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Littératures d'outremer : une ou des écritures « créoles » ?

“Les Antilles, la Guyane, la Réunion, par exemple, s'interrogent tout naturellement sur le métissage des cultures, et ont en commun la notion de créolité. Pourtant cette communauté ne va pas de soi, car elle existe de fait plutôt qu’elle ne s’élabore comme convergence ; chaque territoire conserve jalousement sa spécificité, et à la vérité personne ne semble souhaiter vraiment le mélange de réalités différentes et originales. Pourtant, il existe indéniablement des points communs, que partagent aussi la Polynésie française, la Nouvelle-Calédonie, mais encore des pays qui n’ont pas, ou plus, de liens directs avec la métropole française, comme H...”

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L’archipel : image poétique de l’outre-mer ?

Suffit-il de dire pays « outre-mer » pour que se cristallise ailleurs, au-delà des mers, une entité réelle ? Pourtant l’outre-mer constitue une entité sémantiquement cohérente. L’histoire a élaboré un destin un peu semblable par un pareil brassage des populations. Mais la Polynésie, les Antilles, la Réunion, par exemple, ont-elles, en dehors d’un assemblage historique ou de l’usage possible d’une langue commune, des similitudes culturelles et idéologiques ? L’outre-mer réunit-il une solidarité propre, dans un circuit qui inverse la perspective convenue ? Les territoires d’outre-mer sont souvent – mais pas toujours – des îles ou des groupes d’îles. Ces îles elles-mêmes forment parfois ce que les géographes appellent des archipels, ce qui peut représenter une forme d’unité, qui prend corps au-delà de leurs limites propres. Écrire une « parole en archipel » ? L’île semble a priori plus porteuse de projections identitaires, mais la notion d’archipel semble aujourd’hui bénéficier de projections prometteuses. Ainsi, il paraîtrait donc légitime de construire l’imaginaire de l’île en fonction d’une appartenance à un groupe d’îles, en évoquant une solidarité profonde et naturelle entre des îles voisines. Cependant, on peut douter de la primauté de cette vision globalisante sur l’attachement plus viscéral au territoire dans lequel on plonge ses racines. Aussi la voix « en archipel », ouverte sur un espace plus large, semble-t-elle plutôt une construction fantasmatique ou idéologique, sur laquelle il ne faut pas se méprendre. Cette conception est finalement poétique au sens propre : poiétique dans la mesure où elle est créatrice d’une nouvelle vision du monde.

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