paysage dans Loxias


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Loxias | Loxias 33 | I.

Le silence des hommes, le silence des choses dans l’œuvre de Francesco Biamonti

Francesco Biamonti (1928-2001) a vécu toute son existence à San Biagio della Cima, à la frontière franco-italienne. Ayant contemplé le paysage de cet arrière-pays ligurien durant des décennies, Biamonti fait ses débuts littéraires en 1983 à l’âge de 55 ans. Son premier roman, L’Angelo di Avrigue (L’Ange d’Avrigue), fut publié et présenté par Italo Calvino. Celui-ci remarquait : « C’est un livre où se passent beaucoup de choses mais qui est fait surtout de non-dits et de silences : et chaque personnage garde son mystère ». De fait, ce roman, tout comme les suivants, se caractérise par la présence fréquente de personnages réticents, d’ellipses narratives et d’un jeu incessant entre texte et espacements blancs. Ce n’est donc pas un hasard si le dernier livre de Biamonti, inachevé, a été publié après sa mort sous le titre Il Silenzio (Le Silence). Tous ses ouvrages témoignent de la recherche d’une utopie poétique ramenant les choses du silence à l’expression dans la lignée de Cézanne, et des réflexions sur l’art de philosophes tels que Merleau-Ponty – très étudié par Biamonti – ou Lyotard.

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Loxias | 65. | I.

L’arrière-paysage d’Ormuz

Urbain, maritime, désertique, belliqueux, le paysage s’impose de plus en plus comme expérience de la réalité. Entre reportage et témoignage, il dépouille le regard de ses ornements et configure une relation où le sujet et l’objet ne sont plus séparés. Cette approche fusionnelle qui porte l’empreinte de l’espace assure d’une part la mobilité des événements et de l’autre l’opacité de la ligne d’horizon. D’où l’intérêt pour l’exploration des pages qui défilent géographiquement et qui défient les effets d’homologation à tel point qu’elles constituent un banc d’essai pour saisir tout ce qui apparaît ou se cache derrière les évidences et qui peut engendrer ou non un sentiment de la nature. L’analyse de la spatialisation à travers les fissures qui émergent dans Ormuz de Jean Rolin (P.O.L., 2013) – notamment le recours aux parenthèses et la présence des végétaux – interroge de près les enjeux d’une écriture du paysage qui agit en apnée pour creuser les contours du visible et qui finit par se faire paysage elle-même.

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