Verne (Jules) dans Loxias
Articles
Loxias | Loxias 38. | Doctoriales IX
Verne lecteur de Zola : entre dégoût, rivalité et admiration
Malgré un certain nombre de points communs, Verne et Zola ne se sont jamais fréquentés. Verne n’ayant jamais vraiment appartenu à la sphère littéraire, Zola n’avait aucune raison de le rencontrer ou, plus simplement, de le considérer. Si les jugements de Zola sur Verne dévoilent beaucoup de dédain, ceux de Verne sont beaucoup plus nuancés. Confessant être un lecteur régulier des Rougon-Macquart, Verne attaque Zola dans les Voyages extraordinaires pour sa vulgarité. Pourtant, il montre dans sa correspondance une admiration pour Zola et, plus particulièrement, pour ses qualités de romancier réaliste. L’opinion de Verne oscille entre une rivalité naturelle à l’encontre d’un auteur qui le concurrence dans les librairies voire pour l’Académie, un dégoût tout bourgeois pour cet auteur qui traite de sujets bas et une admiration littéraire pour les « photographies défendues » que révèlent les Rougon-Macquart.
Loxias | 54 | I.
La figure de la fée électricité dans L’Ève Future de Villiers de L’Isle Adam : une illustration des utopies technologiques de la fin de siècle
Notre étude analyse la manière dont le merveilleux scientifique utilise les conventions du conte pour illustrer une utopie, celle du scientisme de la fin du dix-neuvième. La critique littéraire a jusqu’ici accordé peu d’importance au merveilleux scientifique, le confondant bien souvent avec la science-fiction. Ainsi, L’Ève Future de Villiers de l’Isle Adam (1886) est souvent considérée à tort comme un roman de science-fiction. Le récit traite en effet de la création d’une femme machine par le célèbre savant Edison. En tournant les pages, le lecteur s’évade pourtant à travers un récit peuplé de fées, d’esprits, de châteaux brumeux, et de magie, caractéristiques du registre merveilleux. Nous nous concentrerons sur la représentation, dans le roman, de la fée électricité. Nous examinerons la manière dont cette figure de la fée illustre la fonction magique souvent attribuée à la technique et analysée en philosophie par Ernst Bloch. This article points out the rupture that occurred at the end of the 19th century in the utopian tradition: no longer representing a new land, it is now science that creates enchantment and that can lead human beings to happiness in a perfect place. Paradoxically, this technological utopia is not described in the language of science, but in terms of its seeming contrary: the fairy tale. Relying on the work of Ernst Bloch, who established the relationship between utopia and fairy tales, this article examines the fairy tale elements in an overlooked novel by Villiers de l’Isle-Adam, L’Ève Future [The Future Eve], that I analyze as a techno-utopia in which a machine is to bring love and bliss to the protagonists. The story takes place in Edison’s laboratory, where, thanks to his experiments on electricity, he creates a machine-woman, an android, to replace his friend’s imperfect fiancée. On the first page, the author classifies the story as a “legend” in which the hero is considered “a magician” and “a sorcerer”. The reader then penetrates into a scientific fairy tale full of fairies, spirits, castles and magic. Rather than interpret the work as a science fiction novel, as most criticism does, I instead provide a close textual analysis showing how a new form of utopia is established through a curious union of science and magic.