Emanuela Nanni
Emanuela Nanni est membre du laboratoire GERCI et enseigne l’italien auprès de l’Université Stendhal de Grenoble. Elle a une double formation d’italianiste et de traductrice (diplômée auprès de la Scuola Superiore di Lingue moderne per interpreti e Traduttori de l’Université de Bologne) et ses publications portent sur la poésie, la traduction et également sur la relation entre la poésie et d’autres codes sémiotiques suivant une approche esthétique, traductologique et poétologique.
Articles de l'auteur
Loxias | Loxias 42 | Doctoriales X
Le Faire poétique : une « indisciplinarité » opérante pendant les années 30 et 40 du XXe siècle
Cette étude se concentre sur la notion de « faire poétique » conçue telle qu’une forme de connaissance qui agit dans le sillon de ce que Jacques Maritain définissait l’acte d’« avoir produit une chose dans l’être ». Cette action relève d’une forte potentialité : parlant à l’intellect et à l’âme, la portée perlocutoire de la poésie ainsi que son pouvoir de conviction se doublent par rapport à une autre forme de discours. Son pouvoir de concrétisation permet en effet d’éveiller les consciences vis-à-vis d’une réalité violant la liberté de l’homme et offre une virtualité d’hypothèses « autres » pour changer l’existence d’un sujet tout comme celle d’un pays. Elle devient ainsi une action de résistance puisqu’elle met constamment en œuvre une « indisciplinarité » vis-à-vis des sémioses et des imaginaires les plus partagés, donnant un rythme non conventionnel aux choses et à leur vision. De la sorte pendant l’entre-deux-guerres écrire et traduire poésie était une voie pour s’évader de la rigidité des régimes, une forme de résistance et de positivité agissante engendrant des réflexions valables pour tout contexte de crise globale. This study focuses on the potential to act throughpoetry. According to Jacques Maritain, it describes poetry as a way to "produce something inside the human being." This action concerns the intellect and the soul and makes it possible to achieve a strong psychological and intellectual awareness revealing the tyranny of the reality. In the 30’s and in the 40’s in the 20th century writing and translating poetry became an act of resistance which fought the most shared reality and evoked a new vision of the world. Poetry was a means to escape from the rigidity of the fascist political plans and a form of resistance which could be followed in any context of crisis.