Loxias | Loxias 37. Arts et Littératures des Mascareignes | I. Arts et littératures des Mascareignes
Robert Furlong :
Les revues littéraires mauriciennes : socle d’une francophilie historique
Résumé
Outre les ouvrages publiés localement et internationalement, la production littéraire mauricienne comprend également un foisonnement de revues littéraires dont les premiers datent du début du XIXe siècle. Ces revues, riches en poèmes, contes et nouvelles, sont dans leur plus grande majorité en français et constituent le socle de cette francophilie historique qui caractérise l’île Maurice. Elles témoignent également d’un appétit d’écrire particulièrement vif et permanent en dépit ou à cause de l’insularité.
Abstract
Besides the literary products by Mauritian authors published locally or internationally, the history of literature in Mauritius is also composed of numerous literary magazines dating as far back as the beginning of the 19th century. Those magazines, rich in poems, tales and short stories, are mostly in French and constitute the backbone of the historical ‘francophilie’ characterising Mauritius. They bear witness of a real appetite for writing, strong and permanent in spite or because of the geographical insularity.
Index
Mots-clés : littérature de l’Océan Indien , littérature francophone, littérature mauricienne, revues littéraires
Plan
- Les revues littéraires du XIXe siècle
- Le contexte
- La première salve
- Le rôle du Keepsake Mauricien de 1839
- Un nouvel élan
- Les revues littéraires du XXe siècle
- La continuité
- Le règne de L’Essor
- À l’ombre de L’Essor
- Les revues littéraires mauriciennes : fin XXe et début XXIe siècles
- Où en est-on aujourd’hui ?
- Conclusion
Texte intégral
« On peut à défaut d’Esprit
Emprunter l’Esprit des autres. »
Devise de L’Écho des Journaux,
revue mauricienne de 1816
1Un siècle sépare les deux citations qui suivent.
Il était utile de chercher d’un côté à instruire nos colons de Maurice de ce qui se passe de plus intéressant sur les scènes politiques et littéraires de l’Europe et, de l’autre de faire connaître aux européens le petit coin de l’hémisphère austral que nous habitons.
Cette revue a été le rêve longtemps caressé d’un groupe de Port-Louisiens qui déploraient l’apathie où la jeunesse mauricienne s’enlisait de jour en jour loin de la lumière bienfaisante des lettres…
2La première date du 1er janvier 1818 et est extraite de la préface de la toute première revue culturelle et littéraire mauricienne, Archives de l’Ile-de-France. La seconde remonte au 15 novembre 1919 et est extraite de l’éditorial de la revue littéraire mauricienne L’Essor. Entre l’initiative au début du XIXe siècle des Archives de l’Ile-de-France1dont 74 livraisons paraîtront pendant ses deux années d’existenceet le démarrage de L’Essor qui allait sur une base mensuelle paraître jusqu’en 1959 (soit pendant 40 ans), il y eut une trentaine de revues spécifiquement littéraires pour le seul XIXe siècle. Ce nombre ne cessera de croître au cours du XXe siècle et jusqu’en ce début du XXIe siècle dont le cumul des titres avoisine la soixantaine de revues… Si aucune n’a atteint la durée de vie de L’Essor et si certaines furent éphémères, ces revues témoignent de la vitalité de la production littéraire mauricienne francophone, toutes ces revues étant, à peu d’exceptions près, en français.
3Compte tenu de la dimension de cette île située au bout du monde (1900 km²), de l’histoire de son peuplement, de sa colonisation2, de son évolution depuis l’indépendance et de l’évolution de son lectorat au fil des ans, le nombre de revues littéraires en langue française qui y ont été publiées avec, souvent, plusieurs titres paraissant simultanément peut être considérée comme un record en situation coloniale comparable. L’implantation de l’imprimerie, par contre, ne l’est pas : l’île Maurice installe sa première presse en 1767 et crée son premier journal d’information Annonces, Affiches et Avis divers pour les Colonies de l’île de France et de Bourbon en 1773. Dans l’histoire de l’imprimerie hors d’Europe, cette date n’est pas, comparativement, un record d’ancienneté : on imprimait dès 1556 à Goa, dès 1700 au Paraguay et dès 1736 à Ceylan, mais pas avant 1793 à l’île voisine de la Réunion, 1803 à Madagascar et 1820 en Martinique… Tout en n’étant pas un précurseur en la matière, Maurice fut cependant le premier pays dans l’océan Indien où l’imprimerie ne doit pas son existence à une congrégation religieuse dans des buts d’évangélisation, mais où elle est pleinement laïque et disponible pour réaliser des documents en tous genres3. La presse d’information mauricienne initiée en 1773 ne cessera jamais d’être abondante et les très nombreux quotidiens ayant jalonné son histoire en témoignent. Parmi eux figure un des plus anciens journaux francophones d’information hors de France, le Cernéen4créé en 1832 et qui ferma ses presses en 1982 après 150 ans de parution quotidienne ! Aujourd’hui encore, sur cette île dont la population a largement dépassé le million d’habitants, coexistent plusieurs quotidiens, hebdomadaires et magazines mensuels qui sont en langue française dans leur plus grande majorité et qui, diffusés et lus aux quatre coins de l’île, accordent traditionnellement une place confortable à la littérature locale et internationale. Même si aujourd’hui ces organes de presse ne publient plus de romans en feuilleton, tel a été le cas pendant de nombreuses années. Cette présence forte et affirmée de la langue française dans une ancienne colonie britannique dont la langue de l’éducation, du parlement et de l’administration publique est l’anglais peut paraître paradoxal : pour le Mauricien, elle n’a rien d’étrange et n’est que le reflet de cette francophilie héritée et totalement assumée du passé colonial français…
Les revues littéraires du XIXe siècle
Le contexte
4La presse est une donnée essentielle de la francophonie mauricienne et une presse littéraire abondante a émaillé son histoire comme il a été esquissé plus haut. Outil d’affirmation identitaire face aux conquérants anglais ? Usage raisonné et systématique d’un droit acquis lors de la capitulation française de 18105 afin de le rendre inaliénable ? Simple passion du littéraire ? Chacune de ces questions porte en elle-même un élément de réponse… Et que la revue fondatrice s’intitule Archives de l’Ile-de-France est donc clairement, en son temps, l’affirmation d’un attachement à cette période française révolue et un désir d’en pérenniser la langue et la culture6. L’appétit pour le livre et pour la lecture est déjà présent dans l’île même si le lectorat est étroit. La première librairie date de 1787. Quatre autres libraires s’y installent entre 1790 et 1803 et un cabinet de lecture s’ouvre en 1810. Lorsqu’un des frères Baron qui tenaient une librairie en plein centre de la capitale, Port-Louis, meurt en 1807, son frère – également libraire – hérite d’un fonds de près de 10000 volumes en plusieurs langues… Par ailleurs, une étude7 menée sur 146 inventaires après décès établis par des notaires entre 1789 et 1800 montre que 49 de ces inventaires (soit 34,2 %) mentionnent des livres, souvent « des collections […] de nature encyclopédique », des ouvrages d’histoire, de philosophie, des dictionnaires, du Beaumarchais, du Bernardin de Saint-Pierre, du Diderot, du La Fontaine, du Molière, du Montaigne, du Montesquieu, du Rabelais, du Rousseau, du Voltaire… Les célèbres Mercure de France et Edinburgh Review, fortement prisés, se trouvaient également sur les rayons de ces cabinets de lecture qui faisaient florès.
La première salve
5Bimensuelle puis hebdomadaire, née huit ans après la conquête britannique, la revue Archives de l’Ile-de-France inclut dans chacune de ses 74 livraisons des poèmes et des réflexions d’ordre culturel. Elle s’inscrit également dans le droit fil des orientations d’une des plus anciennes sociétés littéraires et culturelles8 de l’île, la Société d’émulation créée en 1805 dont un des projets était « la rectification des faits inexacts consignés dans les ouvrages de la plupart des voyageurs et des géographes. » Dès sa troisième livraison, cette publication eut même à se plaindre d’un plagiat de la part du quotidien La Gazette de Maurice ! Si la qualité des poèmes et fables publiés est souvent moyenne, voire médiocre, cette revue constitue comme celles qui suivront une plateforme d’expression sur laquelle peut se construire une littérature et une identité littéraire locales9. Le successeur immédiat des Archives en 1822 sera féministe… du moins par son titre : Annales des Modes, des Spectacles et de littérature récréative dédiées aux dames dont le numéro 2 adopte un surtitre anglais – Mauritius Fashionable Chronicle se rapprochant ou tendant la main aux nouveaux maîtres.
6Ces premières expériences de revues littéraires allaient être suivies de 20 années de silence car l’agenda politique et social de l’île allait laisser peu de place au divertissement littéraire. Dans l’ordre, l’île, qui était passée d’un drapeau à un autre à travers l’invasion militaire en 1810, allait connaître tout d’abord une période d’adaptation, puis : – en 1829, la reconnaissance des droits civils et politiques de la population de couleur, à savoir mulâtres et métis qui piaffaient d’impatience à se faire une place dans la société et en littérature ; – en 1831, l’abolition de la censure qui pesait sur la presse d’information ; – en 1835, l’abolition de l’esclavage et le paiement de la compensation monétaire que l’Angleterre avait concédée aux propriétaires sucriers ; – dès 1835, l’afflux de travailleurs indiens10 ; – en 1836, la libéralisation de l’éducation permettant à des écoles privées de fonctionner en toute liberté, …
Le rôle du Keepsake Mauricien de 1839
7La reprise sera marquée à partir de 1839 par une floraison de revues littéraires et il n’est pas inutile de souligner que cette abondance de revues suit de très près l’entrée massive d’argent provenant des compensations versées par les Anglais aux anciens propriétaires d’esclaves. Il semble que, dans un premier temps, l’investissement dans la presse littéraire et culturelle apparaît comme susceptible d’être rentable. Mais cette manne monétaire aurait-elle été suffisante sans un vigoureux coup de semonce intellectuel ? L’île semble avoir atteint un carrefour (et l’abolition de l’esclavage y a certainement joué un rôle) où de nouvelles questions essentielles méritent non seulement d’être posées, mais aussi de recevoir des réponses ! Le Keepsake Mauricien11de 1839 est cet organe désireux de voir l’expression littéraire à Maurice adopter de nouveaux chemins et s’épanouir. Un « keepsake », à la mode avec le romantisme français, désigne une sorte de revue, souvent à numéro unique, comparable à des annales et dans laquelle les genres sont mélangés et le Keepsake Mauricien ne déroge pas à la tradition : l’édition de 1839, riche de 25 textes, contient des poèmes, des contes, des récits historiques, des réflexions philosophiques portant, pour la plupart, sur Maurice, ses paysages, ses lieux de promenade pittoresques, ses mythes, ses curiosités et ses réalités. Mais l’innovation notable est que cette revue est bilingue, que les initiateurs en sont un Mauricien francophone, Eugène Bernard, et un Mauricien anglophone, A. Hutton Howlandson et que 6 des textes sont en anglais célébrant, comme les autres textes, l’île, ses paysages, ses habitants… L’objectif réel de ce collectif de textes devient, en fait, plus évident à la lecture du texte stratégiquement placée en « postface », signé d’Eugène Bernard et intitulé « Aux Jeunes Mauriciens »12. Sur 24 pages, avec des mots inhabituels pour l’époque et une lucidité appréciable quant à la situation des arts et des lettres dans la société mauricienne d’alors, ce texte est à la fois cri d’alarme et appel. Regrettant que « le goût de la littérature » ne soit pas « plus vif et plus général à Maurice » et que l’école n’y soit pas un facteur d’encouragement, l’auteur déplore que
malgré la tendance générale au perfectionnement intellectuel, nous ne nous sommes point encore débarrassés de cette malheureuse préoccupation qui nous fait croire qu’on ne peut se livrer avec succès à l’étude des sciences et des arts hors de l’Europe13.
8À l’idée, fausse, que Maurice, « injustement frappé(e) de prosaïsme », est dans ses dimensions et son existence coloniale « si informe » qu’il y manque des sujets inspirateurs, Eugène Bernard14 entreprend, avec force et lyrisme, de démontrer que tout l’environnement mauricien se prêterait à être des thèmes d’écriture :
Votre île n’est-elle pas aussi une terre toute de poésie, terre nouvelle pour les arts, terre qui peut inspirer des pages éloquentes, des tableaux remplis de beautés pittoresques et de vérités sublimes, de descriptions fidèles et gracieuses, dont chaque ligne sera un hommage rendu à la patrie ?15
9Le ton est donné : pour la première fois, un Mauricien fait l’éloge de l’île, passe en revue des thématiques identitaires et s’appesantit sur le lien devant exister entre écriture et patrie, patrie voulant signifier ici l’île habitée, vécue, aimée. Ce texte marque, dès lors, un tournant amenant la production littéraire mauricienne à sortir de sa « pré-histoire » – au sens bourdieusien du terme – pour aborder sa période d’émergence et tout porte à penser que l’appel du Keepsake a eu l’effet escompté. D’une productivité assez pauvre entre 1800 et 183916, les décennies suivantes de 1840 à 1900 allaient être témoins d’une productivité littéraire accrue principalement en poésie17 et en matière de revues.
Un nouvel élan
10Plusieurs des revues postérieures à 1840 ne vécurent que quelques mois comme pour la période précédente18, mais, fait remarquable, trois d’entre elles survécurent plus longtemps : Le Créole (1842, hebdomadaire, 22 mois)publiant des poèmes, des chroniques, des anecdotes historiques, des lithographies ainsi que des articles de fond sur la société mauricienne ; La Revue Pittoresque (1842, mensuel, 14 mois) accordant une place prépondérante à l’histoire de Maurice, à ses grands hommes, à ses premières sociétés littéraires et publiant également des sonnets et poèmes et Le Piment (1844, hebdomadaire, 31 mois)se moquant de toutes et de tous autant que de lui-même et ayant, curieusement, la durée de vie la plus longue. Profitant des avancées technologiques, ces revues publient toutes des lithographies et/ou des caricatures reflétant des scènes du quotidien mauricien. L’échec guettant à un moment ou un autre ces initiatives a généralement la même base et La Revue Mauricienne,qui en fait les frais après six mois de parution, la résume ainsi dans sa livraison du 10 octobre 1847 :
Les Directeurs de cette publication avaient foi dans l’avenir car ils pensaient même au milieu du matérialisme qui enveloppe et fait avorter encore à Maurice toute idée de progrès, que le jour était venu de combattre victorieusement les entraves que bien d’autres n’avaient pu franchir avant eux. […] L’appui du public leur a fait faute. […] Des abonnés se sont retirés, d’autres tout en continuant à recevoir la revue ont oublié que la première condition d’existence d’un journal est le paiement régulier des abonnements.
11L’affirmation d’un des lecteurs du Bengali selon laquelle « Maurice n’a pas besoin de littérature ! Trouvez-lui plutôt des cultivateurs ! »(15 juillet 1841) mérite aussi d’être citée comme résumant l’opinion d’une classe d’antilittéraires.
12Une nouvelle pause s’ensuivit avant qu’une nouvelle salve ne se manifeste, porteuse de revues de meilleure qualité en termes littéraires.La fin du XIXe siècle est particulièrement fertile à partir de 1870 : 17 revues19 et la plupart de qualité dont une, hebdomadaire, paraissant 7 années durant et son successeur direct prenant la relève pendant 11 ans ; 2 autres, à parution annuelle, vivront 22 ans et 24 ans ; deux seront des hebdomadaires saisonniers publiés chaque année de juin à octobre pendant 13 et 14 ans respectivement au moment de la saison théâtrale20 ; deux seront les organes officiels de cercles littéraires21… Le contenu, varié, est toujours en français et souvent de très bonne qualité : réflexions et amorces de débats sur la société locale et la vie intellectuelle ; l’histoire des journaux ; poèmes de poètes locaux et étrangers ; contes et nouvelles ; romans d’écrivains locaux et étrangers en feuilleton autour d’histoires d’amour avec duels d’honneur, chagrins mortels, aventures rocambolesques ; extraits d’articles de revues françaises ; charades, énigmes et logogriphes… Imprimées sur du papier journal avec des couvertures agréablement composées et illustrées, ces revues font entre 8 et 24 pages.
13Au moment où a lieu le passage au vingtième siècle, outre 8 quotidiens d’information, coexistent, donc, 3 revues littéraires mensuelles… Parmi les promoteurs de ces tranches de productions littéraires, une femme mérite d’être citée car elle demeure la championne incontestable en matière de revues littéraires : Marie Leblanc22 qui en crée et dirige 12 entre 1890 et 1915 !
Les revues littéraires du XXe siècle
La continuité
14Le début du XXe siècle connaît également son lot de revues éphémères23. Mauritiana que crée le poète Léoville L’Homme en 1908 est la seule revue qui dure de 1908 à 1916 avec un contenu majoritairement historique et biographique évoluant, lors du passage à la rédaction en chef d’un autre poète, Robert-Edward Hart, vers du plus littéraire. Durent encore, également les trois revues annuelles de Marie Leblanc déjà évoquées. En 1916, une nouvelle revue allait faire son apparition : elle s’appelle The Indian Miscellany, est rédigée en anglais et est dirigée par un Indien… Nouveauté, certes, à double titre ! Jusque là, aucune revue totalement en anglais n’avait été publiée. Mais le fait le plus notable en la circonstance est que les Indiens, déjà présents massivement à Maurice, affirment pour la première fois leur présence culturelle dans un espace dominé par un eurocentrisme même (et surtout) du côté des métis, localement membres de la « population de couleur ». Et cette manifestation se fait dans une langue autre que le français (langue des dominants économiques) et plus particulièrement par le biais de l’anglais (langue du pouvoir colonial et des administrateurs politiques). Le fait n’est certainement pas passé inaperçu et l’arrivée en 1919 d’une nouvelle revue a peut-être été précipitée par cette parution ayant pu être interprétée comme une certaine menace.
Le règne de L’Essor
15Vint donc la revue phare, restée inégalée pour sa qualité et sa longévité : la revue L’Essor, née en 1919 en tant qu’organe d’un cercle littéraire (le Cercle Littéraire de Port-Louis24), et qui, comme mentionné à l’ouverture de cette étude, a connu 40 années de parution mensuelle quasi-ininterrompue. L’ambition de cette revue est évoquée dès l’éditorial du numéro 1 :
L’Essor, en offrant à notre jeunesse intellectuelle les moyens de lutter avec succès dans la bataille de la vie, contemple l’horizon d’un œil confiant. Le nouveau matin littéraire, qui a répandu sa fraîche lumière sur Maurice et fait éclore les roses de l’espérance, l’encourage déjà.
16 L’énergie de ces propos et la référence à la lumière ne font que confirmer l’affirmation d’Yves Peyré25 selon laquelle « il y a un acte militant à la racine même de la revue, plus décisivement elle se veut un moment de clarté perçant l’obscur. » Les comités de rédaction successifs arriveront à surmonter les obstacles – notamment financiers – inévitables dans une petite société insulaire : lentement, par touches successives, L’Essoraura sur l’intelligentsia mauricienne l’impact attendu par ses fondateurs et va marquer de façon indélébile le paysage littéraire mauricien.
17Publication de 16 pages sur papier journal de format 18x23, recouvert d’une couverture simple et sobre, du même papier, sur laquelle figure le titre en lettres romantiques, l’affiliation au Cercle Littéraire de Port-Louis, le nom de l’éditeur, le sommaire et l’imprimeur : voilà à quoi ressemble L’Essor. De la publicité figure au verso de la couverture et sur certaines pages intérieures… Le numéro 1 comprend une étude d’un poète mauricien ayant écrit six volumes de poèmes sur Les Mauriciennes (Fernand Duvergé) écrite par un autre important poète local (Léoville L’Homme), trois poèmes et une nouvelle. Dans un ordre général, plusieurs écrivains locaux connus et appréciés, prosateurs et poètes confondus, partageant la même passion pour la chose littéraire, soutiennent l’ambition affichée parL’Essor d’être « l’aube du renouveau littéraire à l’île Maurice. » Ce qui inscrit résolument L’Essor comme revue de référence, et en constitue l’acte fondateur26 est la décision du Cercle Littéraire de Port-Louis en juillet 1921 d’élargir son concours littéraire annuel au public en général « dans le seul but d’encourager la littérature à Maurice » et de « créer de l’émulation et développer le goût littéraire parmi les Mauriciens et les Mauriciennes de tous âges ». Le rapport du jury27, présidé par le poète déjà nommé Léoville L’Homme et après examen des 42 participations (24 en prose, 18 en vers), note « qu’il en a rencontré bon nombre où se révèlent de sérieuses qualités ». Cette réussite amènera le Cercle Littéraire à renouveler l’expérience. Le succès sera de nouveau au rendez-vous, la revue publiant au fur et à mesure de l’année les meilleures contributions et, en même temps se constituant année après année un fonds de roulement. L’engouement issu de ce concours fit de L’Essor une sorte de « passage obligé » indispensable pour la consécration des apprentis-écrivains et pour la délivrance d’un « permis d’écrire » symbolique. Une étude de contenu des productions aux différents concours28 qui se poursuivirent tout au long de l’histoire de cette revue ainsi que des nombreux textes qui y furent publiés permettrait de disposer certainement d’une palette de regards sur la société mauricienne et d’indices sur l’évolution intellectuelle du pays. En ce sens, L’Essor a été pleinement « une institution de production culturelle29 » dans sa capacité à mobiliser des énergies et à donner des raisons d’écrire même si elle n’a pas su ou pu avoir une « fonction d’innovation ». Mais le revers de la médaille est que cette revue, par son classicisme, limite l’ouverture de l’écriture mauricienne vers des courants novateurs tels le surréalisme. Comme certaines des revues l’ayant précédé, L’Essorest
un garde-écrire, un petit buffet mobile dans lequel attendent, sur des étagères des textes divers (prose, poésie, traductions, analyses, entretiens,…) dans lesquels on pourra puiser pour constituer des menus originaux, c’est-à-dire des livres30.
18La production littéraire mauricienne du XXe siècle compte plusieurs dizaines de volumes signés d’écrivains de qualité étant « passés » par L’Essor. La revue a elle-même édité sous forme de feuilleton 4 romans dont un seul sortira en livre quelques années plus tard31. De quoi est morte, après 40 années de bons et loyaux services, cette revue ? Peut-être finalement de n’avoir pas assuré ce rôle consistant à être « un carrefour des œuvres et des idées, un lieu d’échanges et de solidarités où se consolide le présent et se construit l’avenir32 ». Dans une chronique faisant l’éloge post-mortem de la revue, on peut lire :
[L’Essor]fut ces derniers temps victime de l‘indifférence des siens et vient de rentrer dans l’ombre faute de soutien, faute de bonne volonté, faute d’affection33.
19Les valeurs que L’Essor représentait ne correspondent finalement plus aux exigences de la société et de la jeunesse modernes. Disparaît alors une revue s’étant « toujours efforcée de servir […] le prestige de la pensée française » comme l’affirmait un éditorial de 195334.
À l’ombre de L’Essor
20Pendant que L’Essordominait la scène pendant 40 ans35, d’autres revues sont nées et ont proposé un regard complémentaire, parfois plus engagé, sur la littérature : L’Éveil Littéraire, mensuel né deux mois avant L’Essor et ayant vécu un an ; La Revue de Maurice, mensuel né en 1922 et ayant paru un an ; Le Miroir, hebdomadaire politique et littéraire né en 1924 ; Zodiaque, revue lancée en 1925 et qui vécut un an ; Les Annales mauriciennes qui parut 4 mois en 1931 ; Vergers, mensuel ayant paru d’avril à septembre 1933 ; Maurice Magazine, hebdomadaire de mars 1936 à avril 1937 ; The Indian Cultural Review à parution irrégulière de 1936 à 1953 ; Cathay, revue mensuelle de la jeunesse chinoise dès 1938… pour ne citer que quelques-unes des 23 revues ayant paru. Toutes ont souffert du pouvoir de L’Essor même si la qualité de ces revues et de leur contenu est incontestable ainsi que, pour certaines, leur caractère novateur telles ces revues qui, dans les années 1930, ont publié les premières créations surréalistes d’auteurs mauriciens. Ce pouvoir a même fait l’objet d’attaques directes contre L’Essor qui n’ont pu avoir raison de sa suprématie36. La dimension quasi mythique de L’Essor demeure encore de nos jours à tel point que l’Alliance Française et un noyau d’intellectuels a tenté en 2003 de lancer Le Nouvel Essor. Mais le contexte du début du XXIe siècle est différent tout comme le sont les enjeux socioculturels et cette initiative n’a vécu que trois livraisons.
Les revues littéraires mauriciennes : fin XXe et début XXIe siècles
21Comme si L’Essor avait marqué la fin d’une époque, aucune revue ayant la même vocation – à savoir développer la productivité littéraire – ne s’est véritablement encore imposée dans une perspective à long terme. Quelques autres tentatives telles Tracés sont restées de timides essais voués à l’échec bien que ce dernier titre cité ait été le supplément d’un grand quotidien. Trois revues, dont deux sont plus des revues d’analyse que de produits littéraires stricto sensu, font exception et ont traversé l’an 2000 : Vasant rédigé en hindi et qui existe depuis 1977 ; Indradanush fondé en 1988 et rédigé en anglais, français et hindi ; Italiques rédigé en français inauguré en 1990 et à parution irrégulière, son dernier numéro ayant été un spécial sur Jean-Marie Gustave Le Clézio en 2009…
Où en est-on aujourd’hui ?
22Les temps ont certes changé mais si budgets et mécènes semblent plus rares, l’envie d’écrire à Maurice reste forte tant en matière de nouvelles (le moindre concours public enregistre au minimum une trentaine de postulants) que de poésie (créée en 2006, la revue Point Barre strictement consacrée à la poésie en est à sa treizième édition) ! L’Atelier d’écriture, un véritable atelier réunissant écrivains et futurs écrivains inauguré en mai 2009 a rassemblé dès sa création plusieurs postulants et produit une revue éponyme sous forme de livret qui en est à sa 28e livraison.
23D’une certaine façon, la championne des revues du XIXe siècle, Marie Leblanc, etle promoteur que fut le Cercle littéraire de Port-Louisont trouvé leurs successeurs à travers deux personnes : l’écrivain Barlen Pyamootoo, fondateur et animateur de L’Atelier d’écriture (dont l’évolution et le succès viennent d’être évoqués), et Rama Poonoosamy, fondateur et animateur d’une publication annuelle initiée en 1994 et intitulée Collection Maurice. Chaque année, cette collection propose un thème et le public en général est invité par voie de presse à soumettre des textes en français, en anglais et en créole37. Les statistiques sont rassurantes car cette collection a publié au total 392 textes de 150 auteurs, les trois langues d’expression admises confondues. Selon l’administration de la collection, un pourcentage significatif de nouveaux auteurs se manifeste chaque année dans des proportions rassurantes.
Conclusion
24L’avenir semble donc, pour le moins, assuré tant pour les revues littéraires que pour cette francophilie mauricienne dont les racines sont fermement implantées.
25L’écrivain Carl de Souza révélait récemment avoir vécu un moment de doute et d’hésitation : c’était au moment de l’indépendance en 1968 et dans les années qui ont suivi au cours desquelles un militantisme politique ardent prônait le recours au créole comme langue d’expression par rapport aux langues dites néo-colonialistes qu’étaient le français et l’anglais. Ce doute finalement a été levé et la production littéraire mauricienne sous toutes ses formes (livres et revues) est restée majoritairement de langue française.
Notes de bas de page numériques
1 Cette publication fut précédée de quelques années par Le Chroniqueur Colonial (1799) et L’Écho des Journaux (1816) qui vécurent respectivement 3 et 5 mois et qui n’eurent de littéraire que la publication de quelques épigrammes, couplets sur des airs connus et textes du célèbre et populaire chansonnier Béranger.
2 L’île Maurice fut hollandaise de 1598 à 1710, française de 1715 à 1810 et anglaise de 1810 à l’indépendance en 1968. Si une poignée d’esclaves fut abandonnée par les Hollandais après leur troisième essai infructueux d’installation dans l’île, le véritable peuplement fut celui quasi-simultané des colons français qui firent venir des esclaves de Madagascar et d’Afrique ainsi que des travailleurs libres de Pondichéry, puis celui des engagés Indiens importés massivement à partir de 1835 pour remplacer la main d’œuvre agricole esclave libérée et enfin celui de Chinois vers la fin du XIXe siècle.
3 Parmi les premières publications à partir de 1768, on note des discours, des lettres, des calendriers, des almanachs, des édits, des ordonnances, des arrêtés, des avis, …
4 Le plus ancien journal en français hors de France serait le Courrier d’Égypte, journal de propagande napoléonienne publié en Égypte de 1798 à 1801.
5 Parmi les clauses de la capitulation française de décembre 1810, l’article 8 spécifiait que les colons conserveraient « leurs religion, lois et coutumes », élément qui ne figure pas, cependant, dans le Traité de Paris de 1814 cédant définitivement l’île aux Anglais.
6 Il y eut certes des tentatives fréquentes de la part des Anglais pour angliciser l’île, mais elles ne furent guère couronnées de succès.
7 Olivier Caudron, « Le livre dans la société de l’île de France du dernier quart du XVIIIe siècle », L’île Maurice et la révolution française, Maurice, Mahatma Gandhi Institute, 1990, p. 175-190.
8 Pour de plus amples informations sur les sociétés littéraires au début du XIXe siècle, leur rôle et leur importance, voir Robert Furlong, « Et pensant ce temps-là, en littérature… » dans Baudin-Flinders dans l’océan Indien, Paris, L’Harmattan, 2007.
9 Le plus jeune fabuliste publié sera un enfant de 12 ans s’annonçant « avec les dispositions les plus brillantes. »
10 Les travailleurs indiens engagés seront, jusqu’en 1909, importés massivement pour travailler sur les propriétés sucrières.
11 Keepsake Mauricien, Port-Louis, 1839.
12 Keepsake Mauricien, Port-Louis, 1839, pages 313-337.
13 Eugène Bernard, « Aux jeunes Mauriciens » in Keepsake Mauricien, Port-Louis,1839, p.325-326.
14 Auteur d’un Essai sur les nouveaux affranchis de l’île Maurice (Maurice, Imprimerie du Mauricien, 1834), Eugène Bernard était membre de la Société d’Émulation Intellectuelle de 1805.
15 Eugène Bernard, « Aux jeunes Mauriciens » in Keepsake Mauricien, Port-Louis,1839, p. 328.
16 19 textes littéraires : 9 pièces de théâtre, 9 recueils de poésie (dont 2 publiés hors de Maurice) et 1’œuvre en prose.
17 Une soixantaine de recueils de poèmes, une quinzaine de pièces de théâtre et une dizaine de textes en prose (en général des nouvelles ou des contes). Peuvent y être ajoutées, peut-être, les romances (au nombre d’une trentaine) rédigées et publiées localement accompagnées des partitions nécessaires, la musique étant souvent composée par des mélomanes mauriciens
18 Le Bengali (1841, 4 mois), Le Colibri (1842, 3 mois), L’Arlequin (1843, 4 mois), La Revue Mauricienne (1847, 6 mois), L’Abeille Mauricienne (1854, 3 mois), La Croix du Sud (1858, 10 mois).
19 La Revue Coloniale (mensuel, 1871, 5 mois), Port-Louis Revue (hebdomadaire, 1876-78, 30 mois), Commercial Gazette Supp. littéraire et historique (bimensuel, 1877, 4 mois), Maurice-Théâtre (hebdomadaire saisonnier, 1878-91, 13 ans), Le Papillon (hebdomadaire, 1888-93, 5 ans), Revue Historique et Littéraire (hebdomadaire, puis trimestriel, puis hebdomadaire, 1887-95, 7 ans et demi), Le Voleur Mauricien (tous les 15 jours, 1888, 8 mois), Annales Politiques et Littéraires (hebdomadaire, 1889, 3 mois), Le Tintamarre (annuel, 1889-92, 3 ans), La semaine littéraire de l’île Maurice (hebdomadaire, 1890-92, 2 ans), Le Soleil de Juillet (annuel, 1891-1915, 24 ans), Les Roses de Noël (annuel, 1892-1914, 22 ans), Port-Louis Mondain, (hebdomadaire saisonnier, 1894-1908, 14 ans), La Nouvelle Revue Historique et Littéraire (bimensuel puis mensuel, 1897-1908, 11 ans), Échos Littéraires (mensuel, 1898-1902, 4 ans).
20 Chaque année, la saison théâtrale rassemblait cinq mois durant tout le beau monde à Port-Louis pour voir Lakmé, La Traviata, Les Cloches de Corneville, La Favorite ou autres Lucie de Lammermoor que des troupes extérieures venaient interpréter.
21 La Revue Coloniale porte le sous-titre « Annales de la Société d’Émulation Intellectuelle de l’Ile Maurice » et Port-Louis Revue celui de « Revue de la Société Littéraire de l’Ile Maurice ».
22 D. Tranquille, V. Ramharai, R. Furlong, Une Mauricienne d’exception : Marie Leblanc, Port-Louis, 2005.
23 Par exemple : La Fantaisie (7 livraisons), Hirondelle de passage (1 livraison), Le monde mauricien en 1900 ; La Revue de Port-Louis en 1904…
24 Pour la « petite histoire », il existait, au départ, un club d’esperanto qui évolua vers un « club d’‘études variées’ » avant de changer d’appellation en 1916 pour adopter le nom de Cercle Littéraire de Port-Louis.
25 Yves Peyré, « Généalogie de la revue moderne », Les revues littéraires au XXe Siècle, Centre de Recherche Le Texte et l’Édition, Université de Bourgogne, Dijon, 2002, p. 7-17, ici p. 8.
26 Au sens que Jacqueline Pluet-Despatin donne à ce mot dans « Une contribution à l’histoire des intellectuels : les revues », Les Cahiers de l’IHTP, CNRS, Cahier N° 20, Mars 1992, p. 125-136.
27 L’Essor, n° 27, janvier 1922.
28 L’Essororganisa un peu plus de 30 concours durant sa longue vie de revue. Celui de 1957 avait pour thème : « La fraternité humaine dans une société multiraciale », thème d’actualité s’il en fût alors pour Maurice qui s’acheminait vers l’indépendance politique.
29 Jacqueline Pluet, « Pour une histoire et une politique des revues », Les revues littéraires au XXe siècle, Centre de Recherche Le Texte et l’Édition, Université de Bourgogne, Dijon, 2002, pp. 19-29, ici p. 20.
30 Liliane Giraudon et Jean-Jacques Viton, « Revoir les revues », Les Revues littéraires au XXe siècle, Centre de Recherche Le Texte et l’Édition, Université de Bourgogne, Dijon, 2002, pp. 249-251, ici p. 249.
31 Miette et Toto de Savinien Mérédac (en feuilleton 1922, édité 1924), L’appel de la race de Clément Charoux (feuilleton en 1925) ; Marie-Madeleine, de XXX (feuilleton en 1928) ; Trahison deMaurice David (feuilleton en 1930).
32 Pierre Lachasse, « Revues littéraires d’avant-garde », La belle époque des revues 1880-1914, Paris, Éditions de l’Imec, 2002, pp. 119-143, ici p. 120.
33 Sophia, « Chronique du temps présent »,in Le Mauricien, 12 février 1960.
34 L’Essor, 15 juin 1953
35 On peut se demander, sous réserve, s’il ne s’agit pas d’un record de longévité parmi les revues littéraires publiées en situation coloniale comparable.
36 Le coup monté par le surréaliste mauricien René Noyau avec la complicité de l’écrivain Marcel Cabon est le plus remarquable et mérite d’être résumé : René Noyau envoie au concours de L’Essor de 1935 deux poèmes signés de pseudonymes et composés d’emprunts à des poètes français de renom. Le jury ne remarquera rien et si ces poèmes ne remportent aucun prix, ils sont quand même publiés dans la revue. L’éditorial de la première livraison de la revue Maurice-magazine (mars 1936) dénoncera cette incompétence patente de L’Essor.
37 Les thèmes traités ont été, à date, les suivants : Le tour de l’île en 80 lieux (1994), Au tour des femmes (1995), Maurice demain et après (1996), Au nom de l’amour (1997), Kaléidoscope (1998), Histoire d’enfants (1999), Nocturnes (2000), Nouvelles de l’étrange (2001), Voyages (2002), Investigations (2003), En mer (2004), Affaires de principe (2005), Nouvelles sensuelles (2006), Histoires incroyables (2007), Le rire (2008), Arbre de nouvelles (2009), Intelligentes bêtes (2010), …
Pour citer cet article
Robert Furlong, « Les revues littéraires mauriciennes : socle d’une francophilie historique », paru dans Loxias, Loxias 37., mis en ligne le 12 juin 2012, URL : http://revel.unice.fr/loxias/index.html/lodel/docannexe/file/7601/lodel/index.html?id=7070.
Auteurs
Après 25 ans au service de la francophonie multilatérale en tant que responsable d’actions de coopération dans le domaine de l’éducation, titulaire d’un DEA de Paris XIII-Villetaneuse, Robert FURLONG, chercheur indépendant, se consacre aujourd’hui à l’écriture et la recherche sur la littérature mauricienne. Ses récentes publications sont, entre autres,Une mauricienne d’exception : Marie Leblanc (Port-Louis, 2005) avec V. Ramharai et D. Tranquille ; Panorama de la littérature mauricienne. La production créolophone (volume 1 : des origines à 1968 (Port-Louis, 2007) avec V. Ramharai ; Quand les poètes mauriciens parlent d’amour (2010, supplément au magazine Essentielle, février 2010). Il anime pour le compte du Mauritius College of the Air des entretiens télévisés avec des écrivains mauriciens. Il est présentement Président du Malcolm de Chazal Trust Fund (courriel : presidence.chazfund@intnet.mu).