemichés […]89

23Bill Callum dans La Tête coupable sauve à son tour la vie de Cohn90, lequel en outre trouve refuge chez lui lorsqu’il se sait en danger mortel91.

24Francis Dupré fournit au Ludo des Cerfs-Volants des informations cruciales tant à la résistance normande qu’à son histoire d’amour avec Lila92.

25Sacha Darlington, par une personnalité excessive, et un physique « trop laid et trop repoussant93 » pour ne pas avoir, selon l’imagination ici superstitieuse du narrateur Luc Martin du Grand Vestiaire, quelque accointance avec les dieux qui se jouent des vies humaines, acquiert aux yeux du héros le statut d’ « une espèce de fétiche, de fétiche vivant94 ». L’adolescent en son for intérieur implore sa protection, la nuit dans les moments de doute95, ou quand un braquage tourne mal96. Il échappe à la police : l’aura sauvé le pouvoir mystérieux que confère l’intuition de Luc à l’acteur homosexuel, et que prédisait la signification du prénom Sacha – forme hypocoristique d’Alexandre, décodable en « secoureur des hommes » selon l’étymologie grecque – que Gary a choisi pour son Darlington.

26Habib, que son manque de scrupules rend odieux au lecteur des Racines du ciel, comme à quelques-uns de ses personnages, trouve aux yeux de Morel des qualités rédemptrices en ce que, quand bien même les malheurs des uns, ou des autres, ou ceux qui l’accablent lui-même interfèrent avec son affaire, bloquent son chemin, ruinent son aspiration du moment, jamais ils ne le découragent vraiment. « Morel finissait par avoir une véritable sympathie pour cette canaille dont la franchise et le cynisme avaient un accent de conviction qu’il paraissait puiser aux sources de quelque professionnelle intimité avec l’humain97 ». Toujours Habib trouve à s’affairer, toujours il saura dégager une voie nouvelle. Morel, le héros épris de l’« affaire homme98 », lui jette parfois « un coup d’œil presque amical99 ». Même lorsque Habib aura pris part au massacre final des éléphants, qui aura semblé anéantir l’enjeu vivant de la cause de Morel, et avec elle son immédiate raison d’être, Morel l’excusera encore, identifiant en son compagnon de Vries le vrai responsable – qu’il aura entretemps tué. Et à l’image de Habib, Morel continuera sa lutte malgré les batailles apparemment perdues.

Un sens, un projet ?

L’auteur captif du thème ?

27Sur la base de toutes ces observations rassemblées, il n’est que légitime de caractériser par le mot de bienveillance la qualité de l’accueil que l’œuvre garyenne ménage à l’homosexualité masculine, une homosexualité chez elle plurielle, parfois problématique (à l’échelon individuel ou familial, un complexe comme un autre), jamais discriminante (les relations avec les personnages principaux échappent à l’homophobie comme à l’homophilie, à toute survalorisation du fait homosexuel), toujours associée à des rayonnements lancés ou saisis de fraternité (traits autrement décisifs pour l’action diégétique).

28Mais quel statut, quel nom donner à cette manifestation d’ouverture à l’homosexualité de l’œuvre romanesque de Romain Gary ? Il reviendrait, plutôt qu’à la psychanalytique littéraire exploratoire, à des biographes talentueux, et opiniâtres, d’enquêter à travers le foisonnement rapporté des aventures féminines du romancier pour sonder la solidité de l’hypothèse que Gary ait pu vivre quelque forme effective d’homosexualité, de bisexualité. Par eux confirmée, l’hypothèse offrirait la lecture de l’homosexualité que romance Gary à l’éclairage de la transposition, voire de la sublimation, de l’expérience vécue ; elle soulèverait le questionnement de la manière dont celle-ci est cultivée, illustrée, voire défendue. Elle justifierait aussi de soumettre l’œuvre à la grille de lecture du gayisme – dans sa forme historiquement prototypale, et moins ouvertement militante que très cryptique et complexée, dans la mesure où l’auteur de La Promesse de l’aube laisse entendre qu’il n’est pas « un homosexuel en fuite100 », dans la mesure où il exprime que « le contact intime du corps masculin [le] repousse101 », dans la mesure encore où il ne dit pas qu’il n’est pas homosexuel tout en semblant écarter la possibilité qu’il le soit, lorsqu’il explique, en 1972, aux téléspectateurs de l’émission des Visages du cinéma, qu’il n’a « absolument pas été marqué par un excès d’absence paternelle ou par un excès de présence maternelle », et que « si les écoles psychanalytiques étaient vraiment scientifiquement fondées, avec une mère aussi possessive, dominatrice, disons le mot, tyrannique, que la [s]ienne, [il] aurait dû être au moins homosexuel102. »

29Pour quelqu’un qui confiait à la presse, dans le sillage des rumeurs consécutives à l’attribution du prix Goncourt à La Vie devant soi, un ferme démenti autographe qu’il pût être Émile Ajar103, il y aurait dans ces désaveux (par anticipation, ou de réaction) la trace de la permanence d’une remarquable stratégie de protection, ou tout du moins de distinction de la vie intime et la vie publique, un mécanisme à thématiser dans un englobant (ouvert à toutes les sexualités) qui n’exclurait ni Pavel Melnikov / Andreï Petcherski, ni Lewis Carroll / Charles Ludwidge Dodgson, ni Thomas Pynchon, ni Pierre Salinger, ni Witold Gombrowicz, ni mille autres qu’alertent l’intrusion du lectorat dans leur vie privée, ou l’idée que leur œuvre, telle que peut la consacrer la leçon publique, finisse enfermée dans la contingence tout éphémère du cercle biographique…

30Infirmée, la piste de l’homosexualité vécue, confrontée à la qualité de la présence homosexuelle dans l’œuvre, allègerait (ou régénérerait) le travail de l’analyste, en dégageant l’appréhension du travail du romancier des scrupules (ou des réflexes) de devoir composer au sein des limites imposées par les questions d’appartenance communautaire. Estampillée lettre morte, elle baliserait les préoccupations inutiles, et contribuerait à laisser apprécier l’ampleur et l’extension de l’imagination sensible de l’auteur, empathique, altruiste, ouverte à la variété picaresque des deux mondes : celui, bien plus large qu’un « je » aux expériences pourtant déjà remarquablement variées, qui s’offre en inspiration de son œuvre et celui, créé, et en cela tout autonome, que l’œuvre dessillée bâtit à son tour. Elle rendrait la puissance d’observation et d’invention de Romain Gary à la mesure de la « géographie de l’infini104 » et de ce « nouvel océan ambiant fraternel et nourricier105 » qu’est, masculinisée par la métaphore, la culture qu’il défend dans Pour Sganarelle, ce frère Océan auprès duquel, et au nom duquel, il écrit son œuvre – cet infini fécond auquel il apporte ses livres, plutôt qu’à sa mère qui l’a fait pourtant ; plutôt qu’aux anciens de la France libre dont il est pourtant ; plutôt qu’à l’aviation qui l’emmenait pourtant, union mécanique des éléments et des aspirations, à l’effective « poursuite du bleu106 » ; plutôt qu’au corps diplomatique ; plutôt qu’à la famille étendue de ceux qu’ils nomment ses « [c]ousins juifs107 » ; plutôt qu’à sa maison d’édition ; plutôt qu’au monument de lui-même fait de sa légende vécue, lorsqu’il s’aventure dans l’avatar Ajar, qui ne redeviendra pour les autres une affaire Gary qu’après sa mort…

L’auteur maître du thème ?

31Mais peser le potentiel de l’alternative, dans le regret de ne pouvoir résoudre l’hypothèse biographique, c’est encore thématiser la question de l’homosexualité dans l’œuvre garyenne par la répétition des mécanismes qui sondent l’appartenance (homosexuelle, ou autrement instanciée) à partir de la structuration de l’appartenance ; c’est chercher la meilleure association, sauf à en ajuster marginalement les fondations théoriques, entre les types de réponses connus par les travaux psychanalytiques ou sociologiques et un ensemble de faits isolés d’une œuvre, triés et extraits au crible préalable de l’évidence thématique calibrée. Mais ni l’œuvre qui porte un thème manifeste, ni la plume libre créatrice qui lui fait porter ce thème, ne sont mécaniquement asservies à lui. Ce sont elles au contraire, ou avant tout, qui s’en emparent, le manient, le manipulent. Peut-être pour servir (ou contrecarrer) les mêmes fins que celles que veulent reconnaître les lectorats préoccupés du thème. Peut-être aussi, quand elle est vaste et riche comme celle du joueur d’échecs Romain Gary – guerrier, auteur, diplomate… bref, homme de moyens, de combinaisons et de coups d’avance –, pour en servir d’autres. Purement esthétiques, s’il faut citer des pistes, ou éthiques, ou circonstancielles. C’est par l’éclairage d’une cause englobante, à la fois ultérieure et sous-jacente, que l’œuvre de Romain Gary cultive en plus, et à partir, de la bienveillance qu’elle ménage à l’égard de l’homosexualité, qu’il nous semble nécessaire de continuer cette étude.

L’hypothèse tentée

32Cette cause des romans de Gary – qui se laisse elle-même subsumer sous la question de la fraternité108, laquelle à son tour s’apprécie à l’aune de la conviction que l’évolution du cosmos, dont la vie, dont la vie sur Terre, dont la vie humaine, réserve à l’humanité encore infiniment jeune, embryonnaire, un avenir sinon unifié à la Pierre Teilhard de Chardin, du moins animé d’un similaire amour universel de chacun pour la vie de tous les autres (un amour généralisé aujourd’hui à peine balbutiant, prophétisé par les aspirations de quelques rêveurs qui disent, à l’instar de Momo dans La Vie devant soi : « il faut aimer109 »110) – cette cause intermédiaire des romans de Gary, au-delà du gayisme qui la sert sans se perdre, par la grâce du talent du romancier, en deçà de la métaphysique de l’évolutionnisme optimiste qu’elle contribue en outre à faire prendre dans la réalité111, il nous semble possible de la cerner sous la notion de désacralisation de la sexualité. Non le dénigrement cynique universel de la sexualité, mais une forme de libération des idoles, de restitution décomplexée, et surtout décomplexante, de la sexualité aux dimensions humaines de l’individu, soit à l’infinie variété de la vie, extirpée et libérée des visées à proprement parler stériles (car répétitives d’ordres du monde jaloux de leur puissance, et par cela humiliateurs de la dignité humaine appréciée à l’aune de l’humanisme picaresque) dans lesquelles la conditionnent les dogmes moraux, religieux, sociétaux et leurs avatars économiques, politiques et psychanalytiques.

33Lorsque l’œuvre de Gary banalise l’homosexualité, comme lorsqu’elle exalte la dignité des prostituées (en valorisant leur indépendance, l’amour qu’elle donne, leur rôle dans la société, à travers des héroïnes dont les figures romanesques doivent être plus réconfortantes, à titre individuel, quand on doit « se défendre » sur le trottoir, que toutes les sollicitudes générales, toujours culpabilisatrices), comme lorsqu’elle dissocie la transmission de l’amour de la filiation biologique (pensons à Momo et à Madame Rosa ; à ce fils que va lui donner Meeva et dont Cohn se réjouit parce qu’il ne sera pas de lui, qu’il sera « un fils de père inconnu, un fils qui n’allait pas avoir une seule goutte de son sang dans les veines, ce qui permettait tous les espoirs112 » ; à Lenny qui ne comprend pas certains taraudages paternels « […] qu’est-ce que ça fout que votre fils soit de vous ou pas ? C’était du nationalisme, une obsession comme ça […]113 »), elle contribue à dégager la sexualité des codes qui la régulent et des finalités qu’ils lui assignent.

34Comme encore lorsqu’elle affirme que le destin de l’humanité ne se joue pas sur la seule sexualité à finalité reproductive, qu’on envisage celle-ci dans son efficience actualisée, ou par son versant de stérilité contraceptive ou naturelle. C’est ce qu’écrit Cousin lorsqu’il rapporte la « banalisation » de la pratique anulinguale de « la feuille de rose114 », ou qu’il prend l’exemple de la sodomie qui désappointe l’attente des spermatozoïdes (même lorsque ceux-ci pensent triompher des préservatifs où on peut chercher à les contenir115), pour illustrer sa conviction que le « droit sacré à la vie116 » n’est pas condamné à rester « réduit à s’écouler par voies urinaires117 ». C’est ce que déclare Gary lui-même, lors d’une interview contemporaine de la genèse de Gros-Câlin : « Les hommes et les femmes n’ont encore jamais songé à transcender la sexualité pour établir entre eux des rapports fraternels », constate-t-il en effet, en suggérant alors : « On devrait peut-être essayer de bâtir quelque chose ensemble, pour changer118 ». La sexualité, en somme, n’est pas la clé de l’avenir… C’est là un enjeu qu’avait déjà radicalisé la Bible, en racontant la naissance une fois pour toutes du phylum christique à partir d’une immaculée conception.

35Dans cette perspective qui confie la transmission à l’amour plutôt qu’à la filiation biologique, où l’avenir se prépare par des moyens qui sont en train de changer, de dépassements plutôt que de reproduction, certaines phrases de l’œuvre de Romain Gary gagnent un sens ouvertement fécond, quand la stricte leçon morale les cantonne à d’anodines peintures sociales : « – Le comportement sexuel des êtres humains n’a aucune importance, n’est-ce pas ? », demande-t-on à Minna lors du procès des complices de Morel. « – Ce n’est pas ça qui compte, répète-t-elle obstinément119 ».

36C’est que le génésique n’est pas le génésiaque.

37Ce projet de désacralisation de la sexualité, effectivement actif, volontaire, Gary l’engage non pas au nom de la morale, ou d’un simple droit à la liberté des mœurs, mais, paradoxalement, au nom de l’intégrité des lois de la nature que corrompent et pervertissent ceux qui les exhibent, ou s’en réclament, ou pensent les connaître et les prétextent pour, tantôt, justifier ce qu’ils aimeraient voir et savoir imposé à tous, pour, tantôt, détourner l’attention des atrocités véritables dont l’homme qui mesure quelque peu, en plein ou en creux, « l’honneur d’être un homme120 » se sait être, ontologiquement encore à notre époque géologique, responsable. Car convoquer les lois de la nature, ce n’est jamais qu’en convoquer quelques-unes, ou quelques-uns de leurs paramètres. Romain Gary semble, lui, pour sa part, ne jamais oublier l’avertissement de Renan, que « nous ne formulons les lois de la nature que pour l’état actuel, et [que] l’état actuel n’est qu’un cas particulier121 », et anime son œuvre de cette conviction que la nature physique du picaro humain est caractérisée moins par les lois que nous lui connaissons que par la loi du dépassement de ses lois.

38C’est ainsi que « l’homosexualité », pour Romain Gary, « est une extravagance de la nature », c’est-à-dire qu’« elle n’est pas un acte contre nature122 », au contraire des prétextes qu’ont donnés et que donnent, aujourd’hui encore, certaines législations aux principes de l’organisation de leur ordre national. C’est un mouvement de la nature tout indépendant de la volonté et de l’éducation, ainsi que le caractérisent précisément certaines phrases de la nouvelle « Le luth ». Voici l’ambassadeur Comte de N… surpris par des élans étranges, étonné par ses envies et ses besoins de caresser, c’était « un peu comme si ses mains eussent eu un rêve à elles, une aspiration indépendante de sa volonté et qu’il ne comprenait pas123 », c’était « une avidité à la fois confuse et tyrannique124 ».

39Son épouse, la « compagne parfaite » par laquelle s’était peut-être reproduite la vie, assurément la convention sociale, sous la forme de « quatre enfants charmants125 », a identifié, et nommé, sa rivale, et le danger pour l’ordre dont elle est la gardienne. Elle « traitait la nature avec une extrême réserve, comme si elle l’eût crue capable d’un scandale126 ». Elle priait « pour qu’aucun de ces engins à retardement que le destin place parfois dès la naissance dans le cœur d’un homme ne vînt soudain à exploser en lui127 ». En vain, car, au bout de la nouvelle, la nature aura eu gain de cause. Comme libérée par la grâce de l’instrument de musique dont s’est entiché l’ambassadeur, aux pouvoirs profonds, reconnus. Le luth, al oûd, fut en effet conçu, selon le géographe, historiographe et factographe arabe du Xe siècle Abu al-Hasan Ali al Masudi, « dans un étroit rapport avec le tempérament de l’homme » ; lorsque ses cordes « sont une juste proportion avec les nombres augustes », alors « le luth participe à la nature de l’homme et l’agite d’une émotion qui n’est autre chose que le retour subit de l’âme à son état naturel128. ». Le retour de l’âme de l’ambassadeur à quelque état naturel, et l’effondrement, toutes larmes retenues, du monde conventionnel de son épouse. Deux mondes basculent, au profit de la variété de la vie, dans la significativement nommée « villa Thérapia129 » qu’occupent à Istanbul l’ambassadeur de la nouvelle et sa famille.

Conclusion

40Il pouvait sembler paradoxal – tant est systématique l’hétérosexualité des couples évidents de l’œuvre (de Janek & Zosia d’Éducation européenne en 1944-1945 jusqu’à Ludo & Lila des Cerfs-Volants en 1980), tant est prégnante l’image publique de l’auteur en homme qui aimait les femmes, tant les travaux critiques qui traitent de la sexualité chez Gary centrent leur sujet sur l’image de la femme que construit l’œuvre d’un mâle (objet ou prostituée, fantasmée, amputée d’aspirations métaphysiques…) –, il pouvait sembler paradoxal de rapprocher l’œuvre de Romain Gary des livres qui font aujourd’hui les rayonnages du roman gay.

41Pourtant, parmi les personnages d’ambiance des romans de Gary, nombreuses sont les figures homosexuelles masculines. Tel est homosexuel en spectacle permanent (le comédien Sacha Darlington dans Le Grand Vestiaire de 1948). Tel se découvre à son homosexualité (l’ambassadeur Comte de N… dans la nouvelle « Le Luth » de 1954). Tel ex-boxeur sénégalais s’aventure dans une transsexualité nourrie tous les jours avec des hormones (Madame Lola de La Vie devant soi de 1975). Le plus souvent, ces homosexuels de l’arrière-plan offrent aux personnages principaux un repère bienveillant, un rire bien vivant (Habib dans Les Racines du ciel, 1956), des informations cruciales (Francis Dupré dans Les Cerfs-Volants, 1980), voire un secours effectif, voire même une église (Bug Moran dans Adieu Gary Cooper, 1964-1969).

42Puisque (à notre connaissance) cela n’avait jamais été remarqué (ni de France, ni d’ailleurs), nous nous sommes attaché d’abord à montrer, à travers exemples et reculs, que l’ensemble de l’œuvre signée Romain Gary ou Émile Ajar accueille, et abrite, avec bienveillance, la qualité et les mœurs d’une homosexualité masculine pluriforme. Nous nous sommes proposé de cerner ensuite la part attribuable à l’auteur dans le déséquilibre manifeste entre l’ampleur de fond de l’homosexualité masculine dans l’œuvre et l’image d’homme à femmes que la critique comme la culture générale associent à Romain Gary. Il nous est apparu que la défense et l’illustration de l’homosexualité dans l’œuvre de Romain Gary ne sont pas la fin d’un engagement, mais l’un des moyens par lesquels il désacralise la sexualité en général (entendue entre adultes consentants) en la reléguant elle-même aux seconds rangs des préoccupations humanistes – ce qui se passe « au-dessous de la ceinture » (pour reprendre une de ses fameuses formules) ne comptant pas, ne jouant pour lui aucun rôle (mal gré qu’en aient moralistes, légalistes, biologistes, généticiens, nationalistes, psychanalystes, psychiatres et autres pédigristes) dans un processus de fraternisation digne des noms de l’homme et de l’humanité.

Notes de bas de page numériques

1  Romain Gary interviewé par Anne Germain, « 7 questions à… Romain Gary », Emmanuelle, n° 13, octobre 1975, p. 43.

2  Romain Gary, Les Enchanteurs [1973], Paris, Gallimard, « Folio » [1988], 1995, p. 40-41.

3  Romain Gary, Les Enchanteurs [1973], Paris, Gallimard, « Folio » [1988], 1995, p. 41.

4  Romain Gary, La Tête coupable [1968], édition définitive, Paris, Gallimard, « Folio » [1980], 1996, p. 206.

5  Romain Gary, La Tête coupable [1968], édition définitive, Paris, Gallimard, « Folio » [1980], 1996, p. 76.

6  Romain Gary, Les Racines du ciel [1956], texte définitif [1980], Paris, Gallimard, « Folio » [1972, 1980], 2001, p. 417.

7  Romain Gary, Adieu Gary Cooper [1969], Paris, Gallimard, « Folio » [1991], 2004, p. 28.

8  Romain Gary,« Journal d’un irrégulier : Les juges de Pierre Clémenti ; Les mauvaises critiques ne font pas les bons films ; Un être en caoutchouc inébranlable », France-Soir, 16 mars 1972, p. 9.

9  Jean-François Pépin, Aspects du corps dans l’œuvre de Romain Gary, Paris, L’Harmattan, « Le corps en question », 2003, p. 194.

10  Romain Gary, Adieu Gary Cooper [1969], Paris, Gallimard, « Folio » [1991], 2004, p. 94.

11  Romain Gary, Clair de femme [1977], Paris, Gallimard, « Folio » [1982], 2009, p. 67.

12  Romain Gary, Les oiseaux vont mourir au Pérou, Universal Productions France, 1968.

13  Romain Gary, « Ces femmes que j’aime » [1974], in Jean-François Hangouët et Paul Audi (dir.), Romain Gary, Cahier de l’Herne n° 85, Paris, L’Herne, 2005, p. 270.

14  Romain Gary, Le Grand Vestiaire [1948], Paris, Gallimard, « Folio » [1985], 2000, p. 109.

15  Romain Gary, Le Grand Vestiaire [1948], Paris, Gallimard, « Folio » [1985], 2000, p. 102, p. 107.

16  Sacha Darlington explique un jour à Luc : « […] un grand écrivain français l’a dit : le marxisme restitue à l’individu sa fertilité. Ce serait merveilleux, merveilleux ! » (Le Grand Vestiaire, p. 131). Il évoque ici la préface du Temps du mépris (1935), où Malraux écrivait : « […] le communisme restitue à l’homme sa fertilité ». Voir André Malraux, Le Temps du mépris [1935], Genève, Albert Skira, 1945, p. 13.

17  Romain Gary, Le Grand Vestiaire [1948], Paris, Gallimard, « Folio » [1985], 2000, p. 102, p. 131.

18  Romain Gary, Le Grand Vestiaire [1948], Paris, Gallimard, « Folio » [1985], 2000, p. 102, p. 131.

19  Romain Gary [Émile Ajar], La Vie devant soi [1975], Paris, Gallimard, « Folio » [1977, 1982], 2004, p. 143.

20  Romain Gary [Émile Ajar], La Vie devant soi [1975], Paris, Gallimard, « Folio » [1977, 1982], 2004, p. 142.

21  Romain Gary [Émile Ajar], La Vie devant soi [1975], Paris, Gallimard, « Folio » [1977, 1982], 2004, p. 247.

22  Nous empruntons ces mots à la stimulante analyse d’Anne Simon : « Ajar ou les métamorphoses du corps », in Signé Ajar, textes réunis par Firyel Abdeljaouad, Jean-François Hangouët et Denis Labouret, Jaignes, La Chasse au Snark, « Études Romain Gary », 2004, p. 132.

23  Anne Morange, Le dépassement des limites : expérience de soi, expérience de l’écriture dans les récits d’apprentissage de Gary-Ajar, thèse sous la direction d’Yves Baudelle, Université Charles de Gaulle – Lille 3, décembre 2006, p. 854, note 1651. En ligne : http://documents.univ-lille3.fr/files/pub/www/recherche/theses/MORANGE_ANNE.pdf (consulté le 9 janvier 2012).

24  Romain Gary, Adieu Gary Cooper [1969], Paris, Gallimard, « Folio » [1991], 2004, p. 19.

25  Romain Gary, Adieu Gary Cooper [1969], Paris, Gallimard, « Folio » [1991], 2004, p. 19.

26  Romain Gary, Adieu Gary Cooper [1969], Paris, Gallimard, « Folio » [1991], 2004, p. 109.

27  Romain Gary, Adieu Gary Cooper [1969], Paris, Gallimard, « Folio » [1991], 2004, p. 27.

28  Romain Gary, Adieu Gary Cooper [1969], Paris, Gallimard, « Folio » [1991], 2004, p. 62.

29  Romain Gary [Émile Ajar], Gros-Câlin [1974], nouvelle édition, augmentée de la fin initialement souhaitée par l’auteur, établie, présentée et annotée par Jean-François Hangouët, Paris, Mercure de France, 2007, p. 73.

30  Romain Gary, Adieu Gary Cooper [1969], Paris, Gallimard, « Folio » [1991], 2004, p. 64.

31  Cette trajectoire dans la fiction du nord au sud de l’Europe n’est pas sans styliser le parcours biographique de Roman Kacew, en 1914 né à Vilnius, en 1946 diplomate (français : Romain) en premier poste en Bulgarie.

32  Romain Gary, Les oiseaux vont mourir au Pérou [Gloire à nos illustres pionniers, 1962], Paris, Gallimard, « Folio » [1975], 2003, p. 51.

33  Romain Gary, Les Racines du ciel [1956], texte définitif [1980], Paris, Gallimard, « Folio » [1972, 1980], 2001, p. 447.

34  Romain Gary, Les Racines du ciel [1956], texte définitif [1980], Paris, Gallimard, « Folio » [1972, 1980], 2001, p. 405.

35  Commencée en 1952, la période de rédaction des Racines du ciel englobe l’écriture de la nouvelle. « Le luth », en effet, intégrée au recueil Gloire à nos illustres pionniers (1962, édité aujourd’hui sous le titre Les oiseaux vont mourir au Pérou), a paru pour la première fois en 1954, sous le titre « Ainsi s’achève une journée de soleil » (dans la revue La Table ronde, n° 78, juin 1954, p. 75-92). D’après les indications données dans le catalogue de la vente Sotheby’s du 17 juin 2009 (l’une parmi les quelques récentes transactions relatives à ce manuscrit, qui y constituait le lot n° 90), un état autographe proche de la version finale de la nouvelle est daté de New York, juin 1953.

36  « Les mains », d’ailleurs, est, d’après le catalogue de la vente Sotheby’s du 17 juin 2009, l’un des premiers titres de la nouvelle.

37  Romain Gary, Les oiseaux vont mourir au Pérou [Gloire à nos illustres pionniers, 1962], Paris, Gallimard, « Folio » [1975], 2003, p. 56.

38  Romain Gary, Les oiseaux vont mourir au Pérou [Gloire à nos illustres pionniers, 1962], Paris, Gallimard, « Folio » [1975], 2003, p. 48.

39  Romain Gary, Les oiseaux vont mourir au Pérou [Gloire à nos illustres pionniers, 1962], Paris, Gallimard, « Folio » [1975], 2003, p. 43-44.

40  Romain Gary, Les Racines du ciel [1956], texte définitif [1980], Paris, Gallimard, « Folio » [1972, 1980], 2001, p. 148.

41  Romain Gary, Les Racines du ciel [1956], texte définitif [1980], Paris, Gallimard, « Folio » [1972, 1980], 2001, p. 148.

42  Romain Gary, Les Racines du ciel [1956], texte définitif [1980], Paris, Gallimard, « Folio » [1972, 1980], 2001, p. 321.

43  Romain Gary, Les Racines du ciel [1956], texte définitif [1980], Paris, Gallimard, « Folio » [1972, 1980], 2001, p. 19-20.

44  Romain Gary, Les Racines du ciel [1956], texte définitif [1980], Paris, Gallimard, « Folio » [1972, 1980], 2001, p. 356.

45  Romain Gary, Les Racines du ciel [1956], texte définitif [1980], Paris, Gallimard, « Folio » [1972, 1980], 2001, p. 20.

46  Romain Gary, Les Racines du ciel [1956], texte définitif [1980], Paris, Gallimard, « Folio » [1972, 1980], 2001, p. 356.

47  Romain Gary, Les Racines du ciel [1956], texte définitif [1980], Paris, Gallimard, « Folio » [1972, 1980], 2001, p. 356.

48  Romain Gary, Les Racines du ciel [1956], texte définitif [1980], Paris, Gallimard, « Folio » [1972, 1980], 2001, p. 356.

49  Romain Gary, Les Racines du ciel [1956], texte définitif [1980], Paris, Gallimard, « Folio » [1972, 1980], 2001, p. 356.

50  Romain Gary, Pour Sganarelle [1965], Paris, Gallimard, « Folio », 2003, p. 140.

51  Romain Gary, Pour Sganarelle [1965], Paris, Gallimard, « Folio », 2003, p. 140.

52  Romain Gary, Pour Sganarelle [1965], Paris, Gallimard, « Folio », 2003, p. 141.

53  Romain Gary, Pour Sganarelle [1965], Paris, Gallimard, « Folio », 2003, p. 143.

54  Romain Gary, Pour Sganarelle [1965], Paris, Gallimard, « Folio », 2003, p. 143.

55  Romain Gary, Pour Sganarelle [1965], Paris, Gallimard, « Folio », 2003, p. 143.

56  Romain Gary, Pour Sganarelle [1965], Paris, Gallimard, « Folio », 2003, p. 143.

57  Romain Gary, La Tête coupable [1968], édition définitive, Paris, Gallimard, « Folio » [1980], 1996, p. 28.

58  Romain Gary, La Tête coupable [1968], édition définitive, Paris, Gallimard, « Folio » [1980], 1996, p. 28.

59  Romain Gary, La Tête coupable [1968], édition définitive, Paris, Gallimard, « Folio » [1980], 1996, p. 29.

60  Romain Gary, La Tête coupable [1968], édition définitive, Paris, Gallimard, « Folio » [1980], 1996, p. 29.

61  Romain Gary, La Tête coupable [1968], édition définitive, Paris, Gallimard, « Folio » [1980], 1996, p. 29.

62  Romain Gary, Pour Sganarelle [1965], Paris, Gallimard, « Folio », 2003, p. 143.

63  On retrouve la casquette de yachtman sur la tête d’un Romain Gary (encore diplomate) dont la photographie, torse nu, est reproduite dans la seule première édition du livre de Myriam Anissimov, Romain Gary le caméléon (Paris, Denoël, 2004, document n° 40). On retrouve aussi, dans certaines photos de Gary prises à l’époque du film Les Oiseaux vont mourir au Pérou, une casquette et une barbe de picaro (cf. par exemple la photo reproduite à la page 53 du recueil Légendes du je, Paris, Gallimard, coll. « Quarto », 2009).

64  Romain Gary, Les Racines du ciel [1956], texte définitif [1980], Paris, Gallimard, « Folio » [1972, 1980], 2001, p. 20.

65  Romain Gary, Les Racines du ciel [1956], texte définitif [1980], Paris, Gallimard, « Folio » [1972, 1980], 2001, p. 20.

66  Romain Gary, Les Racines du ciel [1956], texte définitif [1980], Paris, Gallimard, « Folio » [1972, 1980], 2001, p. 171.

67  Romain Gary, Les Racines du ciel [1956], texte définitif [1980], Paris, Gallimard, « Folio » [1972, 1980], 2001, p. 21.

68  Romain Gary, Les Racines du ciel [1956], texte définitif [1980], Paris, Gallimard, « Folio » [1972, 1980], 2001, p. 173.

69  Romain Gary, Les Racines du ciel [1956], texte définitif [1980], Paris, Gallimard, « Folio » [1972, 1980], 2001, p. 286.

70  Romain Gary, Les oiseaux vont mourir au Pérou [Gloire à nos illustres pionniers, 1962], Paris, Gallimard, « Folio » [1975], 2003, p. 37.

71  Romain Gary, La Tête coupable [1968], édition définitive, Paris, Gallimard, « Folio » [1980], 1996, p. 316.

72  Romain Gary, La Tête coupable [1968], édition définitive, Paris, Gallimard, « Folio » [1980], 1996, p. 328.

73  Les « limites décentes » de ce passage sont sans doute celles, dans la langue prêtée à la C.I.A., qui séparent la pédérastie du crime. L’œuvre de Gary est impitoyable à l’encontre des pédophiles, tel ce professeur de danse du jeune Roman Kacew dans La Promesse de l’aube, le ridiculisé Sacha Jigloff (un autre Sacha), poursuivi par les coups de canne maternelle pour s’être approché la bouche trop ouverte du garçonnet qui prenait sa douche (l’auteur n’en dit pas plus, sinon son effroi alors d’être mordu, voir La Promesse de l’aube, [1960], édition définitive [1980], Paris, Gallimard, « Folio » [1973, 1980], 2005, p. 28), tels encore les particulièrement cruels violeurs d’enfants Isr Eddine des Racines du ciel (op. cit., p. 198) et le Bersch des Têtes de Stéphanie (Romain Gary [Shatan Bogat], Les Têtes de Stéphanie [1974], Paris, Gallimard, « Folio », 1977, chap. 12), abject bien que drapé, par le chapelet de ses prénoms, dans les rayonnements de l’humanisme européen : Hugo Erasmus Ludwig Amadeus Clementius Aloysus. Leur fin, prédite ou effective dans leur roman respectif, est particulièrement violente.

74  Romain Gary, The Guilty Head, New York, World Publishing Company, 1969, respectivement p. 227, p. 250, p. 229.

75  Romain Gary, The Guilty Head, New York, World Publishing Company, 1969, p. 154-155.

76  Romain Gary, The Guilty Head, New York, World Publishing Company, 1969, p. 229 (notre traduction).

77  Romain Gary, Les Cerfs-volants [1980], Paris, Gallimard, « Folio » [1983], 2003, p. 309.

78  Romain Gary, Les Mangeurs d’étoiles [1966], Paris, Gallimard, « Folio » [1981], 2008, p. 148, p. 149, p. 150, p. 151, p. 152.

79  Romain Gary, Les Mangeurs d’étoiles [1966], Paris, Gallimard, « Folio » [1981], 2008, p. 150.

80  Romain Gary, Les Mangeurs d’étoiles [1966], Paris, Gallimard, « Folio » [1981], 2008, p. 149.

81  Romain Gary, Les Mangeurs d’étoiles [1966], Paris, Gallimard, « Folio » [1981], 2008, p. 150.

82  Romain Gary, Les Mangeurs d’étoiles [1966], Paris, Gallimard, « Folio » [1981], 2008, p. 149.

83  Romain Gary, Les Cerfs-volants [1980], Paris, Gallimard, « Folio » [1983], 2003, p. 325.

84  Romain Gary, Adieu Gary Cooper [1969], Paris, Gallimard, « Folio » [1991], 2004, p. 19.

85  Romain Gary [Émile Ajar], La Vie devant soi [1975], Paris, Gallimard, « Folio » [1977, 1982], 2004, p. 220.

86  Romain Gary, Adieu Gary Cooper [1969], Paris, Gallimard, « Folio » [1991], 2004, p. 19.

87  Romain Gary, Adieu Gary Cooper [1969], Paris, Gallimard, « Folio » [1991], 2004, p. 19.

88  Romain Gary, Adieu Gary Cooper [1969], Paris, Gallimard, « Folio » [1991], 2004, p. 66-67.

89 Romain Gary, Adieu Gary Cooper [1969], Paris, Gallimard, « Folio » [1991], 2004, p. 14.

90  Romain Gary, La Tête coupable [1968], édition définitive, Paris, Gallimard, « Folio » [1980], 1996, p. 320-326.

91  Romain Gary, La Tête coupable [1968], édition définitive, Paris, Gallimard, « Folio » [1980], 1996, p. 327, p. 330, p. 331.

92  Romain Gary, Les Cerfs-volants [1980], Paris, Gallimard, « Folio » [1983], 2003, p. 308, p. 326.

93  Romain Gary, Le Grand Vestiaire [1948], Paris, Gallimard, « Folio » [1985], 2000, p. 127.

94  Romain Gary, Le Grand Vestiaire [1948], Paris, Gallimard, « Folio » [1985], 2000, p. 127.

95  Romain Gary, Le Grand Vestiaire [1948], Paris, Gallimard, « Folio » [1985], 2000, p. 127.

96  Romain Gary, Le Grand Vestiaire [1948], Paris, Gallimard, « Folio » [1985], 2000, p. 223.

97  Romain Gary, Les Racines du ciel [1956], texte définitif [1980], Paris, Gallimard, « Folio » [1972, 1980], 2001, p. 179.

98  Romain Gary, Les Racines du ciel [1956], texte définitif [1980], Paris, Gallimard, « Folio » [1972, 1980], 2001, p. 333.

99  Romain Gary, Les Racines du ciel [1956], texte définitif [1980], Paris, Gallimard, « Folio » [1972, 1980], 2001, p. 179.

100  Romain Gary, La Promesse de l’aube [1960], édition définitive [1980], Paris, Gallimard, « Folio » [1973, 1980], 2005, p. 80.

101  Romain Gary, La Promesse de l’aube [1960], édition définitive [1980], Paris, Gallimard, « Folio » [1973, 1980], 2005, p. 80.

102  Interview de Romain Gary par Bernard Gesbert, émission Visages du Cinéma : Romain Gary, ORTF, 5 mars 1972, extrait inclus dans le film d’Olivier Mille et André Asséo En Quête de Romain Gary, Paris, Artline Films, 1997, série « un siècle d’écrivains » (52 min), 12min17s–12min56s.

103  « J’affirme que je ne suis pas Émile Ajar et que je n’ai collaboré en aucune façon aux ouvrages de cet auteur. Romain Gary ». Voir le fac-similé de ce billet de Romain Gary dans Le Monde du 28 novembre 1975, p. 18.

104  Romain Gary, Pour Sganarelle [1965], Paris, Gallimard, « Folio », 2003, p. 400.

105  Romain Gary, Pour Sganarelle [1965], Paris, Gallimard, « Folio », 2003, p. 14.

106  Un premier relevé de cette expression « poursuite du bleu » dans l’œuvre de Romain Gary : Romain Gary, Les Cerfs-volants [1980], Paris, Gallimard, « Folio » [1983], 2003, p. 12, p. 13, p. 26, p. 85, p. 107, p. 119, p. 275, p. 324 ; Romain Gary, Les Racines du ciel [1956], texte définitif [1980], Paris, Gallimard, « Folio » [1972, 1980], 2001, p. 358 ; Romain Gary, Les Clowns lyriques [1979], Paris, Gallimard, « Folio » [1989], 2004, p. 30, p. 94, p. 117, p. 222 ; Romain Gary, Adieu Gary Cooper [1969], Paris, Gallimard, « Folio » [1991], 2004, p. 182 ; Romain Gary, L’affaire homme, éd. J.-F. Hangouët et P. Audi, trad. P.-E. Dauzat, J.-F. Hangouët et P. Audi, Paris, Gallimard, « Folio », 2005, p. 346.

107  « Mes chers cousins » : ainsi commence la lettre ouverte, réconciliatrice, que Romain Gary adresse, en avril 1970, aux lecteurs du Figaro, dans les remous de la Guerre des Six Jours (et de l’embargo décrété par la France sur les ventes d’armes à Israël ; et de l’indignation dans les communautés juives françaises et internationales entraînée par cette décision ; et de l’indignation de certaines personnalités françaises, dont René Massigli, que certains Français puissent s’indigner de ce choix pris par leur pays pour son intérêt, et donc le leur, les suspectant alors d’allégeance à un autre État ; et des dénonciations de l’antisémitisme que de telles indignations pourraient révéler…). « Ce pays compte deux cent soixante-dix variétés de fromages et que vous en apportiez un de plus ne saurait en aucun façon constituer un défi aux traditions de la cuisine française. » Voir Romain Gary, « Lettre aux Juifs de France », Le Figaro littéraire, 9 mars 1970, p. 8.

108  Pour un éclairage complémentaire sur ce sujet très garyen, nous nous permettons de renvoyer à notre étude « La fraternité à l’œuvre », La Revue des Lettres modernes, Série Romain Gary, éd. Julien Roumette, vol. I, « Le jeu des générations, jeune chien, vieux chien », 2011, pp. 73-91.

109  Romain Gary [Émile Ajar], La Vie devant soi [1975], Paris, Gallimard, « Folio » [1977, 1982], 2004, p. 274.

110  Pour un éclairage complémentaire sur ce sujet très garyen, nous nous permettons de renvoyer à notre étude « Picaros et pédoncules », à paraître un jour, peut-être.

111  Étant bien entendu que le véritable optimisme, pour Romain Gary qui raisonne en âges géologiques, ainsi que le fait le Père Tassin dans Les Racines du ciel, réside dans la conviction que « [les vingt-cinq mille prochaines années seront très difficiles », comme il l’explique à Patrice Galbeau dans l’émission radiophonique La Vie entre les lignes : La Promesse de l’aube (France Culture, diffusion janvier 1974, notre transcription).

112  Romain Gary, La Tête coupable [1968], édition définitive, Paris, Gallimard, « Folio » [1980], 1996, p. 360.

113  Romain Gary, Adieu Gary Cooper [1969], Paris, Gallimard, « Folio » [1991], 2004, p. 12.

114  Romain Gary [Émile Ajar], Gros-Câlin [1974], nouvelle édition, augmentée de la fin initialement souhaitée par l’auteur, établie, présentée et annotée par Jean-François Hangouët, Paris, Mercure de France, 2007, p. 51.

115  Voir Romain Gary [Émile Ajar], Gros-Câlin [1974], nouvelle édition, augmentée de la fin initialement souhaitée par l’auteur, établie, présentée et annotée par Jean-François Hangouët, Paris, Mercure de France, 2007, p. 102.

116  Romain Gary [Émile Ajar], Gros-Câlin [1974], nouvelle édition, augmentée de la fin initialement souhaitée par l’auteur, établie, présentée et annotée par Jean-François Hangouët, Paris, Mercure de France, 2007, p. 102.

117  Romain Gary [Émile Ajar], Gros-Câlin [1974], nouvelle édition, augmentée de la fin initialement souhaitée par l’auteur, établie, présentée et annotée par Jean-François Hangouët, Paris, Mercure de France, 2007, p. 151.

118  Romain Gary, « Ces femmes que j’aime » [1974], in Jean-François Hangouët et Paul Audi (dir.), Romain Gary, Cahier de l’Herne n° 85, Paris, L’Herne, 2005, p. 270.

119  Romain Gary, Les Racines du ciel [1956], texte définitif [1980], Paris, Gallimard, « Folio » [1972, 1980], 2001, p. 247.

120  Un premier relevé de cette expression « l’honneur d’être un homme » dans l’œuvre de Romain Gary : Romain Gary, Les Racines du ciel [1956], texte définitif [1980], Paris, Gallimard, « Folio » [1972, 1980], 2001, p. 112 ; Romain Gary, Les Clowns lyriques [1979], Paris, Gallimard, « Folio » [1989], 2004, p. 30, p. 94, p. 117, p. 229 ; Romain Gary, La Promesse de l’aube [1960], édition définitive [1980], Paris, Gallimard, « Folio » [1973, 1980], 2005, p. 204; Romain Gary, Les Couleurs du jour, Paris, Gallimard, 1952, p. 16, p. 70, p. 125, p. 246 ; Romain Gary, Éducation européenne [1945, 1961], Paris, Gallimard, « Folio » [1972], 2002, p. 74 ; Romain Gary, La nuit sera calme [1974], Paris, Gallimard, « Folio » [1976, 1996], 1996, p. 106 ; Romain Gary, Ode à l’homme qui fut la France [1997], éd. P. Audi, trad. P. Audi et Jean-François Hangouët, Paris, Gallimard, « Folio », 2000, p. 93.

121  Ernest Renan, L’Avenir de la Science [1848-1890], in Œuvres complètes, éd. Henriette Psichari, Paris, Calmann-Lévy, Tome III, 1949, p. 864.

122  Romain Gary,« Ces femmes que j’aime » [1974], in Jean-François Hangouët et Paul Audi (dir.), Romain Gary, Cahier de l’Herne n° 85, Paris, L’Herne, 2005, p. 270.

123  Romain Gary, Les oiseaux vont mourir au Pérou [Gloire à nos illustres pionniers, 1962], Paris, Gallimard, « Folio » [1975], 2003, p. 44.

124  Romain Gary, Les oiseaux vont mourir au Pérou [Gloire à nos illustres pionniers, 1962], Paris, Gallimard, « Folio » [1975], 2003, p. 56.

125  Romain Gary, Les oiseaux vont mourir au Pérou [Gloire à nos illustres pionniers, 1962], Paris, Gallimard, « Folio » [1975], 2003, p. 38.

126  Romain Gary, Les oiseaux vont mourir au Pérou [Gloire à nos illustres pionniers, 1962], Paris, Gallimard, « Folio » [1975], 2003, p. 41.

127  Romain Gary, Les oiseaux vont mourir au Pérou [Gloire à nos illustres pionniers, 1962], Paris, Gallimard, « Folio » [1975], 2003, p. 40.

128  Maçoudi, Les Prairies d’or, tome huitième, texte et traduction par C. Barbier de Maynard, Paris, Imprimerie nationale, 1874, p. 99. En ligne : https://archive.org/details/lesprairiesdor08masuuoft (consulté le 14 décembre 2013).

129  Romain Gary, Les oiseaux vont mourir au Pérou [Gloire à nos illustres pionniers, 1962], Paris, Gallimard, « Folio » [1975], 2003, p. 45.

Bibliographie

 Œuvres de Romain Gary

Gary Romain, Éducation européenne [1945, 1961], Paris, Gallimard, « Folio » [1972], 2002

Gary Romain, Le Grand Vestiaire [1948], Paris, Gallimard, « Folio » [1985], 2000

Gary Romain, Les Couleurs du jour, Paris, Gallimard, 1952

Gary Romain, Les Racines du ciel [1956], texte définitif [1980], Paris, Gallimard, « Folio » [1972, 1980], 2001

Gary Romain, La Promesse de l’aube [1960], édition définitive [1980], Paris, Gallimard, « Folio » [1973, 1980], 2005

Gary Romain, Les oiseaux vont mourir au Pérou [Gloire à nos illustres pionniers, 1962], Paris, Gallimard, « Folio » [1975], 2003

Gary Romain, Pour Sganarelle [1965], Paris, Gallimard, « Folio », 2003

Gary Romain, Les Mangeurs d’étoiles [1966], Paris, Gallimard, « Folio » [1981], 2008

Gary Romain, La Danse de Gengis Cohn [1967], Paris, Gallimard, « Folio » [1995], 2003

Gary Romain, La Tête coupable [1968], édition définitive, Paris, Gallimard, « Folio » [1980], 1996

Gary Romain, Les oiseaux vont mourir au Pérou, Universal Productions France, 1968

Gary Romain, The Guilty Head, New York, World Publishing Company, 1969

Gary Romain, Adieu Gary Cooper [1969], Paris, Gallimard, « Folio » [1991], 2004

Gary Romain, Les Enchanteurs [1973], Paris, Gallimard, « Folio » [1988], 1995

Gary Romain, La nuit sera calme [1974], Paris, Gallimard, « Folio » [1976, 1996], 1996

Gary Romain [Shatan Bogat], Les Têtes de Stéphanie [1974], Paris, Gallimard, « Folio », 1977

Gary Romain [Émile Ajar], Gros-Câlin [1974], nouvelle édition, augmentée de la fin initialement souhaitée par l’auteur, établie, présentée et annotée par Jean-François Hangouët, Paris, Mercure de France, 2007

Gary Romain [Émile Ajar], La Vie devant soi [1975], Paris, Gallimard, « Folio » [1977, 1982], 2004

Gary Romain [Émile Ajar], Pseudo [1976], Paris, Gallimard, « Folio », 2004

Gary Romain, Clair de femme [1977], Paris, Gallimard, « Folio » [1982], 2009

Gary Romain, Les Clowns lyriques [1979], Paris, Gallimard, « Folio » [1989], 2004

Gary Romain, Les Cerfs-volants [1980], Paris, Gallimard, « Folio » [1983], 2003

Gary Romain, Ode à l’homme qui fut la France [1997], éd. P. Audi, trad. P. Audi et Jean-François Hangouët, Paris, Gallimard, « Folio », 2000

Gary Romain, L’affaire homme, éd. J.-F. Hangouët et P. Audi, trad. P.-E. Dauzat, J.-F. Hangouët et P. Audi, Paris, Gallimard, « Folio », 2005

Textes courts et interviews de Romain Gary

Gary Romain, « Un démenti de Romain Gary », Le Monde, 28 novembre 1975, p. 18

Gary Romain, « Lettre aux Juifs de France », Le Figaro littéraire, 9 mars 1970, pp. 8-9

Gary Romain, « Ces femmes que j’aime » [1974], in Jean-François Hangouët et Paul Audi (dir.), Romain Gary, Cahier de l’Herne n° 85, Paris, L’Herne, 2005, pp. 268-271

Gary Romain, « Ainsi s’achève une journée de soleil », La Table ronde, n° 78, juin 1954, pp. 72-92

Gesbert Bernard, émission Visages du Cinéma : Romain Gary, ORTF, 5 mars 1972 (extrait inclus dans le film d’Olivier Mille et André Asséo En Quête de Romain Gary, Paris, Artline Films, 1997, série « un siècle d’écrivains » (52 min), 12min17s–12min56s)

Gary Romain,« Journal d’un irrégulier : Les juges de Pierre Clémenti ; Les mauvaises critiques ne font pas les bons films ; Un être en caoutchouc inébranlable », France-Soir, 16 mars 1972, p. 9

Galbeau Patrice, La Vie entre les lignes : La Promesse de l’aube (France Culture, diffusion janvier 1974

Germain Anne, « 7 questions à… Romain Gary », Emmanuelle, n°13, octobre 1975, pp. 43-45

Autres textes

Maçoudi, Les Prairies d’or, tome huitième, texte et traduction par C. Barbier de Maynard, Paris, Imprimerie nationale, 1874, https://archive.org/details/lesprairiesdor08masuuoft

Malraux André, Le Temps du mépris [1935], Genève, Albert Skira, 1945

Renan Ernest, L’Avenir de la Science [1848-1890], in Œuvres complètes, éd. Henriette Psichari, Paris, Calmann-Lévy, Tome III, 1949, pp. 713-1152

 Études

Hangouët Jean-François, « La fraternité à l’œuvre », La Revue des Lettres modernes, Série Romain Gary, éd. Julien Roumette, vol. I, « Le jeu des générations, jeune chien, vieux chien », 2011, pp. 73-91

Morange Anne, Le dépassement des limites : expérience de soi, expérience de l’écriture dans les récits d’apprentissage de Gary-Ajar, thèse sous la direction d’Yves Baudelle, Université Charles de Gaulle – Lille 3, décembre 2006, p. 854, note 1651. En ligne : http://documents.univ-lille3.fr/files/pub/www/recherche/theses/MORANGE_ANNE.pdf (cons. le 9 janvier 2012)

Pépin Jean-François, Aspects du corps dans l’œuvre de Romain Gary, Paris, L’Harmattan, « Le corps en question », 2003

Simon Anne, « Ajar ou les métamorphoses du corps », in Signé Ajar, textes réunis par Firyel Abdeljaouad, Jean-François Hangouët et Denis Labouret, Jaignes, La Chasse au Snark, « Études Romain Gary », 2004, pp. 123-142.

Pour citer cet article

Jean-François Hangouët, « Le Roman Gay de Romain Gary », paru dans Loxias, Loxias 44., mis en ligne le 02 mars 2014, URL : http://revel.unice.fr/loxias/index.html/index.html?id=7698.


Auteurs

Jean-François Hangouët

Chercheur indépendant, Jean-François Hangouët est membre fondateur de l’association « Les Mille Gary », vouée à l’inventaire et à la promotion de l’œuvre de Romain Gary. Auteur de Romain Gary. À la traversée des frontières (Gallimard, « Découvertes »), il a édité et co-édité  plusieurs ouvrages de Romain Gary (L’affaire homme avec Paul Audi, Gros-Câlin) et sur Romain Gary (les actes Signé Ajar avec Denis Labouret et Firyel Abdeljaouad, le Cahier de l’Herne Romain Gary avec Paul Audi, le bulletin Le Plaid…).