Condé (Maryse) dans Loxias
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Loxias | 54 | I.
La diaspora noire selon les auteures « décoloniales »
Dans ses deux récits de vie intitulés The Heart of a Woman et All God’s Children need traveling Shoes (Tant que je serai noire et Un billet d’avion pour l’Afrique), Maya Angelou retrace son périple en Égypte puis au Ghana. Elle confronte sa réalité d’immigrante américaine noire aux idéaux afrocentristes en interrogeant son statut de femme américaine face à l’homme africain, à la femme africaine et à l’Afrique. Ce questionnement est également soulevé par Condé dans son autobiographie, La vie sans fard, où elle perçoit lors de ses séjours en Afrique et en Angleterre les fourvoiements de la négritude. Ces deux pionnières révèlent les failles du mythe du retour sur la terre ancestrale africaine en contestant la notion de « diaspora noire ». Cette contestation est également perceptible dans Le Blues d’Élise de Léonora Miano où les expériences de sujets masculins, féminins, noirs et blancs se confrontent dans la sphère parisienne aux essentialismes communautaires pour en récuser les fondements. Mais, à l’instar de Cassandre, la posture de ces écrivaines est minorée, car le « pouvoir symbolique », selon la terminologie de Pierre Bourdieu, aussi bien européocentriste qu’afrocentriste motive la légitimité de la catégorie « diaspora noire » pour définir les Afro-descendants. Or, comment enrôler sous la même classification l’appréhension du monde par les Afro-Américains aux États-Unis et celles des Antillais et des Africains qui vivent aux Antilles, en France et en Angleterre ? En questionnant la notion de diaspora noire au travers de leurs récits, Angelou, Condé et Miano révèlent les failles des discours essentialistes qui renient leurs singularités en tant que sujet noir.