Droz, 2011, coll. « Histoire des Idées et Critique Littéraire », n° 464

ISBN-10 2-600-01440-3. ISBN-13 978-2-600-01440-3

536 p., 83,49 €

http://www.droz.org/fr/livre/ ?GCOI =26001100648030

De Ben Jonson à Patrick Chamoiseau, en passant par le marquis de Sade et Augusto Roa Bastos, nombreux sont les écrivains qui ont orné leurs textes de notes marginales. Depuis la Renaissance, romanciers, dramaturges, quelques poètes ont fait de l’annotation un dispositif stratégique censé afficher une orthodoxie – réelle ou feinte –, contrôler la réception du texte, voire marquer une dissidence à l’égard des discours dominants. Mais les enjeux de cette « prose notulaire » (Jean-Paul Richter) où s’objectivent à la fois un rapport à la tradition et une position idéologique, varient sensiblement du drame baroque allemand (Gryphius, Lohenstein) à la satire de l’érudition chère à Swift, de la fiction historique du XIX^e siècle (Scott, Vigny) aux romans d’avant-garde comme House of leaves de Marc Danielewski. Pour la première fois, les différents modèles de l’annotation littéraire, leurs filiations et leurs discontinuités, font l’objet d’une vaste enquête comparatiste qui en analyse la prolifération entre le XVII^e et le début du XIX^e siècle, puis l’obsolescence et, enfin, la palingénésie contemporaine. La démarche adoptée par Andréas Pfersmann associe constamment les conditions historiques de production des œuvres et les problèmes théoriques sous-jacents tels que le statut de la fiction. Il en ressort que les marges de la page imprimée apparaissent comme un lieu éminemment politique où la « fonction auteur » (Foucault) ne cesse d’être redéfinie, dans ses rapports complexes avec le texte, le champ littéraire, le public et l’infléchissement de la lecture.

TABLE DES MATIÈRES

En guise d’introduction

Première partie : Poétique et phénoménologie de la note

Introduction

Chapitre premier : Q’est-ce qu’une note ?

A) Incursion rhapsodique dans l’histoire ancienne des scolies et des gloses

B) Consignes des gens du métier

1) Les normes des typographes

2) Les directives des glossateurs

C) Pour et contre les digressions infrapaginales

D) De Rousseau à Goethe, les enjeux de l’emplacement

1) Systèmes doubles

2) Bas de page vs. fin

3) Excursus sur la note selon Goethe

Chapitre II : Est-elle bonne, est-elle méchante ? Le débat sur la note de Cervantès à Balzac

A) Les conseils de la Sainte Écriture

B) La facil troppo Invention Tedesca

C) Les partisans des Anciens au secours des notes

D) Poésie et bas de page : l’apologie de Friedrich von Hagedorn

E) Au-delà des sources

Deuxième Partie : Cum notis variorum : l’âge des remarques

Introduction

Chapitre III : Le siège de Commentariopolis ou heurs et malheurs de l’autorité

A) La notion d’autorité

B) De la Renaissance au Baroque : figures de l’autocommentaire savant

C) L’émergence de l’autocommentaire satirique

1) La mise à mort du poeta doctus

2) Apparat critique et parole d’autrui chez Swift et Pope

D) Les scholiastes épinglés

Chapitre IV : Espace public, notes personnelles

A) Les notes de La Nouvelle Héloïse : un discours auctorial inédit et sa censure

B) « La tasse de thé auprès de ma petite boîte » (Johann Timotheus Hermes)

C) Les infortunes de M. de Mézane

Chapitre V : Le priapisme infrapaginal

A) L’obscène selon Bayle

B) Un « chercheur de détours »

C) Le Satyricon allemand

D) Vers le métaobscène

Chapitre VI : Les apostilles du roman : lumières ou « contrepoison » ?

A) Sapere aude !

B) Excursus : Notes et digressions comme lieux de la métatextualité

C) Que lis-tu donc ? Martinus Scriblerus et Sade, pédagogues de la lecture

D) Antilumières et contrôle de la réception dans les notes

Chapitre VII : Le statut de la documentation notulaire dans la fiction historique du XIX^e siècle

A) Le Professorenroman ou l’archéo-fiction érudite

B) Le roman historique du XIX^e siècle comme « micro-genre »

Troisième partie : Modernités marginales

Introduction

Chapitre VIII : Dans les marges de Henri Matisse, roman ou la relecture tardive selon Aragon

A) La mise en scène du dialogue avec le peintre ou Aragon en Eckermann

B) Une conversation entre moi et moi

Chapitre IX : Le roman philologique

A) Le manuscrit trouvé : actualisations d’un topos

B) « Parody, that last resort of wit » (excursus)

C) De la « forgerie » à la « charge » : la parodie de l’apparat critique

D) Limites d’un genre, limites de la note

Chapitre X : Suprématies de la note : les marges au pouvoir du livre

A) Dispositifs typographiques, narration et mises en page expérimentales

B) Le roman comme arborescence infinie entre dispositif imprimé et cyberespace

C) Notes sans texte

D) « Je ne suis pas un personnage » ou les sortilèges de la métalepse

Chapitre XI : Les notes dans le « roman de la contre-histoire »

A) Des « romans de la contre-histoire »

B) Les « contre-points narratifs » selon Roa Bastos

C) Le « déport » infrapaginal selon Chamoiseau

Fahrenheit***

Bibliographie

A) Bibliographie primaire

1) Proses notulaires de l’Âge des remarques : textes, éditions citées et anthologies

2) Proses notulaires modernes et contemporaines (XX^e et XXI^e siècles)

3) Autres sources : textes critiques et théoriques anciens, réflexions autocritiques, fictions polémiques, correspondances et comptes-rendus

4) Traités et dictionnaires d’imprimerie et de typographie

B) Bibliographie secondaire

1) Histoire du livre, de la philologie et du commentaire, paléographie et papyrologie

2) Études sur les discours d’escorte, la citation et les textes annotés et/ou les auteurs cités

Index

Table des illustrations