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Valerio Vittorini  : 

Le port de Carthage dans l’Itinéraire de Chateaubriand et dans le Ragguaglio de Caronni

Résumé

Une longue tradition attribue la découverte de l’emplacement exact de l’ancien port de Carthage, le Cothon, à M. de Chateaubriand qui en parle dans la dernière partie de son célèbre Itinéraire de Paris à Jérusalem (1811). Toutefois cette découverte est déjà présente dans le Ragguaglio del viaggio compendioso di un dilettante antiquario sorpreso da’ corsari condotto in Barberia e felicemente ripatriato (1805) œuvre, que Chateaubriand d’ailleurs connaissait, d’un abbé italien aujourd’hui presque oublié : Felice Caronni.

Index

Mots-clés : Chateaubriand , littérature comparée, littérature française, littérature italienne

Géographique : France , Italie, Tunisie

Chronologique : XIXe

Texte intégral

En 1804 l’abbé milanais Felice Caronni, grand savant et antiquaire, se rendit à Rome, puis à Naples et, avec un passeport délivré par le Consul français, qui était aussi Consul de la République Italienne, il poursuivit son voyage pour la Sicile à la recherche de médailles, monnaies et autres antiquités.1

Il y resta jusqu’au 3 juin, quand il s’embarqua, avec d’autres passagers, sur un chebec sicilien qui transportait des oranges à Naples. Alors que le bateau était déjà en vue de l’île de Capri, comme Caronni lui-même le raconte dans son Ragguaglio..... il fut assailli et capturé par les pirates barbaresques. Selon l’usage, Caronni et les autres passagers furent conduits à Tunis comme esclaves. L’abbé y resta environ trois mois, le temps nécessaire pour qu’on puisse prouver qu’il était citoyen italien et provenait donc d’un pays allié de la France, avec laquelle la Régence de Tunis avait des relations diplomatiques et des accords. A son cas s’intéressèrent le Président de la République italienne Melzi d’Eril, le consul français à Tunis Devoize et le consul allemand Nyssen.

Dans l’attente des documents nécessaires Caronni fut confié en « liberté surveillée » au consul français Devoize, il put se déplacer avec une certaine liberté dans la ville de Tunis, et visita les ruines de Carthage. Une fois les documents arrivés il s’embarqua sur un bateau de pêche au corail napolitain et fit retour en Italie. Débarqué à Livourne, pendant la période de quarantaine, il commença à écrire Il Ragguaglio del viaggio compendioso di un dilettante antiquario sorpreso da’ corsari condotto in Barberia e felicemente ripatriato2 dont les bénéfices furent destinés au rachat des esclaves chrétiens à Tunis.

La première partie de cette œuvre contient le récit de cette aventure. La deuxième partie du Ragguaglio a un caractère exclusivement « scientifique » : elle contient des observations faites sur Carthage et quelques chapitres expressément consacrés aux médailles et aux monnaies recueillies et examinées sur place.

La description de Carthage est précédée par une longue évocation de l’histoire de la ville. Cette évocation occupe environ 55 pages dans lesquelles se mêlent, sans trop de distinctions, historiens et poètes grecs et latins. Une attention particulière est consacrée à l’évocation des guerres puniques (p. 17-fin). Ce n’est qu’à la fin du chapitre et pour mieux illustrer l’épilogue sanglant de la Troisième guerre punique et la destruction de la ville par le consul Scipion, que Caronni décrit les lieux sur lesquels se dressait la ville et les ruines qu’il a pu voir de ses propres yeux.

Après avoir comparé la localisation de la ville offerte par Ptolémée, Pline et Tite-Live, Caronni estime que l’étendue de la ville antique est « trois fois plus grande que celle qui avait été fournie 50 ans auparavant par l’anglais Mr Shaw, trop limitée. »3 Selon Caronni :

La plus grande partie de la ville était située sur trois collines un peu moins hautes que celles de Rome. Selon Pline lui-même elle faisait 15 milles de tour et selon Appien et Strabon elle comptait 700 mille habitants au début de ses guerres contre les Romains, en comprenant naturellement les faubourgs c’est-à-dire toute l’espèce de péninsule de 45 milles de tour formée par la mer et par le lac. La partie centrale, la meilleure, était la forteresse appelée Byrsa. La moins haute vers la terre au nord-ouest était appelée Megara ou Magar (et même aujourd’hui les taudis que l’on voit au milieu de ces ruines s’appellent Malga) la plus basse vers le port au sud-est était nommée Cothon. Sur la pente du rocher qui dominait de haut la mer à l’est de Byrsa où se trouve aujourd’hui le village de Sheedi Bosheid dont l’entrée est interdite aux Chrétiens, devait se trouver ce fameux temple d’Esculape dont la vastité vantée par Servius est à peine croyable. Apparemment la ville était divisée en trois quartiers ; la garnison ou le gros de la milice à Byrsa ; la noblesse et les citadins à Megara ; les commerçants et le service de la marine à Cothon4.

Caronni localise aussi clairement l’endroit où se trouvait le port antique sur le littoral, au sud-est de la ville.

Au bord de mer on voit de nombreuses pierres gigantesques venant d’édifices qui étaient sans doute des magasins ou des arsenaux sur lesquels s’élevaient les habitations des commerçants, et l’on voit encore, bien qu’en plus petit, les deux ports, l’un pour le commerce et l’autre pour la guerre ; au milieu du plus petit des deux il y a toutefois l’île autour de laquelle des arcades bien symétriques disposées en cercle abritaient 200 grands navires ou trirèmes, l’équipement pour les expéditions maritimes et les magasins nécessaires.... Bien que chacune de ces deux criques, c’est-à-dire des ports, eût sa propre porte qui conduisait à la ville, il y en avait une commune à tous les deux à l’embouchure, de telle sorte que l’on pouvait passer de l’un à l’autre en ayant une entrée de 50 pieds refermée par une grosse chaîne. Un double mur de séparation empêchait que l’on puisse voir les chantiers depuis les navires marchands et seul l’amiral qui habitait le palais au centre de l’île dominait la mer5.

Le lieu que Caronni décrit avec précision est encore visible aujourd’hui, bien que légèrement modifié (Document n° 1).

Porto

Document n° 1 : Les lieux de l’ancien port de Carthage (source : Google maps)

Caronni croit avoir localisé avec précision le port antique de Carthage. Selon une reconstruction moderne ces mêmes lieux devaient être semblables à ceux du document n° 2 et 3.

Antico porto

Document n° 2 : L’ancien port de Carthage dans une reconstrution moderne

Ancien port

Document n° 3 : Reconstitution de l’ancien port punique de Carthage (Origine : Présidence de la République Tunisienne - http://www.planete-tp.com/article.php3 ?id_article =358)

Dans sa description de Carthage Caronni reconnaît souvent la dette contractée envers Voyages de Monsieur Shaw dans plusieurs provinces de la Barbarie et du levant (1743)6. Dans certains cas l’influence de cette œuvre a été déterminante comme dans l’incipit de la description de la ville de Carthage :

La plus grande partie de la ville de Carthage étoit bâtie sur trois collines un peu moins élevées que celles de Rome. Sur celle qui regarde le Sud-Est on trouve la place d’un grand apartement, & de plusieurs autres plus petits tout auprès, dont quelques-uns avoient des pavés à la Mosaique, mais dont la matière & le dessein ne méritent pas qu’on s’y arrête. L’ancienne Byrsa étoit apparemment dans ce lieu7.

Toutefois il s’éloigne nettement de la localisation du port antique de Carthage que Shaw situe au nord de la ville

Carthage, dont nous avons maintenant à parler, n’a pas subi moins de changement à l’égard de la situation près de la Mer, par les vents du Nord-Est & le limon de la Me-jerdah, qui ont pareillement bouché son ancien port, & l’ont autant reculée du rivage qu’Utique. Le lieu où étoit ce port se nomme cependant encore El Mersa, ou le Havre, & est situé au Nord & au Nord-Est de la ville, formant, avec le lac de Tunis, la péninsule sur laquelle Carthage étoit bâtie8.

Selon Shaw l’ancien port de Carthage se serait donc ensablé au cours des siècles à cause des détritus transportés par le fleuve. Shaw illustre cette hypothèse, qui expliquerait aussi le recul de la ville d’Utique par rapport à la mer, avec une carte détaillée (document n° 4).

Carte-Shaw

Document n° 4 : Le site de l’ancienne ville de Carthage selon M. Shaw

Shaw émet l’hypothèse que le double port visible au sud-est de la ville n’est autre que le deuxième port construit par les carthaginois après que le Consul Scipion eut bloqué l’ancien.

De l’autre côté de la péninsule, au Sud-Est, partie de l’ancien terrain de Carthage a été submergé, y en ayant environ trois stades de long & un stade de large qui sont couverts d’eau. Un peu au Nord de ces ruines, mais au Sud-Est d’El Mersa, sont les vestiges d’un Cothon, qui a à peine cent verges en quarré. C’étoit apparemment ici le Port Neuf que les Carthaginois construisirent après que Scipion eût bloqué le vieux ; & c’étoit peut-être la ce que l’on appelloit le Mandracium du tems de Procope9.

C’est presque à la fin de son long périple autour de la Méditerranée que Chateaubriand arrive à Tunis le 18 janvier 1807, trois ans après Caronni, invité par le consul français Devoize, celui-là même qui avait prodigué ses efforts pour la libération de l’abbé. La ville de Tunis ne l’intéresse guère, elle n’est qu’un fardeau dont il convient se « débarrasser » tout de suite.

Avant de parler de Carthage, qui est ici le seul objet intéressant, il faut commencer par nous débarrasser de Tunis10

La méditation sur les ruines de Carthage et l’évocation inspirée de la mort de Saint Louis revêtent, au contraire, une importance cruciale dans l’Itinéraire car elles concluent à la fois l’histoire de Carthage et le long récit de Chateaubriand :

La mort de Louis, si touchante, si vertueuse, si tranquille, par où se termine l’histoire de Carthage, semble être un sacrifice de paix offert en expiation des fureurs, des passions et des crimes dont cette ville infortunée fut si longtemps le théâtre. Je n’ai plus rien à dire aux lecteurs ; il est temps qu’ils rentrent avec moi dans notre commune patrie11.

L’importance des ruines de Carthage est soulignée, dans l’Itinéraire par l’intense lyrisme qu’elles inspirent dès leur première apparition.

Le vaisseau sur lequel j’étais parti d’Alexandrie étant arrivé au port de Tunis, nous jetâmes l’ancre en face des ruines de Carthage : je les regardais sans pouvoir deviner ce que c’était ; j’apercevais quelques cabanes de Maures, un ermitage musulman sur la pointe d’un cap avancé, des brebis paissant parmi des ruines ; ruines si peu apparentes, que je les distinguais à peine du sol qui les portait : c’était là Carthage.
Devictae Carthaginis arces
Procubuêre, jacent infausto in littore turres
Enversa. Quantum illa metuûs, quantùm illa laborum
Urbs dedit insultans Latio et Laurentibus arvis !
Nunc passim, vix reliquias, vix nomina servans,
Obruitur, propriis non agnoscenda ruinis.
Les murs de Carthage vaincue, et ses tours renversées gisent épars sur le rivage fatal. Quelle crainte cette ville n’a-t-elle pas jadis inspirée à Rome ; quels efforts ne nous a-t-elle pas coûtés lorsqu’elle nous insultait jusque dans le Latium et dans les champs de Laurente ? Maintenant on aperçoit à peine ses débris, elle conserve à peine son nom, et ne peut être reconnue à ses propres ruines12 !

On sait que « Pour Chateaubriand, une expérience, pour être forte et accéder à une réelle existence, a besoin de se réfléchir dans les grands textes du passé13 ». La citation suggestive tirée du De partu Virginis (1526) de l’italien J. Sannazaro14, mais prise chez Shaw, semble tout à fait appropriée. De partu Virginis est un petit poème en hexamètres qui évoque l’histoire de la maternité de Marie. Sannazaro y fond des éléments propres à la tradition chrétienne avec la mythologie classique : Virgile devient ainsi le modèle direct pour un petit poème dans lequel on reconnaît l’aspiration à un nouvel « âge d’or ». Le monde se renouvelle grâce à la naissance d’un enfant et retrouve sa beauté primitive dans les formes d’une nature non contaminée qui resplendit de fleurs et de couleurs.

La citation savante annonce d’une certaine mesure l’intention religieuse qui conclut la longue évocation de l’histoire de la ville de Carthage : le pèlerinage sur les lieux où mourut Saint Louis.

On sait que les ruines, les vestiges du passé ont pour Chateaubriand comme pour de nombreux autres voyageurs du XIXe siècle une importance particulière.

Omniprésente chez Chateaubriand, la ruine est une expérience de vie ; elle exacerbe la conscience d’être. L’observation de l’objet concret […] conduit Chateaubriand à développer une série de considérations non seulement architecturales et pratiques, mais aussi symboliques15.

Mais les ruines en elles-mêmes ne présenteraient aucun intérêt pour Chateaubriand s’ils ne les avaient pas déjà rencontrées dans les livres des auteurs qui en ont parlé par le passé. On sait que

Chateaubriand est archéologue à sa façon. Son regard sur le passé monumental est toujours médiatisé par la littérature. Il ne s’intéresse qu’au déjà lu, au nom de lieu mémorable. C’est alors que le site archéologique peut déclencher toute une rêverie où réalité et littérature se mêlent16.

Chateaubriand s’éloigne du genre traditionnel du récit de voyage et accentue avec décision la tendance moderne du récit de voyage à l’autobiographie et à une caractérisation de plus en plus poussée du protagoniste17. Et pourtant Chateaubriand ne renonce pas à l’apport de contributions scientifiques qui pourront lui valoir la« bienveillance des voyageurs », comme il le dit dans la Préface de la première édition de l’Itinéraire :

Je prie donc le lecteur de regarder cet Itinéraire, moins comme un Voyage que comme des Mémoires d’une année de ma vie. Je ne marche point sur les traces des Chardin, des Tavernier, des Chandler, des Mungo Parck, des Humboldt. Je n’ai point la prétention d’avoir connu des peuples chez lesquels je n’ai fait que passer.[…] Toutefois je sais respecter le public, et l’on aurait tort de penser que je livre au jour un ouvrage qui ne m’a coûté ni soins, ni recherches, ni travail : on verra que j’ai scrupuleusement rempli mes devoirs d’écrivain. Quand je n’aurais fait que donner une description détaillée des ruines de Lacédémone, découvrir un nouveau tombeau à Mycènes, indiquer les ports de Carthage, je mériterais encore la bienveillance des voyageurs18.

Si Lamartine, peu intéressé aux ruines, quelques années plus tard, ne voit, sur les lieux ou s’élevait Carthage « ….rien qu’un promontoire nu s’élevant sur une mer déserte, quelques citernes vides ou remplies de leurs propres débris, quelques aqueducs en ruine, quelques môles ravagés par les flots et recouverts par la lame19 », les ruines et les ports de Carthage sont au contraire très importants pour Chateaubriand.

Après une très longue évocation de l’histoire de la ville Chateaubriand invite le lecteur à le suivre dans sa visite aux ruines :

Je suppose donc que le lecteur parte avec moi du fort de la Goulette, lequel, comme on sait et comme je l’ai dit, est situé sur le canal par où le lac de Tunis se dégorge dans la mer. Chevauchant le long du rivage, en se dirigeant est-nord-est, vous trouvez, après une demi-heure de chemin, des salines qui remontent vers l’ouest, jusqu’à un fragment de mur assez voisin des Grandes Citernes20.

La première partie de la ville qu’il rencontre est le port :

Passant entre les salines et la mer, vous commencez à découvrir des jetées qui s’étendent assez loin sous les flots. La mer et les jetées sont à votre droite ; à votre gauche, vous apercevez sur des hauteurs inégales beaucoup de débris ; au pied de ces débris est un bassin de forme ronde assez profond, et qui communiquait autrefois avec la mer par un canal dont on voit encore la trace. Ce bassin doit être, selon moi, le Cothon, ou le port intérieur de Carthage. Les restes des immenses travaux que l’on aperçoit dans la mer, indiqueraient, dans ce cas, le môle extérieur. Il me semble même qu’on peut distinguer quelques piles de levée que Scipion fit construire afin de fermer le port. J’ai remarqué aussi un second canal intérieur, qui sera, si l’on veut, la coupure faite par les Carthaginois, lorsqu’ils ouvrirent un autre passage à leur flotte. Ce sentiment est directement opposé à celui du docteur Shaw, qui place l’ancien port de Carthage au nord-ouest de la péninsule dans le marais noyé appelé El-Mersa, ou le havre. Il suppose que ce port a été bouché par les vents du nord-est, et par le limon de la Bagrada. D’Anville, dans sa Géographie ancienne, et Bélidor, dans son Architecture hydraulique, ont suivi cette opinion. Les voyageurs se sont soumis à ces grandes autorités21.

Le port de Carthage est donc celui qu’a localisé Caronni quelques années auparavant. Chateaubriand aussi conteste vivement l’opinion de Shaw :

J’avoue que je suis effrayé d’avoir à combattre des hommes d’un mérite aussi éminent que Shaw et d’Anville. L’un avait vu les lieux, et l’autre les avait devinés, si on me passe cette expression. Une chose cependant m’encourage : M. Humberg, commandant-ingénieur à la Goulette, homme très habile, et qui réside depuis longtemps au milieu des ruines de Carthage, rejette absolument l’hypothèse du savant anglais. Il est certain qu’il faut se défier de ces prétendus changements de lieux, de ces accidents locaux, à l’aide desquels on explique les difficultés d’un plan qu’on n’entend pas22.

En effet, comme le signale Jean-Claude Berchet,

C’est la conclusion suggérée par Chateaubriand qui a prévalu : on situe aujourd’hui les ports de la ville punique au sud-est de la colline de Byrsa. Le voyageur ne cache pas sa dette envers Homberg, mais c’est à lui que la postérité associera le souvenir de cette « découverte ». Un demi-siècle plus tard, lorsqu’il se documente pour Salammbô (1862), c’est encore à Chateaubriand que se réfère Flaubert pour localiser les ports de Carthage23.

Il faut toutefois reconnaître que ce ne fut pas Chateaubriand qui donna le premier la localisation exacte du port de Carthage, mais bien l’abbé Caronni qui avait visité les lieux deux ans auparavant et publié son texte en 1806 soit cinq ans avant l’Itinéraire, publié en 1811. Caronni aussi reconnaît sa dette envers les ingénieurs hollandais Homberg et Franck qui, pendant ces années-là, étaient chargés par le Bey de l’aménagement d’un port à La Goulette 24 :

La topographie de ce lieu me fut gracieusement communiquée avec quelques pierres antiques par le très honnête et déjà nommé Franck, hollandais et ingénieur en chef des fortifications sur la mer et le port de la Goulette ; et elle fut en partie corrigée avec le quadrant par monsieur Humbert, capitaine du corps de génie, sur une hauteur de Tunis et dessinée plus en détails et trois fois plus grande que celle que 50 ans auparavant l’anglais monsieur Shaw avait donné comme trop limitée 25.

Les deux ingénieurs hollandais aidèrent certainement beaucoup à localiser avec exactitude le port antique de Carthage mais il n’y a aucun doute sur le fait que l’abbé Caronni fut le premier à localiser avec précision le port antique et à en rendre un témoignage écrit. Qu’une telle découverte soit associée au nom de Chateaubriand plutôt qu’à celui de Caronni n’est pas surprenant : L’Itinéraire a sans doute une ampleur bien plus vaste que le Ragguaglio et continue à rencontrer un succès international qui ne peut, en aucun cas, se comparer à celui du Ragguaglio, pratiquement oublié. Jean-Claude Berchet lui-même dans ses notes de l’Itinéraire, prive Caronni du mérite qui lui est dû : « Caronni se réclame lui aussi de Homberg, mais il situe le port de Carthage dans les parages de Dermach. »26 alors que Caronni, dans le passage cité, situe le port de Carthage exactement là où Chateaubriand le situera quelques années plus tard et que la localité Dermach n’apparaît dans aucune des pages que Caronni consacre à Carthage, ni sur les cartes géographiques.

Par contre Chateaubriand lui-même cite à plusieurs reprises l’abbé Caronni :

On a publié à Milan, en 1806, l’année même de mon voyage, un ouvrage sous ce titre : Ragguaglio di alcuni Monumenti di Antichità ed Arti, raccolti negli ultimi Viaggi d’un dilettante. Je crois qu’il est question de Carthage dans ce livre : j’en ai retrouvé la note trop tard pour le faire venir d’Italie. On peut donc dire que le sujet que je vais traiter est neuf, j’ouvrirai la route ; les habiles viendront après moi27.

Certes, après avoir dit qu’il n’a pas réussi à se procurer à temps le livre de Caronni, mais qu’il sait « qu’il est question de Carthage dans ce livre », l’affirmation suivante « on peut donc dire que le sujet que je vais traiter est neuf, j’ouvrirai la route » semble un peu étrange. Comment Chateaubriand fait-il pour savoir que le sujet qu’il s’apprête à traiter est nouveau si justement il n’a pas lu le livre de Caronni dont il sait pourtant qu’il parle de Carthage ?

Jean-Claude Berchet, remarque :

Au mois de novembre 1810, dans une lettre à Beuchot, Chateaubriand le cite encore comme un ouvrage qu’il aurait besoin de se procurer de toute urgence. Il semble avoir pu le trouver puisqu’il figurait en 1817 dans sa bibliothèque28.

Plus loin, en discutant de la localisation du port de Carthage, Chateaubriand cite de nouveau Caronni : « Je ne sais quelle est à cet égard l’opinion du savant Italien dont je n’ai pas vu l’ouvrage »29, mais dans la note probablement ajoutée à la troisième édition il précise : « Son opinion paraît semblable à la mienne ». Dans la Préface de la troisième édition, en effet, Chateaubriand parle plus longuement de Caronni, et cite plus correctement le titre du Ragguaglio :

Dans les deux premières éditions de l’Itinéraire, j’avais rappelé, à propos de Carthage, un livre italien que je ne connaissais pas. Le vrai titre de ce livre est : Ragguaglio del viaggio compendioso di un dilettante antiquario, sorpreso dai Corsari, condotto in Barberia, e felicemente ripatriato. Milano, 1805. On m’a prêté cet ouvrage : je n’ai pu découvrir distinctement si son auteur, le Père Caroni, est de mon opinion touchant la position des ports de Carthage ; cependant, ils sont placés sur la carte du Ragguaglio, là où je voudrais les placer. Il paraît donc que le Père Caroni a suivi, comme moi, le sentiment de M. Humbert, officier du génie hollandais, qui commande à la Goulette30.

La raison pour laquelle Chateaubriand ne serait pas parvenu à comprendre si Caronni avait la même opinion que lui « touchant la position des ports de Carthage » n’est pas claire. Le passage du Ragguaglio est sans équivoque et les cartes ne font que le confirmer. Chateaubriand était probablement capable de lire l’italien car il ajoute : « Tout ce que dit d’ailleurs l’antiquaire italien sur les ruines de la patrie d’Annibal, est extrêmement intéressant31. » Mais le fait que Chateaubriand se demande si Caronni était de son opinion et non si lui-même était de l’opinion de Caronni qui l’avait précédé de quelques années, est significatif. Chateaubriand semble donc obligé malgré lui de reconnaître que Caronni a au moins le mérite d’avoir la même opinion que lui, mais il entoure cette circonstance d’un halo de mystère, comme si le texte de Caronni n’était pas très clair à ce propos. En tout cas il ramène l’opinion de Caronni à leur origine commune, les indications de l’ingénieur hollandais Homberg. M. Homberg n’a rien écrit, étant ingénier et non pas écrivain. Il s’est limité à aider Caronni, et Chateaubriand plus tard, dans la localisation des ruines de Carthage.

Le droit de la découverte est donc nié à Caronni car il est attribué à Homberg et la primauté littéraire est mise en doute par l’obscurité de son texte. Chateaubriand ne concède qu’un partage.

Du reste les ressemblances entre le texte de Caronni et celui de Chateaubriand sont nombreuses. Comparons par exemple la partie qui concerne la destruction finale de Carthage :

Pas moins de 50 mille hommes et femmes grâce à cette concession quittèrent la citadelle et Asdrubal qui s’était retiré avec sa femme et ses deux enfants dans le temple d’Esculape, saisissant le moment favorable abandonna les siens et courut demander à genoux grâce à Scipion ; ce dernier l’ayant fait asseoir à ses pieds voulut que les fugitifs le voient pour les pousser à se rendre ; il y avait environ 900 personnes qui persistaient à vouloir se défendre du haut du rocher et du sommet du temple, malgré le manque de provisions. Mais au lieu de se rendre, ayant la possibilité de se faire entendre à cette distance, ils vomirent calomnies et exécrations contre Asdrubal pour provoquer Scipion et le tuer, et commencèrent à mettre le feu au temple. La femme d’Asdrubal lui parla aussitôt sur un ton insultant, puis maudissant le fait qu’il l’ait abandonnée, elle traita son mari de perfide, efféminé et infâme, se lançant sous ses yeux avec ses deux enfants dans l’incendie dans lequel les fugitifs s’étaient précipités32.

Qu’on la confronte avec le même morceau chez Chateaubriand :

Cinquante mille personnes, hommes, femmes, enfants et vieillards, sortirent ainsi de Byrsa.

Au sommet de la citadelle s’élevait un temple consacré à Esculape. Les transfuges, au nombre de neuf cents, se retranchèrent dans ce temple. Asdrubal les commandait ; il avait avec lui sa femme et ses deux enfants. Cette troupe désespérée soutint quelque temps les efforts des Romains ; mais chassée peu à peu des parvis du temple, elle se renferma dans le temple même. Alors Asdrubal, entraîné par l’amour de la vie, abandonnant secrètement ses compagnons d’infortune, sa femme et ses enfants, vint, un rameau d’olivier à la main, embrasser les genoux de Scipion. Scipion le fit aussitôt montrer aux transfuges. Ceux-ci pleins de rage, mirent le feu au temple, en faisant contre Asdrubal d’horribles imprécations. Comme les flammes commençaient à sortir de l’édifice, on vit paraître une femme couverte de ses plus beaux habits, et tenant par la main deux enfants. C’était la femme d’Asdrubal. Elle promène ses regards sur les ennemis qui entouraient la citadelle, et reconnaissant Scipion : « Romain, s’écria-t-elle, je ne demande point au ciel qu’il exerce sur toi sa vengeance : tu ne fais que suivre les lois de la guerre ; mais puisses-tu, avec les divinités de mon pays, punir le perfide qui trahit sa femme, ses enfants, sa patrie et ses dieux ! Et toi, Asdrubal, Rome déjà prépare le châtiment de tes forfaits ! Indigne chef de Carthage, cours te faire traîner au char de ton vainqueur, tandis que ce feu va nous dérober, moi et mes enfants, à l’esclavage. »33

La ressemblance est évidente, la scène décrite est la même. Les auteurs s’inspirent probablement de sources communes, Chateaubriand cite explicitement l’Histoire ancienne de Charles Rollin, Caronni cite Strabon et Appien desquels Rollin à son tour s’inspirait. C’est plutôt la qualité littéraire qui différencie les deux morceaux. Le ton de Caronni est monocorde, sans variations importantes là où au contraire Chateaubriand insère dans son récit de voyage une véritable scène dramatique, même si elle est fidèlement reprise du texte de Rollin.

Il sortit cinquante mille tant hommes que femmes, qu’on fit passer vers les champs avec bonne garde. Les transfuges, qui étaient environ neuf cents, voyant qu’il n’y avait point de quartier à espérer pour eux, se retranchèrent dans le temple d’Esculape avec Asdrubal, sa femme, et ses deux enfants, où, quoiqu’ils fussent en petit nombre, ils pouvaient se défendre longtemps, parce que le lieu était fort élevé, assis sur des rochers, et qu’on y montait par soixante degrés. Mais enfin, pressés de la faim, des veilles et de la crainte, et voyant leur perte prochaine, l’impatience les saisit, et abandonnant le bas du temple, ils se retirèrent au dernier étage, résolus de ne le quitter qu’avec la vie. Cependant Asdrubal, songeant à sauver la sienne, descendit secrètement vers Scipion, portant en main une branche d’olivier, et se jeta à ses pieds. Scipion le fit voir aussitôt aux transfuges, qui transportés de fureur et da rage, vomirent contre lui mille injures, et mirent le feu au temple. Pendant qu’on l’allumait, on dit que la femme d’Asdrubal se para le mieux qu’elle put, et se mettant à la vue de Scipion avec ses deux enfants, lui parla à haute voix en cette sorte : « Je ne fais point d’imprécations contre toi, ô Romain, car tu ne fais qu’user des droits de la guerre. Mais puissent les dieux de Carthage, et toi de concert avec eux, punir, comme il le mérite, ce perfide qui a trahi sa patrie, ses dieux, sa femme et ses enfants. » Puis adressant la parole à Asdrubal : « Scélérat, dit-elle, perfide, le plus lâche de tous les hommes, ce feu va nous ensevelir moi et mes enfants ; pour toi, indigne capitaine de Carthage, va orner le triomphe de ton vainqueur et subir à la vue de Rome la peine que tu mérites. »34

En conclusion, la longue évocation de l’histoire de Carthage, la description de la ville et la localisation de son ancien port sont assez semblables dans le Ragguaglio de Caronni et dans l’Itinéraire de Chateaubriand. Certes, nous ne sommes pas pour autant en mesure d’affirmer avec certitude que Chateaubriand, contrairement à ce qu’il affirme, ait pu lire le Ragguaglio avant d’écrire le chapitre consacré à Carthage dans son célèbre Itinéraire. Cependant le doute est légitime puisque on sait que chez Chateaubriand :

L’usage généralisé de la citation, l’écriture de seconde main, la reprise de clichés et de lieux caractérisent en effet une pratique qui toujours revient à confisquer un déjà-écrit, au profit d’une œuvre qui le revendique comme sien et s’en émancipe35.

Par contre il n’y a aucun doute, il me semble, sur le fait que l’abbé Caronni fut le premier à localiser avec précision le port antique de Carthage et à en rendre un témoignage écrit.

Notes de bas de page numériques

1  Pour les notices sur la vie de Felice Caronni voir : Cagni Giuseppe M., Una vita avventurosa : il P. Felice Caronni (1747-1815), http://www.storicibarnabiti.it/PDF/BS%2013%20Cagni.pdf.

2  F. Caronni, Ragguaglio del viaggio compendioso di un dilettante antiquario sorpreso da’ corsari condotto in Barberia e felicemente ripatriato, Milano, [1805] a cura di Salvatore Bono, Cinisello Balsamo (Milano), Ed. S. Paolo, 1993.

3 « .. il triplo maggiore di quella che 50 anni prima aveva data il sig. Shaw inglese troppo in ristretto. », F. Caronni, Ragguaglio del viaggio compendioso di un dilettante antiquario sorpreso da’ corsari condotto in Barberia e felicemente ripatriato, Milano, [1805] a cura di Salvatore Bono, Cinisello Balsamo (Milano), Ed. S. Paolo, 1993, p. 54, (notre traduction).

4 « La maggior parte della città era piantata sopra di tre colline un po' meno elevate che quelle di Roma. Dessa giusta Plinio girava 15 miglia e giusta Appiano e Strabone faceva 700 mila abitanti al principio delle sue guerre contro i Romani, comprendendovi naturalmente i sobborghi, ossia tutta quella specie di penisola del giro di 45 miglia formata dal mare e dal lago. L'area di mezzo, siccome la più eccelsa, era la fortezza chiamata Byrsa. La meno alta verso terra al Nord-Ouest era chiamata Megara o Magar (e anche oggidì gli abituri che veggonsi fra que' rottami chiamansi Malga) : la più bassa verso il porto a Sud-Est veniva detta Cothon. Sulla pendice della rupe che dominava altamente il mare al levante di Byrsa ove oggi è il villaggio di Sheedi Bosheid in cui è vietato a' cristiani l'ingresso, doveva trovarsi quel famoso tempio di Esculapio di cui è appena credibile la vastità vantata da Servio. Così pare che in tre quartieri fosse divisa la città ; la guarnigione o il vigor della milizia in Byrsa ; la nobiltà e cittadinanza in Megara ; i commercianti e il servigio della marina in Cothon. » F. Caronni, Ragguaglio del viaggio compendioso di un dilettante antiquario sorpreso da’ corsari condotto in Barberia e felicemente ripatriato, Milano, [1805] a cura di Salvatore Bono, Cinisello Balsamo (Milano), Ed. S. Paolo, 1993. p. 55, (notre traduction).

5 « Alla marina si veggono ben molti massi giganteschi di fabbricato ch'erano forse i magazzeni o gli arsenali sopra dei quali sorgevano le case de' negozianti, e tuttora, benché in ristretto, si veggono i due porti l'uno pel commercio l'altro per la guerra, nel minore de' quali esiste tuttavia l'isola di mezzo intorno a cui sotto le arcate in bella simmetria circolarmente disposte si contenevano 200 navi lunghe o triremi, gli attrezzi di marittima spedizione e i necessari magazeni.(....) Benché ciascuno di que' due seni ossiano porti avesse la sua porta che metteva in città, n'era comune ad amendue in allora l'imboccatura, talché dall'uno potevasi passare all'altro avendo 50 piedi d'ingresso che racchiudevasi con grossa catena. Un doppio muro di separazione impediva che dalle imbarcazioni mercantili si potessero vedere i cantieri, e l'ammiraglio soltanto che abitava il palagio nel centro dell'isola dominava il mare », F. Caronni, Ragguaglio del viaggio compendioso di un dilettante antiquario sorpreso da’ corsari condotto in Barberia e felicemente ripatriato, Milano, [1805] a cura di Salvatore Bono, Cinisello Balsamo (Milano), Ed. S. Paolo, 1993. p. 55, (notre traduction).

6  Voyages de Monsieur Shaw dans plusieurs provinces de la Barberie et du Levant contenant des observations géographiques, physiques, philologiques et mêlées sur les royaumes d'Alger et de Tunis, sur la Syrie, l'Égypte et l'Arabie Pétrée avec des cartes et des figures. traduits de l'anglois, Tome première, 1743, BNF, Gallica, Bibliothèque numérique.

7 Voyage de Monsieur Shaw dans plusieurs provinces de la Barberie et du Levant contenant des observations géographiques, physiques, philologiques,... sur les royaumes d'Alger et de Tunis, sur la Syrie, l'Égypte et l'Arabie Pétrée,... traduits de l'anglois,.... 1743, BNF, Gallica, Bibliothèque numérique, p. 189.

8 Voyage de Monsieur Shaw dans plusieurs provinces de la Barberie et du Levant contenant des observations géographiques, physiques, philologiques,... sur les royaumes d'Alger et de Tunis, sur la Syrie, l'Égypte et l'Arabie Pétrée,... traduits de l'anglois,.... 1743, BNF, Gallica, Bibliothèque numérique, p. 189.

9 Voyage de Monsieur Shaw dans plusieurs provinces de la Barberie et du Levant contenant des observations géographiques, physiques, philologiques,... sur les royaumes d'Alger et de Tunis, sur la Syrie, l'Égypte et l'Arabie Pétrée,... traduits de l'anglois,.... 1743, BNF, Gallica, Bibliothèque numérique, p. 189.

10  François-René Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem, Paris, [1811] Gallimard, 2005, p. 492.

11 François-René Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem,Paris, [1811] Gallimard, 2005, p. 540.

12 François-René Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem, Paris, [1811] Gallimard, 2005, p. 525.

13  Philippe Antoine, Les récits de voyage de Chateaubriand, Paris, Honoré Champion Éditeur, 1997, p. 62.

14 J. Sannazaro, De partu Virginis, Firenze, Olschki, 1988. J. Sannazaro (Napoli, 1457-1530), poète raffiné, humaniste, auteur d'œuvres en italien et en latin dont la plus célèbre est l'Arcadie, une œuvre en vers et prose qui créa un genre, le roman pastoral, très en vogue en Italie et en Europe, aux XVIIe et XVIIIe siècles.

15 Elisa Gregori, Un Pausanias à la main : Chateaubriand archéologue, dans Le voyage en Orient de Chateaubriand, Houilles, Editions Manucius, 2006, p. 144.

16 Elisa Gregori, Un Pausanias à la main : Chateaubriand archéologue, dans Le voyage en Orient de Chateaubriand, Houilles, Editions Manucius, 2006, p. 146.

17  Voir à ce propos : Berchet Jean Claude, Un itinéraire à la croisée des chemins, dans Le Voyage en Orient de Chateaubriand, Houille, Éditions Manucius, 2006.

18  François-René Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem, Paris, [1811] Gallimard, 2005, p. 55-56.

19  Alphonse de Lamartine, Voyage en Orient, [1835], Paris, Arlea 2008, p. 68.

20  François-René Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem, Paris, [1811] Gallimard, 2005, p. 526.

21 François-René Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem, Paris, [1811] Gallimard, 2005, p. 526.

22 François-René Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem, Paris, [1811] Gallimard, 2005, p. 526.

23 Jean-Claude Berchet, Notes à Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem, Paris [1811], Gallimard, 2005, p. 724.

24 « Les travaux, dirigés par les ingénieurs hollandais Homberg et Frank, commencèrent semble-t-il au cours de l'année 1795 et se poursuivirent plusieurs années durant. » P. Sebag, Tunis : histoire d'une ville, Paris, L'Harmattan, 2000, p. 234.

25 « La topografia di questo locale mi fu graziosamente comunicata insieme di alcune lapide antiche da quell'onestissimo già citato sig. colonnello Frank olandese e capo ingegnere di quelle fortificazioni di mare e porto della Goletta ; e venne poi meco in parte rettificata dal sig. Humbert capitano del corpo del genio su di una altura a Tunisi col quadrante e stesa più in dettaglio e il triplo maggiore di quella che 50 anni prima aveva data il sig. Shaw inglese troppo in ristretto ». F. Caronni, op. cit., p. 54 (notre traduction).

26 Jean-Claude Berchet, Notes à Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem, Paris, Gallimard, 2005, p. 526.

27 François-René Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem, Paris, [1811] Gallimard, 2005, p. 491.

28  Jean-Claude Berchet, Notes à Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem, Paris, Gallimard, 2005, p. 492.

29  François-René Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem, Paris, [1811] Gallimard, 2005, p. 526.

30 François-René Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem, Paris, [1811] Gallimard, 2005, p. 60.

31 François-RenéChateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem, Paris, [1811] Gallimard, 2005, p. 60.

32  « Niente meno di 50 mila tra maschi e femmine uscirono per quella concessione dalla rocca e Asdrubale il quale erasi ritirato colla moglie e due figlj nel tempio d'Esculapio, cogliendo l'istante favorevole abbandonò i suoi e corse a chiedere ginocchioni misericordia a Scipione ; ed esso fattolo sedere a' suoi piedi volle che lo vedessero i fuggitivi i quai in numero di 900 persistevano a volersi difendere malgrado la mancanza di provisioni dal più sublime della rupe e dal pinnacolo del tempio, e ciò forse per una ammonizione alla resa. Ma eglino anzichè risolversi, ottenuta facoltà di poter essere uditi anche in quella distanza, vomitarono calunnie ed esecrazioni contro di Asdrubale per provocar Scipione ed ucciderlo, e si diedero ad appiccare il fuoco al tempio. La moglie di Asdrubale gli parlò sull'istesso tono insultante, indi rivoltasi a maledire l'abbandono che di lei avea fatto, trattò il marito da perfido, effeminato e vituperoso, lanciandosi sotto a' suoi occhi co' due figlj nell'incendio in cui eransi precipitati i fuggitivi. » F. Caronni, Ragguaglio del viaggio compendioso di un dilettante antiquario sorpreso da’ corsari condotto in Barberia e felicemente ripatriato, Milano, [1805] a cura di Salvatore Bono, Cinisello Balsamo (Milano), Ed. S. Paolo, 1993, II p. 63, (notre traduction).

33 François-René Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem, Paris, [1811] Gallimard, 2005, p. 512.

34  Charles Rollin, Histoire des Carthaginois, Limoges, Barbou, 1880, BNF, Gallica, Bibliothèque numérique.

35  Philippe Antoine, Les récits de voyage de Chateaubriand, Paris, Honoré Champion Éditeur, 1997, p. 47.

Bibliographie

Voyages de Monsieur Shaw dans plusieurs provinces de la Barberie et du Levant contenant des observations géographiques, physiques, philologiques et mêlées sur les royaumes d’Alger et de Tunis, sur la Syrie, l’Égypte et l’Arabie Pétrée avec des cartes et des figures. traduits de l’anglois, Tome première, 1743, BNF, Gallica, Bibliothèque numérique

Caronni Felice, Ragguaglio del viaggio compendioso di un dilettante antiquario sorpreso da’ corsari condotto in Barberia e felicemente ripatriato, Milano, [1805], a cura di Salvatore Bono, Cinisello Balsamo (Milano), Ed. S. Paolo, 1993

Cagni Giuseppe M., Una vita avventurosa : il P. Felice Caronni (1747-1815), http://www.storicibarnabiti.it/PDF/BS %2013 %20Cagni.pdf

Chateaubriand François-René, Itinéraire de Paris à Jérusalem, Paris, [1811] Gallimard, 2005

Berchet Jean-Claude, « Introduction » à Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem, Paris, Gallimard, 2005

Berchet Jean-Claude (dir.), Le Voyage en Orient de Chateaubriand, Houille, Éditions Manucius, 2006

Berchet Jean-Claude, « Un itinéraire à la croisée des chemins », Le Voyage en Orient de Chateaubriand, Houille, Éditions Manucius, 2006

Gregori Elisa, « Un Pausanias à la main : Chateaubriand archéologue », dans Berchet Jean-Claude (dir.), Le voyage en Orient de Chateaubriand, Houilles, Éditions Manucius, 2006

Antoine Philippe, Les Récits de voyage de Chateaubriand, Paris, Honoré Champion Éditeur, 1997

Rollin Charles, Histoire des Carthaginois, Limoges, Barbou, 1880, BNF, Gallica, Bibliothèque numérique

Sebag Paul, Tunis : histoire d’une ville, Paris, L’Harmattan, 2000

Pour citer cet article

Valerio Vittorini, « Le port de Carthage dans l’Itinéraire de Chateaubriand et dans le Ragguaglio de Caronni », paru dans Loxias, Loxias 34, mis en ligne le 15 septembre 2011, URL : http://revel.unice.fr/loxias/index.html/lodel/docannexe/file/7601/lodel/index.html?id=6859.

Auteurs

Valerio Vittorini

Professeur agrégé de Langue et Littérature Italienne en Italie, Valerio Vittorini a travaillé pendant cinq ans pour les services culturels de l’Ambassade d’Italie au Maroc et pour l’Ambassade d’Italie en France. Auteur de quelques publications en matière d’histoire de la littérature italienne, doctorant en Littérature générale et comparée à l’Université de Nice-Sophia Antipolis et de Gênes (Italie) sous la direction de Madame Odile Gannier et Madame Ida Merello, il travaille sur l’image du monde arabe dans la littérature italienne et française du XIXe siècle.