Nouvelle Héloïse dans Loxias


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Loxias | 75. | I.

La Nouvelle Héloïse, roman politique

La dimension politique de La Nouvelle Héloïse est manifeste : affirmée dès la préface, elle s’exprime particulièrement dans les lettres qui décrivent la bonne organisation de la petite société de la famille Wolmar. Mais y a-t-il une pensée politique du roman ? Comment ces discours appartiennent-ils à une trame narrative qui les suscite et dans laquelle ils prennent sens en même temps qu’ils l’éclairent ? Quel est le sens politique de ce scénario romanesque qui prend son point de départ dans la différence irréductible des conditions dans une société d’ordre ? L’impossible amour de la noble Julie et du roturier Saint-Preux pourrait être un lieu commun romanesque ; il s’agit d’abord un authentique problème politique. La conversion de Julie, et de tout le roman, à partir du mariage de l’héroïne, consiste en un effort pour passer du refus à l’acceptation de cette différence irréductible des conditions et à travailler autant que faire se peut à produire les modalités objectives de son acceptation subjective. Cette pensée politique du roman, délibérément conservatrice, est cependant travaillée par un doute que toute la fin exprime : il n’est pas du tout certain que le domaine de Wolmar soit seulement vivable.

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Le voyage d’Anson et l’imaginaire géographique dans La Nouvelle Héloïse : expérience et savoirs du monde

Le récit du voyage de Saint-Preux dans l’expédition d’Anson constitue un épisode central dans La Nouvelle Héloïse. L’actualité des voyages, de la publication de leurs relations et de leurs traductions ancre le roman dans l’actualité de son temps. Rousseau y dévoile un imaginaire géographique qui fait jouer en miroir la réduction de Clarens et le tour du monde, le lac et l’océan. Le voyage d’Anson y est présenté, mais avec des modifications notables, le voyage d’Anson ayant été traduit par Joncourt, compilé par Prévost dans l’Histoire générale des voyages. Cependant le motif de Juan Fernandez évoque Robinson Crusoé et celui de Tinian apparaît comme une originalité dans la fictionnalisation des Voyages. D’ailleurs, le modèle de Rousseau est aussi celui des Voyages de Robert Lade. The account of Saint-Preux’s journey with Anson is a central episode in The New Heloise. The topicality of the journeys, the publication of their reports and their translations establishes the novel in the actuality of its time. Rousseau reveals a geographical imagination that links the reduction of Clarens and the tour of the world, the lake and the ocean. Anson’s voyage is presented here, but with notable modifications, as Anson’s voyage was translated by Joncourt and compiled by Prévost in the Histoire générale des voyages. However, Juan Fernandez’s theme evokes Robinson Crusoe and Tinian’s appears as an innovation in the fictionalisation of the Voyages. Moreover, Rousseau’s model is also that of Robert Lade’s Travels.

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