Loxias | 70. Doctoriales XVII | I. Doctoriales XVII
Gert Valentijn :
La mystique naturelle dans l’œuvre poétique de Philippe Jaccottet
Résumé
La littérature française du XXe siècle, comme du reste des littératures en d’autres langues de la même période, ont souvent exprimé une expérience spirituelle qui touche de près à la mystique, sauf que, contrairement à ce qui se passe dans la mystique traditionnelle, l’expérience en question fait l’économie de toute référence à une foi précise. De fait, on parle souvent de « mystique naturelle », de « mystique sauvage », de « mystique sans Dieu », etc. Un tel genre d’expérience, ponctuelle, se présente le plus souvent comme un bouleversement des paramètres de l’expérience commune, en ce sens que les frontières du moi et du monde s’effacent, le temps se mue en éternité et l’espace est éprouvé dans toutes ses virtualités concrètes. Le moment exceptionnel, le plus souvent euphorique, et vécu dans l’instant peut par la suite se prolonger dans la durée par le biais d’une démarche plus concertée sous la forme d’exercices spirituels ou d’une véritable quête. La poésie est sans doute le genre qui entretient le rapport le plus intime avec l’expérience mystique. Dans la poésie de Philippe Jaccottet la nature joue un rôle important. Philippe Jaccottet appartient au groupe des « poètes du lieu ». Il définit la nature comme « l’insaisissable » qui « intrigue le monde à de rares moments privilégiés ». Dans ses poèmes quête de la présence et quête poétique vont de pair et certains recueils de poèmes expriment une expérience mystique naturelle. Dans les années soixante, le poète découvre le haïku et cette forme brève aura sans doute une influence sur l’expérience poétique de Jaccottet et sa façon d’exprimer une telle expérience mystique naturelle.
Abstract
French literature of the 20th century, like literature in other languages of the same period, has often expressed a spiritual experience that is closely related to mysticism, except that, contrary to what happens in traditional mysticism, the experience in question makes an economy of any reference to a specific faith. In fact, we often speak of "natural mysticism", "wild mysticism", "mysticism without God", etc. Such a kind of experience, which is punctual, is most often presented as a disruption of the parameters of the common experience, in the sense that the borders of the self and the world fade away, time becomes eternity and space is experienced in all its concrete virtualities. The exceptional moment, most often euphoric and lived in the moment, can then be prolonged over time through a more concerted approach in the form of spiritual exercises or a true quest. Poetry is perhaps the genre that has the most intimate relationship with mystical experience. In Philippe Jaccottet’s poetry, nature plays an important role. Philippe Jaccottet belongs to the group of "local poets". He defines nature as "the elusive" that "intrigues the world at rare privileged moments". In his poems quest for presence and poetic quest go hand in hand and some collections of poems express a natural mystical experience. In the sixties, the poet discovered haiku, and this brief form will undoubtedly have an influence on Jaccottet’s poetic experience and his way of expressing such a natural mystical experience.
Index
Mots-clés : haïku , Jaccottet (Philippe), mystique, poésie contemporaine
Texte intégral
La littérature française du XXe siècle, comme du reste des littératures en d’autres langues de la même période, ont souvent exprimé une expérience spirituelle qui touche de près à la mystique, sauf que, contrairement à ce qui se passe dans la mystique traditionnelle, l’expérience en question fait l’économie de toute référence à une foi précise. De fait, on parle souvent de « mystique naturelle1 », de « mystique sauvage2 », de « mystique sans Dieu3 ». Un tel genre d’expérience, ponctuelle, se présente le plus souvent comme un bouleversement des paramètres de l’expérience commune, en ce sens que les frontières du moi et du monde s’effacent, le temps se mue en éternité et l’espace est éprouvé dans toutes ses virtualités concrètes. Le moment exceptionnel, le plus souvent euphorique, et vécu dans l’instant peut par la suite se prolonger dans la durée par le biais d’une démarche plus concertée sous la forme d’exercices spirituels ou d’une véritable quête. Romain Rolland appelait cette expérience d’extase spontanée le « sentiment océanique » dans une correspondance avec Sigmund Freud, George Bataille développera son « expérience intérieure4 », Jean-Marie Gustave Le Clézio décrit telle expérience comme une « extase matérielle5 », Stephen Jourdain décrit ce bouleversement comme un « cataclysme6 » à cause du caractère abrupt et totalement bouleversant du passage de l’état de conscience ordinaire à ce nouvel état et Guillevic nous parle de « ces moments7 » dans sa poésie. Plusieurs écrivains et philosophes ont davantage accordé une importance majeure à de telles expériences, à ces « moments », dans leur travail. L’un des premiers écrivains modernes qui nous a donné un témoignage d’une mystique sans Dieu, une mystique sauvage ou une « mystique naturelle » a été Jean-Jacques Rousseau. Dans ses Rêveries d’un promeneur solitaire il décrit des extases en se promenant dans la nature. Il ressent un bonheur extatique et une jouissance personnelle coupant les frontières entre son moi et le monde extérieur dans sa cinquième promenade que nous pouvons également interpréter comme une expérience mystique naturelle, c’est-à-dire sans Dieu.
Le moment où Rousseau a écrit ses expériences d’extase n’est pas un hasard. La religion en tant qu’institution et système de vérité dogmatiques avait déjà commencé à s’éroder sous l’assaut des critiques du Siècle des Lumières, rendant plus importante la relation subjective à la religion. Nous pouvons déjà identifier un « désenchantement du monde8 », expression définie en 1917 par le sociologue Max Weber, provoqué donc par l’influence croissante du rationalisme et la poursuite de la rationalisation du monde. Les grandes religions instituées montrent des signes de faiblesse et perdent leur impact sur la société et sur les individus. La séparation de l’État et de l’Église en 1905 a été une étape importante et a encouragé les individus à mettre l’accent sur la séparation de l’homme moderne par rapport au monde et à modifier les rapports de l’individu et du monde dans le sens d’une scission entre l’un et l’autre.
Dans la littérature française du XXe siècle, la mystique naturelle semble trouver sa place dans les mouvements littéraires successifs et il y a des exemples dans chaque génération d’écrivains. Les premières décennies du XXe siècle sont marquées par Marcel Proust, pour qui la mémoire involontaire sert de moment éternel. Dans son œuvre À la recherche du temps perdu la séquence célèbre de la madeleine, trempée et retrempéé dans une tasse de thé, provoque un moment de félicité, quelque chose « d’extraordinaire9 », un « plaisir délicieux10 ». Entre les deux guerres mondiales, ces expériences de mystique naturelle sont largement exprimées par les surréalistes et dans les premières œuvres de l’existentialisme d’avant-guerre, l’expérience se développe à partir de l’angoisse tandis qu’Albert Camus, comme Daniel Acke le décrit, « développe une intense proximité avec le monde qui prouve que le non-sens initial de l’existence ne doit pas forcément prendre des tonalités affectives inquiétantes11 ».
Vers 1938 les écrivains décriront l’homme et son rapport à l’univers, à l’existence, à l’histoire et à autrui. La littérature veut trouver à la vie humaine un « sens irrécusable12 ». Les œuvres auront souvent le ton d’un procès-verbal dans lequel l’écrivain n’interviendra pas directement. Il reste objectif, engagé et confiera sa vision du monde. Le personnage principal Roquentin dans La Nausée de Jean-Paul Sartre expérimente son « phénomène mystique » dans la scène capitale au jardin public, sous un marronnier. Cette expérience est vécue dans une communion soudaine avec la nature, l’osmose entre l’homme et le monde.
Dans la littérature contemporaine, nous pouvons également mentionner les écrivains comme Henri Michaux, Michel Cioran, Suzanne Lilar et ses « états merveilleux13 », Jean Grenier, Michel Tournier, Jean-Marie Le Clézio, Eric-Emmanuel Schmitt et sa « nuit mystique14 » dans le désert du Hoggar, Nathalie Sarraute et Maurice Bellet.
Tous ces écrivains précités ont tous un point commun, plus particulièrement, ils évoquent, à l’origine de leur œuvre, une expérience bouleversante, un big-bang personnel, qui prend ensuite un caractère obsessionnel et détermine la quête de toute une vie, ce que Jean-Claude Bologne, un écrivain contemporain belge, raconte dans sa première expérience mystique en lisant le poème de Mallarmé Brise Marine. Etant bouleversé, il cherche à comprendre ce qui lui est arrivé. Les auteurs sont tous d’accord. Leur expérience n’apparaît qu’un instant, temps et espace soudainement s’effacent, ils ont l’impression d’être en voyage. Ils sont plongés dans un autre monde, un autre univers.
Mais de quoi s’agit-il exactement dans la mystique non-religieuse ou la mystique naturelle ? Quelles en sont les caractéristiques permanentes et pourquoi la poésie semble-t-elle être le genre littéraire idéal pour l’expression de l’expérience mystique naturelle ? Pouvons-nous ainsi parler d’une mystique naturelle dans l’œuvre poétique de Philippe Jaccottet ?
Comme les écrivains décrits ci-dessus ont déjà montré tous en commun, l’expérience mystique naturelle bouleverse les paramètres de l’expérience commune. Nous pouvons constater un caractère spontané de l’expérience, une expérience indépendante des circonstances. Karlfried Graf Dürckheim s’interroge du lieu de l’expérience « où l’être nous touche » :
Nous devons savoir qu’une telle expérience peut nous toucher dans n’importe quelle situation. Vous pouvez entrer dans une église et rien ne se passe, et vous pouvez entrer dans une étable et à l’instant même tout est là. Le détonateur d’une telle expérience, c’est soi-même, et pas une situation ou un objet extérieur. Il s’agit donc apparemment d’une expérience qui a affaire avec nous tout en reconnaissant que certaines conditions la favorisent15.
Daniel Acke constate que « l’expérience met en jeu un sujet aux contours bien délimités, clairement distinct du monde environnant : dans le quotidien, notre esprit aborde en général le monde selon une démarche objectivante qui, dans l’ordre de la connaissance réduit ce dernier à une simple représentation, tandis que, sur le plan pratique, l’enjeu est de maîtriser le réel, selon les objectifs de la raison instrumentale. L’expérience de mystique naturelle tend à mettre fin à ce genre de clivage strict entre le sujet et l’objet, et joue sur leur interdépendance, voire leur pénétration mutuelle, si ce n’est leur fusion ou union. Il est important d’envisager ici toute une gradation d’états, allant du simple moment en décalage par rapport au quotidien et source d’émerveillement à l’extase la plus bouleversante. La manière précise dont ces liens sont conçus dépend d’un penseur ou d’un écrivain à l’autre, et une variété de nuances peut se concevoir16 ». L’individu vit alors un moment exaltant, une plénitude et une joie extraordinaires, voire une véritable extase.
Le second paramètre de l’expérience commune est le temps. L’expérience mystique naturelle nous place pleinement dans le présent et nous permet de vivre une sorte d’éternité dans l’instant fugace.
Enfin, notre manière de vivre l’espace s’est transformée en un moment exceptionnel, ce qui rejoint évidemment les bouleversements de notre moi évoqués plus haut. Daniel Acke insiste avant tout sur « l’importance capitale que prend très souvent l’espace sensible dans ce genre d’expériences. L’espace ne se réduit plus à une épure géométrique, mais est éprouvé dans toute la richesse de ses détails et dans toutes ses virtualités analogiques. L’espace, dans ces cas, c’est souvent la nature vierge de toute trace des hommes, la terre avec toute sa profusion sensible17 ». L’espace habituel est aussi bouleversé en ce sens qu’on peut avoir l’impression de ne plus être rivé à un lieu précis, mais d’occuper plusieurs endroits à la fois, comme nous pourrons lire dans les poèmes de Philippe Jaccottet.
Les écrivains qui ont vécu de tels moments exceptionnels les évoquent souvent par des témoignages écrits ou les prêtent à des personnages de fiction. L’expérience mystique est souvent qualifiée d’imprononçable ou d’ineffable, mais seulement accessible par la langue écrite. La poésie est sans doute le genre qui entretient le rapport le plus intime avec l’expérience mystique, et ce pour plusieurs raisons. La poésie, dont les frontières sont définies, influencées, à cette époque où Nietzsche congédie la notion de Dieu, s’est également engagée dans la mouvance et la fièvre de la modernité avec bien entendu tout ce que cela implique. Apparemment, l’exigeante démarche de Rimbaud, critique de la religion, a marqué un pas et l’a orientée vers une requête, une amorce nouvelle, bref vers de grandes interrogations. Aussi, en dépit de leurs différences, maintes entreprises poétiques modernes paraissent relever d’un questionnement identique rimbaldien, et répondre au projet, que nous pensons être une caractéristique de la poésie moderne, d’une entreprise visant l’édification d’une éthique spirituelle représentative. Parallèlement à cette orientation mystique de la poésie, les perspectives de quête au début du XXe siècle explorent des voies différentes. En effet, si l’évolution de la pensée religieuse chrétienne semble atteindre son stade terminal en ce que, par la « mort » de Dieu, elle se prive de possibilité de déploiement, elle investit tout autant un champ de pensée moderne : celui de l’être et du Moi. C’est ce domaine que la poésie moderne parcourt pour ériger son propre projet. La poésie se fait mystique dans son approfondissement de l’intériorité et se présente comme recherche s’appuyant sur les investigations modernes d’expérimentation spirituelle.
Cependant, la poésie en tant que posture existentielle semble prédisposer le poète à l’abandon des exigences étroitement égotistes au profit d’une attention intense pour l’environnement et d’une imprégnation très forte du moi par les choses. Le poète vise, au-delà du fini et de la limite, l’infini. S’il s’intéresse au détail, si insignifiant soit-il, c’est dans l’espoir d’y trouver une médiation vers le Tout. Les poètes qui ont commencé à publier dans les années cinquante, après la Seconde Guerre Mondiale, et en pleine « ère du soupçon », peuvent, selon Jean-Michel Maulpoix18, être rassemblés autour de la quête commune du lieu et de la présence au monde, l’ici ou le maintenant, ainsi que d’un rapport insistant à l’élémentaire. Ces « poètes du lieu19 » rejettent l’écriture automatique du surréalisme et recherchent un langage impersonnel, anonyme, pur et simple pour leur recherche de l’immédiateté. Yves Bonnefoy définit son expérience comme la « présence », l’union intime de l’homme et du monde et Philippe Jaccottet « tire ses convictions d’expériences qui impliquent un contact intense avec des paysages, en particulier ceux de la Haute-Provence, où il vit depuis à peu près un demi-siècle20 ». Il se réfugie dans la nature de la Haute-Provence et la définit comme « l’insaisissable » qui « intrigue le monde à de rares moments privilégiés21 » pendant une promenade en campagne :
Somme toute, presque rien : lueurs, vols d’oiseaux, regards, paroles égarées dans l’air. Véritablement de ces choses dont je sais aussi pertinemment que quiconque combien elles sont légères, insaisissables, inutiles… Eh bien ! j’étais arrêté pourtant, comme par la mort, aussi brutalement que par du sang dégouttant d’un corps, ou par le désir de l’amie nocturne ; j’étais arrêté le dirais-je, un peu comme si j’avais vu dans l’herbe des clefs de notre vie22.
Il y a dans la poésie, pas nécessairement chez les grands poètes, pourvu que le ton soit juste, des moments qui sont comme le bruit du torrent ou le rire d’Aglaé, des ouvertures ou des entrebâillements sur un espace autre, qui ne serait pas un autre monde, mais notre monde compris autrement. Ce qui rejoint la méditation de Musil sur ce qu’il appelle l’autre état, « der andere Zustand », qu’il rapproche plutôt de l’état mystique, mais qui est aussi un état poétique : un état dans lequel notre perception du monde est modifiée. Modifiée, naturellement, dans un sens qui le rend plus habitable. C’est aussi ce que Rilke appelle « l’Ouvert », où les poètes, les anges, les bêtes aussi à leur manière, circulent sans difficulté, et plus nettement encore les œuvres musicales, nous conduisent plus ou moins près de ce seuil23.
Dans « Il y a dans la poésie… », Philippe Jaccottet évoque tour à tour le réel, donc la nature, et le texte, plus particulièrement la poésie. Selon Daniel Acke, l’auteur ne laisse pas de doute à ce sujet : « ces moments privilégiés dont je parle, ces moments où ce que j’appelle la réalité réelle nous fait signe, il est bien clair qu’ils peuvent être suscités par des causes infiniment diverses24 ». Pour Jaccottet, tout comme Heidegger que notre poète admire beaucoup, « l’homme doit exister au sens d’habiter dans la proximité de l’Être … que l’homme habite sur cette terre25 ». L’Être et le réel sont d’une extrême importance et pour l’auteur la nature animale, mais surtout végétale, représente le lieu privilégié de la présence au et du monde où « le sujet entre en consonance avec d’autres lieux semblables, où l’unité se manifeste, comme pressentiment ou certitude26 ». « Entre l’expérience de la nature et la pratique poétique s’instaure un va-et-vient, en ce sens que l’intuition essentielle communiquée par la première incite à l’écriture, laquelle permet en fin de parcours de retrouver un réel enrichi27 ». La représentation de la nature végétale de Jaccottet semble trouver ses racines dans l’œuvre poétique du poète irlandais George William Russell, mieux connu sous le pseudonyme A.E.. Le poète irlandais relève des légendes celtiques de l’Irlande, « incomparable réservoir de symboles poétiques où dominent le monde végétal et les eaux : souces, fontaines, ruisseaux, etc. Tout ce qui coule, tout ce qui scintille28 ». Selon Jacques Masui, la confession poétique et spirituelle de A.E. semble avoir eu « une importance considérable pour notre poète car elle répondait exactement à certaines de ses propres expériences29 », mais A.E. était aussi visionnaire, et ce sont les visions qui gênent de plus en plus Jaccottet. Notre poète est d’avis que les visions dénaturent la vue. « Ce que Jaccottet recherche peut-être avant tout – et par là il se sépare nettement de A.E. – c’est la constatation poétique de la chose elle-même, l’être de l’herbe, de l’eau, des arbres, des montagnes30 ». Pour Jaccottet, « la vue paraît plus importante que le regard31 » :
La vue seule, et non le regard, peut saisir l’éclair de l’instant où toutes les barrières tombent et où, dans l’absolue nudité de notre être séparé, le poète réalise qu’il est aussi l’herbe et l’arbre, l’eau et les montagnes32.
« L’éclair de l’instant où toutes les barrières tombent » et « le poète réalise qu’il est aussi l’herbe et l’arbre, l’eau et les montagnes » sont de bels exemples de l’union entre le sujet et l’objet, de la présence au et du monde et sans doute d’une expérience mystique naturelle. Au fil des poèmes de Jaccottet, le lecteur reçoit une véritable leçon de présence. « La présence est abolition de toute distance entre soi et le monde33 ». Il y a de l’harmonie avec les choses qui semblent s’ordonner simultanément autour de lui. Dans les poèmes de Jaccottet quête de la présence et quête poétique vont de pair. Le poème qui évoque le mieux le phénomène de présence au monde, et l’expérience mystique naturelle, est sans doute celui-ci de son recueil Leçons, où l’union de l’homme et la nature se produit et l’homme vit un moment exaltant, un moment de joie, une véritable extase en pleine nature :
Et moi maintenant tout entier dans la cascade céleste,
de haut en bas couché dans la chevelure de l’air
ici, l’égal des fleurs les plus lumineuses,
suspendu à peine moins haut que la buse,
regardant,
écoutant,
(et les papillons sont autant de flammes perdues,
les montagnes autant de fumées) –
un instant, d’embrasser le cercle entier du ciel
autour de moi, j’y crois la mort surprise.
Je ne vois plus rien que la lumière,
les cris des oiseaux lointains en sont les nœuds,
Toute la montagne est allumée,
elle ne me surplombe plus,
elle m’enflamme34.
Les adverbes « maintenant » et « ici » expriment la présence. Le bouleversement est exprimé par « un instant ». En lisant le poème, le lecteur se sent lui-même présent au monde et a envie d’embrasser le ciel et la montagne allumée. Dans le poème suivant du recueil L’Effraie, la présence ne s’exprime pas seulement par « maintenant » et « ici », mais le vers « la terre est maintenant notre patrie » exprime remarquablement l’accord du sujet et du monde :
Tu es ici, l’oiseau du vent tournoie,
toi ma douceur, ma blessure, mon bien.
De vieilles tours de lumière se noient
et la tendresse entrouvre ses chemins.
La terre est maintenant notre patrie.
Nous avançons entre l’herbe et les eaux,
de ce lavoir où nos baisers scintillent
à cet espace où foudroiera la faux.
« Où sommes-nous ? » Perdus dans le cœur de
la paix. Ici, plus rien ne parle que,
sous notre peau, sous l’écorce et la boue,
avec sa force de taureau, le sang
fuyant qui nous emmêle, et nous secoue
comme ces cloches mûres sur les champs35.
Jaccottet exprime son expérience mystique naturelle dans le vers « Où sommes-nous ? Perdus dans le cœur de la paix ». Temps et espace s’effacent, s’unissent dans la nature. Dans le recueil L’Ignorant, je voudrais citer le poème suivant qui illustre également la présence avec les mots « cette nuit » et l’adverbe « maintenant ». Le moment de joie est exprimé dans les vers « et qu’il n’y avait plus d’obstacles » et « j’allais entrer dans l’herbe sans aucune peur, j’allais rendre grâce à la fraîcheur de la terre » :
M’étant penché en cette nuit à la fenêtre,
je vis que le monde était devenu léger
et qu’il n’y avait plus d’obstacles. Tout ce qui
nous retient dans le jour semblait plutôt devoir
me porter maintenant d’une ouverture à l’autre
à l’intérieur d’une demeure d’eau vers quelque chose
de très faible et de très lumineux comme l’herbe :
j’allais entrer dans l’herbe sans aucune peur,
j’allais rendre grâce à la fraîcheur de la terre,
sur les pas de la lune je dis oui et je m’en fus…36
En lisant les recueils de poèmes de Jaccottet et en découvrant ses intérêts à la nature et à la présence de l’homme au monde, une forme poétique qui est parfaitement adaptée pour exprimer le bref moment éphémère qui acquiert une dimension d’éternité est la forme poétique brève du Japon, le haïku. Le haïku semble particulièrement propice à dévoiler le moment de l’illumination dans l’expérience spirituelle. Pour Philippe Jaccottet, le haïku est un modèle d’une « poésie sans images, une poésie qui ne fit qu’établir des rapports, sans aucun recours à un autre monde, ni à une quelconque explication37 ».
Le succès actuel du haïku en Occident, plus particulièrement favorisé par le développement d’Internet, ne doit pas faire oublier que cette forme poétique est connue et pratiquée en France depuis plus d’un siècle. La pratique du haïku en français connaît un essor très marqué dans les années 1920 et 1930 chez les écrivains comme par exemple P. Éluard et P. Claudel. Pendant cette époque la poésie française était fascinée par l’art du bref et petit à petit l’intérêt pour le haïku japonais et la poésie japonaise se développe. En 1923 René Maublanc, professeur de philosophie à Reims, publie un article dans La Grande Revue dans lequel il distingue deux formes traditionnelles : « Le haïkaï est soit pittoresque, soit mystique ; il analyse un paysage ou résume une méditation. Le haïkaï français semble devoir en ajouter une autre que le Japon ne connaît guère, l’analyse psychologique et sentimentale38 ». Paul-Louis Couchoud, spécialiste quant au haïku japonais, le définit comme « une poésie japonaise en trois vers, ou plutôt en trois petits membres de phrase, le premier de cinq syllabes, le second de sept, le troisième de cinq : dix-sept syllabes en tout. C’est le plus élémentaire des genres poétiques. Peut-on même appeler poésie un tercet où il n’est tenu compte ni de rime, ni de quantité, ni d’accentuation, où le nombre même des syllabes admet quelque licence ? Un haïkaï n’est comparable ni à un distique grec ou latin, ni à un quatrain français. Ce n’est pas non plus une “pensée”, ni un “mot”, ni un proverbe, ni une épigramme au sens moderne, ni une épigramme au sens antique, c’est-à-dire une inscription, mais un simple tableau en trois coups de brosse, une vignette, une esquisse, quelques fois une simple touche. L’abstrait en est éliminé. La syntaxe est elliptique à l’excès. Avec trois notations brèves il s’agit de composer un paysage ou une petite scène. Tout l’effort poétique porte sur le choix des trois sensations suggestives qui appelleront le cortège des autres39 ». Un grand intérêt se fait sentir à partir des années soixante sous l’influence des écrivains américains de la Beat Generation. À cette époque-là les lecteurs français découvrent les livres de Reginald Blyth Haiku et A History of Haiku présentés par Philippe Jaccottet étant à la recherche d’une nouvelle voie à sa poésie, une voie plus spirituelle. Nombre de poètes ont avoué leur goût pour ces petits poèmes et notamment ceux de Matsuo Bashô, dont la rencontre a marqué l’itinéraire des poètes majeurs de notre temps dont Yves Bonnefoy qui écrit :
Le haïku, en bref, cherche à retrouver l’immédiat au sein même de la parole qui par nature abolit, d’entrée de jeu, l’immédiat. Et il y réussit sans déchirer pour autant le réseau des médiations, le langage, comme en Occident Rimbaud avait cru devoir le faire, avec tant de violence et pourtant de vain. L’immédiat, le voici ; … Et si je dis l’immédiat et non l’Un, comme je suis tenté de le faire, c’est parce que cette autre notion reste entachée de philosophie occidentale, et colorerait de métaphysique ce qui a lieu sans spéculation dans le haïku40.
Comme on a pu lire ci-dessus, Philippe Jaccottet, et d’autres poètes comme par exemple Yves Bonnefoy, était donc à la recherche d’un outil poétique apte à lui faire retrouver par le langage une expérience vitale dont il lui semble découvrir les traces dans le haïku. Dans le carnet de La Semaison daté d’août 1960, Jaccottet marque son intérêt pour le genre japonais en citant un haïku de Matsuo Bashô, et en ajoutant :
Ces poèmes sont des ailes qui vous empêchent de vous effondrer. … Je pourrais en citer des pages. Il m’est arrivé de penser plus d’une fois, en lisant ces quatre volumes, qu’ils contenaient, de tous les mots que je n’ai jamais pu déchiffrer, les plus proches de la vérité41.
Qu’est-ce qui fait que le poète a su apprécier cette brève forme poétique japonaise et l’apprécie encore trente ans après sa découverte en citant dans La Seconde Semaison :
Quelle différence des sonnets de Ronsard avec l’effet de mon exploration de l’anthologie de Blyth … où chaque haïku … me rendait vie …42 ?
Jaccottet donne sa réponse déjà en 1960 dans La Nouvelle Revue française :
Voici donc une poésie d’où est rigoureusement exclu tout commentaire d’ordre philosophique, religieux, moral, sentimental, historique ou patriotique, et qui pourtant contient, en profondeur, tous ces aspects. Mais dans ce qui apparaît d’abord comme simple notation, tableau ou scène en miniature, constatation souvent indifférente, il n’est pas difficile de retrouver une pensée, une morale, une chaleur du cœur ; et aussi bien tout l’espace, toute la profondeur du monde43.
Cette réponse de Jaccottet nous fait déduire que le haïku inaugure, pour reprendre des mots de du Bouchet, l’effort du poète pour « retrouver la relation perdue avec le monde44 ». Jaccottet est non seulement fasciné par la forme brève du haïku, mais également du « strict refus du moindre mouvement d’éloquence comme le plus simple récit, interdit tout abandon à la fluidité musicale (qui noie, dans notre lyrisme, tant de mensonges et de faiblesses) ; une poésie dont le ton se maintient à égale distance de la solennité et de la vulgarité, de la singularité et de la platitude. Une poésie qui, pour être réduite à l’essentiel, n’est cependant ni un cri ni un oracle45 ». Le haïku lui paraît mettre en scène une expérience immédiate au monde, une présence au monde, qu’on retrouve dans la nature, dans le réel. Un moment de la journée, les saisons, les paysages, les montagnes, le monde végétal, etc. Au sein de l’expérience réelle dont naît l’émotion poétique, le haïku propose une juxtaposition :
Il y a bien ici aussi un lien brillant, heureux, d’une chose à l’autre, et une sorte de fête ; mais où l’on ne danse pas forcément, où il n’y a pas d’ivresse, ni aucune exaltation. Tout semble ici extraordinairement tranquille et merveilleusement naturel. Ni rêves, ni regrets. Le contraire même de « N’importe où hors du monde ». On est dans ce monde-ci : mais ce monde-ci est une maison ouverte, dont un souffle à peine perceptible fait légèrement battre les portes, flotter les rideaux de bambous46.
Ce rapprochement « d’une chose à l’autre » dans le monde réel, et non dans l’imagination du poète, révèle l’invisible à l’intérieur du visible. Néanmoins, cet invisible n’est pas transcendant, il ne réside que dans le monde visible. L’invisible ne surgit qu’à travers le visible ou l’instant grâce au haïku qui est « une simple passerelle, que l’on oublie pour s’éblouir de la région où elle mène47 ». Dans le haïku Jaccottet s’intéresse également à l’« effacement » de soi. L’effacement de la personne est une des caractéristiques grammaticales du japonais et permet de construire des phrases sans sujet ni prédicat. Dans « À la source, une incertitude » pour remercier de l’octroi du prix Montaigne, Jaccottet évoque ainsi la figure du haïkaïste :
Des passants invisibles. Et parce qu’ils étaient invisibles, le monde pouvait transparaître à travers eux ; leur passage même semblait révéler une lumière inépuisable48.
Pour Jaccottet, « le haïku s’éloigne du dualisme du moi qui domine la poésie occidentale. Le “poète” ne s’exclut pas du haïku. Si la poésie japonaise admet un sujet lyrique, celui-ci existe en tant qu’il disparaît. Le haïku dessine une figure transparente du sujet lyrique, à travers laquelle le lecteur peut entrevoir “une lumière inépuisable” qui vient du monde49 ».
Dans la poésie de Jaccottet, le recueil qui est composé dans l’esprit du haïku et où nous pouvons lire le détachement de soi dans une nature spiritualisée s’intitule Airs, recueil de poèmes écrit entre 1961 et 1964. Les poèmes d’Airs, « sans titre dans leur majorité, n’excèdent souvent pas huit lignes en longueur ; les lignes ne contiennent guère plus de huit syllabes50 ». Nous lirons une forme spirituelle aux fugitives illuminations du quotidien qui nous fait entrer dans les moments d’extase d’une expérience mystique naturelle. Le sujet peut vivre l’instant et s’y absorber pleinement :
Peu m’importe le commencement du monde
Maintenant ses feuilles bougent
maintenant c’est un arbre immense
Et la lumière à travers lui
brille de larmes51
Je ne veux plus me poser
voler à la vitesse du temps
croire ainsi un instant
mon attente immobile52
L’émerveillement du sujet est transfiguré dans le paysage par l’emploi du mot « maintenant ». Les larmes brillent de joie ou de tristesse ? Le sujet expérimente un moment d’extase en pleine nature en regardant un arbre immense. Un autre exemple d’une union avec le moi et le monde est exprimé dans le poème suivant :
D’une yeuse à l’autre si l’œil erre
il est conduit par de tremblants dédales
par des essaims d’étincelles et d’ombres
vers une grotte à peine plus profonde
Peut-être maintenant qu’il n’y a plus de stèle
n’y a-t-il plus d’absence ni d’oubli53
« N’y a-t-il plus d’absence ni d’oubli » peut être interprété comme un moment de joie, de plénitude. Comment devons-nous interpréter « vers une grotte » ? Le poète emploie-il une métaphore pour un autre monde, le monde invisible ? Ou l’image évoque-t-elle le surplus qui excède la perception, et sa propre abolition dans l’extase :
L’œil :
une source qui abonde
Mais d’où venue ?
De plus loin que le plus loin
de plus bas que le plus bas
Je crois que j’ai bu l’autre monde54
Feuilles ou étincelles de la mer
ou temps qui brille éparpillé
Ces eaux, ces feux ensemble dans la combe
et les Montagnes suspendues :
le cœur me faut soudain,
comme enlevé trop haut55
La terre tout entière visible
Mesurable
Pleine de temps
Suspendue à une plume qui monte
De plus en plus lumineuse56
Non seulement le mot « maintenant » peut exprimer la présence, l’ici au monde, dans la nature, et caractériser un moment d’extase. Dans le poème suivant, le poète nous parle de « moment » pour exprimer le moment d’extase :
Fruits avec le temps plus bleus
comme endormis sous un masque de songe
dans la paille enflammée
et la poussière d’arrière-été
Nuit miroitante
Moment où l’on dirait
que la source même prend feu57
Ou le moment d’extase peut s’exprimer dans les mots « jour » ou « l’heure frappée » :
Tout un jour les humbles voix
d’invisibles oiseaux
l’heure frappée dans l’herbe sur une feuille d’or
le ciel à mesure plus grand58
Dans « la note de mars 1960 », Jaccottet écrit sa conception de la poésie idéale :
Toute l’activité poétique se voue à concilier, ou du moins à rapprocher, la limite et l’illimité, le clair et l’obscur, le souffle et la forme. C’est pourquoi le poème nous ramène à notre centre, à notre souci central, à une question métaphysique. … Il se peut que la beauté naisse quand la limite et l’illimité deviennent visibles en même temps, c’est-à-dire quand on voit des formes tout en devinant qu’elles ne disent pas tout, qu’elles ne sont pas réduites à elles-mêmes, qu’elles laissent à l’insaisissable sa part59.
Philippe Jaccottet fait partie du groupe de poètes qui habitent le monde. Le retour à la nature, à notre terre et la présence du monde, lui inspirent dans son œuvre poétique et force est de constater que Jaccottet est et demeure un poète de la présence. Ses extases en pleine nature sont vécues de manière mystique, sans être liée à une forme religieuse, à une transcendance. Il se laisse guider par les épiphanies quotidiennes qui rendent le sensible « plus étrange encore que les mages et les dieux60 ». La découverte du haïku et ses caractéristiques, grâce à Blyth, lui ont sans doute influencé dans sa quête de la présence et sont propice à « l’insaisissable » de Jaccottet.
Notes de bas de page numériques
1 Marcel Raymond, De Baudelaire au surréalisme, Paris, José Corti, 1940, p. 14.
2 Michel Hulin, La mystique sauvage : Aux antipodes de l’esprit, Paris, PUF, 1993.
3 Jean-Claude Bologne, Une mystique sans Dieu, Paris, Albin Michel, 2015.
4 Georges Bataille, L’expérience intérieure, Paris, Gallimard, 2006.
5 Jean-Marie Gustave Le Clézio, L’Extase matérielle, Paris, Gallimard, 1967.
6 Stephen Jourdain, L’Irrévérence de l’éveil, Éditions du Relié, 1992, p. 40.
7 Guillevic, Art poétique, Paris, Gallimard, 2001, p. 248.
8 Marcel Gauchet, Le Désenchantement du monde. Une histoire politique de la religion, Paris, Gallimard, 1985.
9 Marcel Proust, À la recherche du temps perdu, Paris, Gallimard, 1999, p. 45.
10 Marcel Proust, À la recherche du temps perdu, Paris, Gallimard, 1999, p. 45.
11 Daniel Acke, « L’absurde, creuset de l’expérience mystique. L’exemple de quelques romans des années trente et quarante », dans Roman mystique, mystiques romanesques, Paris, Classiques Garnier, 2018, pp. 383-399.
12 Gaëtan Picon, Panorama de la nouvelle littérature française, Paris, Gallimard, 1976, p. 108.
13 Raphaël Sorin, « À propos de l’amour. Les moments merveilleux de Suzanne Lilar », Le Monde, 9 septembre 1983.
14 Éric-Emmanuel Schmitt, Mes Évangiles, Paris, Albin Michel, 2004, pp. 8-9, et développée dans un entretien avec Violaine Gelly, « Une nuit dans le désert a changé ma vie », Psychologies.com, janvier 2011.
15 Karlfried Graf Dürckheim, Le Centre de l’Être, Paris, Albin Michel, 1992, « Spiritualités vivantes », p. 70.
16 Daniel Acke, « Les extases de Jean-Jacques Rousseau et leur fortune critique : une contribution à l’étude de la mystique naturelle » dans Rousseau et les lumières, Paris, Honoré Champion Éditeur, 2016, pp. 15-36.
17 Daniel Acke, « Les extases de Jean-Jacques Rousseau et leur fortune critique : une contribution à l’étude de la mystique naturelle » dans Rousseau et les lumières, Paris, Honoré Champion Éditeur, 2016, pp. 15-36.
18 Jean-Michel Maulpoix, « La poésie française depuis 1950 : tendances », Site personnel de l’auteur, http://www.maulpoix.net, consulté le 10 juin 2020.
19 Daniel Acke, « Philippe Jaccottet et les ambiguïtés du religieux », Le Courrier du centre international d'études poétiques, Bruxelles, n° 209-210, janvier-juin 1996, pp. 5-32, 1996.
20 Daniel Acke, « Philippe Jaccottet et les ambiguïtés du religieux », Le Courrier du centre international d’études poétiques, Bruxelles, n° 209-210, janvier-juin 1996, pp. 5-32, 1996.
21 Daniel Acke, « L’absurde, creuset de l’expérience mystique. L’exemple de quelques romans des années trente et quarante », dans Roman mystique, mystiques romanesques, Paris, Classiques Garnier, 2018, pp. 383-399.
22 Philippe Jaccottet, Une transaction secrète, Paris, Éditions Gallimard, 1987, p. 293.
23 Philippe Jaccottet, Une transaction secrète, Paris, Éditions Gallimard, 1987, p. 306 et également cité dans Daniel Acke, « Philippe Jaccottet et les ambiguïtés du religieux », Le Courrier du centre international d’études poétiques, Bruxelles, n° 209-210, janvier-juin 1996, pp. 5-32, 1996.
24 Philippe Jaccottet, Une transaction secrète, Paris, Éditions Gallimard, 1987, p. 292 et également cité dans Daniel Acke, « Philippe Jaccottet et les ambiguïtés du religieux », Le Courrier du centre international d’études poétiques, Bruxelles, n° 209-210, janvier-juin 1996, pp. 5-32, 1996.
25 Chantal Colomb-Guillaume, « Philippe Jaccottet et Heidegger », Europe, n° 955-956, novembre-décembre 2008, p. 152.
26 Nathalie J. Ferrand, « Philippe Jaccottet et Plotin », Europe, n° 955-956, novembre-décembre 2008, p. 131.
27 Daniel Acke, « Philippe Jaccottet et les ambiguïtés du religieux », Le Courrier du centre international d’études poétiques, Bruxelles, n° 209-210, janvier-juin 1996, pp. 5-32, 1996.
28 Jacques Masui, « L’expérience poétique de Philippe Jaccottet » dans Jean-Pierre Vidal, Philippe Jaccottet, Lausanne, Éditions Payot, 1989, p. 154.
29 Jacques Masui, « L’expérience poétique de Philippe Jaccottet » dans Jean-Pierre Vidal, Philippe Jaccottet, Lausanne, Éditions Payot, 1989, p. 153.
30 Jacques Masui, « L’expérience poétique de Philippe Jaccottet » dans Jean-Pierre Vidal, Philippe Jaccottet, Lausanne, Éditions Payot, 1989, pp. 154-155.
31 Jacques Masui, « L’expérience poétique de Philippe Jaccottet » dans Jean-Pierre Vidal, Philippe Jaccottet, Lausanne, Éditions Payot, 1989, p. 156.
32 Jacques Masui, « L’expérience poétique de Philippe Jaccottet » dans Jean-Pierre Vidal, Philippe Jaccottet, Lausanne, Éditions Payot, 1989, p. 156.
33 Nathalie J. Ferrand, « Présence du monde, présence au monde : Les enjeux du poème chez Philippe Jaccottet », L’information littéraire, Les Belles lettres, volume 55, 2003, pp. 16-25.
34 Philippe Jaccottet, Poésies 1946-1967, Paris, Gallimard, 1971, p. 180.
35 Philippe Jaccottet, Poésies 1946-1967, Paris, Gallimard, 1971, p. 26.
36 Philippe Jaccottet, Poésies 1946-1967, Paris, Gallimard, 1971, p. 71.
37 Jean-Michel Maulpoix, « La poésie française depuis 1950 : tendances », Site personnel de l’auteur, http://www.maulpoix.net, consulté le 10 juin 2020.
38 René Maublanc, « Un mouvement japonisant dans la littérature contemporaine : le haïkaï français », La Grande Revue, n°2, février-mars, 1923, pp. 604-625 et pp. 68-85.
39 Paul-Louis Couchoud, Le Haïkai, les épigrammes lyriques du Japon, Paris, La Table Ronde, 2003, pp. 25-26.
40 Yves Bonnefoy, « Du haïku », Entretiens sur la Poésie, Paris, Mercure de France, 1990, p. 142.
41 Philippe Jaccottet, La Semaison : carnets 1954-1979, Paris, Gallimard, 1984, p. 55.
42 Philippe Jaccottet, La Seconde Semaison, Paris, Gallimard, 1996, p. 198.
43 Philippe Jaccottet, « L’Orient limpide », dans Une Transaction secrète, Paris, Gallimard, 1987, p. 128.
44 Michel Collot, L’Horizon fabuleux, tome 2, Paris, José Corti, 1988, p. 14.
45 Philippe Jaccottet, « L’Orient limpide », dans Une Transaction secrète, Paris, Gallimard, 1987, p. 128.
46 Philippe Jaccottet, Haïku, Fata Morgana, « Les immémoriaux », 1996, p. 11.
47 Philippe Jaccottet, « L’Orient limpide », dans Une Transaction secrète, Paris, Gallimard, 1987, p. 129.
48 Philippe Jaccottet, « À la source, une incertitude… », dans Une Transaction secrète, Paris, Gallimard, 1987, p. 314.
49 Shintarô Nakayama, « Philippe Jaccottet et le haïku », article en ligne https://www.gakushuin.ac.jp/univ/let/top/publication/KE_61/KE_61_008.pdf, consulté le 11 juin 2020.
50 Peter Low, « Jaccottet and the masters of Haiku », Australian Journal of French studies, mai-août 1978, p. 214.
51 Philippe Jaccottet, Poésies 1946-1967, Paris, Gallimard, 1971, p. 148.
52 Philippe Jaccottet, Poésies 1946-1967, Paris, Gallimard, 1971, p. 116.
53 Philippe Jaccottet, Poésies 1946-1967, Paris, Gallimard, 1971, p. 139.
54 Philippe Jaccottet, Poésies 1946-1967, Paris, Gallimard, 1971, p. 113.
55 Philippe Jaccottet, Poésies 1946-1967, Paris, Gallimard, 1971, p. 125.
56 Philippe Jaccottet, Poésies 1946-1967, Paris, Gallimard, 1971, p. 132.
57 Philippe Jaccottet, Poésies 1946-1967, Paris, Gallimard, 1971, p. 123.
58 Philippe Jaccottet, Poésies 1946-1967, Paris, Gallimard, 1971, p. 130.
59 Philippe Jaccottet, La Semaison : carnets 1954-1979, Paris, Gallimard, 1984, p. 40.
60 Philippe Jaccottet, À la lumière d’hiver, Paris, Gallimard, 1977, p. 87 et cité dans Nathalie J. Ferrand, « Présence du monde, présence au monde : Les enjeux du poème chez Philippe Jaccottet », L’information littéraire, Les Belles lettres, volume 55, 2003, pp. 16-25.
Bibliographie
ACKE Daniel, « Philippe Jaccottet et les ambiguïtés du religieux », Le Courrier du centre international d’études poétiques, Bruxelles, n° 209-210, janvier-juin 1996, pp. 5-32.
ACKE Daniel, « Les extases de Jean-Jacques Rousseau et leur fortune critique : une contribution à l’étude de la mystique naturelle » dans Rousseau et les lumières, Paris, Honoré Champion, 2016, pp. 15-36.
ACKE Daniel, « L’absurde, creuset de l’expérience mystique. L’exemple de quelques romans des années trente et quarante », dans Roman mystique, mystiques romanesques, Paris, Classiques Garnier, 2018, pp. 383-399.
BATAILLE Georges, L’expérience intérieure, Paris, Gallimard, 2006.
BOLOGNE Jean-Claude, Une mystique sans Dieu, Paris, Albin Michel, 2015.
BONNEFOY Yves, « Du haïku », Entretiens sur la Poésie, Paris, Mercure de France, 1990.
COLLOT Michel, L’Horizon fabuleux, tome 2, Paris, José Corti, 1988.
COLOMB-GUILLAUME Chantal, « Philippe Jaccottet et Heidegger », Europe, n° 955-956, novembre-décembre 2008, pp. 144-157.
COUCHOUD Paul-Louis, Le Haïkaï, les épigrammes lyriques du Japon, Paris, La Table Ronde, 2003.
DÜRCKHEIM Karlfried Graf, Le Centre de l’Être, Paris, Albin Michel, 1992, « Spiritualités vivantes ».
FERRAND Nathalie J., « Présence du monde, présence au monde : Les enjeux du poème chez Philippe Jaccottet », L’information littéraire, Les Belles lettres, volume 55, 2003, pp. 16-25.
FERRAND Nathalie J., « Philippe Jaccottet et Plotin », Europe, n° 955-956, novembre-décembre 2008, pp. 128-143.
GAUCHET Marcel, Le Désenchantement du monde. Une histoire politique de la religion, Paris, Gallimard, 1985.
GUILLEVIC, Art poétique, Paris, Gallimard, 2001.
HULIN Michel, La mystique sauvage : Aux antipodes de l’esprit, Paris, PUF, 1993.
JACCOTTET Philippe, Poésies 1946-1967, Paris, Gallimard, 1971.
JACCOTTET Philippe, À la lumière d’hiver, Paris, Gallimard, 1977.
JACCOTTET Philippe, La Semaison : carnets 1954-1979, Paris, Gallimard, 1984.
JACCOTTET Philippe, « À la source, une incertitude… », dans Une Transaction secrète, Paris, Gallimard, 1987.
JACCOTTET Philippe, Une transaction secrète, Paris, Gallimard, 1987.
JACCOTTET Philippe, « L’Orient limpide », dans Une Transaction secrète, Paris, Gallimard, 1987.
JACCOTTET Philippe, Haïku, Fata Morgana, « Les immémoriaux », 1996.
JACCOTTET Philippe, La Seconde Semaison, Paris, Gallimard, 1996.
JOURDAIN Stephen, L’Irrévérence de l’éveil, Éditions du Relié, 1992.
LE CLÉZIO Jean-Marie Gustave, L’Extase matérielle, Paris, Gallimard, 1967.
LEMAITRE Henri, L’Aventure littéraire du XXe siècle, première époque 1890-1930, Paris, Pierre Bordas et fils, 1984.
LOW Peter, « Jaccottet and the masters of Haiku », Australian Journal of French studies, mai-août 1978, 15/1, p. 214-226.
MASUI Jacques, « L’expérience poétique de Philippe Jaccottet » dans Jean-Pierre Vidal, Philippe Jaccottet, Lausanne, Payot, 1989, pp. 153-157.
MAUBLANC René, « Un mouvement japonisant dans la littérature contemporaine : le haïkaï français », La Grande Revue, n° 2, février-mars, 1923, pp. 604-625 et pp. 68-85.
MAULPOIX Jean-Michel, « La poésie française depuis 1950 : tendances », Site personnel de l’auteur, http://www.maulpoix.net, consulté le 10 juin 2020.
NAKAYAMA Shintarô, « Philippe Jaccottet et le haïku », article en ligne https://www.gakushuin.ac.jp/univ/let/top/publication/KE_61/KE_61_008.pdf, consulté le 11 juin 2020.
PICON Gaëtan, Panorama de la nouvelle littérature française, Paris, Gallimard, 1976.
PROUST Marcel, À la recherche du temps perdu, Paris, Gallimard, [1913-1926], 1999.
RAYMOND Marcel, De Baudelaire au surréalisme, Paris, José Corti, 1940.
SCHMITT Éric-Emmanuel, Mes Évangiles, Paris, Albin Michel, 2004.
SORIN Raphaël, « À propos de l’amour. Les moments merveilleux de Suzanne Lilar », Le Monde, 9 septembre 1983.
VIDAL Jean-Pierre, Philippe Jaccottet, Lausanne, Payot, 1989.
Pour citer cet article
Gert Valentijn, « La mystique naturelle dans l’œuvre poétique de Philippe Jaccottet », paru dans Loxias, 70., mis en ligne le 14 septembre 2020, URL : http://revel.unice.fr/loxias/index.html/lodel/docannexe/file/7601/lodel/index.html?id=9541.
Auteurs
Gert Valentijn est master en langues romanes et doctorant en littérature française contemporaine à l’Université de Bruxelles (VUB). Il prépare un doctorat sous la direction de professeur Daniel Acke sur « Le haïku et la poésie brève chez les poètes français modernes : enquête sur la mystique dans la littérature ». Il travaille également comme lecteur de français et espagnol à l’université de Gand et à la haute école Artevelde à Gand.