Ovide dans Loxias
Articles
Loxias | Loxias 7 (déc. 2004) | Littérature comparée
Amour-Le-Liant (Hugros Eros)
Quant à sa forme, Amour est « hugros », coulant (Banquet, 196a). Coulant, il peut entrer où il veut, se transporter en un instant en tout point, s’ajuster de façon à compléter (« sumbolon »), être et faire l’ensemble, simuler le même (rime), lier et envelopper, mais surtout disjoindre le même d’avec le même : produire sans relâche le duel. On est passé de son aspect hugros à sa dynamique, sa vertu et son essence.
Loxias | Loxias 29 | I. | 3. Rencontres
Un amour inavouable : discours et pratique des traducteurs des Métamorphoses d’Ovide de la Renaissance au XVIIIe siècle
De la Renaissance aux Lumières, les préfaces des traducteurs des Métamorphoses d’Ovide n’évoquent souvent la dimension érotique du poème que pour la neutraliser. Mais il arrive heureusement que leur pratique démente leurs pieuses déclarations d’intention. Diderot, lui, proclame son amour des vers ovidiens mais aime en eux ce qui les rend intraduisibles. From the Renaissance to the Enlightenment, the translators seem to aim at neutralizing the erotic component of Ovid’s Metamorphoses in their prefaces. But fortunately they don’t always do what they say they will do. Another interesting case is that of Diderot who claims his love for ovidian poetry but loves in it the untranslatable.
Loxias | 69. | I.
« Une femme qui sait lire ce qui a été écrit avant l’écriture » : Illa d’Hélène Cixous
En 1975, Hélène Cixous publie, dans un numéro de revue consacré à Simone de Beauvoir un texte qui aura un retentissement international : « Le rire de la Méduse ». Elle y marque sa différence en défendant la spécificité de l’écriture féminine. Publié cinq ans plus tard, un texte au statut générique incertain, Illa, peut être lu comme une exploration des pistes ouvertes par « Le rire de la Méduse ». Brouillant la frontière entre théorie et fiction, entre récit et poésie, entre invention et commentaire, Illa est présenté par Cixous comme « une pomme de texte » dont l’enjeu est de rappeler que « l’écriture ne va pas de soi, pousse dans la constellation que forment les femmes donnantes ». Cet article s’attache à la dimension expérimentale de cette « histoire cherchante » qui fait un usage heuristique de la fiction, au croisement de la réécriture des mythes antiques, de l’autobiographie et de l’essai.
Loxias | 78. | I.
Des lettres d’amour aux lettres sur l’amour : usages de la lettre en contexte (pseudo-)normatif dans le De amore d’André le Chapelain (xiie siècle)
Le présent article vise à étudier la présence de la forme épistolaire au sein du De amore d’André le Chapelain, traité didactique destiné à l’éducation amoureuse d’un jeune élève nommé Gautier. L’usage de la lettre en contexte normatif constitue un écart par rapport à la tradition ovidienne des Héroïdes. André le Chapelain transforme ainsi la lettre d’amour en lettre sur l’amour. Cette étude entend montrer comment s’opère le passage entre ces deux modalités de la lettre. Entre héritage fictionnel des Héroïdes et nécessité didactique inhérente au genre du traité, une négociation entre la tradition et l’esprit scolastique s’établit autour de la forme et du contenu de la lettre, preuve de l’efficacité de l’épistolaire à dire l’amour. This article aims at studying the presence of the epistolary form within Andreas Capellanus’s Tractatus de amore, a didactic treatise intended for the amorous education of a young pupil named Galterius. The use of the letter in a normative context constitutes a shift from the Ovidian tradition of the Heroides. Andreas Capellanus thus transforms the love letter into a letter about love. This study intends to show how the transition between these two modalities of the letter takes place. Through the Heroides’ fictional heritage and the didactic necessity inherent to the treatise genre, a debate amongst tradition and the scholastic spirit is established about the form and the content of the letter, proof of the effectiveness of the epistolary to say love.