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Christophe Cosker  : 

Les Paradoxes du lecteur de Nassur Attoumani

Résumé

Qui lit l’écrivain francophone de Mayotte : Nassur Attoumani ? Le présent article se propose de répondre à cette question en analysant les langues du discours littéraire de l’écrivain francophone de Mayotte afin de voir comment le lecteur idéal est sélectionné en fonction de ses compétences linguistiques. Un certain nombre de lectures réelles sont ensuite analysées afin de dresser une typologie des lecteurs de Nassur Attoumani. Ces données empiriques récoltées, il s’agit de proposer une esthétique de la réception de Nassur Attoumani qui, en se fondant sur la théorie de Hans Robert Jauss, questionne l’horizon d’attente du lectorat de Nassur Attoumani, les modalités de l’entrée en littérature de l’écrivain francophone de Mayotte ainsi que la contextualisation de son discours littéraire. Le but de l’article est à la fois de fonder les conditions de possibilité de la lecture de Nassur Attoumani, mais aussi de redéfinir le concept européen de littérature dans le contexte de l’océan Indien, où il mérite peut-être d’être remplacé par celui d’oraliture.

Abstract

Who reads the francophone writer of Mayotte: Nassur Attoumani? This article wishes to answer this question by analyzing the languages in which Nassur Attoumani’s literary works are written in order to see how an ideal reader is chosen by his linguistic skills. Several real readings are then analyzed to build a typology of Nassur Attoumani’s readers. After collecting those data, the purpose is to offer a theory of Nassur Attoumani’s reading thanks to Hans Robert Jauss’s works. To do so, reader’s expectations, the way Nassur Attoumani enters literature and the situation of his writing among others will be examined. The goal of this article is, on the one hand, to determine how it is possible to read Nassur Attoumani and, on the other, to define again the european concept of literature in the Indian Ocean by replacing it with oraliture.

Index

Mots-clés : Attoumani (Nassur) , francophonie, Mayotte, réception

Keywords : francophony , Mayotte, Nassur Attoumani, reading

Plan

Texte intégral

« Un professeur de philosophie avec qui je jouais dans ma troupe de théâtre m’a dit : ‘Nassur ! Une pièce de théâtre, ça ne se lit pas, ça se joue. Si tu veux qu’on te lise, il faut écrire un roman1’. »

1Le lecteur est l’une des questions majeures de la littérature comparée qui s’occupe notamment de la réception2 tandis que la littérature générale s’oriente plus souvent vers la production. En conséquence, une étude d’esprit comparatiste de l’écrivain francophone de Mayotte Nassur Attoumani ne peut faire l’économie du lecteur, un lecteur mystérieux à l’auteur lui-même. En effet, dans un entretien avec Magali Nirina-Marson, datant de 2011, Nassur Attoumani fait la déclaration suivante :

Je ne connais pas mon lectorat. Et quand j’ai commencé à écrire, je n’étais pas au centre de mes propres préoccupations. Je racontais les mutations d’une société en mouvement et en manque de repères et il se trouve tout simplement que cette société est la mienne3.

2L’ouvrage collectif intitulé Comores : une littérature en archipel propose une série d’articles critiques, des textes brefs inédits des auteurs de la zone ainsi que des entretiens avec les deux principaux écrivains de l’une des îles de l’archipel - à savoir Mayotte - : Nassur Attoumani et Abdou Salam Baco. Délaissant la perspective de la réception au profit de celle de la production, qui coïncide avec le côté de Nassur Attoumani, ce dernier se présente comme un écrivain régionaliste4. La question du lecteur n’éveillant pas l’intérêt de l’auteur, ou lui restant mystérieuse, elle peut intéresser le chercheur en littérature, d’autant plus qu’elle est l’objet de nombreuses théories, de l’esthétique de la réception de l’École de Constance5 à la théorie du lecteur modèle chez Umberto Eco6. En conséquence, le but de cet article est de fonder les conditions de possibilité de la lecture de Nassur Attoumani en comparant notamment son lecteur idéal à ses lecteurs réels. Un écart apparaît alors entre le lecteur idéal de Nassur Attoumani, ex hypothesi le lecteur mahorais, et le lecteur réel, c’est-à-dire le Métropolitain, deux lecteurs aux valeurs parfois antagonistes. Ainsi l’esthétique de la réception permet-elle de comprendre le contexte littéraire pertinent7 de Nassur Attoumani, les horizons d’attente de ses lecteurs potentiels et réels, ainsi que les écarts entre leur demande et son offre. Pour mener à bien cette analyse, nous commencerons par brosser le portrait du lecteur modèle de Nassur Attoumani en fonction de ses compétences linguistiques, avant de proposer une typologie des lecteurs de Nassur Attoumani, ce qui permettra, en dernier ressort, d’esquisser une esthétique de la réception de l’écrivain francophone de Mayotte.

Le Lecteur modèle de Nassur Attoumani à l’aune de ses compétences linguistiques

Un Lecteur francophone

3La littérature étant définie, notamment par Jean-Paul Sartre8, comme un échange entre écrivain et lecteur, le classement de Nassur Attoumani parmi les auteurs francophones conditionne autant l’écrivain que son lecteur. Ainsi l’auteur de Mayotte se présente-t-il comme un écrivain francophone :

Aux yeux de nos populations analphabètes en français mais pas en arabe, l’écrivain est considéré comme un enfant prodige, car il utilise la langue du colonisateur pour véhiculer une pensée profane. La virulence des mots, le poids des thèmes, la portée des idées importent peu à un lectorat quasi inexistant. Ce sont surtout les métropolitains de passage et aujourd’hui nos collégiens qui s’intéressent et commentent ce que nous écrivons sur notre société9.

4Selon une perspective interculturelle10 qui importe particulièrement à Nassur Attoumani11 dans le contexte de Mayotte française12, l’analphabétisme ne peut être réduit à l’absence de maîtrise de la langue française, interprétée sur le sol français comme ignorance de toute langue ou de toute langue importante, conformément à une politique assimilatrice. L’analphabétisme en français est compensé par une alphabétisation en arabe qui permet de déchiffrer le Coran et de transcrire, si besoin est, la langue vernaculaire. Nassur Attoumani apparaît alors comme un écrivain francophone et postcolonial, le premier devenant sous-catégorie du second. En effet, la langue du colonisateur est, en l’occurrence, le français. La citation se termine par une résolution du mystère du lectorat de Nassur Attoumani. Il serait composé de Métropolitains de passage (wazungu13 dans la langue vernaculaire principale de l’île) et de collégiens. Ainsi le lectorat de Nassur Attoumani est-il un lectorat scolaire qui apparaît comme exogène et éphémère d’une part, mais aussi et surtout comme endogène et jeune de l’autre, ce qui laisse espérer que le lectorat francophone de Mayotte va progresser.

La part du shimaore

5La situation linguistique de Mayotte est une situation complexe en raison du plurilinguisme de cet espace indianocéan14. Dans cette pluralité des langues, des rapports diglossiques, notamment entre le français et le shimaore, langue vernaculaire principale de l’île, peuvent être observés. Dans cette perspective, le français adopte les caractéristiques de la variété haute – langue de l’école et de l’administration – et le shimaore celles de la variété basse – langue de communication dans la vie courante15. En situation de communication courante à Mayotte, le shimaore est largement majoritaire, mais un retournement s’effectue dans le discours littéraire qui est très largement francophone. Ainsi Nassur Attoumani émaille-t-il ses textes de vocables en shimaore, mais jamais sans les accompagner d’une note en bas de page pour les traduire. Un tel emploi de sa langue maternelle apparaît alors comme relevant de la couleur locale pouvant faire l’objet d’un glossaire. De façon plus intéressante, on trouve également, dans le théâtre de Nassur Attoumani, des énoncés en shimaore accompagnés de leur traduction. Il en va ainsi dans le cas de l’insertion de chansons en langue vernaculaire, dont voici l’exemple inaugural dans la première pièce de théâtre de l’auteur, La Fille du polygame :

I la haoirati habibina SPZ na
ougadza haouzouri kabissa
voi moja na M’hammadi à la batterie – Amen !
N’drola ini tso yéchi hagouvoune – Amen !
Néka moumin’ba bouzi n’dzoukoudroune – Amen !
Na gnombé n’dzidoune – Amen !
Na gnoum’ba ya lassimoune – Amen !
Namouyéchi haouzourine – Amen !
Moimo laoina bouéni koni paré oimi houne – Amen !16

6Cette chanson, insérée dans le discours littéraire de l’écrivain francophone de Mayotte, est prononcée par un kadi – juge musulman – au discours duquel adhère l’auditoire qui répond « amen » alors que ce discours matrimonial montre que les préoccupations du dignitaire religieux sont éminemment terrestres : l’argent et l’amour. L’on peut également se souvenir qu’avant de devenir écrivain, Nassur Attoumani a été chanteur, précisément dans le groupe SPZ auquel il fait allusion dans le passage cité. Cette utilisation du shimaore croît en fonction du degré d’oralité du texte, atteignant son climax dans la chanson. La variété et l’importance des formes de l’oralité – registre courant voire familier, dialogues, chansons - font comprendre que, dans le contexte de Mayotte en particulier, la littérarité ne se réduit pas à l’écrit ou au livre. Force est alors de redéfinir le concept de littérature de façon endogène ou de lui substituer le concept d’oraliture17.

Les autres langues présentes dans le corpus

7Deux autres langues sont également présentes dans le discours littéraire de Nassur Attoumani, mais de façon subsidiaire et presque anecdotique. La première est l’anglais, ayant été enseignée par l’auteur à Mayotte pendant sa carrière de professeur dans le secondaire. On en trouve des exemples principalement dans la pièce de théâtre intitulée Interview d’un macchabée : « Hello ! This is Djibril. Who’s speaking? Oh yes, my Lord! This dead man’s liar. He’s a bloody liar18. ». Ainsi Djibril, c’est-à-dire l’archange Gabriel, dialogue-t-il au téléphone avec Allah, en anglais, selon un procédé burlesque. On trouve également dans le discours littéraire de Nassur Attoumani, non plus des linéaments de l’autre langue coloniale concurrente de la langue française dans l’océan Indien, mais des traces d’arabe. Cette dernière est une langue extrêmement valorisée à Mayotte en raison de la première colonisation de l’île qui, au Moyen Age, coïncide avec l’islamisation de Mayotte. En conséquence, l’école coranique devient la première école de l’île et l’arabe la langue écrite de pouvoir et de prestige. Dans les textes de Nassur Attoumani, l’emploi de la langue arabe se limite à des expressions figées dont le caractère religieux tend à s’effacer. Le cas emblématique est l’interjection laïla qui peut se traduire par : « Mon Dieu ! ». On la trouve notamment dans la pièce de théâtre intitulée Le Turban et la capote, au moment où un juge religieux porte les yeux sur une femme dont la beauté l’éblouit : « (Il crie au scandale et fait mine de se voiler le visage. À travers les espacements des doigts, il continue à regarder Maborcheti.) Laïla […] Ta femme ne porte pas de voile19. ».

8On ne saurait enfin passer sous silence l’autre langue vernaculaire de l’île, le kibushi ou malgache de Mayotte20, langue parlée par un tiers de la population et liée à l’immigration de la grande île vers la petite. Cette langue intervient principalement dans le choix du nom des personnages de la pièce de théâtre intitulée Entre les mailles du diable21. Dans cette mise en scène d’un procès pour viol, le prévenu s’appelle Sora Malutu ou « visage sale », le juge Vazaha Tsimandzari, ce qui veut dire le « mauvais étranger » et les deux avocats sont respectivement nommés Matoru, celui qui a envie de dormir et Mahéry, ou le fort.

9Le portrait du lecteur idéal de Nassur Attoumani peut être brossé à l’aune des compétences linguistiques que l’écrivain attend de lui, au premier rang desquelles on trouve la maîtrise du français, puis des autres langues de la zone dont les bribes sont systématiquement traduites en français. Il convient néanmoins de ne pas minimiser l’importance du shimaore car, dans le discours littéraire de Nassur Attoumani, la frontière entre le français et le shimaore, qui se traduit typographiquement par la différence entre caractères normaux ou italiques, s’avère poreuse et favorise les échanges entre les deux langues dont le métissage forme une interlangue22 : le français de Mayotte.

Typologie des lecteurs réels de Nassur Attoumani

Le lectorat métropolitain

10Après avoir envisagé la question du lecteur d’un point de vue théorique, en se fondant sur les langues du discours littéraire et, en filigrane, sur la théorie du lecteur idéal d’Umberto Eco, on peut à présent changer d’optique et se fonder empiriquement sur les lectures réelles de Nassur Attoumani. La principale difficulté consiste alors à trouver des « traces de lecture23 ». Concernant le discours littéraire de l’écrivain francophone de Mayotte, de telles preuves existent et se trouvent dans le péritexte, qui prend, le plus souvent, la forme de préfaces. Dans cette perspective, le premier préfacier de l’auteur est un métropolitain qui apparaît comme son « inventeur », au sens historique du terme : Claude Allibert24. La rencontre entre les deux hommes a lieu chez les Pichard, un couple de professeurs de lettres à l’origine de la première librairie de l’île : La Maison des livres, sise à Mamoudzou. Nassur Attoumani invite Claude Allibert à venir assister à une représentation d’une pièce de théâtre intitulée La Fille du polygame. Selon les dires de l’auteur, l’historien tombe sous le charme de la représentation et propose au futur écrivain de repartir avec son manuscrit pour le faire éditer en métropole. C’est ainsi que la Fille du polygame paraît dans la collection « Encres noires » de la maison d’édition L’Harmattan, en 1992. Claude Allibert accompagne la pièce d’une préface intitulée « Les Vérités du bouffon » dans laquelle il neutralise la portée subversive de l’ironie de l’écrivain francophone de Mayotte :

Où est Nassur Attoumane dans sa pièce ? Qui est-il ? À aucun moment il n’est Outsirohé ! Encore que ! Pourrait-il tenir avec conviction le discours du juge ? Certes pas, comme le prouve sa façon de ridiculiser l’énoncé des attendus à l’issue du jugement. Et seule cette position (voulue consciemment ou inconsciemment) de se gausser de ce qui est critiquable sans se prononcer sur ce qui est à garder, lui permet de ne pas sombrer dans le débat d’idées, mais de se maintenir dans la comédie25.

11Ainsi Claude Allibert propose-t-il une lecture française de la pièce de théâtre d’un auteur dont il va modifier l’orthographe du nom, remplaçant Attoumani par Attoumane. Il moralise la pièce de la façon suivante : « se gausser de ce qui est critiquable sans se prononcer sur ce qui est à garder », ce qui va à l’encontre de notre hypothèse d’une morale de l’écrivain qui défend les valeurs de Mayotte. On peut alors considérer que la préface gauchit le sens du texte qu’elle précède.

Le Lectorat mahorais

12L’une de nos hypothèses liminaires est que le lectorat mahorais est celui visé par l’écrivain francophone de Mayotte Nassur Attoumani et n’est paradoxalement pas celui qu’il touche ou atteint. Le premier exemple de lecture mahoraise de Nassur Attoumani dont nous trouvons la trace est la préface d’Ali Saïd Attoumani à la pièce de théâtre Interview d’un macchabée26. Directeur Territorial des Affaires Culturelles de Mayotte, le premier préfacier mahorais de Nassur Attoumani propose une lecture endogène de la pièce dont le thème est, comme le titre l’indique, eschatologique et religieux :

La civilisation du dogmatisme religieux […] déresponsabilise l’individu (le macchabée). En effet, le Mahorais traditionnel travaille aujourd’hui pour récolter les récompenses de la vie dans l’au-delà27.

13Cette lecture mahoraise invite à voir dans le protagoniste éponyme, le macchabée, le type du Mahorais. Ainsi la pièce met-elle en scène un Mahorais lambda qui doit servir d’exemple au spectateur pour prendre conscience de sa propre situation mahoraise. La pièce apparaît donc avant tout comme une pièce écrite par un Mahorais pour des Mahorais et expliquée ici par un Mahorais. Mais cette lecture est également une lecture métropolitaine :

Dans ces conditions, Nassur Attoumani a choisi de mettre en scène le Mahorais (le macchabée), balloté entre trois tabous contradictoires, à savoir ses traditions africaines, sa religion musulmane chaféite et son projet francophile28.

14L’utilisation du concept de tabou peut apparaître comme une lecture européenne psychanalytique influencée par Freud29. Mais cette lecture apparaît finalement interculturelle dans la mesure où le psychanalyste emprunte lui-même ce terme exotique à la Polynésie pour le transformer en un concept analytique. Ainsi la lecture métropolitaine apparaît-elle comme une lecture française aveugle sur l’altérité tandis que la lecture mahoraise apparaît comme une lecture interculturelle ouverte qui correspond à la situation de l’île comme carrefour de cultures africaine, arabo-musulmane et française. Ainsi chaque lecteur accentue-t-il, dans le discours littéraire de Nassur Attoumani, les éléments qui confortent une lecture partielle – voire partiale – du texte.

Les autres lectorats

15D’autres lectures indianocéanes de l’écrivain francophone de Mayotte Nassur Attoumani peuvent être signalées, principalement deux. La première est comorienne, étant donné que l’île de Mayotte fait partie des îles de la lune, étymologie arabe de l’archipel des Comores dont les trois autres îles – Anjouan, Mohéli et la Grande Comore – se sont émancipées de la France à la suite d’une indépendance proclamée unilatéralement en 1975. La première lecture comorienne de Nassur Attoumani est celle de Mohamed Toihiri, père fondateur des lettres francophones des Comores avec la publication du roman intitulé La République des Imberbes30 en 1985. Dans le numéro 158 de la « Revue des littératures du Sud » appelée Notre Librairie, des extraits du roman de Nassur Attoumani dont le titre est Mon mari est plus qu’un fou : c’est un homme, texte couronné par le premier prix du grand concours de l’océan Indien l’année précédente, sont accompagnés d’un article élogieux intitulé : « Le Violeur de tabous ». Dans cet article, Mohamed Toihiri décrit Nassur Attoumani de la façon suivante :

À Mayotte, Nassur Attoumani joue, à l’aube du XXIe siècle, le rôle joué par les Encyclopédistes au XVIIIe siècle : il s’attaque à tous les tabous, à tous les harams, bref à tous les interdits de coutume, de religion et de politique dans cet univers étouffant, dans ce huis clos humide31.

16Reprenant la lecture d’Ali Saïd Attoumani, mais en des termes différents, Mohamed Toihiri relie Nassur Attoumani au concept de tabou et en fait un écrivain iconoclaste qu’il compare aux écrivains français des Lumières. Il resitue le concept de tabou dans la culture arabo-musulmane de l’archipel des Comores en employant le mot haram qu’il traduit par ‘interdit’. L’autre lecture indianocéane que l’on peut signaler est malgache. Elle est illustrée notamment par Magali Nirina-Marson qui lit Nassur Attoumani selon le prisme précédemment analysé, celui de Mohamed Toihiri :

Nassur Attoumani, si Mohamed Toihiri est précurseur, pour le roman, avec La République des Imberbes, vous êtes également devenu une figure-phare, un pilier de la littérature francophone de l’archipel, lors de la publication de La Fille du polygame, première pièce écrite aux Comores, jouée dès 1989 et publiée en 1992 chez L’Harmattan32.

17La lecture de l’article de Mohamed Toihiri permet de comprendre la première série de questions de Magali Nirina-Marson dans l’entretien avec Nassur Attoumani.

18Une typologie des lecteurs de Nassur Attoumani se précise donc. Les premiers découvreurs de ce discours littéraire francophone sont les Métropolitains, à la suite de Claude Allibert. Viennent ensuite les lecteurs mahorais dont l’emblème est Ali Saïd Attoumani, qui n’est pas apparenté à l’auteur. D’autres réceptions locales apparaissent ensuite dans l’archipel dont Mayotte est une partie ou dans la grande île voisine de Madagascar.

Pour une esthétique de la réception de Nassur Attoumani

L’horizon d’attente du premier public de l’œuvre

19Après avoir analysé, d’un point de vue empirique, les compétences linguistiques nécessaires à la compréhension du discours littéraire de Nassur Attoumani, ainsi que les lectures préfacielles des différents livres de l’auteur, le moment est venu de proposer une théorie de la lecture de Nassur Attoumani qui ne prend pas la forme d’une rhétorique33, mais d’une esthétique de la réception, conformément à la théorie de l’un des représentants de l’École de Constance : Hans Robert Jauss. Cette théorie a pour concept central l’horizon d’attente :

L’analyse de l’expérience littéraire du lecteur échappera au psychologisme dont elle est menacée si, pour décrire la réception de l’œuvre et de l’effet produit par celle-ci, elle reconstitue l’horizon d’attente de son premier public, c’est-à-dire le système de références objectivement formulable qui, pour chaque œuvre au moment de l’histoire où elle apparaît, résulte de trois facteurs principaux : l’expérience préalable que le public a du genre dont elle relève, la forme et la thématique d’œuvres antérieures dont elle présuppose la connaissance, et l’opposition entre langage poétique et langage pratique, monde imaginaire et réalité quotidienne34.

20Le concept d’horizon d’attente se révèle utile pour lire Nassur Attoumani. L’horizon d’attente du lecteur de Nassur Attoumani se comprend par rapport au contexte dans lequel paraissent ses œuvres. À première vue, le discours littéraire de Nassur Attoumani n’apparaît pas au lecteur mahorais, d’abord parce que ce premier lectorat est inexistant ou presque, ou pas encore suffisamment « expert » :

Il n’existait pas non plus de journal dans l’archipel. Il n’y avait donc ni lecteur ni écrivain. C’est en 1968 que dans le livre de lecture d’IPAM (Institut Pédagogique d’Afrique et de Madagascar) les petits Mahorais ont pu lire L’Enfant noir de Camara Laye. Personnellement, quand j’étais au lycée, je pensais toujours que Plon – l’éditeur – était le grand-père de Camara Laye. Je n’avais jamais entendu le mot « éditeur » de ma vie et je n’avais jamais pensé qu’un auteur, puisqu’on ne parlait pas d’écrivain, était une personne en chair et en os. Alors que dire de ceux qui n’avaient pas eu la chance d’aller au collège ? Nous étions intellectuellement enclavés35.

21L’horizon d’attente livresque francophone est d’abord envisagé par Nassur Attoumani comme une réception par les gens de sa génération. Or, comme l’indique la citation qui précède, cette réception est quasi impossible étant donné le faible taux de scolarisation des personnes de sa classe d’âge. Ainsi l’horizon littéraire de Nassur Attoumani se borne-t-il à l’Enfant noir de Camara Laye, texte lié au schéma colonial, et le monde du livre lui apparaît particulièrement étranger, voire étrange. On peut également ajouter que le lecteur francophone de Mayotte risque de se tourner vers des lectures françaises qu’en raison de l’assimilation, il jugera plus littéraires du point de vue de l’institution36 et de la légitimité37. Ainsi, paradoxalement, c’est au lecteur français curieux d’exotisme, à la recherche d’une littérature francophone à caractère ethnographique38 qu’un écrivain tel que Nassur Attoumani peut apparaître. En outre, la maison d’édition qui publie la majeure partie de son discours littéraire constitue également un bon indice de son lectorat. En effet, l’Harmattan s’adresse à ceux que Jean de la Guérivière appelle les « Fous d’Afrique39 », continent dont Mayotte peut être considéré comme une « miette40 ».

Entrée en littérature de Nassur Attoumani

22Le dernier entretien de Nassur Attoumani publié à ce jour s’intitule : « Je suis venu à la littérature par la scène41 ». Il y a lieu de s’interroger sur le sens des mots « scène » et « littérature » sous la plume de l’écrivain francophone de Mayotte. En effet, c’est un lieu commun de considérer, dans l’île aux parfums, Nassur Attoumani comme un dramaturge. L’entretien ne s’intitule néanmoins pas * « Je suis venu à la littérature par le théâtre ». En conséquence, la scène se comprend d’abord au sens large de la scène musicale sur laquelle l’auteur se produit, puis de la scène satirique sur laquelle il récite des sketches à la suite de la mort de l’un de ses musiciens, cet événement tragique expliquant l’origine postcoloniale de sa vocation :

J’ai donc pris la décision de dénoncer cet assassinat déguisé au public. Nous sommes en 1985, et à Mayotte c’était un crime de porter plainte contre un Blanc. Toute tentative se soldait par un non-lieu puisqu’on faisait partir la personne incriminée en métropole et l’affaire était définitivement classée42.

23La mort accidentelle d’un ami à la suite d’un accident de voiture, attribuée à l’incurie des médecins métropolitains, apparaît à Nassur Attoumani comme un crime néocolonial à dénoncer. Le musicien délaisse donc les chansons d’amour répétées pendant les bals poussière43 sur fond de guitare électrique, pour la forme du sketch satirique. L’allongement de cette forme explique la transition vers la pièce de théâtre, dont la première a disparu :

M. Gazut et Mme Pichard avaient joué une de mes pièces les plus caustiques intitulées M’shakiki, censurée dès la générale car la Préfecture avait menacé les profs qui joueraient avec moi de casser leurs contrats et de les renvoyer en métropole si jamais on les revoyait dans cette mascarade avec ce petit délinquant qui se prend pour un dramaturge. En l’occurrence, il s’agissait de moi. Au bout de deux heures de spectacle ininterrompu, nous avons salué le public qui s’écroulait sur ses chaises et qui a refusé de quitter la salle car, pour lui, ce n’était pas fini, il attendait la suite… La pièce, comme tout ce que j’écrivais à l’époque, a fini à la poubelle44.

24Ainsi convient-il davantage de parler d’entrée en oraliture par la scène, une scène d’abord musicale et spectaculaire, avant de devenir une scène théâtrale. La réception de cette oraliture coïncidait alors avec le récepteur modèle de Nassur Attoumani, à savoir le Mahorais qui cherche à se divertir en fin de semaine, puis celui qui s’interroge sur le rapport entre les Métropolitains et les Mahorais, entre wazungu et baco en langue vernaculaire.

Contextualisation discursive de Nassur Attoumani

25L’esthétique de la réception invite enfin à replacer une œuvre littéraire dans la série à laquelle elle appartient, c’est-à-dire à indiquer dans quelle bibliothèque elle prend place. Nassur Attoumani apparaît comme le père fondateur des lettres francophones de Mayotte, avec Abdou Salam Baco45, il est à noter qu’aucun des deux n’est l’auteur du premier manuscrit francophone de Mayotte car ce titre revient à Youssouf Saïd, auteur de Mayotte : légendes et histoires drôles46 en 1986. Nassur Attoumani choisit d’ailleurs une citation de cet écrivain en guise d’épigraphe de son recueil de Contes traditionnels de Mayotte : Nos Ancêtres… les menteurs : « Il ne suffit pas d’avoir l’apparence humaine pour être humain : les défauts trahissent la nature animale47. ». Cette citation constitue d’abord la dernière phrase de l’anecdote intitulée « Parmi les hommes, il y a des animaux48. » Nassur Attoumani lui reconnaît d’ailleurs ce titre49. L’horizon d’attente des lecteurs de Nassur Attoumani est particulièrement marqué par la forme du conte, d’abord à l’oral, puis dans les différents recueils qui précèdent celui de Nassur Attoumani : La Maison de la mère. Contes de l’île de Mayotte50 (1993) et Furukombe et autres contes51 (2002). Le nom de Sophie Blanchy, qui revient deux fois pour l’édition scientifique des contes de Mayotte, apparaît surtout comme une référence ethnologique en raison de la publication d’un essai issu de sa thèse de doctorat : La Vie quotidienne à Mayotte52 (1990). C’est en réponse à cet essai ainsi qu’à celui de Guy Fontaine53 que Nassur Attoumani compose son essai : Mayotte : identité bafouée (2003). Ainsi l’horizon d’attente du discours littéraire de Nassur Attoumani se révèle-t-il extrêmement complexe. L’écrivain de Mayotte écrit en français pour les Mahorais et contre les Métropolitains en tant que descendants de colons. Paradoxalement, Nassur Attoumani n’est pas lu par son lecteur idéal et son lecteur réel est celui qu’il rejette.

26En conclusion, les langues du discours littéraire de Nassur Attoumani permettent de comprendre le lecteur idéal qu’il sélectionne en fonction de compétences linguistiques. Ce dernier doit être francophone et posséder des teintures de shimaore et d’arabe, voire d’anglais. Ce lecteur idéal est ensuite mis en perspective grâce à une typologie des lecteurs réels de Nassur Attoumani, qui sont aussi ses préfaciers et apparaissent, dans une optique francophone, comme issus de la métropole, de l’île aux parfums, de l’archipel des Comores ou encore de Madagascar. Ces données empiriques permettent de formuler une théorie du lecteur de Nassur Attoumani qui prend la forme d’une esthétique de la réception qui montre que paradoxalement, Nassur Attoumani n’apparaît pas à son lecteur idéal, mais au lecteur contre lequel il écrit de façon polémique. Ce constat est à nuancer à partir des deux séries dans lesquelles on peut replacer son discours littéraire, le discours endogène d’une part et le discours exogène de l’autre. En bref, Nassur Attoumani est tiraillé entre deux types de lecteurs envers lesquels il a des sentiments partagés, n’atteignant pas son lecteur idéal et repoussant son lecteur réel. Au-delà de ces oppositions idéologiques, la question de la langue permet d’expliquer cette situation en apparence seulement paradoxale. En réalité, le lecteur francophone de Nassur Attoumani est avant tout un lecteur français, « fou d’Afrique » et lecteur des ouvrages publiés chez l’Harmattan, le plus souvent un professeur de lettres du second degré en fonction à Mayotte. La maîtrise du français et une teinture des autres langues culturelles de la zone géographique environnante sont les seules conditions de possibilité de la lecture de Nassur Attoumani. Par sa littérature, au sens principalement de son roman, l’écrivain francophone de Mayotte touche son lectorat métropolitain. Par son oraliture, c’est-à-dire principalement son théâtre, Nassur Attoumani touche son public mahorais. En conséquence, le choix de la forme importe autant que celui de la langue pour définir le lecteur de Nassur Attoumani. On peut enfin évoquer la manière dont l’autre père fondateur des lettres francophones de l’île, Abdou Salam Baco, indique, en creux, la définition problématique de la littérature à Mayotte comme lecture d’un livre :

Pour le cas de Mayotte, je ne suis pas sûr que la littérature puisse avoir une quelconque influence sur les gens. Parce que Mayotte étant une société à traditions orales, la chose écrite est un phénomène nouveau qui prendra du temps avant de s’imposer comme canal de transmission des messages. Quand on a dit cela, on comprend alors aisément pourquoi les Mahorais n’aiment pas trop lire, et préfèrent danser et écouter : écouter les anciens raconter des contes et légendes autour d’un feu ; écouter de la musique ; écouter les informations à la radio et regarder le journal à la télévision54.

Notes de bas de page numériques

1 « Le Rire dans tous ses états et sans état d’âme » dans Jean-Luc Raharimanana et Magali Nirina-Marson, Les Comores : une littérature en archipel, Lecce, Alliance française, 2011, p. 185.

2 Yves Chevrel, La Littérature comparée, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1989, chapitre 2.

3 « Le Rire dans tous ses états et sans état d’âme » dans Jean-Luc Raharimanana et Magali Nirina-Marson, Les Comores : une littérature en archipel, Lecce, Alliance française, 2011, p. 184.

4 Anne-Marie Thiesse, Écrire la France. Le mouvement littéraire régionaliste de langue française entre la Belle Époque et la Libération, Paris, PUF, coll. « Ethnologies », 1991.

5 Hans Robert Jauss, Pour une esthétique de la réception [1972], traduction Claude Maillard, Paris, Gallimard, « Tel », 1978 ; Wolfgang Iser, L’Acte de lecture. Théorie de l’effet esthétique [1976], trad. traduction Evelyne Sznycer, Bruxelles, Mardaga, 1985.

6 Umberto Eco, Lector in fabula, traduction de Myriem Bouzaher, Paris, Grasset, 1985.

7 Gisèle Sapiro, La Sociologie de la littérature, Paris, La Découverte, 2014, p. 6.

8 Jean-Paul Sartre, « Qu’est-ce que la littérature ? » dans Situations II, Paris, Gallimard, 1948.

9 « Le Rire dans tous ses états et sans état d’âme » dans Jean-Luc Raharimanana et Magali Nirina-Marson, Les Comores : une littérature en archipel, Lecce, Alliance française, 2011, p. 180-181.

10 Maddalena de Carlo, L’Interculturel, CLE international, 1998.

11 Nassur Attoumani, Mayotte : identité bafouée, Paris, L’Harmattan, 2003.

12 Pierre Pujo, Mayotte la française, Paris, France-Empire, 1993.

13 Sophie Blanchy, Dictionnaire mahorais/français – français/mahorais, Paris, L’Harmattan, 1996, p. 96.

14 Foued Laroussi, Langues, identités et insularité. Regards sur Mayotte, Rouen/Le Havre, Presses universitaires, 2009.

15 C. A. Ferguson, « Diglossia » dans Word, volume 15, Londres, Routledge, 1959, p. 325-340.

16 Nassur Attoumani, La Fille du polygame, Paris, L’Harmattan, coll. « Encres noires », 1992, p. 48. Traduction : « Au nom de leurs concubines / Nos amis du SPZ (groupe musical mahorais) / Jouent vraiment bien / Avec M’hammadi à la batterie – Amen ! / Ce mariage durera longtemps – Amen ! / Si vous m’offrez un cabri rouge – Amen ! / Et un bœuf noir – Amen ! / Vivez dans l’harmonie – Amen ! / En cas de divorce, Madame vient vivre avec moi – Amen ! »

17 Maximilien Laroche, La Double Scène de la représentation. Oraliture et Littérature dans la Caraïbe, Laval, Presses universitaires, 1991.

18 Nassur Attoumani, Interview d’un macchabée, Paris, L’Harmattan, coll. « Théâtre des cinq continents », 2000, p. 89. Traduction : « Salut ! Je suis Djibril. Qui est à l’appareil ? Oh oui Seigneur ! Ce cadavre est un menteur. C’est un sacré menteur. »

19 Nassur Attoumani, Le Turban et la capote (1997), Paris, L’Harmattan, coll. « Théâtre des cinq continents », 2009.

20 Marie-Françoise Rombi, « Les langues de Mayotte (mahorais et malgache de Mayotte) » dans Bernard Cerquiglini, Les Langues de France, Paris, PUF, 2003.

21 Nassur Attoumani, Entre les mailles du diable, Paris, L’Harmattan, 2005.

22 Klaus Vogel, L’Interlangue. La langue de l’apprenant, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 1995.

23 Chantal Horellou-Lafarge et Monique Segré, Sociologie de la lecture, Paris, La Découverte, 2003.

24 Claude Allibert, Contes mahorais, Paris/Nice, Académie des sciences d’outre-mer et Centre universitaire Méditerranéen, 1980. Claude Allibert, Mayotte plaque tournante et microcosme de l’océan Indien occidental. Son histoire avant 1841, Paris, Anthropos, 1984.

25 Nassur Attoumani, La Fille du polygame, Paris, L’Harmattan, coll. « Encres noires », p. 7.

26 Nassur Attoumani, Interview d’un macchabée, Paris, L’Harmattan, coll. « Théâtre des cinq continents », 2000.

27 Nassur Attoumani, Interview d’un macchabée, Paris, L’Harmattan, coll. « Théâtre des cinq continents », 2000, p. 12.

28 Nassur Attoumani, Interview d’un macchabée, Paris, L’Harmattan, coll. « Théâtre des cinq continents », 2000, p. 11.

29 Sigmund Freud, Totem et tabou [1912], traduction de Marielène Weber, Paris, PUF, 2015.

30 Mohamed Toihiri, La République des Imberbes, Paris, L’Harmattan, coll. « Encres noires », 1985.

31 Mohamed Toihiri, « Nassur Attoumani : le violeur de tabous » dans Notre Librairie, n° 158, « Plumes émergentes », 2005, p. 35.

32 « Le Rire dans tous ses états et sans état d’âme » dans Jean-Luc Raharimanana et Magali Nirina-Marson, Les Comores : une littérature en archipel, Lecce, Alliance française, 2011, p. 173.

33 Michel Charles, Rhétorique de la lecture, Paris, Le Seuil, coll. « Poétique », 1977.

34 Hans Robert Jauss, Pour une esthétique de la réception (1972), Paris, Gallimard, Tel, 1978, p. 54.

35 Nassur Attoumani, « Le Rire dans tous ses états et sans état d’âme » dans Jean-Luc Raharimanana et Magali Nirina-Marson, Les Comores : une littérature en archipel, Lecce, Alliance française, 2011, p. 175.

36 Jacques Dubois, L’Institution de la littérature (1978), Bruxelles, Labor, 2005.

37 Pierre Bourdieu, Les Règles de l’art. Genèse et structure du champ littéraire, Paris, Le Seuil, 1992.

38 Jean-Marc Moura, Littératures francophones et théorie postcoloniale, Paris, PUF, coll. « Écritures », 1999, p. 54.

39 Jean De la Guérivière, Les Fous d’Afrique. Histoire d’une passion française, Paris, Seuil, 2001.

40 Abdou Baco Mambo, La Mission civilisatrice, Paris, Menaibuc, 2011, p. 52.

41 Project-îles, numéro 7, Paris, Pulsio, septembre/octobre 2017, p. 11-15.

42 « Le Rire dans tous ses états et sans état d’âme » dans Jean-Luc Raharimanana et Magali Nirina-Marson, Les Comores : une littérature en archipel, Lecce, Alliance française, 2011, p. 174.

43 Un bal poussière est, à Mayotte, une fête organisée autour d’un concert qui permet aux gens de danser, ce qui remue la poussière du sol du lieu choisi, souvent de la terre battue.

44 Nassur Attoumani, « Je suis venu à la littérature par la scène », dans Project-îles, numéro 7, Paris, Pulsio, septembre/octobre 2017, p. 12.

45 Abdou Salam Baco publie le premier roman francophone de Mayotte, intitulé Brûlante est ma terre, en 1991.

46 Youssouf Saïd, Mayotte : légendes et histoires drôles, Saint-Denis, UDIR, 1986.

47 Nassur Attoumani, Contes traditionnels de Mayotte : Nos Ancêtres… les menteurs, Paris, L’Harmattan, coll. « La Légende des mondes », 2003, p. 9.

48 Youssouf Saïd, Mayotte : légendes et histoires drôles, Saint-Denis, UDIR, 1986, p. 63.

49 « Le Rire dans tous ses états et sans état d’âme » dans Jean-Luc Raharimanana et Magali Nirina-Marson, Les Comores : une littérature en archipel, Lecce, Alliance française, 2011, p. 175.

50 Sophie Blanchy, Z. Soilihi, N.J. Gueunier, M. Saïd, La Maison de la mère. Contes de l’île de Mayotte, Paris, L’Harmattan, 1993.

51 Zaharia Soilihi & Sophie Blanchy, Furukombe et autres contes de Mayotte, Paris, L’Harmattan, 2002.

52 Sophie Blanchy-Daurel, La Vie quotidienne à Mayotte (archipel des Comores), Paris, L’Harmattan, coll. « Repères pour Madagascar et l’océan Indien », 1990.

53 Guy Fontaine, Mayotte, Paris, Karthala, 1995.

54 Nassuf Djailani, « Entretien avec Abdou Salam Baco, dans Jean-Luc Raharimanana et Magali Nirina-Marson, Les Comores : une littérature en archipel, Lecce, Alliance française, 2011, p. 211.

Bibliographie

Corpus primaire

ATTOUMANI Nassur, La Fille du polygame, Paris, L’Harmattan, coll. « Encres noires », 1992.

ATTOUMANI Nassur, Interview d’un macchabée, Paris, L’Harmattan, coll. « Théâtre des cinq continents », 2000.

ATTOUMANI Nassur, Mayotte : identité bafouée, Paris, L’Harmattan, 2003.

ATTOUMANI Nassur, Contes traditionnels de Mayotte : Nos Ancêtres… les menteurs, Paris, L’Harmattan, coll. « La Légende des mondes », 2003.

ATTOUMANI Nassur, Entre les mailles du diable, Paris, L’Harmattan, 2005.

ATTOUMANI Nassur, Le Turban et la capote (1997), Paris, L’Harmattan, coll. « Théâtre des cinq continents », 2009.

ATTOUMANI Nassur, « Le Rire dans tous ses états et sans état d’âme » dans Jean-Luc Raharimanana et Magali Nirina-Marson, Les Comores : une littérature en archipel, Lecce, Alliance française, 2011, p. 173-188.

ATTOUMANI Nassur, « Je suis venu à la littérature par la scène » dans Project-îles, numéro 7, Paris, Pulsio, septembre/octobre 2017, p. 11-15.

Corpus secondaire

ALLIBERT Claude, Contes mahorais, Paris/Nice, Académie des sciences d’outre-mer et Centre universitaire Méditerranéen, 1980.

ALLIBERT Claude, Mayotte plaque tournante et microcosme de l’océan Indien occidental. Son histoire avant 1841, Paris, Anthropos, 1984.

BACO MAMBO Abdou, La Mission civilisatrice, Paris, Menaibuc, 2011.

BLANCHY-DAUREL Sophie, La Vie quotidienne à Mayotte (archipel des Comores), Paris, L’Harmattan, coll. « Repères pour Madagascar et l’Océan Indien », 1990.

BLANCHY Sophie, SOLIHI Zaharia, GUEUNIER, Noël Jacques et SAÏD, M., La Maison de la mère. Contes de l’île de Mayotte, Paris, L’Harmattan, 1993.

BOURDIEU Pierre, Les Règles de l’art. Genèse et structure du champ littéraire, Paris, Le Seuil, 1992.

CARLO (DE) Maddalena, L’Interculturel, CLE international, 1998.

CHARLES Michel, Rhétorique de la lecture, Paris, Le Seuil, coll. « Poétique », 1977.

CHEVREL Yves, La Littérature comparée, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1989.

DUBOIS Jacques, L’institution de la littérature (1978), Bruxelles, Labor, 2005.

ECO Umberto, Lector in fabula, traduction de Myriem Bouzaher, Paris, Grasset, 1985.

FERGUSON, C. A., « Diglossia » dans Word, volume 15, Londres, Routledge, 1959, p. 325-340.

FONTAINE Guy, Mayotte, Paris, Karthala, 1995.

FRANCO Bernard, La Littérature comparée. Histoire, domaines, méthodes, Paris, Armand Colin, coll. « U », 2016.

FREUD Sigmund, Totem et tabou (1912), traduction de Marielène Weber, Paris, PUF, 2015.

GUÉRIVIÈRE (DE LA) Jean, Les Fous d’Afrique. Histoire d’une passion française, Paris, Le Seuil, 2001.

HORELLOU-LAFARGE Chantal et SEGRÉ, Monique, Sociologie de la lecture, Paris, La Découverte, 2003.

ISER Wolfgang, L’Acte de lecture. Théorie de l’effet esthétique, [1976], traduction Evelyne Sznycer, Bruxelles, Mardaga, 1985.

JAUSS Hans Robert, Pour une esthétique de la réception [1972], traduction Claude Maillard, Paris, Gallimard, coll. « Tel », 1978.

LAROCHE Maximilien, La Double Scène de la Représentation. Oraliture et Littérature dans la Caraïbe, Laval, Presses universitaires, 1991.

LAROUSSI Foued, Langues, identités et insularité. Regards sur Mayotte, Rouen/Le Havre, Presses universitaires, 2009.

MOURA Jean-Marc, Littératures francophones et théorie postcoloniale, Paris, PUF, coll. « Écritures », 1999.

PUJO Pierre, Mayotte la française, Paris, France-Empire, 1993.

ROMBI Marie-Françoise, « Les langues de Mayotte (mahorais et malgache de Mayotte) » dans Bernard Cerquiglini (dir.), Les Langues de France, Paris, PUF, 2003.

SAÏD Youssouf, Mayotte : légendes et histoires drôles, Saint-Denis, UDIR, 1986.

SAPIRO Gisèle, La Sociologie de la littérature, Paris, La Découverte, 2014.

SARTRE Jean-Paul, « Qu’est-ce que la littérature ? » dans Situations II, Paris, Gallimard, 1948.

SOILIHI Zaharia et BLANCHY Sophie, Furukombe et autres contes de Mayotte, Paris, L’Harmattan, 2002.

THIESSE Anne-Marie, Écrire la France. Le mouvement littéraire régionaliste de langue française entre la Belle Époque et la Libération, Paris, PUF, coll. « Ethnologies », 1991.

TOIHIRI Mohamed, La République des Imberbes, Paris, L’Harmattan, coll. « Encres noires », 1985.

TOIHIRI Mohamed, « Nassur Attoumani : le violeur de tabous » dans Notre Librairie, n° 158 « Plumes émergentes, 2005, p. 35.

VOGEL Klaus, L’Interlangue. La langue de l’apprenant, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 1995.

Pour citer cet article

Christophe Cosker, « Les Paradoxes du lecteur de Nassur Attoumani », paru dans Loxias, 62., mis en ligne le 16 septembre 2018, URL : http://revel.unice.fr/loxias/index.html/lodel/docannexe/file/7601/lodel/index.html?id=9025.


Auteurs

Christophe Cosker

Christophe Cosker enseigne, en qualité de PRCE, au Centre Universitaire de Formation et de Recherche de Mayotte (CUFR). Il a publié, en 2015, une monographie sur les auteurs du lieu sous le titre Petite histoire des lettres francophones à Mayotte ainsi que d’autres articles sur le sujet. Rattaché au laboratoire de recherche de l’Université de Bretagne Occidentale (UBO) appelé « Héritages et Constructions dans le Texte et dans l’Image (HCTI EA 4249), il a soutenu, le 1er mars 2018, un doctorat en littératures francophones sous la direction de Michael Rinn : L’Énonciation ironique d’un écrivain francophone de Mayotte : Nassur Attoumani. Analyse d’un discours littéraire de l’océan Indien .

EA 4249 Héritages et Constructions dans le Texte et dans l’Image (HCTI) / Université de Bretagne Occidentale (UBO)/Centre Universitaire de Formation et de Recherche de Mayotte (CUFR)