Grande-Bretagne dans Loxias


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Loxias | Loxias 34 | Doctoriales VIII

L’horizon de l’expérience: « Coming of Age » dans les contes The Princess and the Goblin et The Princess and Curdie de George MacDonald

Cet article analyse le concept d’expérience et de passage à l’âge adulte, crucial au conte de fées, dans le diptyque de l’auteur écossais George MacDonald, The Princess and the Goblin et The Princess and Curdie. Le destin des deux personnages principaux nous amène à envisager le passage à l’âge adulte en termes d’acquisition d’une expérience, sexuelle d’un côté et spirituelle de l’autre, et nous permet de lire les deux contes à la lumière des convictions humanistes et chrétiennes de l’auteur. This article analyses the concept of experience and of coming of age, which is central to any fairy tale, in George MacDonald’s two tales: The Princess and the Goblin and The Princess and Curdie. The adventures of the two main characters and their evolution allow us to see this concept of coming of age as the gaining of experience – a sexual experience on the one hand, and a spiritual experience on the other – and to read the two tales as the expression of the author’s humanist and Christian beliefs.

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Loxias | Loxias 38. | Doctoriales IX

Jane Eyre : l’évangile de l’indépendance ?

Le premier roman de Charlotte Brontë, Jane Eyre, publié en 1847 sous le pseudonyme de Currer Bell, a fait l’objet de nombreuses études critiques, traitant tantôt du parcours bunyanesque (traditionnel et détourné) de l’héroïne éponyme, tantôt de la relation qui unit la gouvernante à son maître, tantôt aussi de l’hybridité générique de cette œuvre polysémique. Rares sont les études qui s’attardent sur le problème de l’argent qui, selon nous, constitue la source des tribulations de la jeune femme. Dépourvue de toute richesse, Jane se retrouve à la merci de toutes les personnes qu’elle rencontre sur son chemin de vie. Charlotte Brontë se laisse prendre à un jeu pervers dans lequel son personnage féminin doit gagner, en son âme et conscience, les moyens d’une existence décente. Bonheur rime alors avec labeur, et indépendance avec subsistance. Nous allons tenter de montrer dans ce court article les ressorts de cette quête d’émancipation féminine. Quand la morale victorienne adopte les principes de l’évangile de la richesse, le produit de cette formule ne peut entraîner que controverse…

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Loxias | 74. | I.

Récit d’enfance et conscience métalinguistique : échos des Grandes Espérances de Charles Dickens dans La Langue sauvée d’Elias Canetti

Dans la lignée de la thèse de C. Meyer (1997) portant sur les intertextes chez Elias Canetti, cet article avance que l’auteur déploie en filigrane du premier tome de son autobiographie, La Langue sauvée (1977), une relation transtextuelle avec Les Grandes Espérances (1861). Le roman de Dickens, en tant que Bildungsroman où le récit de soi construit par le narrateur homodiégétique, Pip, passe aussi par sa relation au langage, trouve un écho chez Canetti, auteur au « plurilinguisme flamboyant » (Demet). L’étude comparée des deux textes s’articule autour de la transition de la langue-organe vers la langue-langage dans les deux récits d’enfance. Following C. Meyer’s dissertation (1997) on intertextuality in some of Elias Canetti’s works, this article argues that there exists a transtextual phenomenon between the first volume of Canetti’s autobiography, The Tongue Set Free (1977) and Charles Dickens’ Great Expectations (1861). As a Bildungsroman, Dickens’ novel is partly metalinguistic and Pip’s relationship to language is echoed in Canetti’s depiction of his own multilingual childhood. This comparative analysis of both childhood narratives focuses in particular on the synecdochal transition from the anatomical tongue to the tongue as language.

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Loxias | 76. | I.

La pensée d’un roman. Imaginaire et politique dans 1984

Après avoir été longtemps méprisé en France comme un propagandiste, Orwell y est aujourd’hui reconnu comme un écrivain et un créateur. Mais on refuse toujours de voir en lui un penseur authentique. Le présent article défend l’idée que 1984 développe, avec les moyens d’un roman, une pensée politique originale, incisive et éclairante sur les régimes totalitaires passés, présents et futurs. Trois arguments sont ici avancés. [1] Les régimes totalitaires ne sont pas en premier lieu, pour Orwell, la conséquence de processus économiques sociaux et idéologiques : ils sont les produits de volontés et d’imaginations humaines. Ainsi, le roman semble particulièrement adapté pour offrir une compréhension des rêves et des ressorts intellectuels, psychologiques et moraux de leurs fondateurs et dirigeants. [2] Les mondes totalitaires conjuguent d’une manière singulière le cauchemar et la réalité. Pour décrire le sien, Orwell a recours à une forme particulière de réalisme fantastique : tout dans ce monde est irréel, mais il est impossible, même pour le plus puissant des tyrans, de substituer entièrement ses fictions à la réalité. Alors même que ce roman plonge ses personnages et ses lecteurs dans un monde où il est devenu impossible de distinguer la fiction de la réalité, il est lui-même est écrit d’un point de vue résolument réaliste. [3] 1984 ne contient aucun modèle théorique. C’est une expérience de pensée satirique. Si l’on admet qu’il existe depuis l’époque de Lénine et Hitler jusqu’à nos jours, une dynamique historique des régimes totalitaires, chacun perfectionnant les méthodes de ses prédécesseurs et en inventant de nouvelles, la souplesse et l’ouverture d’un pareil roman, qui évite toute espèce d’essentialisme, offre un outil particulièrement approprié pour affronter notre présent et notre futur politiques. After having been despised for a long time as a propagandist, Orwell is now considered in France as a creative writer; but he is not yet recognized as the genuine political thinker he deserves to be. This paper defends the idea that 1984 develops, by the means of a novel, a very personal, acute and illuminating political thought about past, present and future totalitarian governments. Three arguments are advanced. [1] Totalitarian governments are not primarily for Orwell the effects of economic, social or ideological processes. They are the products of human wills and imaginations. So, a novel is particularly adapted to offer an understanding of the dreams and motives of their founders and leaders. [2] Totalitarian worlds are strange conjunctions of reality and nightmare. To describe his own, Orwell uses a peculiar form of fantastic realism: everything is unreal, but it is impossible, even for the most powerful tyrants, to substitute entirely their fictions for the reality. While throwing its characters and the reader in a world where reality and fiction are undistinguishable, the novel itself is written from a resolutely realist point of view. [3] 1984 contains no theoretical model. It is rather a satirical thought experiment. If we admit the existence of an historical dynamics of totalitarian governments since the epoch of Lenin and Hitler to our time, each improving the methods of its predecessors and inventing new ones according to the circumstances, the flexibility and openness of such a novel, which avoids any kind of essentialism, offers a particularly appropriated tool to face our political present and future.

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