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Loxias | Loxias 36 | I.

Jean Cocteau et António Botto : de la difficulté à l’impossibilité d’être – ou l’homosexualité comme non-conformité tragique du désir

Comment connaître et reconnaître ce qui est différent ? Comment rendre reconnaissables des existences dites « différentes » du point de vue de la « doxa » propre à une société donnée ? Comment procéder à la relecture du « canon » littéraire face, en particulier, au défi des « gender studies » ? Sans oublier ce que les nouveaux paradigmes théoriques peuvent avoir d’hétérogène, les universitaires se doivent d’être attentifs à la notion de vulnérabilité qui semble inhérente à la reconnaissance ou à l’absence de reconnaissance littéraire d’un auteur. En donnant à voir ou à revoir des fragments de vie de deux « artistes maudits », Jean Cocteau et António Botto, elle s’efforcera de mettre en évidence la non-viabilité d’un modèle social et intellectuel inflexible. Elle témoignera de la manière dont la soi-disant « valeur d’un texte » peut servir d’argument sibyllin pour décourager toute recherche littéraire sur un auteur en dehors de la norme. Elle rappellera que la critique littéraire s’est souvent obstinée à faire écho à l’approche socio-politique dominante. Et que, comme cette dernière, la critique universitaire a souvent cherché à neutraliser le danger potentiel qui semblerait inscrit dans toute sorte de « marginalité ».

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Loxias | 70. | I.

« L’incivile élégance » de Marianne et Jacob : les narrateurs de Marivaux face à la norme conversationnelle

La civilité est une notion que l’on ne trouve plus dans nos grammaires et pourtant, sous l’Ancien Régime, elle constitue une norme comportementale mais aussi conversationnelle et linguistique essentielle. Dans les romans phares de Marivaux, La Vie de Marianne et Le Paysan parvenu qui souffrent aujourd’hui d’une image lisse et convenue, l’incivilité affleure dans le texte, notamment parce que les êtres déplacés à l’identité mouvante que sont Jacob et Marianne ne peuvent que brouiller les pistes d’un système fondé sur une convenance entre interlocuteurs et espace-temps de l’interlocution. Nous nous proposons donc d’étudier dans cet article, à la suite de notre travail de thèse, la place des narrateurs par rapport à l’incivilité ; des narrateurs qui se présentent d’abord comme des remarqueurs, mais des remarqueurs qui infléchissent la grille de lecture commune vers une grille personnelle, surprenant le lecteur autant dans le choix des mots épinglés que dans la formulation de la remarque et des narrateurs qui vont eux aussi enfreindre les règles par une utile franchise, questionnant les usages, sans lever jamais l’ambigüité sur le moteur profond de ce parti pris. Nowadays, we don’t think about civility as a grammatical tool, but during the 17th and the 18th century in France, civility was considered as an important system of rules to regulate behaviour so much as speeches. Despite of their images, La Vie de Marianne and Le Paysan parvenu written by Marivaux count plenty of rude moments underlined by both narrators. Because of their identity, Jacob and Marianne, socially displaced, without noble origin, always seem inappropriate. They point out the inappropriate words towards them, using a subjective terminology and a subjective scale to judge an offensive word. In reaction, they are also rude towards their interlocutor, using an honest speech which breaks the conversational rules.

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