Eric Faure
Eric Faure est enseignant dans les universités de Ritsumeikan et de Doshisha (Kyôto) et auteur de plusieurs ouvrages sur les traditions et les légendes du Japon. Il prépare actuellement un doctorat à l’Inalco sous la direction de M. François Macé. Sa thèse s’intitule « De Kyôto à Dazaifu : sur les traces de Sugawara no Michizane » et consiste en une étude des légendes qui se sont formées autour de Sugawara no Michizane.
Articles de l'auteur
Loxias | 54 | I.
La chose sur le seuil & le gardien des portes
Seuil concret ou abstrait, les portes sont des lieux investis d’une symbolique très forte dans les cultures de tous les âges et de tous les continents. La littérature japonaise offre de nombreux exemples de ce genre de portes mais aucune d’elles n’est aussi célèbre et aussi chargée du point de vue de la symbolique que Rashômon, la porte d’entrée de l’ancienne Capitale du Japon. Le nom Rashômon est connu en dehors du Japon grâce à la nouvelle d’Akutagawa Ryûnosuke et le film éponyme de Kurosawa Akira mais, au Japon, il évoque de nombreuses autres œuvres qui vont des recueils d’anecdotes du temps jadis aux pièces de théâtre nô. Dans cet article, je voudrais présenter les différentes histoires qui ont pour cadre Rashômon et quelques autres portes emblématiques de Kyôto et en profiter pour évoquer également la nature changeante de la « chose » que l’on disait se tenir à leur seuil… In most cultures, doors are considered as being magical pathways that lead to different places or different states of minds. Japanese literature provides many examples of such doors and its most famous is undoubtedly Rashômon, the entrance gate of the former Capital-City of Japan. Outside Japan, Rashômon is mainly known as the title of Akutagawa Ryûnosuke’s novel and Kurosawa Akira’s movie. However, in Japan, the Rashômon gate evokes a much broader ensemble of works ranging from anecdotes compilations to noh plays. In this article, I would like to present stories taking place in front of the Rashômon gate and some other famous gates of Kyôto and introduce some of the “things” that dwell on their thresholds…