Jean-Guy Cintas


Jean-Guy Cintas Professeur Agrégé de Lettres modernes dans un Lycée d’Aquitaine, il est aussi membre d’une équipe de recherche du LAPRIL, à l’Université de Bordeaux 3. Il a consacré un DEA (Univ. de Polynésie française et Paris III, sous la dir. de Serge Dunis) et sa thèse de Doctorat (Bordeaux 3, 2008, Félicitations, sous la dir. de S. Dunis et G. Peylet) à L’Invention de l’origine à la lumière de la mythologie polynésienne ; des articles au même sujet : « Origine, mythe de l’origine » in Eloge du métissage, Mythes et réalités en Polynésie, II, Edition Haere Po, Papeete 2003 ; aux PU Bordeaux : « Voyage et fondation dans le mythe, réflexion sur le mythe d’origine de la patate douce en Nouvelle-Zélande », Eidôlon N°69, 2005, « Poésie et mémoire : l’efficacité du chant généalogique », Eidôlon N°72, 2006, Origine et mémoire dans les Planches courbes d’Yves Bonnefoy », Eidôlon N°79, 2007 ; « Myth and Poetry in the Kumulipo » in Sexual Snakes, Winged Maidens and Sky Gods, Le Rocher-à-la-Voile et Haere Po, Nouméa et Papeete 2008. Continue des travaux sous la direction de Serge Dunis (dont ASAO à Salem, Mass., USA, 2004).

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Un signifiant mythique dans Pouliuli d'Albert Wendt

Pouliuli d’Albert Wendt fascine mais déconcerte. Allégorie d’un désastre dû à l’imposition d’un ordre de valeurs étranger ? Stigmatisation d’un traditionalisme fermé, replié sur des intrigues de pouvoir, voué à la manipulation des rangs et plus généralement des autres ? Développement sur le thème de la faute et de la chute ? Dans l’écriture, le réalisme le plus trivial rencontre le mythique et le poétique. Tout ici soulève donc la question de l’unité, dans un monde, extérieur et intérieur, où le centre est perdu comme il l’est, à un moment fatidique, dans le cercle de galets qui tient lieu de symbole. Sans réduire un texte dont la portée est universelle à un fait de littérature exotique nous proposons d’ouvrir une perspective nouvelle. Au-delà de la crise et de la faute, qui touchent les personnages comme la société, qui ne trouvent dans le monde de l’œuvre ni solution ni soulagement véritable et durable, une voie s’ouvre. Pouliuli trouve son unité dans la tension vers une conception de l’espace qui rappelle celle des premiers navigateurs, qui implique une réinvention de la tradition ancrée dans les mythes, qui suppose que soit abandonnée toute thématique des ténèbres du mal et, avec elle, l’opposition binaire de l’Ao et du Po. Ainsi se dessinerait une possible renaissance à la lumière polynésienne. A Mythical Signifier in Pouliuli. Pouliuli, Albert Wendt’s narrative (novel or novella), fascinates as well as thwarts the reader. Allegory of a turmoil caused by the overwhelming foreign values? Picture of a tight traditionalism devoted to power plots, manipulation of others and rank hierarchy? Thematic development on sin and the Fall? The narrative itself mixes the most trivial realism with mythical and poetical styles. Thus everything here sets a question of unity in a world (external and internal) where the centre is lost as it is at a very dramatic moment in the pebble circle which serves as symbol. Without bringing down to a feat of exotic literature this text whose scope is universal, we would like to suggest a new angle of attack. Beyond the crisis and the fault (both involving the self and society), which find neither a solution nor even an actual and lasting relief in the world that is depicted, a way is pointed out. The unity of Pouliuli comes out of a tension towards an encompassment of space which recalls that of the first navigators, which entails a reinvention of the tradition grounded on myths and implies that one gets over the idea of an evil darkness and the so-called dichotomy of the Ao and the Po. A possible and general recovery is shown, under a Polynesian enlightenment.

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