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Du commerce des biens et des hommes chez Montesquieu (d’après L'Esprit des lois)

Il serait vain de chercher chez Montesquieu autre chose que les premiers rudiments d’une science économique que le XVIIIe siècle ne parviendra pas à constituer : par le fait, les intuitions économiques, chez cet auteur, restent largement tributaires d’une approche morale qu’il saura rendre originale en la compliquant d’une perspective politique et sociologique. C’est ainsi que l’examen du texte montre que s’établit discrètement tout un réseau d’analogies éclairantes entre les développements sur la doctrine du commerce et les vues sur les codes de bienséances : ces rapprochements féconds montrent assez que du point de vue de l’anthropologie comparative circulation des marchandises et système de bienséance ne sont que deux sous-ensembles du vaste système d’échange à quoi se ramène le commerce des hommes qui est le tout de la société civile et politique. C’est la théorie de la monnaie développée essentiellement dans le livre XXII de L'Esprit des lois, comme théorie générale du signe social, qui semble fournir la clef de cette double interprétation. Ainsi la politesse apparaît-elle comme une économie de la sociabilité dont Montesquieu, lorsqu’il se penchera sur le cas problématique de la société chinoise, fera un outil conceptuel qui lui permettra de poser un diagnostic de despotisme plus sûrement que par la voie de l’analyse politique.

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