Arnaud Beaujeu
Né en 1973, Arnaud Beaujeu est l’auteur de deux essais sur S. Beckett (Matière et Lumière dans le théâtre de Samuel Beckett, Peter Lang, 2010 et Samuel Beckett : trivial et spirituel, Rodopi, 2011). Il a publié deux recueils de poésie : L’Amour de vivre (éd. Nu(e), 2014) et XXI, suivi de Post-mortem (5 sens éditions, 2015).
Articles de l'auteur
Loxias | Loxias 27 | I. | Beckett
Corps beckettiens
Les corps beckettiens, dans En attendant Godot et Oh les Beaux jours, offrent le spectacle d’une souffrance et quelquefois d’une violence triviales et cathartiques. Corps grotesques exposés au réel le plus cru, morcelés, mutilés, jusqu’au creux de leur chair, ils témoignent à vif d’un trauma plus profond, dont l’auteur montre les vertiges, à l’envers de la forme évidée. Car c’est par un travail de défiguration du corps comme de la langue que Beckett fait voler en éclats le carcan des frontières organiques pour qu’en porosité s’invente une nouvelle corporéité, dans laquelle c’est l’informe et c’est l’inachevé qui libèrent un souffle mourant, originel.
L’écriture théâtrale beckettienne : entre musique, poésie et résonance métaphysique
Théâtralement, Beckett écrit des partitions qui renouvellent le langage, à partir du silence, s’inscrivant en ceci dans une recherche musicale héritière de celles de Schubert et de Beethoven. Le travail sur la distance et la résonance participe de la quête d’un passage spirituel, toujours proche d’un spiritus (un souffle ou un soupir). Matérialisant humblement de la pensée à l’état pur, dans la lignée de Leopardi, de Schopenhauer et de Wittgenstein, Beckett fait fusionner philosophie et poésie.
Géométries beckettiennes
“Est-il possible d’évoquer l’œuvre beckettien dans sa cosmogonie particulière et dans son rapport hermétique à plusieurs formes géométriques ? Tel Hermès Trismégiste, le « trois fois grand » Beckett, pourvoyeur de passages, nous montre chemins et carrefours, trèfles spirituels – le trèfle, placé à l’origine sur les pierres tombales, est notamment symbole de l’Irlande et de Saint Patrick – pour nous guider dans la recherche d’un sens inaccessible, peut-être celui qui relie l’esprit du monde à « l’autre-là ». Plus encore que Mercure, le dieu latin du mouvement – et les petits garçons-messagers, à la fin de Trio du Fantôme, Fin de Partie, En attendant Godot en sont d’autres figures –, Beckett...”
Loxias | Loxias 30 | Travaux et publications
Matière et lumière dans le théâtre de Samuel Beckett
“Oxford, Peter Lang, coll. "Modern French Identities" (Vol. 36), 2010. EAN : 9783034302067 Prix : 47,80EUR. 363 p. Url de référence, pour commander l’ouvrage : http://www.peterlang.com/index.cfm?vID=430206&vLang=F&vHR=1&vUR=2&vUUR=2 Toujours en cheminement (« comme frères mineurs vont leur chemin faisant ») vers un insaisissable point, « éternel tiers » ou « ici-loin », Beckett ...”
Loxias | Loxias 36 | II.
Le nom, la mémoire et l’oubli …
Texte publié en hommage à Bernard Vargaftig, disparu le 27 janvier 2012. Dans la mise en abyme des quatre récits en étoilede Vargaftig et Modiano, apparaissent les mêmes troubles d’identité, éclats du traumatisme, qui portent à s’échapper dans une écriture attenant, presque, à la « désidentité ». Contre l’étau qui se resserre, celui des fiches d’état civil ou celui d’une catégorie où l’on voudrait vous enfermer, qu’une seule solution : fuir. À moins qu’il ne s’agisse davantage de produire un certain nombre de faux-papiers, afin de mieux dissimuler une origine. Le vertige anonyme ouvre un gouffre entre soi et soi, un vertige-panique entre le nom de soi – l’ignorance de soi. L’écriture permet-elle de refaire « la liaison » – plus tard – avec ce que le silence a rompu ? Si la langue peut se construire comme une ruine de noms, dans la lumière des noms, alors Patrick Modiano et Bernard Vargaftig sont frères en écriture.
Loxias | Loxias 45. | II.
L’amour de vivre
“Revue Nu(e), collection Poèm(e), 115 pages, 2014 La revue Nu(e), dirigée par Béatrice Bonhomme et Hervé Bosio, édite en complément et de manière occasionnelle des textes courts. Ces ouvrages de petit format constituent la collection Poèm(e). L’Amour de vivre, accompagné de 12 dessins du peintre Michel Steiner, est le premier livre de poèmes d’Arnaud Beaujeu, et a pour objet la rencontre de la lumière avec les mots. On ne présente plus Michel Steiner : « Mi arpenteur, mi vagabond, attentif et rêveur tout ensemble, un peintre une fois encore aura tourné autour de ces choses visibles qui se dérobent, et le fascinent p...”
Loxias | 51 | II.
XXI suivi de Post Mortem
“Genève, 5 sens éditions, juillet 2015 ISBN : 978-2-9701041-0-0 Prix : 13 euros Disponible sur le site de l’éditeur : http://www.5senseditions.ch/ * Recueil de poésie illustré par 22 cartes du tarot des Visconti-Sforza 1 - L’expérience poétique n’a-t-elle partie liée avec l’exploration du monde spirituel, à travers la porosité de ses cheminements ? Là où les mots font signe, s’ouvrent d’autres rapports au temps et à...”
Loxias | 51 | III.
Michel Tournier ou l’écriture déployée de la métamorphose : une lecture des Météores et de La Goutte d’or
“« L’écriture est une, le discontinu qui la fonde partout fait de tout ce que nous écrivons, peignons, traçons, un seul texte.1 » Paul, le jumeau des Météores, semblable au « prince des nuées » baudelairien, à la fin du roman de Michel Tournier, refuse la finitude de l’homme, son immobilité. Après avoir éliminé le dire de son frère, Jean, le voici face à la mise en crise de son propre discours : il lui faut dépasser une écriture en rupture de construction, afin de pouvoir en extraire la fonction de célébration : élever l’objet réel à une puissance nouvelle, la puissance de l’imaginaire. Or, c’est le pouvoir des mots que de permettre le d...”
Loxias | 60. | II.
Pierre et Jeanne
“Ce roman vient de paraître aux Éditions d’à côté, fin avril 2018. * « Peut-être les plus belles histoires sont-elles faites de celles que nous ne vivons pas. » Une histoire à la Harold et Maud, des années 70 aux années 2000, entre la Méditerranée, Bruxelles et Londres. La rencontre élective entre une aventurière de soixante ans qui parcourt le monde et un enfant de dix ans, particulièrement débrouillard. Un point d’ancrage, deux âges, deux mondes sociaux. Puis l’évolution de leur relation au fil des années : elle commence à perdre la mémoire, il va connaître ses premiers émois amoureux. Entre eux, c’est « une aurore pour les cœurs délivrés… », c...”