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Laetitia Saintes  : 

Suivre « le char d’une femme célèbre » : Benjamin Constant et Germaine de Staël face à la question du genre

Résumé

S’appuyant sur les Journaux intimes de Benjamin Constant et la littérature critique à leur propos, le présent article se penche sur la façon dont cet adepte de l’introspection perçoit les conventions genrées de son temps et, à l’aune de cette norme, la lecture qu’il fait de son propre rôle dans sa relation avec Germaine de Staël, relation qu’il n’hésite pas à qualifier d’exceptionnelle. Le propos se centre sur la façon dont l’écrivain exprime cette perception dans l’intimité absolue de ses Journaux intimes, lieu privilégié d’une quête identitaire et d’une construction de soi qui culminent dans Amélie et Germaine, son premier journal, où Constant procède à une auto-analyse à la lumière de ses rapports avec les deux femmes. L’article cherche à montrer comment Constant, déchiré entre un désir d’émancipation qui est aussi une aspiration à la gloire et une peur du changement qui le paralyse, tente, dans cet espace de l’intime, de définir son identité et d’agir sur son être profond, afin de pouvoir envisager l’avenir.

Index

Mots-clés : Constant (Benjamin) , de Staël (Germaine), femme de lettres, genre, introspection, journal, Madame de Staël

Géographique : France

Chronologique : XIXe siècle

Plan

Texte intégral

1Le couple formé par Benjamin Constant et Germaine de Staël est l’un de ceux que l’histoire littéraire a retenus. Mais de quelle façon ? Quand il évoque les femmes qui écrivent dans son Histoire de la littérature féminine en France, en 1929, Jean Larnac ne se donne pas même la peine de nommer Benjamin Constant : « Les seules dont l’œuvre présente une composition ou un style remarquable sont celles qui furent guidées par des hommes : Mme de La Fayette par Segrais et La Rochefoucauld, Mme de Staël par ses nombreux amis, George Sand par ses amants, Mme Colette par M. Willy1. » L’amant tourmenté de Germaine de Staël n’est pas plus nommé que ne l’est, dans le sillage de George Sand, Musset. Suprême humiliation, à n’en pas douter, de la part de l’auteur de ces lignes ! Représentatif de préjugés encore tenaces, à défaut d’être entièrement effacés, ce bref passage montre à quel point l’existence de couples d’écrivains est, dans les récits de l’histoire de la littérature, traditionnellement retournée contre les femmes qui ont osé prendre la plume. Car celles qui témoignent de quelque talent sont forcément coupables, selon Larnac et de nombreux autres avant (et après) lui, d’usurpation : elles ont sinon signé une œuvre écrite en réalité par leur compagnon, du moins bénéficié de son aide – usurpatrices dans le premier cas, disciples dans le second, face à un homme envisagé comme guide et seul créateur.

2Or Germaine de Staël, loin d’être guidée par ses « nombreux amis », a au contraire défié les conventions genrées de son temps. La perspective de Constant, adepte de l’introspection, quant à leur relation d’un genre nouveau, où l’écrivaine ne jouera pas un rôle secondaire, mais central, reste toutefois encore peu exploitée. Comment Constant perçoit-t-il les conventions genrées et, partant, sa situation singulière de compagnon d’une femme d’exception ? De quelle façon cette perception se trouve-t-elle exprimée dans ses écrits intimes ? C’est ce que nous tenterons de mettre au jour en prenant appui sur les Journaux intimes de Constant, et plus particulièrement sur le premier, intitulé Amélie et Germaine et couvrant l’année 1803, ainsi que sur la littérature critique à leur propos. Nous déroulerons notre propos en trois temps, abordant d’abord la quête du moi effectuée par Constant par le biais de son journal, ensuite le discours de l’exception tenu par lui à l’égard de Germaine de Staël, et enfin la perception du genre et de ses conventions que l’écrivain livre dans son journal, médium révélateur d’un enjeu identitaire d’envergure, puisque c’est à travers sa relation à Germaine de Staël et au regard de l’opinion sur ce lien que Constant définit son être profond.

I. Constant face au journal : l’écrit intime comme conquête du moi

Une lecture de soi sous le prisme du journal

3Rédigés entre 1803 et 1816, les Journaux intimes de Constant permettent de retracer l’itinéraire à la fois intellectuel et intime de l’écrivain ; ses rapports avec Germaine de Staël, d’une importance capitale dans sa vie, y sont donc largement représentés. Le premier journal, intitulé Amélie et Germaine, voit Constant retracer, de janvier à avril 1803, ses hésitations sentimentales entre Germaine de Staël et Amélie Fabri, jeune femme de la bourgeoisie genevoise.

4Il importe d’emblée d’établir que la vision livrée dans les Journaux de Constant est soumise à un double filtrage ; le premier est le regard de l’écrivain, qui donne à lire non pas la réalité objective, mais la réalité telle qu’il la perçoit, la ressent et la juge2. Quant au second, c’est celui du journal, envisagé en tant que médium où l’on rend compte à soi-même, à des fins de remémoration et sans visée de publication, des éléments que l’on considère comme les plus marquants et les plus importants ; aussi le contenu du journal est-il limité à ces éléments3. En effet, les Journaux étant de véritables journaux intimes, Constant n’y inscrit que ce qui lui semble signifiant, ce qu’il souhaite se remémorer4.

5L’objet du journal est ainsi, pour son auteur, de se rendre compte à lui-même de la succession, dans son existence, de ses acta, cogitata et sentita – finalité qui se concrétise à travers l’écriture intercalée, l’auteur ne pouvant connaître, au moment où il écrit, la suite de son existence de la manière dont, en tant que narrateur d’un récit, il aurait connaissance de la suite des événements5. Encore faut-il préciser que le manuscrit dont nous disposons aujourd’hui est une copie effectuée par Constant (qui avait pour habitude d’écrire ses notes quotidiennes d’abord sur de petits feuillets, puis de les recopier dans les registres que l’on connaît), comme en attestent la rédaction soignée et les rares corrections que porte le manuscrit6. Si Constant a établi un texte envisagé comme définitif, la narration des Journaux n’est pas pour autant rétrospective : au moment de la rédaction, il ignore tout de la suite des événements, et le texte final ne comporte pas les relations logiques qu’imposerait la perspective nécessairement rétrospective du récit7.

Dit et non-dit

6Aussi ce qui figure dans le texte final d’Amélie et Germaine est-il extrêmement significatif, puisque l’écrit condense la perception, le sentiment et l’opinion de Constant au jour le jour. Les mentions de ses entretiens avec Germaine de Staël, de leur correspondance, la façon dont il caractérise celle-ci, leur relation, les conventions genrées et son propre statut dans leurs liens sont donc capitales, puisque destinées à être remémorées par Constant sous la forme adoptée dans le journal. Ce qui n’est pas dit est toutefois tout aussi important : ainsi des conversations intimes dont il ne révèle pas toujours l’objet, et jamais le contenu, préférant livrer son sentiment général quant à l’entretien, de l’enthousiasme (rarement) à la contrariété, plus fréquente sous la plume de cet homme très critique mais également très lucide quant à lui-même8, par exemple lorsqu’il s’agit de confesser ses travers, dont son manque de fermeté : « ai-je jamais dominé quelqu’un ? Soyons de bonne foi […]. Avec beaucoup d’esprit sur les idées, j’ai très peu de force9. »

7Cette invitation, faite à lui-même, à être de bonne foi montre ce souci de loyauté envers ses propres sentiments, cette astreinte à l’honnêteté et à la lucidité qui font des Journaux de Constant un sommet d’introspection : à travers eux, c’est son moi que Constant cherche à saisir, puis à conquérir, ce qui pour lui ne peut se faire qu’à travers l’auto-analyse10. Cette auto-analyse donnera lieu à des écrits intimes envisagés comme autant de « projections distinctes que Constant a faites de sa personnalité11. » Auto-analyse qui donne à voir, selon nous, une nette perception des conventions de genre et de son statut d’homme associé à une femme célèbre, outre une certaine lucidité quant à son propre caractère, le tout en un vocabulaire choisi, révélateur de la dualité et de l’indécision qui le caractérisent.

Un moi double

8En effet, désireux d’exorciser son angoisse et le problème de son identité, Constant montre une propension certaine à se distancer de lui-même, afin d’analyser ses émotions, actions et impulsions comme il analyserait celles d’un autre, dualité dont il est pleinement conscient : « Il y a en moi deux personnes, dont une, observatrice de l’autre, et sachant bien que ses mouvements convulsifs doivent passer12. » Il y aurait donc, en Constant, un « moi sentant13 », s’abandonnant au sentiment du moment, et un « moi pensant14 » qui examine ce sentiment, effectuant cette auto-analyse avec le recul et la froideur nécessaires à un regard critique. Le tout dans une visée : celle de se connaître, de conquérir son identité, et de construire sa propre image.

9Conquête du moi, construction de son image propre, que le moi le seul à pouvoir effectuer, dans un processus qui « suppose une distance dans la coïncidence et un médium : l’écriture15. » Cette conquête vers laquelle tend le journal est un moyen, aussi, d’agir sur soi16, soit afin de susciter le changement nécessaire pour voir son moi évoluer, soit pour le fixer dans le temps, et ce pour soi uniquement : « Ce journal peut me servir non pas à me redonner des sensations passées, mais à me rappeler que j’ai éprouvé ces sensations et qu’il ne dépend [que] de moi de les retrouver en changeant de lieu. Ainsi ce journal est une espèce d’histoire, et j’ai besoin de mon histoire comme de celle d’un autre pour ne pas m’oublier sans cesse et m’ignorer17 ». Lorsqu’il rédige ces lignes, fin 1804, Constant est conscient de ne pouvoir découvrir la nature de son moi présent qu’à la lumière de son moi passé, de ses fluctuations, de ses décisions, de ses actions, de ses renoncements – lesquels, mis ensemble par le biais de l’écrit intime, forment la chronique de son identité, permettant de retracer son itinéraire intime et intellectuel. Aussi le passé, envers lequel Constant éprouve une dépendance certaine, fonctionne-t-il pour lui comme un « cadre d’identification18. »

10Il s’ensuit, dans les Journaux, la mise en place d’une esthétique du ressassement qui se joue dans l’immobilisme, le statu quo : dans le médium choisi d’abord, puisque le journal, par son écriture au présent, fixe ce moment et le moi qui s’y esquisse, afin de préserver une configuration sinon rassurante, du moins figée de son être profond, de son moi, dans le refuge que constitue l’écrit intime. Dans la forme ensuite, Constant utilisant le plus souvent l’indicatif présent, parlant au conditionnel de ses plans et projets, comme pour mettre plus encore en évidence leur caractère hypothétique, et recourant plus rarement au futur simple, ce qui trahit une certaine difficulté à se projeter dans l’avenir. Esthétique de la spéculation, aussi, tant Constant aime à envisager, encore et encore, les différentes possibilités qui s’offrent à lui, les destins possibles en cas de rupture ou de mariage, ainsi que l’avis de l’opinion sur ses actes, aussi personnels soient-ils.

Un autoportrait sans concession

11Amélie et Germaine s’ouvre sur un constat sans appel de la part de Constant : « J’ai 35 ans passés. Je ne suis plus riche d’avenir. La jeunesse n’est plus là pour excuser des inconséquences19 », écrit-il – non sans professer par là une certaine angoisse existentielle –, affirmant que ce « découragement plus apathique que douloureux20 » est à présent l’état habituel de son âme. Quant à sa principale impulsion, elle n’est autre que la « peur de l’ennui21 », qui l’empêche, précisément, de changer de situation – c’est-à-dire, entre autres, de rompre ses liens avec Germaine de Staël. Car ceux-ci se sont dégradés depuis leur rencontre, Constant en parlant désormais comme d’une « liaison qui m’entraîne au milieu des orages et où je ne remplis qu’un rôle secondaire22 ». Outre la mise en avant du caractère parfois conflictuel de leur relation, se donne également à lire la conviction de Constant de ne jouer qu’un rôle second vis-à-vis de sa compagne – celui, précisément, d’amant d’une femme célèbre, « célébrité autre que celle qui me convient23 ». Or changer de situation, par une rupture ou toute autre reconfiguration de leur rapport, c’est prendre le risque de l’ennui, que Constant redoute par-dessus tout : « Que je rompe ces liens, tout change24 », écrit-il, confronté à un dilemme entre un changement potentiellement menaçant et un maintien de la situation où il conserverait des liens et un statut ne lui convenant plus, car il s’y sent dégradé.

Un gouvernail hors d’atteinte

12Ce qui l’irrite, surtout, c’est cette absence de contrôle qu’il éprouve envers sa propre existence, du fait de ce déchirement perpétuel entre peur du changement et aspiration à un avenir meilleur, et ce notamment à cause de son statut dans la relation qu’il entretient avec Germaine de Staël, lui qui est « toujours en vue par la situation de Germaine, et ne tenant jamais en main le gouvernail de ma vie25 ! » Exclamation qui met bien en relief le ressentiment de Constant envers une situation dont il s’estime le seul coupable, mais aussi envers lui-même et son instabilité, puisque l’auto-analyse à laquelle il se livre met en avant, avec lucidité, sa propension à se laisser porter par les événements (« Le très grand mouvement du monde m’emporte sans que je sois obligé de rien faire pour cela26 », écrit-il), à fuir le conflit, à appréhender le changement comme une menace, quels que soient les avantages qui pourraient en découler. Renoncer à un présent insatisfaisant en faveur d’un avenir incertain suscite chez lui une peur révélatrice d’une angoisse métaphysique se manifestant notamment par son attachement au présent, ou plutôt sa difficulté à s’en détacher (comme l’atteste le choix de la forme du journal, impliquant nécessairement une écriture au présent), aussi décevant soit-il27.

13Constant va jusqu’à envisager la solitude comme nécessaire à la prise d’une résolution, quelle qu’elle soit : « Je verrai seul […] quels sont mes moyens, mes ressources, quelle est surtout ma volonté. Alors je saurai ce qui me reste à faire et pour la liberté et pour ma gloire28 ». Sont ainsi énoncées sans détour, en des termes univoques, les visées de Constant : la liberté et la gloire, toutes deux contrariées par sa relation avec Germaine de Staël, d’une part parce qu’elle l’enserre dans des liens dont il dit ne plus vouloir, de l’autre parce que celle-ci, par l’étendue de sa renommée, fait de l’ombre à Constant, relégué à un rôle second quand il voudrait occuper le devant de la scène littéraire. Or, sans changement, point de liberté, et point de gloire : il faut dès lors, pour limiter les risques, opter pour un mariage permettant de conserver l’amitié de Germaine de Staël, donc le moi qui est celui de Constant dans leur relation (un moi brillant, s’élevant dans un dialogue intellectuel de haut vol), tout en s’affranchissant du statut de compagnon de celle-ci, donc d’une autre partie de son moi. Ce n’est qu’à cette condition que Constant pourra espérer atteindre la liberté et la gloire et conquérir son identité.

II. Benjamin Constant face à Germaine de Staël : un discours de l’exception

Une femme hors norme

14Par une œuvre audacieuse tant dans la multiplicité des genres littéraires exploités que par sa manière de les réinvestir, et par des prises de position politiques marquées – ainsi de cet « ascendant oblique29 » qu’elle ne cessera d’exercer –, Germaine de Staël envisage le féminin sur le mode de l’innovation et du décalage. Elle incarne également, en tant que femme écrivain, une figure de l’ordre du mythe, la « femme non liée30 », qui annonce et emblématise la femme libre des temps modernes. Une femme qui, par l’écriture, peut, chose nouvelle, vivre et représenter l’état de femme non liée, c’est-à-dire accéder à l’indépendance permise par la littérature sans renoncer pour autant à une vie qu’elle sera libre de mener à sa guise31 – libre, en d’autres termes, d’exister par elle seule, grâce à sa parole.

15Ce statut d’exception à son sexe qui est celui de Germaine de Staël, Constant en est conscient dès leur première rencontre, à l’automne 1794. S’extasiant devant sa générosité, sa bienveillance, sa politesse et sa simplicité dans l’intimité, il livre dans une lettre à Madame de Charrière un constat sans appel : « C’est la seconde femme que j’ai trouvée qui m’aurait pu tenir lieu de tout l’univers, qui aurait pu être un monde à elle seule pour moi. […] Enfin, c’est un Être à part, un Être supérieur, tel qu’il s’en rencontre peut-être un par siècle, et tel que ceux qui l’approchent, le connaissent, et sont ses amis, doivent ne pas exiger d’autre bonheur32. » Les termes choisis sont éloquents, l’admiration, voire la révérence, exprimées en des termes univoques : non contente d’être une exception à son genre, Germaine de Staël est aux yeux de Constant une exception au genre humain, un être supérieur dans l’absolu, un monde à elle-même, résolument indépendante.

Un discours de l’exception

16Le discours de Constant à propos de Germaine de Staël s’élabore donc d’emblée comme un discours de l’exception, volontiers hyperbolique et recourant à un lexique de l’excès. Constant tend en effet résolument, dans ses Journaux, à caractériser sa célèbre compagne au moyen d’énumérations marquées par un lexique de l’excès, comme ici : « C’est de la politique, c’est de l’exigence d’amour comme à 18 ans, du besoin de société, du besoin de gloire, de la mélancolie comme dans un désert, du besoin de crédit, du désir de briller, tout ce qui se contredit et se complique33. » Excès résolument à l’opposé de la posture de distanciation critique que Constant s’efforce d’adopter, et faisant obstacle à la fois à son aspiration à la gloire et à son désir d’émancipation. Or, si les liens entre Germaine de Staël et Constant se sont dégradés depuis leur rencontre, il subsiste encore, en 1803, des traces de la fascination propre aux débuts de leur relation, comme le montre cette entrée du 10 avril où, après huit jours passés avec elle, Constant s’exclame : « Quelle grâce ! quelle affection ! quel dévouement ! que d’esprit34 ! » Par la ponctuation, le nombre des qualités énoncées, mais aussi la volonté de mentionner l’esprit en dernier comme la plus importante de celles-ci, l’écrivain manifeste un enthousiasme par ailleurs assez rare dans ses Journaux que pour être signalé. Enthousiasme néanmoins tempéré, aussitôt après, par l’affirmation de son incapacité à supporter ces « liens où je m’agite quelquefois si cruellement35 ».

17Car le caractère de Germaine de Staël et ses aspirations sont loin, selon Constant, de simplifier leurs rapports : « quelle occupation des affaires ! quelle absorbation ! quel esprit d’homme, avec le désir d’être aimée comme une femme36 ! » Ainsi semble-t-il attribuer la tension de leur lien au conflit intérieur qui déchire Germaine de Staël à l’image de toute femme de lettres (« Sa vie qu’elle veut mener à sa guise et qu’elle ne veut pas mener seule37 »), lui-même se déchargeant dès lors de toute responsabilité à ce propos. Or ce dilemme qu’il évoque n’est pas sans faire penser au sien propre : à ce tiraillement entre la volonté de liberté et la peur de la solitude qui diviserait toute femme de lettres, Constant répond par un déchirement entre l’aspiration à la liberté et à la gloire (pensées chez lui comme un ensemble indissociable) et une peur du changement, de l’ennui. Peur qui est aussi celle de rompre des liens irremplaçables et s’avère donc une autre façon de craindre l’isolement.

Le discours de la normalité

18Pour contrer cette peur de l’isolement, Constant recherche, de façon assez compréhensible, le refuge de sentiments et d’une position de force dont il puisse être sûr, comme l’atteste cette note à propos d’Amélie : « l’épouser sans être sûr qu’elle m’aime d’amour, que j’aurai sur elle l’autorité de l’affection, […] qu’elle me regardera comme […] un être supérieur à elle, non, assurément38. » Position de force respectueuse des conventions de genre et sécurité qu’il ne pourrait trouver auprès de Germaine de Staël, exception dans toutes les acceptions du terme. Face à sa célèbre rivale, Amélie n’est envisagée, semble-t-il, que comme un objet dans la transaction que serait le mariage : « il faut retrancher de mes projets toute idée d’en faire autre chose qu’un moyen de me replacer dans une situation simple et commune39 », écrit-il, avant d’ajouter, plus loin : « Si je cherche dans une femme d’autres rapports que ceux que je rencontre dans Amélie, je ne les achèterai qu’en renonçant à des avantages40. » Choisir, c’est donc, encore et toujours, renoncer.

19Aussi le discours qu’il tient à propos d’Amélie est-il un discours de la normalité, voire de la banalité (celle de liens rassurants parce que prévisibles), qui s’énonce à travers un vocabulaire marchand et une réification allant dans le sens d’un pragmatisme que le « moi pensant », observateur de Constant ne cesse d’appeler de ses vœux (ainsi de ses « plans » établis quant au mariage et abordés comme autant de stratégies guerrières). Cette rationalisation englobe également les réactions possibles de l’opinion à son mariage avec Amélie, qui le « déconsidérera plus ou moins41 », qui paraîtra « moitié ridicule, moitié cruel42 » et, dès qu’on le saura sérieux, doublement ridicule43. Pleinement conscient qu’il s’agit là de stratégies et de spéculation, il écrit : « Rompre avec […] une créature qui n’a plus que moi d’homogène sur la terre, serait dur pour elle et mal calculé pour moi44. » Choix pour le moins étrange que cet adjectif d’« homogène » pour qualifier la nature de son lien avec Germaine de Staël : implique-t-il une identification mutuelle, ou simplement une forte concordance dans leur être profond ? Selon nous, Constant évoque par là la part de lui-même en harmonie avec Germaine de Staël, celle qui se donne à voir dans leur relation : perdre cette part de son être profond serait aussi « mal calculé » pour lui, par la mutilation de son moi qui en résulterait, que douloureux pour Germaine de Staël, à qui cela infligerait un deuil analogue à celui que subirait Constant.

Un dilemme insoluble ?

20En somme, son aspiration à la liberté et à la gloire, comme l’écrivain le relève avec lucidité, butte résolument et inlassablement contre sa peur du changement, de l’ennui, sentiment qu’il ressentirait probablement si se concrétisait l’union avec Amélie, qui « n’a pas une idée et ne pèsera jamais un grain dans mes résolutions ni dans ma vie45. » Aussi ce mariage ne serait-il, de son propre aveu, que le moyen d’être « marié pour le monde et pourtant libre de mes projets46 », donc de satisfaire à la fois son aspiration à la liberté et à la gloire, tout en évitant un trop grand bouleversement, et sans restreindre plus que nécessaire ses possibilités. Car, pour Constant, rester dans le présent, c’est également préserver tout l’espace des possibles : le choix impliquant le renoncement, autant que ce renoncement soit minime, sans quoi sa liberté s’en trouverait menacée. Or cette émancipation implique nécessairement de trancher l’incertitude quant à son statut social.

III. Constant face au genre : une « apparence de désordre »

L’ami de Germaine

21Régulariser son statut en concluant un mariage, même de forme, apparaît comme indispensable à Constant, comme l’atteste ce qu’il donne comme un axiome : « Dans tout régime quelconque, la régularité aura de grands avantages et fera la loi. Dans tout régime quelconque, l’ami de Germaine aura une apparence de désordre et d’irrégularité qui lui nuira47. » Cette insistance sur l’apparence, le regard social, revient tout au long des écrits intimes de Constant, tant la peur de l’opinion a d’emprise sur lui, qu’il s’agisse de « cette espèce de défaveur dont une femme célèbre s’entoure et qui retombe sur son amant48 » ou de la pression quant à la décision qu’il prendra sur son mariage.

22Car prendre pour épouse une femme manquant d’esprit, c’est s’exposer au ridicule, ce qui contrarierait son aspiration à la gloire en faisant de lui la victime de ces commérages qu’il redoute (ainsi de cette « crainte des observations et des propos49 » dont il fait état à propos d’une union avec Amélie) ; mais rester dans une situation que lui-même qualifie d’« évidemment fausse50 » en renonçant à la rupture avec Germaine de Staël revient à rester dans son ombre, à n’être défini que comme son ami – donc à n’être vu que par elle, à laisser échapper, une fois encore, le gouvernail de sa vie. Ce qui lui est désormais insupportable, las qu’il est de suivre, « tout essoufflé, le char d’une femme célèbre51 ». Cette image dit assez la lassitude, l’épuisement à la fois physique et symbolique de Constant face à une position sociale qu’il perçoit comme exceptionnelle à l’aune des rôles genrés de son temps, étant conscient d’être désigné seulement comme l’ami d’une femme de lettres, de suivre malgré tout, en dépit de ses propres aspirations, ce char sur lequel elle trône, à rester en retrait.

De l’importance de l’opinion

23Que cette prise de conscience du statut exceptionnel de leur relation, donc de l’importance des conventions genrées qu’elle défie (saisir l’exception impliquant de saisir la norme, voire de l’intérioriser), s’exprime dans le texte en termes de désordre et d’irrégularité est significatif : ce que Constant choisit de mettre en avant, c’est le statut de sa relation, donc le sien propre, vis-à-vis de la société. Il semble s’envisager comme en-dehors de la norme sociale, selon laquelle ses aspirations ne seraient légitimes qu’à condition d’avoir un statut précis, identifiable et respectable, qu’il ne peut obtenir que par le mariage et en-dehors des conventions genrées. Conventions auxquelles contrevient en tous points sa relation avec Germaine de Staël, dans laquelle ne s’exerce aucun rapport de domination et où l’on reconnaît à la femme, chose nouvelle, la supériorité de son esprit, son statut d’exception parmi son genre, mais aussi au sein de son siècle.

24Outre cela, le fait qu’il aborde sa relation avec la femme de lettres par le biais du statut qu’elle lui procure montre une volonté de rationalisation qui passe par la prise de distance vis-à-vis des événements : ce ne sont pas ses sentiments qui sont mis en avant ici, mais des éléments relativement concrets – être l’amant d’une femme célèbre ou l’époux d’une anonyme –, qu’il cherche à objectiver en les jugeant du point de vue de l’opinion, comme s’il s’agissait de la vie d’un autre (en l’occurrence, le moi observé). L’importance de cette opinion dont Constant dit à de nombreuses reprises l’emprise sur lui est ici saillante, montrant, à notre sens, que la définition de son moi passe à ses yeux, par la vision qu’en a la société : est-il seulement l’ami d’une femme de lettres ? Ne peut-il se définir par (et pour) lui-même dans l’espace littéraire, et plus largement, dans le champ social ? L’introspection à laquelle il se livre dans Amélie et Germaine, journal le plus révélateur de ses perceptions des conventions genrées, est destinée à trancher la question puisque, ainsi que le pointe Alfred Roulin, ce premier journal est avant tout, pour Constant, l’occasion d’une auto-analyse à la lumière de ses rapports avec ces deux femmes52, au moyen d’une énonciation se jouant dans la transparence.

Vers l’égalité

25La rationalisation à laquelle se livre Constant se manifeste également dans le fait qu’il n’exprime jamais, même dans l’intimité la plus grande du journal, la volonté de surpasser Germaine de Staël, voire de la dominer : c’est l’indépendance et une gloire personnelle qu’il désire, non la fin de leur amitié ou une renommée supérieure à celle de son amie. Aussi, même les passages exprimant le plus explicitement sa lassitude et sa contrariété à l’encontre de celle-ci ne manquent pas de respect à son encontre, mettant systématiquement en avant la supériorité de son esprit et son statut d’exception, aussi bien vis-à-vis de son sexe qu’à l’aune de son siècle. Cette mise en avant permanente de l’esprit de Germaine de Staël marque elle aussi la distanciation de Constant vis-à-vis des événements et de leur relation : malgré sa connaissance intime de l’écrivaine et de son caractère, sa mention (elliptique) de scènes parfois violentes entre eux, il garde une distance critique, préférant rationaliser la chose afin de se garder du danger de se laisser emporter par ses sentiments, ses ellipses allant dans ce sens.

26C’est de lui-même que Constant est las, de son indécision, de sa peur d’infliger une souffrance que son irrésolution provoquera parfois malgré tout. Ainsi de cette entrée du journal où, mentionnant une dispute avec Germaine de Staël, il affirme aussitôt après : « Seulement je dois redire que Germaine est la meilleure créature de la terre53 ». Toutefois, si son « moi pensant » s’incline devant la supériorité d’esprit de l’écrivaine, son « moi sentant » ne supporte plus leur liaison, d’où le dilemme qui déchire Constant puisqu’il ne parvient jamais à accorder ses deux parts de lui-même.

Conclusion : un moi morcelé

27Se dégage des Journaux intimes l’image d’un homme déchiré entre son « moi pensant », qui aspire à la liberté et à la gloire, et son « moi sentant » qui, redoutant par-dessus tout le changement et l’inconnu, leur préfère le confort du présent, fût-il médiocre et insatisfaisant : de son propre aveu, Constant éprouve davantage de facilité à se laisser porter par les événements qu’à en infléchir le cours en agissant sur eux, car cela supposerait d’abord d’agir sur lui-même. Malgré une aspiration sincère à la gloire et à la liberté – qui ne peuvent être que le fruit d’un changement, impliquant d’abord lui-même un mouvement –, donc à l’avenir, il semble lutter pour maintenir le présent, perçu par lui comme un équilibre fragile entre un passé par lequel il peut retracer la genèse de son identité et un avenir qu’il craint. Ses écrits intimes, par leur esthétique du ressassement et de la spéculation, portent la trace de ce déchirement, auquel vient s’ajouter la peur d’une opinion conçue comme toute-puissante, comme une instance capable d’insuffler de l’objectivité au jugement que porte son moi observateur sur son moi observé : faire le choix du statu quo, de l’immobilisme, c’est aussi ne pas attirer un jugement défavorable de l’opinion.

28Aussi doit-on sans doute lire, derrière ce désir marqué de changer de situation, de trancher, une volonté de se maintenir dans l’indécision (voire une certaine complaisance dans l’irrésolution), moins effrayante car connue. La spéculation quant aux différentes possibilités et le ressassement de ses hésitations, au cœur d’Amélie et Germaine, ne sont ainsi qu’autant de tentatives d’éviter un choix qui serait renoncement à des possibles et à une part de son moi. Car perdre Germaine de Staël, c’est perdre celui que constitue cet « ami de Germaine », cet homme désireux de rompre et effrayé à l’idée de le faire, mais aussi ce compagnon d’une femme d’exception qui de l’aveu même de Constant n’a que lui d’homogène. La perdre, c’est renoncer à être part intégrante, en tant que son compagnon, d’un dialogue intellectuel révélant ce qu’il y a de plus brillant en lui dans une dynamique de stimulation mutuelle sans égale. Ce serait là prendre le risque de ne plus se reconnaître, de voir son moi irrémédiablement altéré, objet d’une transformation dont il est impossible de prévoir la nature : revient, encore, cette peur du changement, de l’inconnu, du choix envisagé comme renoncement.

29Quant à la question du genre et de ses conventions, elle constitue, dans Amélie et Germaine, un enjeu révélateur des déchirements de Constant, constamment divisé entre son désir d’émancipation et sa relation avec Germaine de Staël, dont le statut exceptionnel ne lui échappe pas, comme en atteste le discours de l’exception dont il entoure sa célèbre compagne, discours de l’excès allant à l’encontre de la volonté marquée par Constant de prendre face à sa vie un recul propice à la rationalisation. Discours auquel se juxtapose et s’oppose, à propos d’Amélie Fabri, un discours de la normalité, voire de la banalité, allant jusqu’à la réification de celle-ci. S’opposent donc, en Constant, son goût pour l’exception, incarné dans sa relation avec Germaine de Staël, et son goût pour la normalité, que représente son hésitation à s’unir à Amélie, union qui respecterait les conventions genrées et une opinion résolument envisagée comme seule véritable juge à l’exception de Constant lui-même. Or, justement, il hésite car, bien qu’exceptionnelle au regard de la société et des conventions genrées, sa relation avec Germaine de Staël répond à un besoin profond de Constant, en proie à une peur de l’ennui paralysante : celui d’un dialogue intellectuel d’exception, qu’il sait ne pas pouvoir trouver avec Amélie, dont il dit à de nombreuses reprises, toujours dans cette optique de ressassement, le manque d’esprit. Défier les conventions genrées est dangereux sur le plan social, mais les respecter ouvre la voie à l’ennui, à l’insatisfaction, compromettant l’intégrité de son être profond.

30Aussi la résolution (ou ce qui s’en approche le plus) ne viendra-t-elle que dans le compromis trouvé dans le mariage avec Charlotte de Hardenberg, en 1808, acceptable à la fois aux yeux de la société et aux siens propres, et permettant de conserver l’amitié de Germaine de Staël. Le moi pensant et le moi sentant de Constant se trouvent alors réconciliés dans le maintien du dialogue intellectuel avec l’écrivaine d’une part, de l’autre dans la position sociale de l’écrivain, désormais acceptable. Dès lors, riche de la part significative de ses liens avec Germaine de Staël, mais désormais pourvu, par sa nouvelle union, d’un statut socialement acceptable, l’écrivain peut aspirer à la gloire et à la liberté qu’il appelait de ses vœux dans son journal ; sa lucidité envers lui-même a ainsi eu le résultat à la fois escompté et redouté : une évolution de son identité, aussi mineure soit-elle, et un regard susceptible, désormais, d’envisager l’avenir.

Notes de bas de page numériques

1 Jean Larnac, Histoire de la littérature féminine en France, Paris, Kra, 1929, p. 257, cité dans Martine Reid, Des femmes en littérature, Paris, Belin, 2010, p. 100.

2 Martine Willems, « Conversation, causerie, bavardage et partage dans les Journaux intimes de Benjamin Constant », Annales Benjamin Constant, n° 26, Genève, Slatkine, 2002, p. 65.

3 Martine Willems, « Conversation, causerie, bavardage et partage dans les Journaux intimes de Benjamin Constant », Annales Benjamin Constant, n° 26, Genève, Slatkine, 2002, p. 65.

4 Martine Willems, « Conversation, causerie, bavardage et partage dans les Journaux intimes de Benjamin Constant », Annales Benjamin Constant, n° 26, Genève, Slatkine, 2002, p. 65.

5 Michel Braud, « Le journal intime est-il un récit ? », Poétique, n° 160, Paris, Le Seuil, 2009, p. 389.

6 Benjamin Constant, Journaux intimes, Alfred Roulin et Charles Roth (éd.), Paris, Gallimard, coll. « NRF », 1952, p. 16.

7 Michel Braud, « Le journal intime est-il un récit ? », Poétique, n° 160, Paris, Le Seuil, 2009, p. 391.

8 Martine Willems, « Conversation, causerie, bavardage et partage dans les Journaux intimes de Benjamin Constant », Annales Benjamin Constant, n° 26, Genève, Slatkine, 2002, p. 87.

9 Benjamin Constant, Journaux intimes, Alfred Roulin et Charles Roth (éd.), Paris, Gallimard, coll. « NRF », 1952, p. 44.

10 Andrew Oliver, Benjamin Constant. Écriture et conquête du moi, Paris, Minard, 1970, p. 10.

11 Andrew Oliver, Benjamin Constant. Écriture et conquête du moi, Paris, Minard, 1970, p. 12.

12 Benjamin Constant, Journaux intimes, Alfred Roulin et Charles Roth (éd.), Paris, Gallimard, coll. « NRF », 1952, p. 76.

13 Andrew Oliver, Benjamin Constant. Écriture et conquête du moi, Paris, Minard, 1970, p. 78.

14 Andrew Oliver, Benjamin Constant. Écriture et conquête du moi, Paris, Minard, 1970, p. 78.

15 Jean-Pierre Jossua, « Le journal comme forme littéraire et comme itinéraire de vie », Revue des sciences philosophiques et théologiques, n° 4, 2003, p. 705.

16 Jean-Pierre Jossua, « Le journal comme forme littéraire et comme itinéraire de vie », Revue des sciences philosophiques et théologiques, n° 4, 2003, p. 709.

17 Benjamin Constant, Journaux intimes, Alfred Roulin et Charles Roth (éd.), Paris, Gallimard, coll. « NRF », 1952, p. 179.

18 Andrew Oliver, Benjamin Constant. Écriture et conquête du moi, Paris, Minard, 1970, p. 103.

19 Benjamin Constant, Journaux intimes, Alfred Roulin et Charles Roth (éd.), Paris, Gallimard, coll. « NRF », 1952, p. 28.

20 Benjamin Constant, Journaux intimes, Alfred Roulin et Charles Roth (éd.), Paris, Gallimard, coll. « NRF », 1952, p. 28.

21 Benjamin Constant, Journaux intimes, Alfred Roulin et Charles Roth (éd.), Paris, Gallimard, coll. « NRF », 1952, p. 28.

22 Benjamin Constant, Journaux intimes, Alfred Roulin et Charles Roth (éd.), Paris, Gallimard, coll. « NRF », 1952, p. 27.

23 Benjamin Constant, Journaux intimes, Alfred Roulin et Charles Roth (éd.), Paris, Gallimard, coll. « NRF », 1952, p. 27.

24 Benjamin Constant, Journaux intimes, Alfred Roulin et Charles Roth (éd.), Paris, Gallimard, coll. « NRF », 1952, p. 27.

25 Benjamin Constant, Journaux intimes, Alfred Roulin et Charles Roth (éd.), Paris, Gallimard, coll. « NRF », 1952, p. 28.

26 Benjamin Constant, Journaux intimes, Alfred Roulin et Charles Roth (éd.), Paris, Gallimard, coll. « NRF », 1952, p. 27.

27 Andrew Oliver, Benjamin Constant. Écriture et conquête du moi, Paris, Minard, 1970, p. 33.

28 Benjamin Constant, Journaux intimes, Alfred Roulin et Charles Roth (éd.), Paris, Gallimard, coll. « NRF », 1952, p. 28.

29 Mona Ozouf, Les Mots des femmes. Essai sur la singularité française, Paris, Fayard, 1995, p. 125.

30 Nathalie Heinich, États de femme. L’identité féminine dans la fiction occidentale, Paris, Gallimard, coll. « NRF Essais », 1996, p. 304.

31 Nathalie Heinich, États de femme. L’identité féminine dans la fiction occidentale, Paris, Gallimard, coll. « NRF Essais », 1996, p. 307-308.

32 Lettre à Germaine de Charrière du 30 septembre 1794, dans Benjamin Constant, Cent Lettres, choix et présentation par Pierre Cordey, Lausanne, Bibliothèque romande, 1974, p. 66.

33 Benjamin Constant, Journaux intimes, Alfred Roulin et Charles Roth (éd.), Paris, Gallimard, coll. « NRF », 1952, p. 33.

34 Benjamin Constant, Journaux intimes, Alfred Roulin et Charles Roth (éd.), Paris, Gallimard, coll. « NRF », 1952, p. 49.

35 Benjamin Constant, Journaux intimes, Alfred Roulin et Charles Roth (éd.), Paris, Gallimard, coll. « NRF », 1952, p. 50.

36 Benjamin Constant, Journaux intimes, Alfred Roulin et Charles Roth (éd.), Paris, Gallimard, coll. « NRF », 1952, p. 29.

37 Benjamin Constant, Journaux intimes, Alfred Roulin et Charles Roth (éd.), Paris, Gallimard, coll. « NRF », 1952, p. 34.

38 Benjamin Constant, Journaux intimes, Alfred Roulin et Charles Roth (éd.), Paris, Gallimard, coll. « NRF », 1952, p. 31.

39 Benjamin Constant, Journaux intimes, Alfred Roulin et Charles Roth (éd.), Paris, Gallimard, coll. « NRF », 1952, p. 42.

40 Benjamin Constant, Journaux intimes, Alfred Roulin et Charles Roth (éd.), Paris, Gallimard, coll. « NRF », 1952, p. 42.

41 Benjamin Constant, Journaux intimes, Alfred Roulin et Charles Roth (éd.), Paris, Gallimard, coll. « NRF », 1952, p. 43.

42 Benjamin Constant, Journaux intimes, Alfred Roulin et Charles Roth éd.), Paris, Gallimard, coll. « NRF », 1952, p. 43.

43 Benjamin Constant, Journaux intimes, Alfred Roulin et Charles Roth (éd.), Paris, Gallimard, coll. « NRF », 1952, p. 43.

44 Benjamin Constant, Journaux intimes, Alfred Roulin et Charles Roth (éd.), Paris, Gallimard, coll. « NRF », 1952, p. 180.

45 Benjamin Constant, Journaux intimes, Alfred Roulin et Charles Roth (éd.), Paris, Gallimard, coll. « NRF », 1952, p. 43.

46 Benjamin Constant, Journaux intimes, Alfred Roulin et Charles Roth (éd.), Paris, Gallimard, coll. « NRF », 1952, p. 43.

47 Benjamin Constant, Journaux intimes, Alfred Roulin et Charles Roth (éd.), Paris, Gallimard, coll. « NRF », 1952, p. 40.

48 Benjamin Constant, Journaux intimes, Alfred Roulin et Charles Roth (éd.), Paris, Gallimard, coll. « NRF », 1952, p. 27.

49 Benjamin Constant, Journaux intimes, Alfred Roulin et Charles Roth (éd.), Paris, Gallimard, coll. « NRF », 1952, p. 41.

50 Benjamin Constant, Journaux intimes, Alfred Roulin et Charles Roth (éd.), Paris, Gallimard, coll. « NRF », 1952, p. 27.

51 Lettre à Germaine de Nassau du 15 mai 1798, dans Benjamin Constant, Cent Lettres, choix et présentation par Pierre Cordey, Lausanne, Bibliothèque romande, 1974, p. 80.

52 Benjamin Constant, Journaux intimes, Alfred Roulin et Charles Roth (éd.), Paris, Gallimard, coll. « NRF », 1952, p. 15.

53 Benjamin Constant, Journaux intimes, Alfred Roulin et Charles Roth (éd.), Paris, Gallimard, coll. « NRF », 1952, p. 42.

Bibliographie

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Pour citer cet article

Laetitia Saintes, « Suivre « le char d’une femme célèbre » : Benjamin Constant et Germaine de Staël face à la question du genre », paru dans Loxias, 54, mis en ligne le 15 septembre 2016, URL : http://revel.unice.fr/loxias/index.html/lodel/docannexe/file/7601/lodel/index.html?id=8429.


Auteurs

Laetitia Saintes

Laetitia Saintes a étudié les langues et littératures françaises et italiennes à l’Université Catholique de Louvain. Elle vient d’entamer une thèse portant sur la question de la posture dans la littérature pamphlétaire de la première moitié du XIXe siècle, sous la direction de Damien Zanone. Elle entend se spécialiser dans le discours polémique, envisagé en rapport avec le discours politique et l’analyse rhétorique, notamment à travers la question de l’ethos du pamphlétaire. Elle s’intéresse également de près à la question du genre en littérature, les Dix années d’exil de Germaine de Staël faisant partie de son corpus.